Une histoire de pélican et d’oxygénothérapie

Depuis les années 1980, l’oxygénothérapie est un traitement validé chez les patients hypoxémiques souffrant de BPCO car il est susceptible d’améliorer leur pronostic, en fonction notamment de leur observance. Toutefois, la mise en place de l’oxygénothérapie est un bouleversement pour les patients et une utilisation insuffisante est une problématique fréquente. L’impact de l’oxygénothérapie sur la qualité de vie semble un point critique et des interventions dédiées pourraient être bénéfiques. Les résultats de l’étude PELICAN (Peer-Led O2 InfoLine for Patients and Caregivers), publiée en 2023, ont été présentés par A. Holland dans une session consacrée aux pistes d’optimisation de l’oxygénothérapie à domicile 1.

Cette étude inclut 444 patients souffrant de BPCO (âge moyen : 66,8 ans, 68% de femmes, 2,7 l/min d’oxygène au repos en moyenne, 32% sont équipés d’un concentrateur portable) placés sous oxygénothérapie au domicile 24h/24. Ils sont randomisés en trois bras : 1/ le groupe contrôle reçoit un document explicatif à l’inclusion, 2/ le groupe « réaction » reçoit le même document et peut contacter une hot-line en cas de besoin et 3/ le groupe « pro-action » reçoit le même document puis bénéficie, en petit groupe (7 patients et 3 aidants) de séances d’éducation thérapeutique en distanciel, associées à 2 autres supports d’information écrits. Les informations délivrées portent sur 1/ les dispositifs de délivrance, 2/ les objectifs et les bénéfices attendus, 3/ l’activité physique et la dyspnée ainsi que 4/ l’organisation des soins. Une séance est réalisée approximativement tous les 10 jours. L’observance est examinée 60 jours après l’inclusion chez 325 participants (73%, patients n’ayant pas une oxygénothérapie fonctionnelle au domicile ou n’ayant pas suivi toutes les séances d’éducation thérapeutique). L’adhérence au traitement n’est pas significativement différente dans les 3 groupes (74% des patients utilisent l’oxygénothérapie plus de 18 heures par jour dans le groupe contrôle versus   84% dans le groupe « réaction » versus 70% dans le groupe « pro-action »). L’analyse multivariée donne le même résultat. En revanche, de façon intéressante, on observe les patients du groupe « pro-action » une amélioration des symptômes dépressifs (avec une différence susceptible d’être ressentie cliniquement) et des perturbations du sommeil.

Ces résultats sont prometteurs. Une intervention pour soutenir les patients à la mise en place de l’oxygénothérapie au domicile est faisable à grande échelle. Il est possible que la diminution des symptômes dépressifs et des troubles du sommeil améliore la qualité de vie mais l’éducation formelle n’est peut-être pas la meilleure solution…

D’après la communication d’A. Holland. Quality of life for patients using supplemental oxygen (session C7).

  1. Prieto-Centurion V, Holm KE, Casaburi R, Porszasz J, Basu S, Bracken NE, Gallardo R 3rd, Gonzalez V, Illendula SD, Sandhaus RA, Sullivan JL, Walsh LJ, Gerald LB, Krishnan JA. A hybrid effectiveness/implementation clinical trial of adherence to long-term oxygen therapy for chronic obstructive pulmonary disease. Ann Am Thorac Soc. 2023;20:1561-1570.
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