Biothérapies dans la BPCO : le début d’une nouvelle ère ?

Contrairement à l’asthme, les biothérapies n’ont toujours pas permis d’obtenir des résultats satisfaisants chez les patients BPCO en termes de réduction des exacerbations, d’amélioration des symptômes et de la qualité de vie. Les résultats de l’étude BOREAS concernant le Dupilumab (anti IL4 / IL13) chez les patients BPCO ayant un profil inflammatoire de type 2 représentent une avancée thérapeutique majeure.

Les résultats de l’essai BOREAS 1,  contrôlé randomisé multicentrique, incluant 939 patients BPCO ont été présentés ce jour. Les patients inclus étaient âgés de 40 à 80 ans, présentaient un tabagisme à plus de 10 paquets années et conservaient un profil exacerbateur (au moins deux exacerbations modérées ou une sévère l’année passée) malgré un traitement par triple thérapie inhalée. Ils avaient également une inflammation de type 2 avec une éosinophilie sanguine supérieure à 300/µL. Le Dupilumab était administré à la posologie de 300 mg toutes les deux semaines par voie sous cutanée pendant 52 semaines. Le critère de jugement principal était le taux annuel d’exacerbations modérées à sévères et les critères de jugement secondaires incluaient l’évolution du VEMS, des symptômes respiratoires via l’E-RS COPD score et de la qualité de vie via le questionnaire de Saint Georges (SGRQ). Les patients inclus avaient un VEMS moyen à 50,6 +/- 13,1 de la valeur théorique, une éosinophilie à 401+/-298/µL et faisaient en moyenne 2,3 +/- 1 exacerbations modérées à sévères dans l’année.

Les résultats montrent une réduction de 30% du taux annuel d’exacerbations modérées ou sévères dans le groupe Dupilumab (0,78 versus 1,10, ratio 0,70 ; IC95 % de 0,58 à 0,86 ; p<0,001). A propos des critères de jugement secondaires, une amélioration significative du VEMS pré bronchodilatateur (160 mL versus 77 mL, différence moyenne 83 mL ; IC95 % de 42 à 125 ; p<0,001) à 12 semaines a été retrouvée. Cette différence était retrouvée dès la 2e semaine et était stable dans le temps, jusqu’à 52 semaines. De même, la qualité de vie selon le score SGRQ (différence moyenne -3,4 ; IC95% de -5,5 à -1,3 ; p=0,002) ainsi que les symptômes respiratoires s’étaient significativement améliorés à 52 semaines (différence moyenne, -1,1 ; IC95 % de -1,8 à -0,4 ; p=0,001).

Par ailleurs, le nombre de patients qui ont présenté des effets indésirables ayant conduit à l’arrêt du traitement ou des effets indésirables graves ou ayant entrainé le décès étaient comparables dans les deux groupes.

Ainsi, cet essai ouvre de nombreuses perspectives pour la prise en charge des patients BPCO présentant des exacerbations malgré une triple thérapie inhalée et ayant un profil inflammatoire de type 2.


Marina Guecamburu Service des Maladies Respiratoires, CHU Bordeaux, Bordeaux Service des Maladies Respiratoires, CHU Bordeaux, Bordeaux

D’après la communication de K.F Rabe et al. : Efficacy and safety of Dupilumab in chronic obstructive pulmonary disease with type 2 inflammation. (Session B13).

  1. Bhatt SP, Rabe KF, Hanania NA, Vogelmeier CF, Cole J, Bafadhel M, et al. Dupilumab for COPD with type 2 inflammation indicated by eosinophil counts. New England Journal of Medicine. 21 mai 2023.
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