L’étude française NEOSAS-GFPC, présentée lors de la session de posters des consacrée aux facteurs pronostiques et prédictifs du cancer du poumon, a exploré la prévalence et l’impact des troubles respiratoires du sommeil et de l’hypoxie nocturne sur la survie des patients atteints de cancer du poumon.
L’augmentation du risque de cancer de plus de 24% chez les patients souffrant d’insomnie est bien connue 1 tout comme l’augmentation de près de 11% du risque de cancer du poumon 2. Cependant, la prévalence des troubles respiratoires du sommeil chez les patients atteints de cancer bronchique non à petites cellules (CBNPC) et leur impact clinique restaient à clarifier notamment dans une cohorte caucasienne.
NEOSAS a évalué l’impact des troubles du sommeil sur la qualité de vie et la survie globale
L’étude NEOSAS-GFPC, une étude prospective multicentrique, avait pour objectif d’évaluer la prévalence des troubles du sommeil et d’examiner leur impact sur la qualité de vie et la survie globale des patients pris en soin pour un CBPNC.
Entre février 2016 et décembre 2020, 1201 patients diagnostiqués pour un CBNPC ont été inclus. Les patients ont bénéficié d’un enregistrement du sommeil au domicile par un dispositif portable de dépistage (ApneaLink, Resmed) et d’un suivi sur 18mois avec plusieurs questionnaires de qualité de vie. Après avoir exclu 155 patients en raison d’enregistrements non valides (soit 7,5%), 1005 patients ont été inclus dans l’analyse finale.
Peu d’impact des troubles du sommeil sur la qualité de vie en dehors de la somnolence diurne…
Parmi eux, 38 % présentaient des troubles respiratoires du sommeil (n=386), majoritairement des hommes plus âgés avec un indice de masse corporelle (IMC) plus élevé et davantage de comorbidités (HTA, diabète, cardiopathies), mais sans prévalence accrue de BPCO. Contrairement à d’autres études, NEOSAS n’a pas trouvé d’association significative entre la présence d’un trouble du sommeil et une altération globale de la qualité de vie – à l’exception de la somnolence diurne excessive évaluée par le questionnaire d’Epworth.
… Mais un risque accru de mortalité lié à l’hypoxie nocturne sévère
Parmi les 386 patients avec troubles du sommeil, 44,8% présentaient une hypoxémie nocturne sévère (définie par ≥36 % du temps de sommeil avec une SpO2 <90 %). L’hypoxie nocturne sévère était indépendamment associée à un risque accru de mortalité (HR = 1,37 ; IC 95 % [1,07-1,77] ; p=0,01) après ajustement sur l’âge, le sexe, l’IMC, la consommation de tabac et d’alcool, les antécédents de BPCO, et le stade du CBNPC au moment du diagnostic.
En conclusion
Les résultats de cette étude française suggèrent qu’un dépistage des troubles du sommeil pourrait être bénéfique chez les patients diagnostiqués avec un CBNPC, en mettant en évidence que l’hypoxémie nocturne sévère est associée à un mauvais pronostic, indépendamment des autres facteurs pronostiques du cancer.
Vincent Fallet, service de pneumologie hôpital Tenon Paris, Paris
D’après le poster PA2425 “Association of sleep-related hypoxia with survival in patients with non-small cell lung cancer – the NEOSAS-GFPC study group” présenté par Grégoire Justeau (Angers, France). Session de posters 238 “Predictive and prognostic factors in lung cancer » du lundi 9 septembre 2024.
- Shi, Tingting, Min Min, Chenyu Sun, Yun Zhang, Mingming Liang, et Yehuan Sun. Does Insomnia Predict a High Risk of Cancer? A Systematic Review and Meta-Analysis of Cohort Studies. Journal of Sleep Research 2020;29(1):e12876. DOI: https://doi.org/10.1111/jsr.12876. ↩
- Zhou Tong, Zichen Wang, Chenxi Qiao, Shuo Wang, Shuaihang Hu, Xinyan Wang, Xiumei Ma, et al. Sleep Disturbances and the Risk of Lung Cancer: A Meta-Epidemiological Study. BMC Cancer 2023;23(1):884. DOI : https://doi.org/10.1186/s12885-023-11392-2. ↩