Analyse du lavage bronchoalvéolaire dans un bilan de PID : deux, c’est mieux qu’une !

L’évaluation initiale des patients atteints de pneumopathie infiltrative diffuse (PID) comporte très souvent la réalisation d’un lavage bronchoalvéolaire (LBA). Or, il arrive régulièrement que ce LBA ne soit pas interprétable, notamment en raison d’une contamination bronchique. Une équipe de Kingston (Canada) a eu l’idée de réaliser systématiquement deux LBA chez ces patients afin de voir si cela permettait de réduire le taux de LBA de qualité insuffisante pour analyse cytologique. Et leurs résultats sont plutôt intéressants…

Entre 2018 et 2022, cette équipe a donc réalisé successivement et systématiquement 2 LBA dans 2 territoires distincts (les plus atteints sur le scanner thoracique) sous anesthésie locale lors d’une fibroscopie bronchique vigile chez 242 adultes. A chaque fois, au moins 70 mL de sérum physiologique étaient instillés de manière à recueillir au moins 20 mL de liquide pour analyse cytologique. Un liquide de LBA était considéré comme étant de mauvaise qualité lorsqu’il contenait plus de 5% de cellules épithéliales et ciliées.

La population de l’étude avait un âge moyen de 73 ans et comportait 67% d’hommes. Les principaux diagnostics finalement retenus étaient une fibrose pulmonaire idiopathique dans 52% des cas, une pneumopathie d’hypersensibilité dans 17% des cas et une PID liée aux connectivites dans 12% des cas. Les auteurs ont rapporté que le LBA n°1 était de qualité insuffisante chez 37 patients (soit 15% des cas) et que le LBA n°2 l’était aussi chez 33 patients (14% des cas). En combinant les 2 LBA, il n’y avait plus que 9 patients (3,7% de la cohorte) chez lesquels les 2 LBA étaient de qualité insuffisante pour une analyse cytologique. Le fait d’avoir réalisé un deuxième LBA a donc permis de réduire drastiquement le taux d’échec d’analyse du prélèvement dans cette étude. De l’aveu même des auteurs présents devant leur poster, la tolérance du deuxième LBA n’a jamais posé de problème. Ils recommandent donc vivement de réaliser systématiquement ce deuxième LBA dans un autre territoire durant la fibroscopie bronchique initiale afin d’éviter au maximum le risque de ne pas obtenir d’information cytologique chez les patients adressés pour exploration d’une PID.

Dans la même session, une équipe de Philadelphie (Etats-Unis) a présenté les résultats d’une étude pilote réalisée chez 37 patients chez lesquels un LBA a été réalisé systématiquement de manière bilatérale lors d’un bilan initial d’une PID. A chaque fois, au moins 150 mL de sérum physiologique étaient instillés. Là encore, la tolérance de ce deuxième LBA ne semble avoir posé aucun problème. Ces données incitent donc probablement à ne pas être trop frileux sur la réalisation d’un deuxième LBA dans cette situation. Si toutefois cette pratique était amenée à se développer, nos collègues cytologistes et anatomopathologistes risquent de ne pas être très contents de cette surcharge de travail…


François-Xavier Blanc, Université de Nantes; CHU de Nantes, l’institut du thorax, Hôpital G. et R. Laënnec, Service de Pneumologie; INSERM UMR 1087, CNRS UMR 6291, Nantes.

D’après les communications de
Alqahtani S.A. et al. : Usefulness of performing two bronchoalveolar lavages in patients with interstitial lung diseases. Am J Respir Crit Care Med 2023; 207 : A4985 (session C39).
George G. et al. : Bilateral bronchoalveolar lavage in the workup of interstitial lung disease. Am J Respir Crit Care Med 2023; 207 : A4984 (session C39).

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