Apnées du sommeil et insuffisance cardiaque

Chez le patient insuffisant cardiaque, on peut avoir plusieurs types de syndrome d’apnées du sommeil (SAS). Un syndrome d’apnées obstructives (SAOS), un syndrome d’apnées centrales de sommeil (SASC) et la respiration de Cheyne-Stokes. Le SAS est associé à la survenue d’une insuffisance cardiaque et chez les patients insuffisants cardiaques, le syndrome d’apnées du sommeil est délétère en aggravant le pronostic vital du patient.  

L’insuffisance cardiaque s’accompagne d’une apnée du sommeil pour plus de 50%  des patients 1. Le diagnostic clinique du SAOS est non spécifique (ronflement, sommeil non réparateur, céphalées, nycturie). Le patient est paucisymptomatique dans le SASC avec peu de plainte de somnolence, secondairement a une activation sympathique. Le score d’Epworth est peu discriminant car il est perturbé par d’autres facteurs (insomnie, asthénie, dyspnée).

La polysomnographie reste l’examen de référence. D’autres moyens peu spécifiques existent. Il s’agit entre autres de la polygraphie ventilatoire (qui peut sous estimer l’IAH mais reste un bon moyen de poser le diagnostic) et l’oxymétrie nocturne. Particulièrement chez les patients insuffisants cardiaques, les dispositifs cardiaques implantés permettent aussi de donner un diagnostic de façon relativement fiable chez le patient porteur 2.

Une fois que nous avons dépisté le SAS, il faut déterminer son profil obstructif ou central et déterminer surtout la fraction d’éjection systolique du ventricule gauche (Fe VG) avant d’envisager sa prise en charge.

Cette prise en charge s’intéressera d’abord à l’insuffisance cardiaque et prendra en compte ensuite le SAS en fonction de son profil obstructif ou central.

Pour optimiser le traitement de l’insuffisance cardiaque 3, nous disposons de quatre classes thérapeutiques à savoir les IEC/ARA II, les bétabloquants, l’antagoniste de l’aldostérone et les glifozines. Quelques données ont d’ailleurs montré l’intérêt des glifozines dans le traitement du SAS 4, ces molécules étant par ailleurs recommandées depuis peu dans le traitement de l’insuffisance cardiaque.

Quelques données ont montré l’intérêt des glifozines dans le traitement du SAS , ces molécules étant par ailleurs recommandées dans le traitement de l’insuffisance cardiaque.

Chez les patients présentant un profil obstructif, il faut traiter ceux qui ont une insuffisance cardiaque symptomatique et un SAOS symptomatique et surtout ceux qui sont somnolents. Une étude a montré qu’il y a une amélioration de la Fe VG, de la qualité de vie des patients et une diminution de la somnolence chez les patients ayant un SAOS traité par PPC. La pression doit être fixe si la Fe VG est altérée avec surtout un contrôle tensionnel régulier lors de l’instauration de la ventilation Pour le SASC, la ventilation servo-assistée est contre indiquée chez le patient présentant une insuffisance cardiaque avec une FEVG < 45%, avec un indexe apnée hypopnée > 15/H. Si le patient est très symptomatique, un essai de PPC en mode fixe, avec surveillance rraprochée de la pression artérielle à l’instauration, peut être réalisé. En l’absence d’efficacité sur la somnolence, un arrêt est préconisé. La simulation du nerf phrénique est également proposée par certains auteurs 5mais les données sont faibles et le coût est important.

Soumaïla MAIGA, Pneumologue, CHU Yalgado Ouédraogo, Ouagadougou Burkina Faso.

D’après la communication “SAOS et insuffisance cardiaque ” présentée par Hélène BENZAQUEN FORNIER (France),
session “Troubles respiratoires au cours du sommeil ”, le vendredi 05 mai 2023.


  1. Bordier P. Sleep apnoea in patients with heart failure, Part I: diagnosis, definitions, prevalence, pathophysiology and haemodynamic consequences. Arch Cardiovasc Dis. 2009 Aug-Sep;102(8-9):651–61
  2. Messaoud R. Ben, Khouri C, Pépin  J.L , Cracowski J.L. , Tamisier R. et al. Performance des dispositifs cardiaques implantables pour le diagnostic du syndrome d’apnées du sommeil (SAS) : revue systématique et méta-analyse. – 10/01/21 Doi : 10.1016/j.rmra.2020.11.386 
  3. 2022 AHA/ACC/HFSA Guideline for the Management of Heart Failure: A Report of the American College of Cardiology/American Heart Association Joint Committee on Clinical Practice Guidelines.
  4. Papaetis S G. GLP-1 receptor agonists, SGLT-2 inhibitors, and obstructive sleep apnoea: can new allies face an old enemy? Arch Med Sci Atheroscler Dis 2023;8(1):19–34
  5. Fox H, Oldenburg O, Javaheri S, Ponikowski P, Augostini R, Goldberg LR, Stellbrink C, Mckane S, Meyer TE, Abraham WT, Costanzo MR. Long-term efficacy and safety of phrenic nerve stimulation for the treatment of central sleep apnea. Sleep. 2019 Oct 21;42(11):zsz158. doi: 10.1093/sleep/zsz158. PMID: 31634407; PMCID: PMC6802564.
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