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Peut-on vraiment prédire l’hypoxémie au cours de l’IRA à partir du simple rapport SpO2/FiO2 ?

Le rapport PaO2/FiO2 (P/F) est classiquement utilisé pour évaluer la sévérité de l’hypoxémie dans l’insuffisance respiratoire aiguë (IRA), notamment au cours du syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA). Néanmoins, en raison d’une disponibilité inconstante des gaz du sang artériel (GDS), un rapport SpO2/FiO2 (S/F) < 315, plus facilement disponible, a récemment été proposé pour établir la nouvelle définition mondiale du SDRA 1. Cependant, le rapport S/F ne pourrait s’avérer valide que pour une SpO2 < 97 %.

L’objectif de cette étude de cohorte rétrospective, menée dans cinq hôpitaux universitaires entre octobre 2017 et septembre 2019, a donc été d’évaluer l’impact de la mesure du rapport S/F sur l’apparition de l’hypoxémie chez des patients en IRA sous ventilation mécanique invasive (VM) avec un rapport P/F < 300 mmHg ou S/F < 315 maintenu pendant au moins 24 heures. L’apparition de l’hypoxémie était définie comme le premier P/F < 300 mmHg ou S/F < 315 après le début de la VM, ces deux rapports recueillis en moins de 10 mn chez un même patient étant considérés comme simultanés. Le sous-groupe SDRA répondait à la définition de Berlin de 2012 reposant principalement sur le niveau du rapport P/F (2). Chez les 2 427 patients inclus, dont 2143 patients ayant eu un GDS et 364 atteints de SDRA, la durée médiane de VM était de 49 heures et la mortalité hospitalière de 28%. Le S/F médian pendant les 24 premières heures de VM était de 188 (IQR:146-229). Pour l’ensemble de la cohorte, 1341/2427 des patients (55%) présentaient une hypoxémie définie en premier lieu par le S/F. Lorsque les deux rapports étaient simultanément disponibles (1096/2427 :45%), l’hypoxémie définie par le S/F survenait en moyenne 80 minutes plus tôt (IQR :35-189). Huit cent soixante et onze sur 2427 patients (36%) présentaient une hypoxémie définie en premier lieu par le rapport P/F, mais 89% de ces patients avaient une SpO2 > 97% entre le début de la VM et le premier rapport P/F, de sorte qu’un rapport S/F valide ne pouvait être calculé. Dans le sous-groupe SDRA, 208/364 des patients (57%) répondaient au critère d’hypoxémie de la nouvelle définition du SDRA (S/F) (1), en moyenne 73 minutes plus tôt (IQR :34-188) que le rapport P/F. Cependant, chez les patients atteints de SDRA selon la définition de Berlin (P/F) 2, 89% des patients avaient une SpO2 > 97 % entre le début de la VM et le premier rapport P/F.

Une utilisation plus large du rapport S/F pourrait donc permettre une reconnaissance plus précoce de l’hypoxémie, notamment au cours du SDRA, pour pouvoir initier plus rapidement la stratégie ventilatoire appropriée. Cependant, pour que le rapport S/F facilite de manière optimale l’identification précoce de l’hypoxémie, il est nécessaire de titrer l’oxygène jusqu’à une SpO2 restant < 97%.

D’après la communication de Levy E., et al. Advantages and caveats of using the SpO2/FiO2 ratio to identify hypoxemia. Am J Respir Crit Care Med 2024; 209: A1094. Session A22.

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Le sotatercept est-il plus efficace chez les patients atteints d’HTAP avec mutation BMPR2 ?

Les mutations du gène BMPR2 (bone morphogenetic protein receptor type 2) sont responsables de la forme la plus fréquente d’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) héritable. L’homéostasie vasculaire pulmonaire repose en partie sur la voie du TGF-ß qui assure un équilibre entre prolifération vasculaire pulmonaire (médiée par l’activine) et antiprolifération (médiée par BMPRII). Dans l’HTAP, la voie BMPR2 est dysfonctionnelle ce qui engendre une surexpression de la voie de l’activine. Cette voie de signalisation est ciblée par le sotatercept, une protéine de fusion qui piège les activines et les GDF, des ligands du récepteur de l’activine, agissant ainsi comme un inhibiteur de la signalisation de l’activine. Les essais de phases II (PULSAR) et III (STELLAR), tous deux publiés dans le NEJM avaient montré des résultats très prometteurs chez les patients souffrant d’HTAP déjà prétraités. Une analyse post-hoc de la phase II a été réalisée afin d’analyser la réponse au sotatercept selon le statut BMPR2 des patients.

PULSAR est un essai randomisé de phase 2, contrôlé contre placebo, comparant l’efficacité et la tolérance du sotatercept (administré toutes les 3 semaines par voie sous-cutanée à 2 dosages différents : 0,3 ou 0,7 mg/kg) chez des patients souffrant d’HTAP, préalablement traités par bi-ou trithérapie. Cette étude était positive sur le critère de jugement principal (résistances vasculaires pulmonaires) mais également la distance parcourue au test de marche de 6 minutes, démontrant un bénéfice du sotatercept par rapport au placebo.

Un séquençage génétique a été réalisé chez 76 (86 %) des 88 patients sans connectivite de l’étude PULSAR, révélant des variants BMPR2 chez 25 (33 %) des patients : 10 dans le groupe placebo et 15 dans le groupe sotatercept. Les variations du test de marche de 6 minutes, des résistances vasculaires pulmonaires et du NT-proBNP entre le début et la fin de l’étude (semaine 24) étaient similaires entre les patients avec ou sans variant BMPR2. L’incidence des événements indésirables liés au traitement était également similaire entre les sous-groupes (variant BMPR2 ou non) à la semaine 24.

Pour conclure, l’effet du traitement par sotatercept sur les résistances vasculaires pulmonaires, la distance parcourue au test de marche de 6 minutes, le NT-proBNP et la survenue d’évènements indésirables était indépendant du statut BMPR2 des patients.

Références : Humbert M. et al. N Engl J Med 2021;384:1204-15.

D’après la communication de D. Montani. Results of a planned analysis of the effects of genetic background on sotatercept for the treatment of pulmonary arterial hypertension (PAH). Am J Respir Crit Care Med 2024;209:A1012 (session A14)

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L’intelligence artificielle à l’ATS en 2024 : entre espoir raisonnable et crainte justifiée.

L’intelligence artificielle (IA) est désormais une notion familière pour beaucoup de médecins avec son utilisation croissante dans diverses spécialités médicales, dont l pneumologie. Pour autant, nous sommes encore loin d’avoir exploré toutes les possibilités ou d’avoir compris tous les risques de dérives et/ou de mauvaise utilisation de cet outil apparemment révolutionnaire.

C’est pour cela que le comité scientifique de l’ATS a décidé de consacrer une session spéciale sur l’IA. Le premier orateur, Michael Howell (Google) nous rappelle les trois étapes de développement de l’IA : la première datant des années 50 et se basant sur des modèles probabilistes, ou encore l’IA 1.0, suivie par l’I.A. 2.0 née en 2011 avec l’apprentissage profond ou « deep learning », et enfin l’émergence récente de l’I.A. 3.0, mieux connue sous l’appellation IA générative dont le programme Chat GPT dont tout le monde parle. L’IA générative est un domaine du « deep learning » capable de « générer » (d’où son appellation) de façon autonome et originale de nouveaux contenus (images, vidéos, textes, voire musique) à partir de données préexistantes. Outre les problèmes éthiques liés aux droits d’auteurs que pose cette approche, Matthew DeCamp (Université de Colorado) a également détaillé les différents de types de biais qui sont d’autant d’embuches qu’il faudrait éviter dans notre utilisation de l’IA, quel qu’en soit le but et le domaine d’application. L’orateur a notamment insisté sur les 3 types de biais fréquemment rencontrés que sont les biais (1) d’acquisition de données (dont la véracité et la pertinence des informations retenues, (2) d’analyse et (3) d’interprétation de ces données. Il est possible de réduire ces biais par la mise en place systématique d’audits réguliers, l’utilisation de métriques clairement définis et explicables et le recours aux techniques de rééquilibrage transparents et opposables. L’intérêt de ce symposium est de nous rappeler qu’en matière d’IA, si le meilleur n’est jamais garanti, le pire n’est pas non plus inévitable. Il nous suffit d’en être conscient, la conscience étant peut-être ce qui distingue l’être humain des programmes d’ordinateurs, aussi puissants soient-ils.

D’après la session spéciale (Keynote) K1 sur l’Intelligence artificielle en médecine. (Dimanche 19 mai 2024)

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Prescription d’oxygénothérapie de déambulation en France

L’utilité de l’oxygénothérapie de déambulation, au long cours, au domicile, est très controversée chez les patients présentant une hypoxémie modérée au repos ou la nuit. Bien que l’oxygénothérapie de déambulation soit susceptible d’améliorer les performances à l’exercice des patients souffrants de BPCO, l’essai LOTT n’a pas démontré d’amélioration de la survie 1. Cela pourrait être dû à une mauvaise sélection des patients susceptibles de bénéficier de cette thérapeutique 2. Mais cela pourrait également être également lié à des aspects techniques de délivrance de l’oxygénothérapie à l’effort. Ces deux posters apportent des éléments de réponse sur des données françaises à grande échelle.

À partir des données du système national des données de santé (SNDS), les 40 617 patients insuffisants respiratoires, toutes causes confondues, qui bénéficient, entre 2014 et 2019, de la prescription d’une oxygénothérapie de déambulation par le biais d’un concentrateur portable en France ont été suivis jusqu’en décembre 2020. Environ 40% d’entre eux bénéficient également d’un extracteur fixe au domicile.

Ils ont été divisés en deux groupes selon l’autonomie offerte par leur concentrateur portable, soit élevée (supérieure à 5h, concentrateurs de la marque Inogen, n= 18 630) soit faible (inférieure à 5h, tous les autres dispositifs, n= 21 987). La survie globale est plus élevée dans le groupe « autonomie élevée » (52,7 [IC 95% : 51,2 – 54,1] vs. 43,3 [IC 95% : 41,9 – 44,3] mois). Ainsi, le risque de décès est relativement plus faible dans le groupe « autonomie élevée » (hazard ratio de 0,81 [IC 95% 0,78 – 0,83]). Le nombre de visites aux urgences et d’hospitalisations est identique dans les deux groupes. Les coûts de santé sont inférieurs dans le groupe « haute autonomie » (économie de 168 € par année de vie supplémentaire).

Une analyse par intelligence artificielle retrouve comme principaux facteurs de risque de mortalité : le type d’extracteur portable, une insuffisance respiratoire d’autre origine que la BPCO, le nombre de comorbidités dont l’insuffisance cardiaque, l’obésité ou le cancer bronchique et l’âge.

Le type d’extracteur portable prescrit, selon l’autonomie qu’il offre, serait associé au pronostic des patients insuffisants respiratoires.

Si les biais sont nombreux, notamment en l’absence de données réelles sur l’utilisation du concentrateur, son autonomie qui est très variable y compris pour les matériels très récents selon la taille du bolus d’oxygène délivré, la sévérité de l’insuffisance respiratoire ou encore l’activité physique réalisée, cette étude illustre bien la nécessité absolue d’accompagner les patients au moment de la prescription d’une oxygénothérapie de déambulation. Pour que ce traitement profite au patient, il est capital de prendre le temps de trouver le dispositif le plus adapté à ses besoins spécifiques, en favorisant toujours les dispositifs offrant la plus grande autonomie possible. 

D’après les posters de S. Glezer et al.
Portable Oxygen Concentrators and Level of Mobility in Long-term Oxygen Therapy Patients in France. A Nationwide Health Claims Database (SNDS) Study. Am J Respir Crit Care Med 2024;209:A1073 (session A21).
Factors Predicting the Survival and the Type of Oxygen-Delivery Device Prescription in Long-term Oxygen Therapy Patients in France: A Nationwide Health Claims Database (SNDS) Study. Am J Respir Crit Care Med 2024;209:A1414 (session A35).

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Dysanapsis, un problème de connexions pulmonaires

La dysanapsis bronchique est un mot d’origine grecque (« joindre, connecter ») qui décrit une taille des voies respiratoires disproportionnée par rapport au parenchyme pulmonaire. Bien que de description ancienne, le concept a été remis au goût du jour au scanner pour expliquer les variations de fonction pulmonaire chez les sujets sains et le risque de BPCO. Ce concept peut être décliné aux structures vasculaires et à d’autres pathologies.

Bien que de même étymologie, la dysanapsie n’a rien à voir avec la synapsis (union des chromosomes homologues qui donnent des tétrades) ou avec les synapses neuronales. Initialement décrit en 1974, par Green, le concept de dysanapasis bronchique stipule qu’un arbre des voies respiratoires centrales plus petit pour une taille de poumon donnée est associée à une fonction pulmonaire basale basse, suivie d’un déclin de la fonction pulmonaire avec risque de BPCO. Le concept était un des thèmes forts de la session A29, avec les nouveaux sous-types d’emphysème et les interactions vaisseaux/bronches dans l’emphysème.

Dans une première présentation Hosseini et al. ont montré que le concept pouvait être également décliné au niveau de la vascularisation pulmonaire. Les auteurs ont développé un processus complexe de segmentation des images tomodensitométrique permettant de calculer un indice de dysanapsis artériel. Celui-ci était corrélé à l’extension d’emphysème et au VEMS, mais pas au dysanapsis bronchique. Smith et al. ont, quant à eux, montré chez 16 patients de la série SPIROMICS Heart Failure (SPIROMICS HF) que la dysanapsie bronchique pouvait se calculer aussi en IRM à partir de séquences à temps d’écho très court.

Ces performances techniques sont encore loin d’une application clinique mais aiguisent notre intérêt. Une session demain sera dédiée au concept de dysanapsis (B9 50 years of dysanapsis : what have we learned and where are we going), et nous détaillera les trajectoires et les facteurs environnementaux influençant le développement broncho-pulmonaire. A ne pas manquer !

Pierre-Yves Brillet, INSERM 1272, Santé-Médecine-Biologie-Humaine, Université Paris 13 et Service de radiologie, Hôpital Avicenne, Bobigny, France

D’après les posters présentés par S. Hosseini, Pulmonary arterial dysanapsis evaluated in smokers with COPD via contrast enhanced Dual Energy CT. Am J Respir Crit Care Med 2024;209:A1244 et B.M. Smith, Paired Magnetic Resonance and Computed Tomography assessment of dysanapsis. The subpopulations and intermediate outcome measures in COPD and Heart Failure study (SPIROMICS HF). Am J Respir Crit Care Med 2024;209:A1255. (session A29)

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Les jeux vidéo améliorent-ils la dextérité pour la réalisation de compétences interventionnelles procédurales en pneumologie ?

Les jeux vidéo sont de plus en plus reconnus comme des outils pédagogiques potentiels en raison de leur capacité à simuler des situations cliniques réalistes, permettant aux étudiants de pratiquer sans risque pour les patients. Ils offrent également une méthode interactive pour renforcer les connaissances théoriques et développer des compétences techniques. Des programmes de formation en pneumologie et en soins critiques se développent pour la formation aux procédures interventionnelles telles que la bronchoscopie, l’intubation oro-trachéale et les abords pleuraux pour la pose de drains, entre autres.

Dans une revue de la littérature, A. Gupta et al. ont analysé neuf études (dont sept étaient des essais contrôlés randomisés) regroupant 429 participants. La procédure la plus fréquemment étudiée était la bronchoscopie (44,4 %). Les résultats rapportés étaient les suivants : 1) la pratique des jeux vidéo était associée à une plus grande dextérité mais pas à une meilleure performance globale pour la réalisation de la tâche ; 2) la simulation d’acte technique basée sur les jeux vidéo était associée à une meilleure performance globale de la tâche mais était non systématiquement associé à une plus grande dextérité pour la réalisation de la compétence technique.

Malgré des limitations telles qu’un échantillon de patients relativement faible pour une revue de la littérature, des populations hétérogènes et un manque d’ajustement pour les facteurs de confusion identifiés, la simulation des compétences techniques provenant de formations pédagogiques basée sur des jeux vidéo peut être un outil complémentaire pour la formation des étudiants en pneumologie et en médecine des soins critiques. Les futures recherches devraient s’efforcer cependant à avoir un suivi longitudinal en examinant de plus près l’impact des caractéristiques spécifiques des jeux vidéo sur l’acquisition des compétences procédurales.

Thomas Villeneuve, Service de Pneumologie et unité des soins intensifs– Clinique des Voies Respiratoires, CHU Larrey, 24 chemin de Pouvourville, TSA 30030, 31059 Toulouse Cedex 9, France

D’après A. Gupta et al. Session poster : études de recherche et rapports de cas en matière de maladies pulmonaires et pleurales interventionnelles

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L’EVALI existe encore

Considérée comme une alternative sûre au tabagisme, l’utilisation croissante de la cigarette électronique n’est pas dénuée de risque. A partir de septembre 2019, le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) aux Etats-Unis signale l’apparition d’une pneumopathie associée au vapotage (ou EVALI en anglais). La déclaration des cas étant obligatoire aux Etats-Unis, jusque 2800 hospitalisations, dont 68 décès, sont recensées jusqu’en février 2020. La pandémie COVID a fait oublier l’EVALI. Qu’en est-il en réalité ?

Entre avril et décembre 2020, 903 patients hospitalisés pour EVALI ont été identifiés au sein de la base de données de santé américaine (Healthcare Cost and Utilization Project Nationwide Inpatient Sample).

Leur profil était similaire aux cas initialement décrits. L’âge médian était de 31 ± 8 ans, 69% étaient des hommes, 74% étaient caucasiens. Une infection COVID-19 était identifiée chez seulement 5% des patients pour lesquels le diagnostic étiologique de la détresse respiratoire aigüe est difficile. Respectivement 38 et 17% des patients consommaient également du tabac et du cannabis.

Les complications au cours de l’hospitalisation étaient : maladie thrombo-embolique (2,9%), fibbrillation auriculaire (2,7%), hypertension pulmonaire (2,5%), choc cardiogénique (0,6%) et syndrome coronarien (0,4%). Une ventilation mécanique était nécessaire pour 103 patients (11,4%). La durée de séjour était de 5,7 ± 3,4 jours. La mortalité hospitalière était de 2,3% (21 patients). En analyse multivariée, les facteurs de risque de mortalité était le sexe masculin (OR 1,39, IC 95% 1,13 – 3,46), tabagisme actif (OR 2,08, IC 95% 1,24 – 3,81), complications thrombo-emboliques (OR 2,20, IC 95% 1,04 – 4,21), hypertension pulmonaire (1,83, IC 95% 1,07 – 4,77) and recours à la ventilation mécanique (OR 4,76, IC 95% 2,68 – 6,33).

La pneumopathie associée au vapotage doit donc rester une préoccupation de santé publique d’autant que la consommation des adolescents et des jeunes adultes non-fumeurs ne cessent de croître.

Marjolaine Georges, Service de Pneumologie et Soins Intensifs Respiratoires, Centre de Référence Constitutif des Maladies Pulmonaires Rares de l’Adulte, CHU Dijon Bourgogne, 14 rue Paul Gaffarel, 21079 Dijon cedex, France

D’après le poster discussion de Olanipekun T et al. Characteristics, Outcomes, and Healthcare Resource Utilization of Patients Hospitalized With Vaping Related Lung Injury in the US, 2020. Am J Respir Crit Care Med 2024;209:A1072 (session A21).

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BPCO et asthme : existe-t-il vraiment un bénéfice à un suivi pneumologique ?

Le sous diagnostic de la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) et de l’asthme concerne jusqu’à 70% des patients, principalement dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Il en résulte une altération significative de la qualité de vie des patients ainsi qu’un impact socio-économique non négligeable avec un recours aux soins important et un absentéisme professionnel.

Dans l’essai canadien UCAP présenté ce jour, Aaron S et al. 1 avaient pour objectif principal d’identifier des patients atteints d’asthme ou de BPCO non diagnostiqués dans la population générale puis d’étudier l’intérêt d’une prise en charge spécialisée par un pneumologue sur le recours aux soins et sur les symptômes.

Les personnes vivant dans un rayon de 90 minutes autours des centres participant à l’étude ont été interrogés par téléphone sur la présence de symptômes respiratoires (toux, dyspnée, sifflement) dans les 6 moins précédents. En cas de symptômes, tous les participants répondaient à un questionnaire de dépistage de l’asthme 2 puis ceux âgés de plus de 60 ans ou ayant un score de dépistage de l’asthme inférieur à 6, répondaient à un questionnaire de dépistage de la BPCO 3. En cas de score de dépistage de l’asthme supérieur à 6 ou de score de dépistage de la BPCO supérieur à 20, une spirométrie était réalisée. Le diagnostic d’asthme était retenu en cas d’augmentation du volume exprimé maximal par seconde (VEMS) post bronchodilatateur de 200mL et 12% avec un rapport VEMS/ capacité vitale forcée (CVF) post bronchodilatateur supérieur à la limite inférieure de la normale. Le diagnostic de BPCO était retenu si le rapport VEMS/CVF post bronchodilatateur était inférieur à la limite inférieure de la normale.

Ensuite, les patients nouvellement diagnostiqués étaient randomisés en deux groupes : un groupe intervention comprenant une évaluation par un pneumologue et une éducation thérapeutique spécialisée ou un groupe soins habituels par leur médecin généraliste. Le critère de jugement principal était le taux annualisé de recours au soin pour une symptomatologie respiratoire. Les critères secondaires comprenaient l’étude de la qualité de vie par le questionnaire de Saint George (SGRQ), des symptômes par le questionnaire COPD Assessment Test (CAT) et du VEMS.

Parmi les 38 353 personnes interrogées, 595 des 2 857 patients symptomatiques présentaient une BPCO ou un asthme non diagnostiqué et 508 ont été randomisées : 253 dans le groupe intervention et 255 dans le groupe soins habituels. Le taux annualisé de recours aux soins était plus bas dans le groupe intervention que dans le groupe soins habituels (0,53 versus 1,12 événements par personne-année ; ratio d’incidence 0,48 ; intervalle de confiance (IC) à 95 % 0,36 à 0,63 ; p < 0,001). À 12 mois, il existait une amélioration de la qualité de vie selon le SGRQ (différence moyenne -3,5 points ; IC à 95 %, -6,0 à -0,9), et des symptômes respiratoires selon le score CAT (différence moyenne -1,3 points ; IC à 95 %, -2,4 à -0,1) dans le groupe intervention. Il existait également une augmentation du VEMS de 119 ml dans le groupe intervention et de 22 ml dans le groupe soins habituels (différence 94 ml ; IC à 95 % 50 à 138).

Ainsi, les patients ayant reçu un traitement dirigé par un pneumologue avaient moins recours aux soins pour une symptomatologie respiratoire que les patients suivis par leurs médecins généralistes mais une réduction des symptômes et une amélioration de la qualité de vie à un an du diagnostic était retrouvée dans les deux groupes. Ces résultats confirment donc la nécessité d’un diagnostic et d’une prise en charge précoce des patients présentant une symptomatologie respiratoire, que les soins soient dispensés par un spécialiste ou un médecin généraliste.

Marina Gueçamburu, Service des Maladies Respiratoires et des épreuves fonctionnelles respiratoires CHU Bordeaux, 33604, Pessac, France

D’après la communication de Shawn D. Aaron (Ottawa, Canada), session A2

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β bloquants dans la BPCO : bénéfice ou risque ?

Les β-bloquants sont un des piliers de la prise en charge des cardiopathies ischémiques et des insuffisances cardiaques permettant une réduction de la morbi mortalité. Des études observationnelles non randomisées suggèrent que l’utilisation de β-bloquants β1 sélectifs peut être associée à une réduction du risque d’exacerbations de BPCO et de mortalité. Cependant, dans un essai récent, le metoprolol a montré une augmentation significative du risque d’exacerbations sévères chez les patients atteints de BPCO 1

Ce jour, l’étude BICS 2s’intéressant à l’effet du bisoprolol (β-bloquant β1 sélectif) sur les exacerbations modérées à sévères de BPCO a été présentée. Il s’agit d’une étude multicentrique contrôlée, randomisée en double aveugle incluant des patients atteints de BPCO de plus de 40 ans avec un volume expiratoire maximal par seconde (VEMS) inférieur à 80%, un tabagisme supérieur à 10 paquets-années et au minimum 2 exacerbations modérées l’année passée. Les patients étaient randomisés en deux groupes : un groupe bisoprolol, débuté à la posologie de 1,25 mg par jour puis augmenté en fonction de la tolérance jusqu’à une dose maximale de 5 mg/j (n = 261), et un groupe placebo (n = 258).  Le critère de jugement principal était le nombre d’exacerbation de BPCO rapportées par le patient et traitées par des corticostéroïdes oraux, des antibiotiques ou les deux.

Parmi les 515 patients inclus, la majorité était des hommes (53%), l’âge moyen était de 68 ± 7,9 ans, le VEMS moyen était de 50,1% et 31% étaient des fumeurs actifs.  Le résultat principal était négatif avec 526 exacerbations dans le groupe bisoprolol (taux moyen d’exacerbations de 2,03/an), contre 513 exacerbations dans le groupe placebo (taux moyen d’exacerbations de 2,01/an, p = 0,72). Concernant les critères de jugement secondaires, une majoration de la dyspnée selon le Transition Dyspnea Index (différence moyenne -0,73 ; IC 95% -1,44 à -0,01 ; p=0,05) était mise en évidence sans qu’il y ait d’augmentation du score de symptôme COPD Assessment Test. De plus, il n’existait pas de différence en terme d’événements indésirables graves entre les deux groupes (37 dans le groupe bisoprolol (14,5 %) versus 36 dans le groupe placebo (14,3 %)).

Ainsi, dans cet essai, il n’existait pas de bénéfice d’un traitement par bisoprolol sur la réduction des exacerbations. Dans l’ensemble, le profil de sécurité du bisoprolol était rassurant, permettant l’utilisation de ce traitement en cas d’indication cardiovasculaire.

Marina Gueçamburu, Service des Maladies Respiratoires et des épreuves fonctionnelles respiratoires CHU Bordeaux, 33604, Pessac, France

D’après la communication de Brian J.Lipworth (Dundree, UK), session A2

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Tézépélumab en vraie vie dans l’asthme sévère : premières données chez 1734 patients

Parmi les biothérapies injectables utilisées dans le traitement de l’asthme sévère, le tézépélumab est la toute dernière molécule disponible. Son utilisation a été approuvée aux Etats-Unis en décembre 2021 pour les individus âgés d’au moins 12 ans suite aux résultats positifs d’essais cliniques. Les premières données en vraie vie commencent donc à être disponibles pour ce pays, en avance de 18 mois sur la France dans ce domaine. 

La communication de L. Tan et al. (Loma Linda, Etats-Unis) permet pour la première fois de se faire une idée précise de l’utilisation en vraie vie du tézépélumab dans l’asthme sévère puisque les données de 1734 patients américains ont pu être analysées. La majorité de ces patients (72%) étaient des femmes et l’âge moyen de la population était de 59 ans. De manière intéressante, cette biothérapie a été utilisée en première intention chez 824 patients (47,5%) tandis qu’elle faisait suite à une autre biothérapie chez les 910 autres patients (52,5%). Dans cette cohorte, tous les patients ont bénéficié d’au moins 6 mois de suivi et 775 ont même été suivis pendant plus de 12 mois. Seulement 47 patients (2,7%) ont arrêté le tézépélumab durant les 6 premiers mois de traitement pour passer à une autre biothérapie tandis que 61 (7,9%) ont initié une autre biothérapie dans les 12 mois. La durée médiane de passage à une autre biothérapie était de 91 jours pour les patients suivis pendant 6 mois et de 174 jours pour ceux qui ont été suivis pendant au moins 12 mois. Il n’était malheureusement pas précisé si ces changements de biothérapie étaient liés à une intolérance ou à une inefficacité du tézépélumab. Toutefois, 84% des patients pour lesquels on disposait d’au moins 6 mois de suivi étaient toujours sous traitement à 6 mois et 65% de ceux ayant eu un suivi d’au moins 12 mois avaient conservé leur biothérapie à 1 an. Ces premières données en vie réelle concernant un nombre important de patients américains semblent plutôt rassurantes et fournissent des indications précieuses sur ce qui risque de se passer en Europe dans les prochains mois.

François-Xavier Blanc Université de Nantes ; CHU de Nantes, l’institut du thorax, Hôpital G. et R. Laennec, Service de Pneumologie ; INSERM UMR 1087, CNRS UMR 6291, Nantes, France

D’après la communication de L. Tan et al. Patient characteristics and treatment patterns with tezepelumab in the United States: an early claims data study. Am J Respir Crit Care Med 2024;209:A1393.

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