vigilance

SAOS : savoir évoquer l’hypothèse d’une origine médicamenteuse

La liste des médicaments exposant à des apnées du sommeil cache des surprises.
Comme le rapporte la revue Prescrire 1 au cours des 37es Journées françaises de pharmacovigilance, il a été fait mention, entre autres, des notifications
d’effets indésirables médicamenteux concernant les apnées du sommeil.2À partir de la base de données de pharmacovigilance de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Centre de pharmacovigilance (CRPV) de Toulouse a analysé plus de 5 000 observations de  syndrome d’apnées du sommeil d’origine centrale ou obstructive notifiées entre 1995 et 2015, considérées comme exploitables pour 3 325 d’entre elles, concernant des patients d’âge moyen de 51 ans. Moins de dix notifications appartiennent à la base de données française de pharmacovigilance. 3
Les médicaments impliqués sont très divers ; en premier lieu viennent les neuroleptiques (152 fois), les opioïdes (91 fois), les antiépileptiques (88 fois), les antidépresseurs (85 fois) et les benzodiazépines (65 fois). En dehors de leur effet dépresseur connu sur les centres respiratoires, certaines de ces drogues, notamment les neuroleptiques, peuvent entraîner des prises de poids importantes ayant pour conséquence des apnées
obstructives au cours du sommeil.
De façon plus inattendue, viennent ensuite les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), notamment le rofécoxib (ex Viox) retiré du marché en 2004
(637 fois) et à un degré moindre les autres AINS. Le mécanisme évoqué dans la genèse des apnées obstructives est l’oedème des voies aériennes supérieures provoqué par la rétention hydrosodée imputable à cette classe médicamenteuse.
De nombreux autres médicaments ont été mis en cause sans que le mode d’action ait été élucidé. Ce sont, notamment, les diphosphonates (176 fois), les anti-TNF alpha (144 fois) dont l’étanercept (fois), les interférons (134 fois), l’ésoméprazole (89 fois), la digoxine (82 fois), le natalizumab (70 fois).
En pratique, commente Prescrire, il faut penser à évoquer plus souvent qu’une origine médicamenteuse aux syndromes d’apnées du sommeil permet de rendre service aux patients. Notifier ces notifications aux centres régionaux de pharmacovigilance est important pour y voir plus clair.

[hr]

Dany Baud, hôpital Suisse, Paris

Info-Respiration N°138 Avril 2017

SAOS : savoir évoquer l’hypothèse d’une origine médicamenteuse Lire la suite »

Prescription obligatoire du zolpidem sur ordonnance sécurisée à partir d’avril 2017

Dormir sous zolpidem ? Possible mais à condition de le coucher sur ordonnance sécurisée

L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a publié le 11 janvier 2017 un point d’information concernant le zolpidem (hypnotique apparenté aux benzodiazépines, médicament célèbre sous le nom de Stilnox®). À partir du 10 avril 2017, les spécialités contenant du zolpidem devront être prescrites sur ordonnance sécurisée. Cette mesure est prise pour limiter le risque d’abus et de détournement, très important avec ce médicament et favoriser son bon usage. L’ANSM rappelle à cette occasion que les indications du zolpidem sont limitéesaux troubles sévères du sommeil en cas d’insomnie occasionnelle et transitoire. La posologie recommandée est de 10 mg par jour. Le traitement doit être aussi bref que possible, de quelques jours à quatre semaines, incluant la période de réduction de la posologie. La durée de traitement recommandée en cas d’insomnie occasionnelle est de deux à cinq jours, et en cas d’insomnie transitoire, de deux à trois semaines.
Des enquêtes nationales d’addictovigilance sur le zolpidem mises en place depuis 1993 ont mis en évidence une augmentation du nombre et de la sévérité des cas d’abus et de pharmacodépendance qui se manifeste par :
—> une utilisation par des patients dans les indications thérapeutiques, mais à doses élevées et sur de longues périodes ;
—> un mésusage ou abus à la recherche d’un effet autre que thérapeutique, notamment récréatif ;
—> une utilisation détournée par les usagers de drogues, avec notamment des cas d’injections ;
—> une augmentation depuis plusieurs années du nombre de cas de soumission chimique avec le zolpidem qui est maintenant la molécule la plus impliquée.
En 2004, le résumé des caractéristiques du produit (RCP) du zolpidem avait été modifié en conséquence, précisant la possibilité de survenue d’une pharmacodépendance et les mentions communes avec les benzodiazépines. Afin de favoriser le bon usage et limiter les risques d’abus et de pharmacodépendance du zolpidem, une partie de la réglementation des stupéfiants sera appliquée aux médicaments qui en contiennent. Ainsi, à partir du 10 avril 2017, les médicaments à base de zolpidem (Edluar®, Stilnox® et génériques) devront être prescrits sur ordonnance sécurisée, en toutes lettres. Cependant, contrairement aux opioïdes de palier 3, il n’y aura pas d’obligation pour le patient de présenter l’ordonnance au pharmacien dans les 3 jours suivant la date de prescription pour la délivrance de la totalité de son traitement. De plus, le pharmacien n’aura pas l’obligation d’archiver une copie des
ordonnances pendant trois ans. Le zolpidem reste inscrit sur la liste I des substances vénéneuses et sa prescription est toujours limitée à 28 jours. Notons que cette réglementation ne concerne pas la zopiclone (Imovane®).

Pour en savoir plus : Arrêté du 7 janvier 2017 portant application d’une partie de la réglementation des stupéfiants aux médicaments à base de zolpidem administrés par voie orale, publié au JORF n°0008 du 10 janvier 2017 .

[hr]

Justine Frija-Masson, Paris
L’auteur a déclaré ne pas avoir de lien d’intérêt en rapport avec le contenu de cet article.

Info-Respiration N°137 Février  2017

Prescription obligatoire du zolpidem sur ordonnance sécurisée à partir d’avril 2017 Lire la suite »

Complications suppuratives de pneumopathies bactériennes : le risque d’infections graves semble augmenté par la prise d’AINS

Dans le numéro précédent d’Info Respiration, nos collègues du centre régional de pharmacolovigilance du CHU d’Angers et celui du centre Val-de-Loire nous avaient livré une revue de la littérature attirant notre attention sur le besoin de limiter, voire proscrire, l’usage des antiinflammatoires
non stéroïdiens (AINS) dans les pneumopathies. 1 Nous avons donc devancé la dernière livraison de la revue Prescrire qui revient sur ce sujet en ces termes : plusieurs études publiées ont montré une augmentation des complications suppuratives chez des patients atteints de pneumopathie communautaire en cas d’exposition à un AINS, par rapport à des patients ne prenant pas d’AINS. 2
Ainsi, précise la revue Prescrire, dans des services de pédiatrie français en Isère, une forte augmentation de la fréquence des hospitalisations pour complications suppuratives de pneumopathie a été constatée au cours des années 1990-2000, de façon concomitante avec l’augmentation des ventes de formes pédiatriques d’AINS. L’étude a porté sur 767 enfants hospitalisés pour une pneumopathie communautaire, dont 83 avec une pleurésie purulente et 7 un abcès pulmonaire. La prise d’ibuprofène a été associée à la survenue de ces complications suppuratives de manière statistiquement significative, avec un risque relatif (RR) estimé à 2,6 (intervalle de confiance à 95 % [IC95] : 1,5 à 4,4).
Un lien entre les complications suppuratives de pneumopathie et une exposition à un AINS a été statistiquement significatif dans plusieurs autres études. Ainsi chez 540 enfants hospitalisés aux États-Unis d’Amérique pour une pneumopathie communautaire, l’exposition à l’ibuprofène avant l’hospitalisation a été associée avec un risque de suppuration plus grand : RR estimé à 4,0 (IC95 : 2,5 à 6,4).
Dans une autre cohorte française de 90 patients hospitalisés pour une pneumopathie communautaire, l’exposition à un AINS a été associée à une augmentation du risque de complications pleuropulmonaires avec un RR estimé à 8,1 (IC95 : 2,3 à 28). Deux autres études ont montré, en cas d’exposition à un AINS, un risque augmenté de complications chez 106 adultes admis en soins intensifs avec un RR estimé à 4,0 (IC95 : 1,1 à 15,4), et un risque augmenté de suppuration chez 160 enfants avec un RR estimé à 1,9 (IC95 : 0,8 à 3,2). En conséquence, précise la revue Prescrire, la prudence est de préférer le paracétamol lors d’épisodes fébriles et infectieux.2

[hr]

Nicolas Postel-Vinay
L’auteur a déclaré ne pas avoir de lien d’intérêt en rapport avec le contenu de cet article.

Info-Respiration N°137 Février  2017

Complications suppuratives de pneumopathies bactériennes : le risque d’infections graves semble augmenté par la prise d’AINS Lire la suite »

Narcolepsie postvaccinale de type 1 : environ 650 cas en Europe après vaccination H1N1 de 19 millions de personnes

En France, on estime à une centaine le nombre de cas de narcolepsie postpandémique. Un phénomène de mimétisme moléculaire en serait l’explication.

Dès l’introduction de la variolisation de l’empire ottoman vers l’Europeà la fin du xviiie siècle a commencé le recueil des accidents imputables aux vaccins. À condition qu’ils soient recueillis de façon scientifique, ces chiffres constituent des repères indispensables à l’élaboration des politiques vaccinales et au jugement du médecin. C’est dire l’intérêt de la synthèse sur la narcolepsie liée à la vaccination antigrippale H1N1 faite par Yves Dauvilliers (Centre de référence national des maladies rares [narcolepsie, hypersomnie idiopathique et syndrome de Kleine Levin], unité des troubles du sommeil, service de neurologie, hôpital Gui-de-Chauliac, CHU de Montpellier Inserm-U1061, Montpellier) dans la Revue du Praticien que nous reprenons largement ici.1
L’association de la narcolepsie de type 1 2 avec la vaccination NIH1 est solide et confirmée dans plusieurs constats cités par Dauvilliers : augmentation de l’incidence de la narcolepsie signalée en Suède et en Finlande après le début de la vaccination contre la grippe pandémique de 2009 ; augmentation de 1points du risque de développer la maladiechez les enfants dans les mois suivant l’utilisation du Pandemrix en Finlande (l’association a été confirmée dans d’autres pays comme l’Irlande, le Royaume-Uni et la France).
En Europe, 19,4 millions de personnes ont reçu le vaccin Pandemrix, dont 4,1 millions en France. 3 Dans ce cadre, on estime à environ 650 (entre 600 et 800) le nombre de personnes atteintes de narcolepsie postpandémique, avec déjà plus de 350 cas rapportés à travers onze études publiées ; environ 100 cas (entre 90 et 120) sont en cours d’investigation en France (données non publiées, précise Dauvilliers). Une méta-analyse en cours de publication montre que le risque relatif d’être narcoleptique dans l’année suivant la vaccination par Pandemrix est de 14,32 (intervalle de confiance à 95 % : 8,92-22,99) chez l’enfant/ adolescent et de 7,01 (3,40-14,46) chez l’adulte.1 Toutefois le risque attribuable au vaccin Pandemrix n’est que de 1 sur 18 400 vaccinations chez l’enfant/adolescent. Mais les données ne sont pas assez nombreuses chez l’adulte pour que soit calculé ce risque attribuable de façon robuste, commente Dauvilliers. Comment comprendre le mécanisme causal de cette association ? L’hypothèse la plus probable, selon Dauvilliers, est que certaines protéines du virus partageraient une homologie de séquence avec les protéines exprimées dans les neurones à hypocrétine. Un épisode infectieux ou une vaccination activerait une population lymphocytaire spécifique d’un antigène donné, migrerait dans le cerveau via la barrière hémato-encéphalique, reconnaitrait puis détruirait les neurones à hypocrétine via un mimétisme moléculaire. Cela posé, on note que même si le profil évolutif des narcoleptiques postpandémique semble identique à celui des patients atteints de narcolepsie non liée à la vaccination, les mécanismes physiopathologiques sous-jacents restent encore incertains. Par ailleurs indiquons que l’association entre narcolepsie et grippe n’est pas clairement établie (pas de différence retrouvée sur le nombre d’épisodes infectieux grippaux entre les cas et les contrôlés) et le rôle potentiel d’infections virales dans le déclenchement de la narcolepsie reste incertain à ce jour. Même si les virus influenza de type 1 sont connus pour être associés à des maladies auto-immunes, tels l’encéphalite léthargique (décrite par von Economo après la grippe espagnole de 1918) et le syndrome de Guillain-Barrré (signalé après la vaccination contre la grippe porcine de 1977), on retiendra que ce n’est pas décrit pour la narcolepsie.

[hr]

Nicolas Postel-Vinay, hôpital européen Georges-Pompidou, Paris
L’auteur a déclaré ne pas avoir de lien d’intérêt en rapport avec le contenu de cet article.

Info-Respiration N°137 Février  2017

Narcolepsie postvaccinale de type 1 : environ 650 cas en Europe après vaccination H1N1 de 19 millions de personnes Lire la suite »

Stimulation du diaphragme dans la sclérose latérale amyotrophique : une idée délétère !

Résultats spectaculairement négatifs de deux études randomisées

Courbes de survie des 2 groupes à l’arrêt de l’étude


La sclérose latérale amyotrophique (SLA) est une maladie neurodégénérative où la perte des motoneurones aboutit à une fonte
musculaire. L’incidence est autour de 3 sujets pour 100 000 habitants en Europe, elle est la plus fréquente des maladies rares, et la survie est comprise entre 2 et 5 ans depuis le début des symptômes. Le riluzole est le seul traitement à ce jour qui a montré une amélioration de la survie (de 1 3 mois). Ces chiffres rendent cette maladie terrifiante pour tous, les malades avant tout, mais les soignants aussi. La perte progressive du diaphragme conduit à des troubles du sommeil, de la dyspnée, des épisodes d’insuffisance respiratoire, puis au décès. La grande majorité des malades meurent de problèmes respiratoires et les derniers mois de vie peuvent être atroces, remplis de symptômes respiratoires. Un malade se décrivait comme « enterré vivant ». Première phase : l’enthousiasme pour la stimulation électrique Heureusement, les pneumologues ont montré que la ventilation non invasive soulage la dyspnée, améliore le sommeil, mais aussi la qualité de vie et prolonge la survie. Cette thérapeutique est devenue ainsi depuis 2006 un traitement incontournable, entraînant une forte sollicitation de notre communauté pneumologique. Une étude a même montré que commencer la VNI très précocement, avant même l’atteinte diaphragmatique pourrait être efficace et une étude randomisée contrôlée espagnole s’est terminée sur ce sujet en 2016 et les résultats sont en attente. Pendant cette phase où le diaphragme commence à peine à être atteint, une autre approche thérapeutique pourrait être de ralentir sa dégradation par stimulation électrique, de facto retardant le moment de la ventilation mécanique et évidemment prolongeant la survie. Une étude randomisée contrôlée australienne en 2009 avait déjà montré que des exercices d’endurance des muscles respiratoires retardaient la perte musculaire respiratoire. Ces résultats nous ont encouragés en France à tester la stimulation électrique
du diaphragme via le nerf phrénique avec le stimulateur NeurX™ (Synapse Biomedical, Cleveland, États-Unis) sur une étude pilote en 2011, ouverte et non randomisée. Devant des résultats très positifs, 1 un enthousiasme a grandi autour de cette thérapeutique dans la SLA. Elle a même obtenu le remboursement aux États-Unis dans cette indication. Deuxième étape : la douche froide de l’Evidence based-medicine En Europe — plus prudemment — deux grandes études de confirmation randomisées contrôlées ont été décidées. Les centres SLA anglais ont lancé l’étude DiPALS, en testant la stimulation  VNI versus la VNI seule, à un stade avancé de la dysfonction diaphragmatique. Les centres SLA français ont lancé l’étude RespiStimSLA à un stade très précoce de la dysfonction diaphragmatique, bien avant le besoin de VNI. Les deux études ont été interrompues avant la fin. L’étude DiPALS 2  a montré la première une surmortalité dans le groupe stimulé. Elle a été critiquée principalement sur deux points : 1. il ne s’agissait pas vraiment d’un groupe aveugle et les malades sous stimulateur ont eu tendance à moins utiliser leur VNI ; 2. les malades stimulés ont dû subir une chirurgie, alors que les autres non. Un an plus tard, l’étude RespiStimSLA 3 est arrêtée précocement aussi et confirme que la stimulation du diaphragme est délétère pour les malades. Une surmortalité spectaculaire dans le groupe stimulé est retrouvée, surtout dans les premiers mois ! (médianes de survie après la randomisation de 16 [9-27] mois contre plus de 33 mois [médiane non atteinte]). Ici, la chirurgie ne pouvait pas être incriminée car tous les malades ont été opérés, et le manque de groupe aveugle n’a pas pu non plus être incriminé car tous les malades avaient été implantés et tous se stimulaient (avec un câble d’aspect identique, mais actif ou non actif ).
Devant ces résultats cette thérapeutique a rapidement été abandonnée dans cette indication en France, au Royaume-Uni, en Australie, en Allemagne. Dans les autres pays, et notamment aux États-Unis, les témoignages très positifs des malades continuent à alimenter des espoirs et les implantations continuent ! La cause des décès n’est pas encore connue, mais cela semble vraiment être une accélération de la maladie. Des analyses complémentaires vont commencer maintenant et de nouvelles publications physiopathologiques vont faire avancer les connaissances sur l’atteinte diaphragmatique dans la SLA. Nous digérons d’abord l’immense déception qu’entraînent des résultats aussi négatifs, et nous tirons une grande leçon de prudence sur les résultats préliminaires parfois spectaculaires avec les dispositifs médicaux. L’Evidence based-medicine reste incontournable !

[hr]

RespiStimSLA et DiPALS Jesus Gonzalez (–Bermejo)
Responsable handicap respiratoire, Département R3S  réanimation, réhabilitation, respiration et sommeil
Groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière
47 et 83 boulevard de l’Hôpital, 75651 Paris Cedex 13

Info-Respiration N°137 Février  2017

Stimulation du diaphragme dans la sclérose latérale amyotrophique : une idée délétère ! Lire la suite »

Nexplanon® : risque de migration dans les vaisseaux sanguins (y compris l’artère pulmonaire) et la paroi thoracique

L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et l’Agence européenne du médicament (EMA) signale le risque de migration dans les vaisseaux sanguins et dans la paroi thoracique de l’implant contraceptif Nexplanon®. Il s’agit d’un événement rare (taux de notification d’environ 1,3 par million d’implants vendus). Entre 1998 et 2015, dans 11 cas sur 18, il s’agissait de l’implant radio-opaque Nexplanon®. En conséquence : — après insertion, il faut être capable de palper l’implant sous la peau du bras de la femme ; si l’implant n’est pas palpable et du fait de la nature radioopaque de Nexplanon®, une radiographie bidimensionnelle doit-être réalisée afin de vérifier sa présence dans le bras. Les méthodes adaptées comprennent également la tomodensitométrie (TDM), l’échographie avec sonde linéaire à haute fréquence ou l’imagerie par résonance magnétique (IRM). Si l’implant reste malgré tout introuvable au niveau du bras, les techniques d’imagerie doivent être envisagées au niveau thoracique, car des cas extrêmement rares de migration dans le système vasculaire pulmonaire ont été rapportés. Si l’implant est localisé dans le thorax, une intervention chirurgicale ou endovasculaire peut être nécessaire pour le retrait.
Actuellement, la cause des migrations d’implants dans les vaisseaux sanguins et dans la paroi thoracique n’a pas été déterminée. Une mauvaise manipulation lors de l’insertion comme une insertion directe de l’implant dans une veine ou une insertion trop profonde sont des mécanismes possibles.

Source ANSM ; Le 30 septembre 2016.

[hr]

Info-Respiration N°136 Décembre  2016

Nexplanon® : risque de migration dans les vaisseaux sanguins (y compris l’artère pulmonaire) et la paroi thoracique Lire la suite »

Usage médical du cannabis et des cannabinoïdes : nausées, douleurs et sclérose en plaques

A l’heure où, aux États-Unis, 25 États permettent désormais l’usage médical de la marijuana (Cannabis sativa) la revue The Medical Letter On Drugs and Therapeutics fait le point sur le cannabis et les cannabinoïdes synthétiques.1 Côté cannabis, on sait que cette plante a été utilisée depuis des siècles pour traiter diverses maladies. Mais la non-standardisation des dosages rend l’interprétation des données disponibles difficile sachant que le cannabis contient plus de 60 cannabinoïdes possédant une activité pharmacocinétique.
On retiendra qu’aucune étude adéquate avec les fleurs de cannabis (marijuana) n’est disponible pour les indications comme les douleurs cancéreuses, la sclérose en plaques ou les nausées induites par chimiothérapie. Les effets indésirables du cannabis et des cannabinoïdes synthétiques sont connus : sécheresse buccale, sédation, hypotension orthostatique, ataxie et vertiges sont fréquents ; anxiété, tachycardie, agitation et confusion également, en particulier chez les sujets âgés, et l’aptitude à la conduite
peut être réduite. Les cannabinoïdes peuvent provoquer une sédation, une dysfonction motrice, une altération des perceptions, une dysfonction cognitive et des psychoses dose-dépendantes. Aucun décès en relation avec un surdosage aigu de cannabis utilisé seul n’a été rapporté.
Le nabiximol, un extrait standardisé de cannabis contenant un mélange de THC et de cannabidiol (CBD), un autre cannabinoïde majeur trouvé dans le cannabis, n’est pas disponible aux États-Unis, mais il est largement utilisé en Europe et au Canada sous forme d’un spray oral (Sativex®) pour le traitement des douleurs cancéreuses et de la sclérose en plaques (SEP).
Deux cannabinoïdes oraux peuvent être prescrits aux États-Unis. Le dronabinol, forme synthétique du delta-9-tétrahydrocannabinol (THC), le composant psychoactif principal du cannabis ; la nabilone, analogue synthétique du THC. Le dronabinol et la nabilone sont tous deux approuvés pour le traitement des nausées et des vomissements associés à la chimiothérapie anticancéreuse. Le dronabinol est aussi homologué pour traiter l’anorexie associée à une perte pondérale chez les patients avec un sida.
Nausées et vomissements induits par la chimiothérapie : Le dronabinol et la nabilone sont tous deux approuvés par la FDA depuis 1985 pour le traitement des nausées et des vomissements induits par la chimiothérapie n’ayant pas répondu à d’autres traitements induits par la chimiothérapie.

Douleur cancéreuse intraitable : Une étude randomisée en double aveugle de cinq semaines, contrôlée par placebo et portant sur 360 patients, a montré que l’utilisation additionnelle de doses faibles (1-4 pulvérisations/ jour) et moyennes (6-10 pulvérisations/jour) du spray oromuqueux de nabiximol était significativement plus efficace que le placebo pour soulager les douleurs cancéreuses intraitables, avec des effets indésirables comparables au placebo. Les hautes doses ont été moins efficaces et ont provoqué davantage d’effets indésirables.
Sclérose en plaques : Plusieurs études ont montré que les cannabinoïdes étaient efficaces pour traiter certains symptômes associés à la SEP.  L’American Academy of Neurology a recommandé l’utilisation d’un extrait oral de cannabis contenant un mélange de THC et de CBD (non approuvé par la FDA) ou de dronabinol pour le traitement de la spasticité et des douleurs chez les patients souffrant d’une SEP, et a recommandé le nabiximol pour le traitement des douleurs, de la spasticité et de la dysfonction urinaire associées à la SEP

[hr]

Info-Respiration N°136 Décembre  2016

Usage médical du cannabis et des cannabinoïdes : nausées, douleurs et sclérose en plaques Lire la suite »

Baclofène responsable d’apnées du sommeil sévères : un nouveau signal sur quatre cas

Depuis qu’il bénéficie d’une recommandation temporaire d’utilisation dans la prise en charge de la dépendance à l’alcool, le baclofène est de plus en plus prescrit. Avec cette utilisation élargie, des cas de possibles effets secondaires ont commencé à apparaitre dont des cas d’apnée du sommeil signale l’Inserm sur la base d’un travail émanant de ses unités, unités 1063 Inserm/Université d’Angers et 1042 Inserm/Université de Grenoble.1
Pour la première fois, une étude objective un lien entre baclofène et apnée sévère du sommeil.2  Les chercheurs ont suivi quatre hommes qui prenaient jusqu’à 190 mg par jour de baclofène pour traiter leur dépendance à l’alcool et se plaignaient de suffocation nocturne, ronflements, somnolence diurne… « Ces quatre hommes souffraient bien sans conteste d’une apnée sévère du sommeil, avec jusqu’à 100 interruptions respiratoires et 40 micro-éveils par heure !, précise Fréderic Gagnadoux (CHU d’Angers), coauteur de l’étude. Et plus précisément d’une forme d’apnée du sommeil dite centrale, dans laquelle c’est le cerveau qui provoque ces arrêts respiratoires nocturnes- fréquents. » Les auteurs de l’étude ont analysé les caractéristiques médicales et physiologiques de ces quatre patients pour rechercher d’éventuels facteurs connus pour favoriser la survenue d’apnée centrale du sommeil (tels que maladies cardiaques et neurologiques, usage de médicaments opioïdes, hypocapnie, hypercapnie, hypoxémie), alcalose respiratoire… Aucun des quatre patients ne présentait ces facteurs de risques. La confirmation définitive est venue de la disparition de l’apnée du sommeil quand l’un des patients a arrêté son traitement au baclofène.

[hr]

Info-Respiration N°136 Décembre  2016

Baclofène responsable d’apnées du sommeil sévères : un nouveau signal sur quatre cas Lire la suite »

Fluoroquinolones orales en ambulatoire : pas d’augmentation du risque d’arythmie sévère selon une étude de cohorte

Comme le remarque la Revue Médicale Suisse, les quinolones sont associées à une prolongation de l’intervalle QT en raison de l’inhibition des canaux potassiques de la cellule cardiaque.1 Mais sait-on vraiment si ce constat se traduit cliniquement par un risque élevé d’arythmie maligne ? La Revue Médicale Suisse a repéré une étude de cohorte rétrospective, observationnelle, binationale (Danemark, Suède), susceptible de répondre à cette question. Ce travail publié dans le British Medical Journal (BMJ) a mesuré le risque d’arythmie sévère, définie par une fibrillation auriculaire, tachycardie ventriculaire, arrêt cardiaque ou mort subite chez des personnes exposées aux quinolones.2 Par l’intermédiaire de registres nationaux de prescription, elle a comparé des patients adultes entre 40 et 79 ans, sans maladie terminale, traités en ambulatoire par quinolones per os avec un groupe contrôle traité par pénicilline (molécule sans effet proarythmogène). L’incidence d’arythmie sévère chez les patients traités par quinolones ou pénicilline était similaire (quinolones 3-4 versus pénicilline 4 pour 1 000 patients/ année (RR : 0,85 ; IC 95 % : 0,61-1,18). Cette étude de grande qualité comporte un certain nombre de limitations inhérentes aux études observationnelles ; néanmoins, elle conclut, contrairement aux études précédentes, qu’une antibiothérapie par quinolones dans une population adulte traitée en ambulatoire n’augmente pas le risque d’arythmies malignes. Toutefois, le risque d’arythmie sérieuse chez des patients atteints d’infections graves nécessitant une hospitalisation reste à étudier. On retiendra ici que les quinolones, telle la ciprofloxacine, n’augmentent pas le risque de survenue d’arythmies malignes dans une population adulte en mode ambulatoire.

[hr]

Nicolas Postel-Vinay. Hôpital Européen Georges-Pompidou. Paris
Pas de liens d’intérêt concernant les données de cet article

Info-Respiration N°136 Décembre  2016

Fluoroquinolones orales en ambulatoire : pas d’augmentation du risque d’arythmie sévère selon une étude de cohorte Lire la suite »

Sofosbuvir, source d’hypertension artérielle pulmonaire ? Soyons vigilants !

La Revue Prescrire a remarqué que le profil d’effets indésirables du sofosbuvira été très peu étudié avant sa mise sur le marché.1 Au 18 août 2016, le résumé des caractéristiques (RCP) des spécialités à base de sofosbuvir ne mentionne pas qu’il existe des doutes sur l’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) dans les effets indésirables.2 Pourtant, l’Agence française des produits de santé (ANSM) a rapporté sept observations d’HTAP grave chez des patients traités pour une hépatite C par sofosbuvir (Sovaldi®). Trois patients étaient exposés aussi au daclatasvir (Daklinza®) ; un au siméprévir (Olysio®) ; un à la ribavirine (Rebetol® ou autre) ; un au lédipasvir (associé dans Harvoni®) et un à plusieurs antiviraux.3 Plus précisément, Prescrire cite une publication française ayant rapporté trois observations d’hypertension artérielle pulmonaire chez des patients prenant du sofosbuvir, nouvellement diagnostiquée dans deux cas, et aggravée dans un cas. Les patients faisaient des syncopes, et avaient une insuffisance cardiaque droite et des troubles hémodynamiques importants.4 Les trois patients avaient d’autres facteurs de risque d’HTAP : hypertension portale ou infection par le VIH. Une autre équipe française a recensé seize patients exposés à des antiviraux d’action directe sur le virus de l’hépatite C, parmi tous ceux suivis par le centre de référence français pour les HTAP graves.5  Treize patients avaient une HTAP antérieure à l’exposition aux antiviraux, d’autres facteurs de risque et des évolutions peu suggestives du rôle de ces médicaments. Mais pour trois patients, leur rôle est probable ajoute Prescrire. L’HTAP a été diagnostiquée après le début de cette exposition pour tous au sofosbuvir associé avec d’autres antiviraux. Après l’arrêt du traitement, chez un patient qui n’avait pas d’hypertension portale, l’HTAP a disparu, avec persistance de la normalisation neuf mois après et sans traitement de l’HTAP. Chez les deux autres patients, l’HTAP a régressé sous traitement après l’arrêt des antiviraux : résistance vasculaire pulmonaire améliorée de 75 % pour un patient et quasi normalisée pour l’autre. En pratique, La Revue Prescrire invite les cliniciens à être attentifs aux événements survenant au cours des traitements et les notifient.

[hr]

Info-Respiration N°136 Décembre  2016

Sofosbuvir, source d’hypertension artérielle pulmonaire ? Soyons vigilants ! Lire la suite »

Retour en haut
APPLI-SPLF

GRATUIT
VOIR