Dégradation de la fonction respiratoire après une infection à VRS : une histoire de microbiome ?

Les infections par le Virus Respiratoire Syncitial (VRS) au cours des premières années de la vie sont associées à un risque accru d’asthme au cours de l’enfance. Il existe toutefois peu de données reliant les modifications des microbiomes respiratoire et digestif dans les suites d’une telle infection et les altérations de la fonction respiratoire qui en découlent. 

Yagi et al. ont évalué au moyen d’un modèle murin, les modifications des microbiomes respiratoire et caecal dans les suites d’une infection à VRS à 7 jours de vie. L’analyse du microbiome était réalisée à 8 jours et à 4 semaines après l’infection des souris. En parallèle, une analyse de la fonction respiratoire et une analyse histologique du poumon était réalisée 4 semaines après l’infection.

Les auteurs rapportent ainsi une évolution différente entre les 2 microbiomes. Ainsi, à 8 jours, l’analyse du microbiome respiratoire des souris VRS+ montrait une augmentation de l’abondance relative en Staphylococcus et en Streptococcus comparativement au groupe contrôle. Cette différence se corrigeait à 4 semaines. A l’inverse, alors que le microbiome caecal chez les souris VRS+ était similaire à celui des souris contrôles à J8, les auteurs rapportent, à 4 semaines post-infection, une diminution de la diversité et une diminution de l’abondance relative en Ruminococcaceae.

En parallèle de ces modifications de microbiome, les souris infectées présentaient à 4 semaines une production accrue de mucus, et une diminution de leur fonction respiratoire (capacité inspiratoire, capacité vitale et compliance pulmonaire).

Enfin, les auteurs ont analysé l’impact d’un traitement par Ampicilline débuté 8 jours après la date d’infection. A 4 semaines, les souris traitées par Ampicilline (Ampi+/VRS- ou Ampi+/VRS+) présentaient des modifications de leur microbiome caecal similaires à celles des souris VRS+ précédemment décrites. De la même manière, les souris Ampi+/VRS- présentaient également une altération significative de leur fonction respiratoire comparativement aux souris contrôles.

Bien que les mécanismes précis expliquant la relation entre microbiome et fonction respiratoire ne soient pas encore élucidés, la réduction de la biodiversité et le déséquilibre du microbiote caecal semblent jouer un rôle dans cette relation.


Damien Basille, Service de Pneumologie et Unité de Soins Continus Cardio Thoracique Vasculaire et Respiratoire, Centre Hospitalier Universitaire Amiens-Picardie, 80054 Amiens, France

D’après la communication de Yagi K. et al. : The impact of the microbiome on pathophysiology following early-life respiratory syncytial virus infection. Am J Respir Crit Care Med 2023; 207 : A5617 (session C66).

Retour en haut
SPLF-APP

GRATUIT
VOIR