Une étude grecque s’est intéressée aux différences symptomatiques entre patients obèses présentant un SAHOS et ceux présentant en plus une hypoventilation alvéolaire. Les résultats sont surprenants.
La très vaste majorité des patients obèses présentent un SAHOS. Certains vont de plus présenter une hypoventilation alvéolaire définissant le syndrome obésité hypoventilation (SOH). Ce SOH est une pathologie caractérisée par un indice de masse corporelle (IMC) supérieur ou égal à 30 kg/m², une hypercapnie diurne (PaCO₂ ≥ 45 mmHg) et des troubles respiratoires du sommeil (TRS), en excluant d’autres causes d’hypoventilation alvéolaire. Depuis les grands essais randomisés espagnols comparant la PPC à la VNI dans cette indication, il apparait que la majorité de ces patients peuvent être traités par PPC. La frontière entre le SAHOS isolé et le SOH semble de plus en plus poreuse. Cette étude grecque avait pour objectif de comparer la qualité de vie et du sommeil entre des patients obèses (et SAHOS) avec et sans SOH.
Mesure de la somnolence, de la qualité de vie et de sommeil chez les patients obèses avec ou sans SOH
L’étude reposait sur une cohorte clinique grecque qui a inclus des patients consécutifs venant consulter pour suspicion de SAHOS. Seuls les patients avec un IMC ≥30 kg/m² ont été inclus. Les patients ont été divisés en deux groupes : patients obèses sans SOH et patients obèses avec SOH. Tous les participants ont bénéficié d’une polysomnographie complète et d’explorations fonctionnelles respiratoires. Des échelles standardisées ont été utilisées pour évaluer la somnolence (Échelle de Somnolence d’Epworth – ESS), la fatigue (Fatigue Severity Scale – FSS), la qualité de vie (indice de bien-être de l’OMS à 5 items – WHO-5), ainsi que la qualité du sommeil (Pittsburgh Sleep Quality Index – PSQI).
Pas de différence significative entre les deux groupes sur les critères d’évaluation
L’étude comprenait 1 955 patients obèses : 1 752 sans SOH et 203 avec SOH. Les deux groupes ne différaient pas en termes d’âge, mais des différences significatives ont été observées concernant l’IMC (les patients sans SOH présentant, de façon surprenante, une obésité plus marquée) et les paramètres respiratoires. Les patients avec SOH présentaient des valeurs inférieures de capacité vitale forcée (CVF), de volume expiratoire forcé en une seconde (VEMS), de pression partielle d’oxygène (PaO₂) et de saturation en oxygène (SpO₂). Ils avaient également des niveaux plus élevés de pression partielle de dioxyde de carbone (PaCO₂) et de bicarbonates (HCO₃). Cependant, aucune différence significative n’a été trouvée entre les groupes en ce qui concerne les scores ESS, FSS, WHO-5 et PSQI, indiquant que le SOH n’affectait pas la qualité de vie ou du sommeil de manière plus importante que l’obésité avec SAHOS seul.
En conclusion
Bien que les patients SOH présentent des anomalies respiratoires plus sévères que les patients obèses sans SOH, cela ne semble pas avoir d’impact supplémentaire sur leur qualité de vie ou leur qualité de sommeil. Cette étude confirme une frontière toujours plus porteuse entre le SAHOS isolé et le SOH qui partagent finalement des symptômes proches et une approche thérapeutique similaire dans la majorité des cas.
Wojciech Trzepizur, département de Pneumologie et de Médecine du Sommeil, CHU d’Angers MITOVASC UMR Inserm 1083 / UMR CNRS 6015, Université d’Angers
D’après le poster ID 878: Investigation of sleep quality and quality of life of patients with and without obesity-hypoventilation syndrome présenté par Vasiliki Georgakopoulou (Alexandroupolis, Greece). Session 82 “Non-continuous positive airway pressure treatment for sleep-disordered breathing: diagnostic aspects of obesity hypoventilation syndrome” du dimanche 8 septembre 2024.