SAHOS du sujet âgé : des objectifs bien particuliers lors de la prise en charge

Les dernières données montrent une prévalence variable du syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS) du sujet âgé dans la littérature, notamment du fait des différents seuils d’IAH utilisés 1. Il existe des facteurs favorisants de SAHOS liés à l’âge : modifications anatomiques (calibre des VAS réduit) par l’édentation, la perte d’élasticité des tissus, répartition graisseuse et l’augmentation de la résistance des VAS. On constate aussi des modifications physiologiques avec un remodelage du parenchyme et une altération du réflexe dilatateur du pharynx. La maladie d’Alzheimer multiplie par 5 le risque de SAHOS 2. Enfin, les sédatifs et hypnotiques contribuent à la collapsibilité des VAS.

Le SAHOS sous-diagnostiqué en population gériatrique

Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce constat, notamment la banalisation de la somnolence diurne, mais aussi les particularités de symptômes. On trouvera au premier plan les troubles de l’humeur et les troubles cognitifs (troubles mnésiques, attentionnels, exécutifs), mais également des chutes fréquentes, de la confusion nocturne, une sécheresse buccale ou un glaucome. Le contexte socio-économique souvent plus défavorable retarde le diagnostic et rend la prise en charge plus difficile.

Il existe un lien entre AVC et SAHOS sévère. Le SAHOS est un facteur de risque indépendant d’AVC et il, multiplie le risque de mortalité associée par 2,5. En revanche, il n’y a pas de surmortalité liée au SAHOS chez les plus de 70 ans 3. La qualité de vie est souvent altérée chez les sujets sous pression positive continue (PPC), l’âge étant un facteur de risque indépendant.

L’âge doit-il modifier le comportement médical ?

Pour le diagnostic, la réponse est clairement non. Il faut considérer la sévérité sur l’IAH mais aussi sur les symptômes, et chercher une étiologie (anatomique ou non anatomique). L’âge ne doit pas être un motif de renoncement au bilan et au traitement, mais la population est très hétérogène, depuis le très bon état de santé jusqu’au très dépendant, en passant par le patient en bon état de santé susceptible de se dégrader. La prise en charge doit donc s’intégrer dans une évaluation gériatrique globale prenant en compte les comorbidités (précautions ou contre-indication au traitement) et l’état physiologique. Il est également essentiel d’éduquer le patient et d’impliquer les aidants. Les objectifs de la prise en charge sont de diminuer la mortalité et la morbidité, d’améliorer les symptômes, dont la vigilance et la fonction cognitive, d’améliorer la qualité de vie, et de réduire au maximum l’IAH, tout en garantissant l’observance (équilibre tolérance/efficacité, en limitant les pressions si nécessaire). Les niveaux de pression nécessaires sont souvent bas, du fait de l’hyperinflation pulmonaire : dans l’étude de Kostikas, la pression efficace était de 6,9 ± 1,9 cm d’eau vs 9,4 ± 3,5 pour les patients plus jeunes, p< 0,0001) 4.

Le traitement par PPC permet de réduire la mortalité globale, surtout par réduction de la mortalité cardiovasculaire (insuffisance cardiaque et AVC, mais pas coronaropathie). Il existe également une efficacité sur la nycturie, la somnolence, les chutes à répétition, la qualité du sommeil, l’humeur et les fonctions exécutives 5 , 6. La qualité de vie est améliorée si le patient est observant et le SAHOS modéré à sévère chez le patient de plus de 65 ans 7. Les facteurs de non observance sont la vie seule, la douleur chronique, des problèmes dentaires et des troubles cognitifs. Une chute importante de l’observance est également observée au-delà de 80 ans 8.

En conclusion

Le SAHOS du sujet âgé est un problème d’actualité, pour lequel des solutions existent et doivent être personnalisées pour chaque patient. L’abstention thérapeutique ne doit pas être la règle.

  1. Osorio RS, Martínez-García MÁ, Rapoport DM. Sleep apnoea in the elderly: a great challenge for the future. Eur Respir J. 2022;59(4):2101649.
  2. Emamian F, Khazaie H, Tahmasian M, et al. The Association Between Obstructive Sleep Apnea and Alzheimer’s Disease: A Meta-Analysis Perspective. Front Aging Neurosci. 2016;8:78.
  3. Punjabi NM, Caffo BS, Goodwin JL, et al. Sleep-disordered breathing and mortality: a prospective cohort study. PLoS Med. 2009;6(8):e1000132.
  4. Kostikas K, Browne HAK, Ghiassi R, Adams L, Simonds AK, Morrell MJ. The determinants of therapeutic levels of continuous positive airway pressure in elderly sleep apnea patients. Respir Med. 2006;100(7):1216–25.
  5. Osorio RS, Martínez-García MÁ, Rapoport DM. Sleep apnoea in the elderly: a great challenge for the future. Eur Respir J. 2022;59(4):2101649.
  6. Onen F, Onen SH, Le Vaillant M, Gagnadoux F, Martin F, S.AGES Study Group. Adherence to continuous positive airway pressure treatment in a cohort of elderly adults with newly diagnosed obstructive sleep apnea. Sleep Breath. 2023;27(5):1847–55.
  7. Labarca G, Saavedra D, Dreyse J, Jorquera J, Barbe F. Efficacy of CPAP for Improvements in Sleepiness, Cognition, Mood, and Quality of Life in Elderly Patients With OSA: Systematic Review and Meta-analysis of Randomized Controlled Trials. Chest. 2020;158(2):751–64.
  8. Martinez-Garcia MA, Valero-Sánchez I, Reyes-Nuñez N, et al. Continuous positive airway pressure adherence declines with age in elderly obstructive sleep apnoea patients. ERJ Open Res. 2019;5(1):00178–2018.
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