bpco

Régénération alvéolaire par greffe autologue de cellules progénitrices : une affaire à suivre …

En l’absence de traitement curatif de la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) notamment lorsqu’elle est associée à une destruction des parois alvéolaires, l’emphysème, l’évolution de la pathologie est marquée par un déclin de la diffusion du monoxyde de carbone (DLCO) et une majoration progressive des symptômes respiratoires. La régénération alvéolaire par greffe autologue de cellules progénitrices p63+ pourrait être une piste intéressante

Les cellules progénitrices p63+, mises en évidence en 2011 par Kumar et al 1dans un modèle murin d’infection grippale, sont retrouvées au niveau de l’épithélium bronchiolaire distal et peuvent contribuer à la réparation alvéolaire après une agression. Le déficit en cellule progénitrice p63+ fonctionnelle est étroitement lié à la réduction du volume expiré maximal par seconde (VEMS) et de la DLCO chez les patients atteints de BPCO. Cependant, des cellules progénitrices p63+ saines peuvent être retrouvées dans les échantillons bronchoscopiques des patients atteints de BPCO de stade IV (2.

Une étude chinoise de phase 1 3, s’est intéressée à la faisabilité de la greffe autologue de cellules progénitrices p63+ chez des patients atteints de BPCO de stade GOLD II à IV, âgés de 40 à 75 ans ayant une DLCO inférieure à 80%. Vingt patients ont été inclus entre juillet 2018 et décembre 2022 puis répartis dans deux groupes : le groupe contrôle avec soins standards habituels (n=3 patients) et le groupe intervention (n=17 patients). Dans ce dernier, les patients avaient une fibroscopie bronchique avec un brossage au niveau des bronches segmentaires et sous segmentaires afin de recueillir des cellules progénitrices p63+ à partir de la couche basale de l’épithélium. Les cultivées pendant 3 à 5 semaines puis greffées lors d’une nouvelle fibroscopie. Deux millilitres de suspension cellulaire contenant 0,7 à 5,2 x 10^6 cellules par kilogramme de poids corporel étaient déposées dans 20 segments pulmonaires. Les patients devaient maintenir une position verticale et éviter de tousser dans les 2 heures suivant la procédure. L’absence de potentiel tumorigène des cellules greffées a été confirmée par une analyse caryotypique.

Aucun événement indésirable grave n’a été observé dans les deux groupes. Une amélioration significative de la DLCO a été mise en évidence dans le groupe intervention à 24 semaines (+18,2% versus -17,4%, p= 0,008) ainsi qu’une amélioration significative de plus de 30 mètres de la distance de marche en 6 minutes (66,7% des patients du groupe intervention versus aucun dans le groupe contrôle, p=0,036). Des analyses scanographiques pré et post greffe suggèrent une légère amélioration des lésions emphysémateuses. Ainsi, dans cette étude de phase 1, la greffe autologue de cellules progénitrices p63+ semble être sûre et bien tolérée. Un essai de phase 2 est actuellement en cours (CXCL2100091) dans la BPCO ainsi qu’un essai de phase I/II dans la fibrose pulmonaire idiopathique.

D’après le poster de Zhang T et al. Autologous transplantation of P63+ lung progenitor cells for chronic obstructive pulmonary disease therapy: an open-label, controlled, first-in-human trial. Am J Respir Crit Care Med 2024;209:A1221. (session A27)

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Jamais deux sans trois : qu’en est-il du mepolizumab dans la BPCO ?

Les études de phase 3 METREX et METREO 1 se sont intéressées au mépolizumab chez des patients atteints de BPCO avec au moins 2 exacerbations l’année passée malgré une triple thérapie inhalée. Dans METREX, il n’existait pas de critère d’inclusion basé sur l’éosinophilie sanguine. Dans METRO, seuls les patients éosinophiliques, définis par une éosinophilie sanguine supérieure à 150 cellules/µL à l’inclusion ou supérieure à 300 cellules/µL l’année passée, étaient inclus. Les résultats de ces deux essais étaient négatifs mais une analyse post hoc incluant les patients éosinophiIiques donnait des résultats encourageants 2.

L’emphysème et la bronchite chronique sont deux entités fréquemment associées à la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO). Dans une analyse post hoc de METREX et METREO, les auteurs se sont intéressés à l’efficacité du mépolizumab 100 mg / 4 semaines sur la réduction du taux annuel d’exacerbations modérées à sévères selon la présence d’une bronchite chronique ou d’emphysème dans la population de patients éosinophiliques. La définition de la bronchite chronique reposait sur le questionnaire de Saint Georges (SGRQ) où les patients devaient avoir déclaré une toux ou des expectorations « la plupart des jours de la semaine » ou « plusieurs jours dans la semaine ». Les résultats montraient une réduction significative des exacerbations modérées à sévères de 24% (rate ratio (RR) 0,76 ; intervalle de confiance (IC) à 95% 0,62 à 0,92) en présence d’une bronchite chronique. En revanche, il n’existait pas de bénéfice significatif du mépolizumab dans le groupe de patient ayant un emphysème sans bronchite chronique associée (RR 0,92 ; IC95% 0,75 à 1,13). Une tendance à la réduction des exacerbations dans la population de patients ayant une éosinophilie sanguine supérieure à 300 cellules/µL était mise en évidence dans ces deux populations, sans atteindre le seuil de significativité. De même, les résultats concernant les exacerbations hospitalisées, la qualité de vie selon le SGRQ et le score de symptôme COPD Assessment Test n’étaient pas significatifs.

Au total, la sous population de patients présentant des symptômes de bronchite chronique semble tirer un bénéfice du mépolizumab 100mg / 4 semaines. Un essai de phase 3 est actuellement en cours, MATINEE (NCT04133909), dont les résultats sont attendus fin 2024.

D’après la communication de F.C Sciurba (Pittsburgh, Etats-Unis) : Efficacy ofMepolizumab in patients with chronic obstructive pulmonary disease with or without chronic bronchitis. Post hoc analysis of the METREX and METREO phase 3 trials (session C15)

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Une histoire de pélican et d’oxygénothérapie

Depuis les années 1980, l’oxygénothérapie est un traitement validé chez les patients hypoxémiques souffrant de BPCO car il est susceptible d’améliorer leur pronostic, en fonction notamment de leur observance. Toutefois, la mise en place de l’oxygénothérapie est un bouleversement pour les patients et une utilisation insuffisante est une problématique fréquente. L’impact de l’oxygénothérapie sur la qualité de vie semble un point critique et des interventions dédiées pourraient être bénéfiques. Les résultats de l’étude PELICAN (Peer-Led O2 InfoLine for Patients and Caregivers), publiée en 2023, ont été présentés par A. Holland dans une session consacrée aux pistes d’optimisation de l’oxygénothérapie à domicile 1.

Cette étude inclut 444 patients souffrant de BPCO (âge moyen : 66,8 ans, 68% de femmes, 2,7 l/min d’oxygène au repos en moyenne, 32% sont équipés d’un concentrateur portable) placés sous oxygénothérapie au domicile 24h/24. Ils sont randomisés en trois bras : 1/ le groupe contrôle reçoit un document explicatif à l’inclusion, 2/ le groupe « réaction » reçoit le même document et peut contacter une hot-line en cas de besoin et 3/ le groupe « pro-action » reçoit le même document puis bénéficie, en petit groupe (7 patients et 3 aidants) de séances d’éducation thérapeutique en distanciel, associées à 2 autres supports d’information écrits. Les informations délivrées portent sur 1/ les dispositifs de délivrance, 2/ les objectifs et les bénéfices attendus, 3/ l’activité physique et la dyspnée ainsi que 4/ l’organisation des soins. Une séance est réalisée approximativement tous les 10 jours. L’observance est examinée 60 jours après l’inclusion chez 325 participants (73%, patients n’ayant pas une oxygénothérapie fonctionnelle au domicile ou n’ayant pas suivi toutes les séances d’éducation thérapeutique). L’adhérence au traitement n’est pas significativement différente dans les 3 groupes (74% des patients utilisent l’oxygénothérapie plus de 18 heures par jour dans le groupe contrôle versus   84% dans le groupe « réaction » versus 70% dans le groupe « pro-action »). L’analyse multivariée donne le même résultat. En revanche, de façon intéressante, on observe les patients du groupe « pro-action » une amélioration des symptômes dépressifs (avec une différence susceptible d’être ressentie cliniquement) et des perturbations du sommeil.

Ces résultats sont prometteurs. Une intervention pour soutenir les patients à la mise en place de l’oxygénothérapie au domicile est faisable à grande échelle. Il est possible que la diminution des symptômes dépressifs et des troubles du sommeil améliore la qualité de vie mais l’éducation formelle n’est peut-être pas la meilleure solution…

D’après la communication d’A. Holland. Quality of life for patients using supplemental oxygen (session C7).

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Tezepelumab : bientôt une nouvelle biothérapie dans la BPCO ?

Les alarmines, dont la thymic stromal lymphopoietin (TSLP), sont sécrétées par l’épithélium bronchique en réponse à une agression telle qu’une infection, le tabagisme, la pollution etc. Le tezepelumab, anticorps ciblant la TSLP, a montré un bénéfice dans l’asthme avec une réduction des exacerbations, des éosinophiles et un meilleur contrôle de la maladie 1. Dans la BPCO, les résultats de l’essai de phase 2a COURSE étaient attendus avec impatience

Cette étude multicentrique incluait des patients atteints de BPCO, âgés de 40 à 80 ans avec un score de symptômes COPD Assessment Test (CAT) supérieur à 15 et au moins 2 exacerbations modérées à sévères l’année passée malgré un traitement par triple thérapie inhalée. Il n’existait pas de critère d’inclusion basé sur l’éosinophilie sanguine ou la présence d’une bronchite chronique, mais les inclusions étaient monitorées de sorte à avoir 40% de patients avec ≥ 3 exacerbations l’année passée, 30% avec au moins une exacerbation sévère, 40% avec une éosinophilie sanguine inférieure à 150 cellules/µL, 40% avec des éosinophiles entre 150 et 300 cellules/µL et 20% avec une éosinophilie sanguine supérieure à 300 cellules/µL. Les patients étaient randomisés en deux groupes : tezepelumab à la posologie de 420mg toutes les 4 semaines versus placebo. Le critère de jugement principal était le taux annuel d’exacerbations modérées à sévères. Des analyses en sous-groupe selon l’éosinophilie sanguine et le nombre d’exacerbations étaient prévues.

Parmi les 333 patients inclus, 56,5% étaient des hommes avec un âge moyen de 67,2 ± 7 ans. Soixante-huit pour cent étaient des anciens fumeurs et 55,6% des patients présentaient des symptômes de bronchite chronique. Le volume expiré maximal par seconde (VEMS) moyen était de 37,5 ± 12,9% et l’éosinophilie sanguine moyenne de 205 ± 148 cellules/µL.

Concernant le critère de jugement principal, le tezepelumab permettait une diminution du taux annuel d’exacerbations modérées à sévères de 17% (intervalle de confiance à 90% -6 à 36), sans atteindre le seuil de significativité (p=0,1042). Concernant les critères de jugement secondaires, le tezepelumab permettait une amélioration significative du VEMS pré bronchodilatateur (différence moyenne 0,055 ; IC95% 0,014 à 0,096), du score de qualité de vie de Saint George (différence moyenne -2,93 ; IC95% -6,23 à 0,36) et du score de symptômes CAT (différence moyenne -1,86 ; IC95% -3,31 à -0,40).

L’analyse en sous-groupe selon l’éosinophilie sanguine montrait que la réduction des exacerbations modérées à sévères était d’autant plus marquée que l’éosinophilie sanguine était élevée. Ainsi, les auteurs ont réalisé 2 analyses post-hoc. La première s’intéressait au rate ratio d’exacerbations en fonction de l’éosinophilie sanguine. Ce ratio diminuait avec l’augmentation des éosinophiles sanguins et il existait un point d’infléchissement de la courbe au seuil de 150 cellules/µL. La seconde, s’intéressait à la population de patients ayant une éosinophilie supérieure ou égale à 150 cellules/µL. Cette analyse montrait une réduction des exacerbations plus importante dans ce sous-groupe avec un effet d’autant plus marqué chez les patients âgés de 40 à 65 ans ou ceux ayant une fraction exhalée de monoxyde d’azote supérieure à 25 ppb, sous réserve de faibles effectifs.

Ainsi, même si le seuil de significativité n’est pas atteint en population globale, il existe une tendance à la diminution du taux annuel d’exacerbations modérées à sévères chez les patients atteints de BPCO traités par trithérapie inhalée. Les analyses en sous-groupe et post hoc suggèrent un bénéfice dans la population de patient avec une éosinophilie sanguine supérieure à 150 cellules/µL. Cette sous population pourrait être la population de choix pour les essais de phase III.

D’après :
le poster discussion de Singh D et al. Tezepelumab in adults with moderate to very severe chronic obstructive pulmonary disease (COPD): efficacy and safety from the phase 2a COURSE study. Am J Respir Crit Care Med 2024;209:A2782. (session A101)
la communication orale de Singh D (Manchester, UK) (session B13)

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Dysanapsis, un problème de connexions pulmonaires

La dysanapsis bronchique est un mot d’origine grecque (« joindre, connecter ») qui décrit une taille des voies respiratoires disproportionnée par rapport au parenchyme pulmonaire. Bien que de description ancienne, le concept a été remis au goût du jour au scanner pour expliquer les variations de fonction pulmonaire chez les sujets sains et le risque de BPCO. Ce concept peut être décliné aux structures vasculaires et à d’autres pathologies.

Bien que de même étymologie, la dysanapsie n’a rien à voir avec la synapsis (union des chromosomes homologues qui donnent des tétrades) ou avec les synapses neuronales. Initialement décrit en 1974, par Green, le concept de dysanapasis bronchique stipule qu’un arbre des voies respiratoires centrales plus petit pour une taille de poumon donnée est associée à une fonction pulmonaire basale basse, suivie d’un déclin de la fonction pulmonaire avec risque de BPCO. Le concept était un des thèmes forts de la session A29, avec les nouveaux sous-types d’emphysème et les interactions vaisseaux/bronches dans l’emphysème.

Dans une première présentation Hosseini et al. ont montré que le concept pouvait être également décliné au niveau de la vascularisation pulmonaire. Les auteurs ont développé un processus complexe de segmentation des images tomodensitométrique permettant de calculer un indice de dysanapsis artériel. Celui-ci était corrélé à l’extension d’emphysème et au VEMS, mais pas au dysanapsis bronchique. Smith et al. ont, quant à eux, montré chez 16 patients de la série SPIROMICS Heart Failure (SPIROMICS HF) que la dysanapsie bronchique pouvait se calculer aussi en IRM à partir de séquences à temps d’écho très court.

Ces performances techniques sont encore loin d’une application clinique mais aiguisent notre intérêt. Une session demain sera dédiée au concept de dysanapsis (B9 50 years of dysanapsis : what have we learned and where are we going), et nous détaillera les trajectoires et les facteurs environnementaux influençant le développement broncho-pulmonaire. A ne pas manquer !

Pierre-Yves Brillet, INSERM 1272, Santé-Médecine-Biologie-Humaine, Université Paris 13 et Service de radiologie, Hôpital Avicenne, Bobigny, France

D’après les posters présentés par S. Hosseini, Pulmonary arterial dysanapsis evaluated in smokers with COPD via contrast enhanced Dual Energy CT. Am J Respir Crit Care Med 2024;209:A1244 et B.M. Smith, Paired Magnetic Resonance and Computed Tomography assessment of dysanapsis. The subpopulations and intermediate outcome measures in COPD and Heart Failure study (SPIROMICS HF). Am J Respir Crit Care Med 2024;209:A1255. (session A29)

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BPCO et asthme : existe-t-il vraiment un bénéfice à un suivi pneumologique ?

Le sous diagnostic de la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) et de l’asthme concerne jusqu’à 70% des patients, principalement dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Il en résulte une altération significative de la qualité de vie des patients ainsi qu’un impact socio-économique non négligeable avec un recours aux soins important et un absentéisme professionnel.

Dans l’essai canadien UCAP présenté ce jour, Aaron S et al. 1 avaient pour objectif principal d’identifier des patients atteints d’asthme ou de BPCO non diagnostiqués dans la population générale puis d’étudier l’intérêt d’une prise en charge spécialisée par un pneumologue sur le recours aux soins et sur les symptômes.

Les personnes vivant dans un rayon de 90 minutes autours des centres participant à l’étude ont été interrogés par téléphone sur la présence de symptômes respiratoires (toux, dyspnée, sifflement) dans les 6 moins précédents. En cas de symptômes, tous les participants répondaient à un questionnaire de dépistage de l’asthme 2 puis ceux âgés de plus de 60 ans ou ayant un score de dépistage de l’asthme inférieur à 6, répondaient à un questionnaire de dépistage de la BPCO 3. En cas de score de dépistage de l’asthme supérieur à 6 ou de score de dépistage de la BPCO supérieur à 20, une spirométrie était réalisée. Le diagnostic d’asthme était retenu en cas d’augmentation du volume exprimé maximal par seconde (VEMS) post bronchodilatateur de 200mL et 12% avec un rapport VEMS/ capacité vitale forcée (CVF) post bronchodilatateur supérieur à la limite inférieure de la normale. Le diagnostic de BPCO était retenu si le rapport VEMS/CVF post bronchodilatateur était inférieur à la limite inférieure de la normale.

Ensuite, les patients nouvellement diagnostiqués étaient randomisés en deux groupes : un groupe intervention comprenant une évaluation par un pneumologue et une éducation thérapeutique spécialisée ou un groupe soins habituels par leur médecin généraliste. Le critère de jugement principal était le taux annualisé de recours au soin pour une symptomatologie respiratoire. Les critères secondaires comprenaient l’étude de la qualité de vie par le questionnaire de Saint George (SGRQ), des symptômes par le questionnaire COPD Assessment Test (CAT) et du VEMS.

Parmi les 38 353 personnes interrogées, 595 des 2 857 patients symptomatiques présentaient une BPCO ou un asthme non diagnostiqué et 508 ont été randomisées : 253 dans le groupe intervention et 255 dans le groupe soins habituels. Le taux annualisé de recours aux soins était plus bas dans le groupe intervention que dans le groupe soins habituels (0,53 versus 1,12 événements par personne-année ; ratio d’incidence 0,48 ; intervalle de confiance (IC) à 95 % 0,36 à 0,63 ; p < 0,001). À 12 mois, il existait une amélioration de la qualité de vie selon le SGRQ (différence moyenne -3,5 points ; IC à 95 %, -6,0 à -0,9), et des symptômes respiratoires selon le score CAT (différence moyenne -1,3 points ; IC à 95 %, -2,4 à -0,1) dans le groupe intervention. Il existait également une augmentation du VEMS de 119 ml dans le groupe intervention et de 22 ml dans le groupe soins habituels (différence 94 ml ; IC à 95 % 50 à 138).

Ainsi, les patients ayant reçu un traitement dirigé par un pneumologue avaient moins recours aux soins pour une symptomatologie respiratoire que les patients suivis par leurs médecins généralistes mais une réduction des symptômes et une amélioration de la qualité de vie à un an du diagnostic était retrouvée dans les deux groupes. Ces résultats confirment donc la nécessité d’un diagnostic et d’une prise en charge précoce des patients présentant une symptomatologie respiratoire, que les soins soient dispensés par un spécialiste ou un médecin généraliste.

Marina Gueçamburu, Service des Maladies Respiratoires et des épreuves fonctionnelles respiratoires CHU Bordeaux, 33604, Pessac, France

D’après la communication de Shawn D. Aaron (Ottawa, Canada), session A2

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β bloquants dans la BPCO : bénéfice ou risque ?

Les β-bloquants sont un des piliers de la prise en charge des cardiopathies ischémiques et des insuffisances cardiaques permettant une réduction de la morbi mortalité. Des études observationnelles non randomisées suggèrent que l’utilisation de β-bloquants β1 sélectifs peut être associée à une réduction du risque d’exacerbations de BPCO et de mortalité. Cependant, dans un essai récent, le metoprolol a montré une augmentation significative du risque d’exacerbations sévères chez les patients atteints de BPCO 1

Ce jour, l’étude BICS 2s’intéressant à l’effet du bisoprolol (β-bloquant β1 sélectif) sur les exacerbations modérées à sévères de BPCO a été présentée. Il s’agit d’une étude multicentrique contrôlée, randomisée en double aveugle incluant des patients atteints de BPCO de plus de 40 ans avec un volume expiratoire maximal par seconde (VEMS) inférieur à 80%, un tabagisme supérieur à 10 paquets-années et au minimum 2 exacerbations modérées l’année passée. Les patients étaient randomisés en deux groupes : un groupe bisoprolol, débuté à la posologie de 1,25 mg par jour puis augmenté en fonction de la tolérance jusqu’à une dose maximale de 5 mg/j (n = 261), et un groupe placebo (n = 258).  Le critère de jugement principal était le nombre d’exacerbation de BPCO rapportées par le patient et traitées par des corticostéroïdes oraux, des antibiotiques ou les deux.

Parmi les 515 patients inclus, la majorité était des hommes (53%), l’âge moyen était de 68 ± 7,9 ans, le VEMS moyen était de 50,1% et 31% étaient des fumeurs actifs.  Le résultat principal était négatif avec 526 exacerbations dans le groupe bisoprolol (taux moyen d’exacerbations de 2,03/an), contre 513 exacerbations dans le groupe placebo (taux moyen d’exacerbations de 2,01/an, p = 0,72). Concernant les critères de jugement secondaires, une majoration de la dyspnée selon le Transition Dyspnea Index (différence moyenne -0,73 ; IC 95% -1,44 à -0,01 ; p=0,05) était mise en évidence sans qu’il y ait d’augmentation du score de symptôme COPD Assessment Test. De plus, il n’existait pas de différence en terme d’événements indésirables graves entre les deux groupes (37 dans le groupe bisoprolol (14,5 %) versus 36 dans le groupe placebo (14,3 %)).

Ainsi, dans cet essai, il n’existait pas de bénéfice d’un traitement par bisoprolol sur la réduction des exacerbations. Dans l’ensemble, le profil de sécurité du bisoprolol était rassurant, permettant l’utilisation de ce traitement en cas d’indication cardiovasculaire.

Marina Gueçamburu, Service des Maladies Respiratoires et des épreuves fonctionnelles respiratoires CHU Bordeaux, 33604, Pessac, France

D’après la communication de Brian J.Lipworth (Dundree, UK), session A2

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Exacerbation de BPCO et événements cardiovasculaires 

Les exacerbations de BPCO sont des évènements marquants dans l’évolution de la pathologie associées à une dégradation de la qualité de vie, une altération de la fonction respiratoire, un surrisque de nouvelles exacerbations et une surmortalité. Le but de l’étude EXACOS-CV était de préciser le rôle de l’exacerbation de BPCO dans la survenue d’événements cardiovasculaires (ECV), l’objectif principal étant de décrire les caractéristiques des patients hospitalisés pour un ECV sévère et l’objectif secondaire de décrire les caractéristiques et la temporalité de l’exacerbation.

Sélection des groupes de patients

Pour cela les patients atteints de BPCO ont été identifiés à partir des données du PMSI entre 2013 et 2019. Parmi ces patients, ceux ayant présenté un ECV sévère ont été sélectionnés : syndrome coronarien aigu, insuffisance cardiaque décompensée, trouble du rythme, ischémie cérébrale, artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI). Et enfin, au sein de ce groupe de patient BPCO, un sous-groupe de patients ayant séjourné en hospitalisation au moins 2 nuits pour une exacerbation de BPCO a été identifié.

Caractéristiques des patients ayant présenté un ECV grave après exacerbation

Au final, parmi les 1 253 391 patients atteints de BPCO, 122 172 (9,7%) ont présenté un ECV grave et parmi ceux-là, 9 840 (8,1%) ont été hospitalisés dans les 6 mois qui ont précédé l’ECV.

Les patients BPCO ayant présenté un ECV sévère en post-exacerbation étaient statistiquement plus âgés (76,8 +/- 10,7 vs 75,8 +/-11,4 ans, p < 0.05), avec une proportion plus importante de patients dans le quintile d’index de désavantage social le plus faible (32,5 % vs 29,8 %, p <0,05). Enfin 77,1 % des patients ayant présenté un ECV grave après exacerbation ont présenté plus de 2 exacerbations dans les cinq années précédentes, contre 58,5% dans le groupe ECV sans exacerbation.

Type et temporalité des événements cardiovasculaires graves

Concernant le type d’événements cardiovasculaires, il s’agissait plus fréquemment d’insuffisance cardiaque décompensée (59,8 % vs 46,0 %, p <0,05) avec un taux de décès dans les suites plus importante (9,7 % vs 6,0 %, p <0,05).

L’analyse de la temporalité des événements indique que l’hospitalisation pour exacerbation de BPCO avait tendance à survenir dans le mois précédant l’ECV sévère et plus particulièrement au cours de la semaine précédente. Les ECV les plus précoces étant les syndromes coronariens aigus et les arrêts cardiaques (24 à 28 jours après exacerbation). À l’opposé, l’AOMI et les ischémies cérébrales avaient un délai d’apparition plus long (62 à 71 jours).

En conclusion

Les ECV survenant la suite d’exacerbation de BPCO ayant nécessité une hospitalisation sont des événements graves conduisant au décès du patient à l’hôpital dans 10 % des cas. Ces événements semblent survenir dans le premier mois après l’exacerbation de BPCO, en particulier pour les syndromes coronariens aigus. Ces résultats suggèrent la nécessité d’une surveillance médicale cardiovasculaire rapprochée immédiate au décours d’une hospitalisation pour exacerbation de BPCO. À l’avenir, faudra-t-il réaliser un dépistage chez ces patients : diabète, dyslipidémie, voire introduire un traitement préventif type anti-aggrégation plaquettaire ?

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Formes sévères de COVID-19 et tuberculose multirésistante

Pronostic de l’intubation tardive dans l’insuffisance respiratoire aiguë hypoxémique liée au SARS-CoV-2

Parmi les patients atteints de pneumonie sévère à SARS-CoV-2, 20 à 39% sont admis en réanimation pour une insuffisance respiratoire aiguë liée à l’infection, avec un pronostic sombre des patients mis sous ventilation mécanique. Les supports ventilatoires non invasifs (SVNI) permettent dans 45% à 60% des cas de sursoir à la ventilation invasive avec une amélioration du pronostic. Dans cette étude multicentrique française représentant plus de 1200 patients, l’intubation tardive après échec de SVNI est associée à un pronostic péjoratif et ce dès le cinquième jourde l’hospitalisation en réanimation.

Prédiction de l’échec de l’oxygénothérapie à haut débit chez les patients COVID-19 : dérivation du score RSP

Identifier précocement les patients COVID-19 placés sous oxygénothérapie à haut débit qui nécessiteront une intubation est essentiel pour mieux orienter et éviter un retard à l’intubation. Aucun score, indice ou biomarqueur, n’est actuellement recommandé pour guider le clinicien dans cette indication. Pour cela, l’indice ROX (Respiratory Oxygenation Ratio), développé hors COVID-19, et défini par le rapport SpO2/FiO2 divisé par la fréquence respiratoire, pourrait être utile. Un seuil spécifique à la COVID-19 a été proposé. Dans leur étude rétrospective, le score prédictif RSP, réunissant 3 variables dont l’indice ROX, pourrait identifier les patients COVID-19 sous OHD nécessitant une intubation précoce, mais il requiert d’être validé dans une cohorte indépendante.

Tuberculose multirésistante : épidémiologie et devenir des patients suivis en ambulatoire à Libreville (Gabon)

Le traitement de la tuberculose multirésistante a débuté en 2017 au Gabon. Une étude rétrospective sur une population de patients âgés de 30 à 39 ans a été menée pour évaluer le devenir des patients atteints de tuberculose multirésistante mis sous traitement de seconde ligne. Il a été observé 55,6 % de succès thérapeutique, 22,2 % de perdus de vue et 12,1 % de décès ; 9 % en phase d’attaque ; 3% en phase d’entretien. L’orateur a conclu qu’il est urgent de mettre en place une stratégie réduisant le taux de perdus de vue par l’amélioration de l’éducation thérapeutique. Il est également essentiel d’accélérer la décentralisation de la prise en charge de la tuberculose multirésistante.


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