insuffisance respiratoire chronique

Prescription d’oxygénothérapie de déambulation en France

L’utilité de l’oxygénothérapie de déambulation, au long cours, au domicile, est très controversée chez les patients présentant une hypoxémie modérée au repos ou la nuit. Bien que l’oxygénothérapie de déambulation soit susceptible d’améliorer les performances à l’exercice des patients souffrants de BPCO, l’essai LOTT n’a pas démontré d’amélioration de la survie 1. Cela pourrait être dû à une mauvaise sélection des patients susceptibles de bénéficier de cette thérapeutique 2. Mais cela pourrait également être également lié à des aspects techniques de délivrance de l’oxygénothérapie à l’effort. Ces deux posters apportent des éléments de réponse sur des données françaises à grande échelle.

À partir des données du système national des données de santé (SNDS), les 40 617 patients insuffisants respiratoires, toutes causes confondues, qui bénéficient, entre 2014 et 2019, de la prescription d’une oxygénothérapie de déambulation par le biais d’un concentrateur portable en France ont été suivis jusqu’en décembre 2020. Environ 40% d’entre eux bénéficient également d’un extracteur fixe au domicile.

Ils ont été divisés en deux groupes selon l’autonomie offerte par leur concentrateur portable, soit élevée (supérieure à 5h, concentrateurs de la marque Inogen, n= 18 630) soit faible (inférieure à 5h, tous les autres dispositifs, n= 21 987). La survie globale est plus élevée dans le groupe « autonomie élevée » (52,7 [IC 95% : 51,2 – 54,1] vs. 43,3 [IC 95% : 41,9 – 44,3] mois). Ainsi, le risque de décès est relativement plus faible dans le groupe « autonomie élevée » (hazard ratio de 0,81 [IC 95% 0,78 – 0,83]). Le nombre de visites aux urgences et d’hospitalisations est identique dans les deux groupes. Les coûts de santé sont inférieurs dans le groupe « haute autonomie » (économie de 168 € par année de vie supplémentaire).

Une analyse par intelligence artificielle retrouve comme principaux facteurs de risque de mortalité : le type d’extracteur portable, une insuffisance respiratoire d’autre origine que la BPCO, le nombre de comorbidités dont l’insuffisance cardiaque, l’obésité ou le cancer bronchique et l’âge.

Le type d’extracteur portable prescrit, selon l’autonomie qu’il offre, serait associé au pronostic des patients insuffisants respiratoires.

Si les biais sont nombreux, notamment en l’absence de données réelles sur l’utilisation du concentrateur, son autonomie qui est très variable y compris pour les matériels très récents selon la taille du bolus d’oxygène délivré, la sévérité de l’insuffisance respiratoire ou encore l’activité physique réalisée, cette étude illustre bien la nécessité absolue d’accompagner les patients au moment de la prescription d’une oxygénothérapie de déambulation. Pour que ce traitement profite au patient, il est capital de prendre le temps de trouver le dispositif le plus adapté à ses besoins spécifiques, en favorisant toujours les dispositifs offrant la plus grande autonomie possible. 

D’après les posters de S. Glezer et al.
Portable Oxygen Concentrators and Level of Mobility in Long-term Oxygen Therapy Patients in France. A Nationwide Health Claims Database (SNDS) Study. Am J Respir Crit Care Med 2024;209:A1073 (session A21).
Factors Predicting the Survival and the Type of Oxygen-Delivery Device Prescription in Long-term Oxygen Therapy Patients in France: A Nationwide Health Claims Database (SNDS) Study. Am J Respir Crit Care Med 2024;209:A1414 (session A35).

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VNI de domicile chez l’oncle Sam : un tetris de diagnostics pour trouver le bon remboursement !

Les indications de la VNI aux USA sont conditionnées avant tout au remboursement, ce qui oblige le praticien à bien classer le patient afin d’avoir accès au meilleur appareillage. Dans ce sens les pratiques peuvent être très différentes par rapport à la France, avec une absence de ventilateurs de niveau intermédiaire (niveau 2), et une sur-prescription de ventilateurs supports de vie. Ils utilisent très fréquemment des modes de ventilation entre PPC et VNI car facilement qualifiables au remboursement, ainsi que des mode hybrides en tout automatique !

Pour les malades atteints de syndrome obésité hypoventilation (SOH) il existe un sous diagnostic et seulement 13% de patients SOH partent avec un appareillage de domicile après une hospitalisation, due en partie aux barrières des critères de remboursement (besoin de spirométrie pour exclure BPCO+ GDS avec hypercapnie en journée ou nuit +PSG pour exclure un SAOS isolé).

En ce qui concerne la SLA, la VNI est aussi sous utilisée, seulement 53% de SLA qui en auraient besoin en bénéficient. La mise en route est faite en cabinet avec l’aide d’un Respiratory Therapist (métier à mi-chemin entre médecin et kinésithérapeute) et souvent sans suivi pneumologique malgré la progression de la maladie. La trachéotomie est souvent réalisée pendant une décompensation avec éducation du patient ou de la famille peu optimale et sans suivi par un pneumologue non plus. Depuis 2021, le remboursement est ouvert aux patients dès que la capacité vitale est inférieure à 80%, associée à des symptômes. La capnographie nocturne est désormais acceptée pour prouver l’hypercapnie nocturne quand les GDS sont normaux…Ces critères sont une manière de poser l’indication tôt et d’attendre le remboursement !

Les patients BPCO bénéficient des mêmes critères de mise en route qu’en France à savoir une PaCO2 > 52 mm d’Hg à distance d’un épisode aigue mais, seulement si exacerbateur fréquent ET désaturation nocturne ET exclusion clinique de SAOS…mais pas besoin d’EFR pour prouver la BPCO; la modalité de ventilation à haute intensité est utilisée.

Enfin, la VNI chez des patients avec fibrose pulmonaire est utilisée mais seulement en attente de greffe pulmonaire, prioritairement les patients hypercapniques avec emphysème qui se comportent comme ceux atteints de BPCO. Les particularités techniques sont un VT et FR élévés pour les formes emphysèmateuses et VT bas pour les formes fibrosantes.

C’est ainsi aux USA un véritable casse-tête pour attribuer au patient le bon « diagnostic » afin de pouvoir accéder au bon remboursement et alors au bon appareillage. Paradoxalement, les critères de remboursement pour les ventilateurs de Niveau 1 sont plus restrictifs que pour les ventilateurs support de vie ou ventilateurs niveau 3 ou les ventilateurs multimodalités (VNI pipette buccale, IN/Exsufflateur, nébuliseur, oxygène), ce qui entraîne une forte augmentation des prescriptions inappropriées de ventilateurs de niveau 3 pour les malades atteints de BPCO.

En 2021, le groupe d’experts techniques Optimal NIV Medicare Access Promotion (ONMAP) représentant plusieurs sociétés savantes a publié des recommandations consensuelles pour la mise à jour des critères de remboursement pour les dispositifs de ventilation à pression positive non invasive. https://doi.org/10.1016/j.chest.2021.05.074


Jésus Gonzalez, Service SSR, Groupe Hospitalier Pitié Salpêtrière, 47-83 Bd de l’Hôpital, Paris 

Brève invitée du GAVO2 : Dr Claudia LLontop
Praticien hospitalier. Unité d’appareillage respiratoire de domicile du service de Pneumologie Pitié Salpêtrière, 47-83 Bd de l’hôpital 75013 Paris

D’après le Post graduate course 4 “State of the Art management of non invasive ventilation from Hospital to ambulatory care”

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Le mode ventilatoire « tout automatique » aussi intelligent que le pneumologue

 

Depuis plusieurs années, les industriels proposent des modes ventilatoires hybrides qui permettent une adaptation automatique de l’aide inspiratoire pour assurer un volume courant minimal éventuellement couplé à une adaptation automatique de la pression expiratoire positive (EPAP) pour assurer une bonne perméabilité des voies aériennes. Jusqu’à présent, les rares études dans la littérature ne permettent pas d’établir que ces modes dits « automatiques » ou « intelligents » sont plus efficaces ou mieux supportés.

Depuis plusieurs années, les industriels proposent des modes ventilatoires hybrides qui permettent une adaptation automatique de l’aide inspiratoire pour assurer un volume courant minimal éventuellement couplé à une adaptation automatique de la pression expiratoire positive (EPAP) pour assurer une bonne perméabilité des voies aériennes. Jusqu’à présent, les rares études dans la littérature ne permettent pas d’établir que ces modes dits « automatiques » ou « intelligents » sont plus efficaces ou mieux supportés.

Sont rapportés aujourd’hui les résultats d’une étude multicentrique française qui a comparé à la mise en route de la ventilation non invasive (VNI) pour un syndrome obésité-hypoventilation (SOH) l’efficacité du mode ST (pour spontaneous-timed c’est-à-dire ventilation à double niveau de pression avec fréquence respiratoire minimale de sécurité), dans le bras contrôle, au mode AVAPS-AE (variation automatique de l’aide inspiratoire et de l’EPAP, Philips Respironics, Inc. Monroeville, PA). Trente patients ont été inclus dans chaque bras (âge moyen 59,8 ans, 45 % d’hommes, rapport de Tiffeneau : 79 ± 6 %). Malgré la randomisation, les patients du groupe AVAPS-AE ont un indice de masse corporelle supérieur (46,7 ± 10,4 kg/m2 dans le groupe AVAPS-AE versus 42,6 ± 7,5 dans le groupe ST, p = 0,01) et une PaCO2 inférieure (6,61 ± 0,71 kPa versus 6,94 ± 0,71, p = 0,032). Les paramètres ventilatoires sont initiés puis adaptés en hospitalisation pendant les premiers jours selon un algorithme prédéfini afin de normaliser les échanges gazeux diurnes et nocturnes. Après deux mois de traitement, la polysomnographie sous VNI met en évidence une correction identique des évènements respiratoires et une amélioration de la qualité du sommeil équivalente (augmentation du sommeil paradoxal et du sommeil lent profond, diminution des micro-éveils). L’observance est identique (6,2 ± 1,6 h par nuit dans le groupe AVAPS-AE versus 6,2 ± 1,9 dans le groupe ST). La capnie est améliorée de la même façon (–0,87 [–1,14 ; – 0,50] kPa dans le groupe AVAPS-AE vs. – 0,87 [–1,12 ; – 0,46] dans le groupe ST).

Les modes ST et AVAPS-AE ont donc des résultats similaires à l’initiation de la VNI dans le SOH en ce qui concerne la qualité du sommeil, l’observance comme la correction de la capnie diurne et des apnées du sommeil associée. Le mode AVAPS-AE pourrait s’avérer utile pour réduire le temps nécessaire à l’initiation de la VNI et la faciliter.

 

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Marjolaine Georges, service de pneumologie et soins intensifs respiratoires, CHU Dijon

D’après Patout M, Rouen France, Session D109 SRN : Outcomes and impact of sleep and respiratory disorders. Sleep quality using avaps-ae versus st mode : a randomized controlled trial in patients with obesity hypoventilation syndrome [Publication Page : A7269]

 

 

 

 

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L’oxygène à haut débit : pourquoi pas à domicile ?

 

L’oxygène à haut débit (OHD) est maintenant régulièrement utilisé aux urgences et en réanimation pour la prise en charge de l’insuffisance respiratoire aiguë. Des dispositifs sont actuellement commercialisés pour sortir la technique du contexte aigu et l’implanter en salle de pneumologie voire à domicile. Plusieurs arguments sont en effet séduisants pour envisager la prise en charge de nos patients porteurs d’IRC, avec entre autres le confort procuré par une humidification et un réchauffement optimal, l’amélioration de la clearance mucociliaire, la diminution du travail respiratoire. Actuellement, une seule étude est publiée sur un nombre suffisant de patients, mais les résultats en sont critiquables et il est difficile d’en tirer des conclusions. 1

L’équipe de Rouen a présenté un travail rétrospectif portant sur 71 patients sortis à domicile ou en réhabilitation sous OHD ; 28 (39 %) étaient trachéotomisés. Les pathologies étaient multiples : maladies interstitielles, BPCO, cancer, hypertension pulmonaire. Les courbes de survie étaient bien différentes entre les pathologies (durée de séjour à domicile 15,7 semaines pour le groupe HDN versus 65,9 dans le groupe trachéotomisé) et on peut distinguer intuitivement deux groupes : mise en place de l’OHD dans une optique palliative (cancer, pathologie interstitielle) et mise en place au long cours dans la pathologie chronique (patients trachéotomisés, BPCO). Les réglages sont, d’ailleurs, bien différents avec un débit plus haut chez les patients trachéotomisés (32,4 ± 12 l/mn et une FiO2 à 62,9 ± 19,7 % dans le groupe OHD nasal versus 24,7 ± 11,2 l/mn avec une FiO2 à 28,5 ± 9,9 % pour les patients trachéotomisés contre 62,9 ± 19,7 % dans le groupe nasal). Les débits d’oxygène nécessaires pour obtenir de telles FiO2 sont importants : en moyenne 12,9 ± 7,6 l/mn, ce qui n’est pas sans poser problème pour la sortie au domicile. Comme dans des travaux ultérieurs, les auteurs ne constatent pas de modifications de la capnie.

A.Pandya, et al. ont montré des résultats portant sur 15 patients BPCO dans les suites d’une exacerbation. Les patients étaient porteurs d’une BPCO sévère (VEMS à 33 % de la théorique en moyenne) mais non hypercapniques (PaCO2 à 40,6 ± 6,4 mmHg). Le travail rapporte une bonne tolérance de la technique, une amélioration de la dyspnée pour une utilisation moyenne de 7,2 heures. Le débit moyen était de 32,2 ± 2,6 l/mn et la FiO2 de 26,1 ± 3,7 %, soit des chiffres comparables à l’équipe de Rouen. Sur la durée de l’étude (1 an), les auteurs rapportent une tendance à la diminution du taux d’exacerbations. Dans un autre poster, ils ne rapportent pas d’altération du sommeil.

Toujours à domicile, Given J, et al. rapporte une bonne tolérance et une amélioration de la clearance mucociliaire.

La place du haut débit à domicile mérite maintenant d’être clarifiée par des études homogènes, prospectives, sur des groupes plus importants de patients. Il y a très probablement deux grandes directions à prendre : les soins palliatifs en montrant une amélioration de la qualité de vie et du confort, et la BPCO. Dans cette dernière pathologie, les questions sont nombreuses : place par rapport à l’oxygénothérapie conventionnelle, par rapport à la VNI, rôle sur le confort, la tolérance à l’exercice, les exacerbations… Tout reste à faire !

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Sandrine Pontier-Marchandise, service de pneumologie et USI CHU Larrey, Toulouse

D’après les communications suivantes :

Dolidon S, et al. Post Acute High Flow Oxygen Therapy : Our Centre Experience. Am J Respir Crit Care Med 2019 ; 199 : A2738

Pandya A, et al. Feasibility of using home humidified high flow nasal cannula- oxygen therapy (HHFNC-O2) after recent acute exacerbation of COPD (AECOPD) requiring hospitalization. Am J Respir Crit Care Med 2019 ; 199 : A3287.

Pandya A, et al. Effects on Sleep of Home Humidified High Flow Nasal Cannula- Oxygen Therapy (HHFNC-O2) After Recent Acute Exacerbation of COPD (AECOPD) Requiring Hospitalization. Am J Respir Crit Care Med 2019 ; 199 : A3328.

Given J, et al. Improved Perception of Mucus Clearance and Benefit After Nasal High Flow Therapy in Women with COPD and Asthma. Am J Respir Crit Care Med 2019 ; 199 : A3346.

 

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L’oxygène du futur ?

Nous avons rapporté les années précédentes les travaux des équipes de F. Lellouche et E. L’Her sur le FreeO2. Ce dispositif, actuellement commercialisé, a pour but d’ajuster la quantité d’oxygène délivrée au patient à la SpO2 en temps réel permettant ainsi pour les patients un sevrage plus rapide en O2 lors des EABPCO ainsi que l’amélioration de la tolérance à l’exercice. 1 2 3

Le dispositif nécessite actuellement de porter en continu un saturomètre de pouls, ce qui n’est pas envisageable au long cours dans la vie courante. L’équipe a montré cette année des résultats portant sur 23 patients testant un saturomètre sans fils. Le confort évalué par une échelle visuelle analogique était significativement amélioré (6,8 avec le dispositif filaire versus 9,8, p < 0,001).

Un autre travail, plus expérimental, était présenté par la même équipe. Il consiste à implanter un oxymètre de pouls sous la peau de cinq brebis anesthésiées, dans différents sites (cervical et thoracique) et à des profondeurs différentes avec une transmission du signal a priori satisfaisante, même en cas de modification de la position.

Pacemaker, capteurs de glycémie implantable, stimulateurs de l’hypoglosse : et bientôt l’oxymètre implanté ?

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Sandrine Pontier-Marchandise, service de pneumologie et USI CHU Larrey, Toulouse

D’après les communications de F Lellouche. Proof of concept of implantable oximetry. Am J Respir Crit Care Med 2019 ; 199 : A3272.

Result of a feasibility study. Evaluation of a Wireless Pulse Oxymeter to Improve Comfort with FreeO2 (Automated Oxygen Titration and Weaning) Am J Respir Crit Care Med 2019 ; 199 : A3271.

 

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