Le dispositif d’automesure de l’INR Coaguchek Inrange® est désormais remboursé chez les adultes porteurs de valve cardiaque mécanique et traités par antivitamine K.
La formation des patients est une condition au remboursement.
La surveillance du traitement anticoagulant par automesure de l’INR (international normalized ratio) n’est pas, actuellement, de pratique courante pour tous les patients sous AVK, lesquels sont près de 900 000 en France..
En effet, la commercialisation des appareils d’automesure n’est autorisée en France que depuis juin 2008 — alors que dans d’autres pays elle était possible depuis plusieurs années — et seuls certains patients peuvent prétendre au remboursement des dispositifs et de leurs consommables. Les premiers à être remboursés furent les enfants traités par AVK. Désormais, le dispositif est remboursable chez des adultes porteurs de valve mécanique cardiaque traités par antivitamine K., , ,
Les dispositifs d’automesure permettent la mesure de l’INR par les patients eux-mêmes ou par un membre de leur entourage — mais pas par les professionnels de santé telles les infirmières en raison d’une réglementation obsolète et corporatiste pour les biologistes. Le sang capillaire est prélevé au bout d’un doigt au moyen d’un dispositif d’autopiqûre puis est appliqué sur une bandelette à introduire dans un lecteur. Plusieurs méta-analyses d’essais comparatifs randomisés ont montré qu’une stratégie incluant formation des patients et automesure de l’INR — toutes les unes à deux semaines — réduit la mortalité globale ainsi que le nombre d’accidents thrombo-emboliques, par rapport à un suivi usuel en laboratoire de biologie médicale. Les antivitamines K sont impliquées dans environ quatre mille morts par an en France, rappelle La Revue Prescrire.
Début 2018, le lecteur de la marque Coaguchek Inrange® est le seul dispositif d’automesure de l’INR remboursable, c’est-à-dire inscrit sur la liste des produits et prestations remboursables (LPPR). Le lecteur et les bandelettes nécessaires à son utilisation sont remboursables à 60 % par la Sécurité sociale, avec en général une prise en charge à 100 % au titre d’une affection longue durée (ALD). Les tarifs de remboursement et les prix limites de vente au public sont fixés à 685 euros — 650 euros au 1er juillet 2019 — pour le kit contenant le lecteur Coaguchek Inrange® et 100 euros €pour la boîte de vingt-quatre bandelettes. Un seul lecteur est remboursable par la Sécurité sociale tous les cinq ans, ce qui correspond à la période de garantie par la firme. L’arrêté de remboursement ne prévoit pas de restriction quant au nombre de bandelettes remboursables.
Conditions au remboursement
Le remboursement chez les adultes concernés est soumis à conditions. Ces patients doivent recevoir une formation sur : le traitement par antivitamine K et la tenue du carnet de suivi ; l’autopiqûre et l’utilisation du dispositif d’automesure. Cette formation est effectuée par un service de chirurgie cardiaque, de cardiologie, ou une structure spécialisée dans la surveillance du traitement par antivitamine K, qui vérifie la bonne compréhension du patient, attestée par un certificat. La prescription initiale doit être effectuée par un médecin spécialiste en chirurgie cardiaque ou en cardiologie d’un établissement hospitalier. Le renouvellement de la prescription des bandelettes n’est pas restreint. L’arrêté de remboursement prévoit que la prescription du dispositif d’automesure de l’INR chez les adultes s’accompagne d’un courrier d’information, adressé aux soignants impliqués dans le suivi du traitement anticoagulant. Les coordonnées d’un référent à contacter en cas de difficultés, par exemple au sein de la structure qui a formé le patient, sont à communiquer au patient et aux soignants. Par la suite, le patient est censé communiquer les INR à son médecin traitant qui précise, si besoin, l’ajustement thérapeutique et la date du prochain contrôle. Au début du traitement par antivitamine K, puis tous les six mois, sont à réaliser simultanément un dosage de l’INR en laboratoire de biologie médicale et une automesure pour évaluer la concordance des deux résultats, indique La Revue Prescrire.
En pratique
Chez les adultes traités par antivitamine K, la pratique de l’automesure de l’INR facilite la surveillance de l’INR en soins ambulatoires et associe davantage le patient à la gestion de son traitement. Le patient est invité à communiquer avec un soignant pour prendre la décision d’un ajustement des doses, mais pour certains patients ayant acquis les compétences nécessaires un ajustement par eux-mêmes après automesure est envisageable : plusieurs essais cliniques ont montré que cela s’accompagne d’une efficacité plus marquée pour prévenir les accidents thromboemboliques.
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Nicolas Postel-Vinay, Hôpital Européen Georges-Pompidou, Directeur automesure.com
L’auteur n’a déclaré aucun lien d’intérêt en relation avec cet article. InfoRespiration N°146 – Août-septembre 018