VNI

VNI haute intensité dans les exacerbations de BPCO

L’utilisation de la VNI dans l’exacerbation de BPCO a été rapportée dès 1961 à Nancy, où les patients atteints de maladie respiratoire chronique arrivant aux urgences avec une acidose hypercapnique étaient efficacement traités par ventilation positive, avec des niveaux de pression allant de 20 à 30 cmH20.

Par la suite, de nombreux essais ont montré un bénéfice de la VNI dans l’exacerbation acide de BPCO utilisant des paramètres de ventilation que l’on appellera ensuite « basse intensité », à savoir des pressions inférieures à 20 cmH2O d’IPAP sans objectif de normalisation de la capnie.

Plus récemment, le concept de VNI en haute intensité a été théorisé avec des pressions plus élevées, le plus élevé possible (entre 20 et 30 cmH2O), et un objectif de normalisation de la capnie. Ces types de réglages ont montré un bénéfice chez les patients BPCO présentant une hypercapnie sévère persistante à l’état stable. Cependant, la place de cette VNI en haute intensité n’a jamais été étudiée dans le cadre de l’exacerbation de BPCO avec acidose hypercapnique.

VNI haute intensité versus basse intensité chez les patients BPCO avec acidose hypercapnique

Il s’agissait donc de l’objectif de l’étude de Luo et al. 1, contrôlée multicentrique en simple aveugle, réalisée en Chine entre 2019 et 2022 et publiée en 2024 dans le JAMA

Étaient inclus des patients BPCO présentant une exacerbation de BPCO et chez qui persistait une acidose hypercapnique (pH < 7,35, PaCO2 > 45 mmHg) après 6h de VNI basse intensité. Les patients ont alors été randomisés en 2 bras : un bras contrôle où la VNI était maintenue à l’identique avec un objectif de normalisation du pH, et un bras interventionnel où les pressions de ventilation étaient augmentées, avec un objectif de Vt entre 10 et 15 mL/kg.

Le critère de jugement principal était l’indication d’intubation orotrachéale (mais pas l’intubation orotrachéale), définie soit par un pH < 7,25 avec une majoration de la capnie de plus de 20% ou une hypoxémie profonde, soit par des signes de détresse respiratoire aiguë ou un arrêt cardio-respiratoire.

Une réduction de l’indication d’intubation orotrachéale dans le bras haute intensité

Sur les 8148 patients criblés, 7848 ont été exclus (notamment en cas de normalisation du pH après 6h de VNI en basse intensité) et seuls 300 patients ont été inclus (ce qui représente 3,7% des patients !).

La description de la population rapporte un âge moyen de 73 ans, une proportion de femmes de 32 et 33% et un VEMS moyen de 35 et 38% dans les groupes avec ventilation à basse et haute intensité. De manière intéressante on note environ 40% de patients non-fumeurs. Il est aussi important de noter que la cause de la décompensation était dans 30 à 34% des cas une insuffisance cardiaque gauche.

Concernant le critère de jugement principal, il existait une différence significative avec une réduction de l’indication d’intubation orotrachéale dans le bras haute intensité (HR ajusté 0,29 (IC95% [0,12-0,69], p = 0,005). En revanche, on ne retrouvait pas de différence significative en termes de taux d’intubation effective, ou de mortalité. Les auteurs expliquent ce résultat par le fait qu’un cross over était possible et que de nombreux patient du bras basse intensité ont bénéficié d’une ventilation en haute intensité. On ne notait pas non plus d’effets secondaires marqués.

Bien que cette étude présente de nombreuses limites, elle ouvre la porte de la VNI en haute intensité en aigue chez ces patients BPCO. Affaire à suivre !


D’après la communication « VNI Haute intensité dans les exacerbations de BPCO » présentée par Simon Valentin (Nancy), session d’Actualités A13 du samedi 25 janvier 2025.

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VNI : la théorie et… la vraie vie !

Comparaison des paramètres de ventilation entre les différentes étiologies d’insuffisance respiratoire chronique au sein de la cohorte ANTADIR GAVO2

Dans cette première présentation, le Dr Grassion a présenté un travail comparant les différences de prescriptions de paramètres entre les patients atteints de broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), les patients atteints de syndrome obésité-hypoventilation (SOH), les patients atteints de sclérose latérale amyotrophique (SLA) et les patients atteints de myopathies dans la cohorte ANTADIR GAVO2. Cette étude prospective observationnelle a inclus 3493 patients recrutés dans 19 centres entre mai 2015 et avril 2024. Parmi eux, 2822 ont été analysés et répartis 4 groupes : BPCO (n=929, soit 34%), SOH (n=750, soit 27%), SLA (n=909, soit 32%) et myopathies (n=204 soit 7%).

La VNI était principalement initiée sur des critères gazométriques avec un recours majoritaire à des ventilateurs de niveau 1, sauf pour les patients atteints de SLA pour lesquels les symptômes constituaient le critère principal d’initiation, avec une préférence pour des ventilateurs de niveau 2. De manière intéressante, les patients atteints de SLA ou de myopathies étaient quasiment normocapniques au début de la VNI (capnie diurne médiane à 45mmHg (Q1-Q3 ; 41-50) pour les patients atteints de SLA et 46mmHg (41-49) pour les patients atteints de myopathie, alors que les patients atteints de BPCO ou de SOH avaient une PaCO2 médiane de 53mmHg (47-59) et 49mmHg (46-55) à l’initiation, respectivement. Concernant l’interface, les patients utilisaient en grande majorité un masque bucco-nasal (BPCO : 86%, SOH 83%, SLA 87%, myopathies 71%) et le mode ST était utilisé dans la quasi-totalité des cas.  Cette étude a permis de mettre en lumière des disparités dans les pratiques. Chez les patients atteints de SLA ou myopathie, les paramètres de ventilation étaient relativement homogènes. En revanche, chez les patients atteints de BPCO, le niveau aide inspiratoire était variable et souvent plus élevé que dans les autres groupes : 12 cmH2O [10-14] contre 11 cmH2O [8-14] pour le SOH, 8 cmH2O [7-10] pour les patients atteints de SLA et 8 cmH2O [6-10] pour les patients atteints de myopathie (p < 0,005). De même, la pression expiratoire positive était plus importante chez les patients atteints de SOH (8 cmH2O [7-10]) par rapport aux autres groupes (6 cmH2O [5-8]) pour les patients atteints de BPCO, 5 cmH2O [4-8] pour les patients atteints de SLA et 6 cmH2O [5-9] pour ceux atteints de myopathie (p < 0,005). Ainsi, cette cohorte fournit une analyse fiable et représentative de la pratique réelle de la VNI à domicile en France. Elle contribue à mieux comprendre les spécificités et les défis à relever pour optimiser la prise en charge et orienter les futures recherches cliniques.

Description des inclusions dans l’étude Rescue 2 Monitor (R2M) : 76% de patients non randomisés !

Cette seconde présentation du Dr Grassion met en lumière les défis liés à l’inclusion dans les protocoles de recherche clinique, en décrivant les patients exclus de l’étude Rescue 2 Monitor (R2M) 1. Cette cohorte prospective contrôlée randomisée visait à évaluer l’impact de trois stratégies d’appareillage et de suivi de la VNI sur la survie sans réadmission chez les patients atteints de BPCO. Étaient inclus les patients atteints de BPCO GOLD C ou D, avec un volume expiré en 1 seconde (VEMS) inférieur à 65% ayant présenté une insuffisance respiratoire aigüe hypercapnique (pH 7,35 avec PaCO2 ≥ 45mmHg), la PaCO2 restant≥ 45mmHg entre 48 heures et 2 semaines après le retrait de la VNI. Cependant, de nombreux patients dépistés présentaient des critères de non inclusion ou d’exclusion. Entre juillet 2019 et décembre 2023, 635 patients étaient éligibles mais 488 patients ont présenté des critères de non inclusion ou d’exclusion. Cent soixante patients présentaient des critères de non inclusion dont 109 avaient une normalisation de la capnie à l’arrêt de la VNI, 14 avaient un VEMS > 65% et 37 avaient présenté une exacerbation sans acidose associée. Parmi les 480 patients exclus, 159 (33%) avaient un appareillage antérieur à l’exacerbation, 59 (12%) avaient un syndrome d’apnée du sommeil sévère et 138 (29%) ne pouvaient être inclus pour des raisons psychiatriques ou sociales (absence d’affiliation à un régime de sécurité sociale). Ainsi, l’arrêt précoce de l’étude R2M et l’analyse des patients exclus fourniront des enseignements précieux pour optimiser les protocoles futurs.


D’après la session CO01 « Plèvre-Appareillage » du vendredi 24 janvier 2025 et les communications :
1. « Comparaison des paramètres de ventilation entre les différentes étiologies d’insuffisance respiratoire chronique au sein de la cohorte ANTADIR GAVO2 » présentée par Léo Grassion et coll.
2. « Description des inclusions dans l’étude Rescue 2 Monitor (R2M) : 76% de patients non randomisés !» présentée par Léo Grassion  et coll.

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Procédures du GAVO2 et Checklists patients dépendants

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Ateliers VNI

La prochaine session aura lieu le 13 décembre 2024

Maison de la Pneumologie, 68 Boulevard Saint-Michel 75006 Paris

Possibilité de valider son obligation annuelle de DPC via cette formation (uniquement pour les pneumologues) 

>>> Programme

Tarifs : 
Tarif 1 : Médecins, IDE, Kinés  (membres de la SPLF): 150 €
Tarif 2 : Médecins, IDE, Kinés  (non-membres de la SPLF): 220 €
Tarif 3 : Techniciens, directeurs, non professionnels de santé : 500 €

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Actualités MNMs

Journée mondiale du handicap

La journée mondiale du handicap nous rappelle que l’insuffisance respiratoire est une source invisible à l’œil nu d’un handicap parfois majeur et qu’elle peut compliquer le handicap moteur en augmentant considérablement le fardeau des patients. 


Journée mondiale des aidants

Journée mondiale des aidants : coup de projecteur pour les combattants de l’ombre de l’insuffisance respiratoire. 
Sans leur attention de tous les instants, bien des patients ne pourraient bénéficier de leur appareillage respiratoire.

bouton-fleche-actua FORMATION 

-> le 27/10/2023 à la SPLF,  Maison de la Pneumologie Paris 75006

Cliquer sur l’image pour réserver en ligne.

Journée mondiale de la SLA

Journée mondiale de la myopathie FSH

L’actualité FILNEMUS

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