Depuis l’annonce de Gabriel Attal en avril dernier, de nombreuses voix se sont élevées contre le principe d’une taxe « lapin ». Si le problème des rendez-vous non honorés est bien réel, la mise en oeuvre d’une telle taxe s’annonce pour l’heure encore compliquée, tant sur le plan éthique que pratique.
Bruno Stach
Président du syndicat de l’appareil respiratoire, Vice-Président du Conseil National Professionnel de Pneumologie (FPP), Secrétaire général du syndicat Avenir-Spé, Président de l’URPS des Hauts de France
d’après une interview réalisée par Agnès Lara
1. Institut Médical du Sommeil, Neuilly sur Seine.
2. Département de Pneumologie, Hôpital Arnaud de Villeneuve, CHRU de Montpellier – Inserm U1046 – CNRS 9214 Physiologie et Médecine Expérimentale Coeur et Muscle, Université de Montpellier
Dr Stach, pouvez-vous nous rappeler en quoi consiste cette taxe « lapin » etles raisons qui ont amené le Premier ministre à la proposer ?
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Selon Gabriel Attal, cette taxe consisterait à faire payer 5 euros à tout patient qui n’honorerait pas son rendez-vous chez le médecin sans l’avoir prévenu au moins 24h avant. Elle serait directement versée au médecin, avec une mise en oeuvre prévue dès 2025.
Il est vrai que le problème des rendez-vous non honorés prend des proportions importantes et que cela n’est pas sans conséquences. Les statistiques récentes estiment que 10 à 20 millions de rendez-vous pris auprès des médecins libéraux ne sont pas honorés chaque année en France, ce qui représente 3,5 % des rendez-vous de la médecine générale, et 4 % à 4,5 % de ceux pris auprès des spécialistes, selon la plateforme Doctolib.
Pour les médecins, ces « lapins » peuvent représenter un coût, en particulier lorsqu’il s’agit d’actes médicaux programmés comme les polygraphies ou les fibroscopies par exemple. Mais du côté des patients, ces rendez-vous non honorés représentent surtout une perte de chance, des créneaux bloqués inutilement et qui rallongent les délais d’accès aux professionnels de santé dans un contexte de pénurie d’offre de soins. On comprend donc que le phénomène irrite les professionnels de santé autant que les politiques, et la nécessité de responsabiliser les patients.