Vers une médecine de précision dans l’hypertension pulmonaire ?

Le phénotypage clinique de plus en plus précis associé à l’arrivée des omiques laisse espérer la mise en place d’approches thérapeutiques personnalisées dans l’hypertension pulmonaire.

La première session de l’Assemblée 13 sur les maladies vasculaires pulmonaires nous a plongés dans le futur de l’hypertension pulmonaire (HTP). Et si l’on s’orientait vers une médecine de précision dans l’HTP comme en oncologie ou dans l’asthme sévère ? La médecine de précision, également appelée médecine personnalisée, a pour objectif de proposer au patient un traitement adapté, c’est à dire correspondant aux caractéristiques spécifiques de sa maladie. L’objectif est ainsi de proposer des traitements qui s’adresseraient à des groupes de patients de plus en plus spécifiques.

La médecine personnalisée pour l’hypertension pulmonaire ?

La classification de l’HTP en 5 groupes permet d’orienter le clinicien vers une prise en charge qui sera différente selon les groupes. Néanmoins, il n’est pas toujours facile de classer les patients dans un seul groupe et les caractéristiques (notamment en termes de réponse aux traitements) peuvent différer au sein d’un même groupe. Dans l’HTAP (groupe 1 de la classification), il est important d’identifier les patients répondeurs au NO (lors du test de vasoréactivité réalisé lors d’un cathétérisme cardiaque droit), qui pourront bénéficier d’un traitement par inhibiteurs calciques à forte dose, d’autant plus que ces patients présentent un meilleur pronostic. Pour les patients non répondeurs au NO, l’étiologie de l’HTAP est également à prendre en compte dans leur pronostic et leur réponse au traitement. Bien que certains patients aient les mêmes symptômes et/ou présentent la même sévérité clinique, biologique ou hémodynamique, la réponse au traitement va varier en fonction de l’étiologie, mais également de facteurs individuels, environnementaux ou comportementaux. Un meilleur phénotypage des patients HTP permettra donc de leur proposer le meilleur traitement au meilleur moment.

L’omique pour phénotyper les patients et guider le traitement ?

Au cours des dernières années, des avancées ont été réalisées dans la compréhension des bases moléculaires de l’HTAP, avec une meilleure connaissance des mécanismes de la maladie, ouvrant la voie à de nouvelles modalités thérapeutiques. Les progrès simultanés de la technologie ont conduit au développement d’outils susceptibles d’être appliqués au diagnostic et au phénotypage des patients. Guidés par la biologie fondamentale, ces développements ont le potentiel d’ouvrir une nouvelle ère de médecine personnalisée dans l’HTP. C’est ce qu’a montré Rowena Jones de l’université de Cambridge qui a présenté les résultats d’une analyse transcriptomique de gènes impliqués dans la voie BMPRII (tels que NOTCH1/2, SMAD 1/5, PTGS2, ARL4C ou ID2/3) permettant de discriminer les patients HTAP en 3 clusters de pronostics différents. Lors de la même session, Athenaïs Boucly, du centre de référence de l’HTP, a présenté des données d’analyse protéomique plasmatique dans l’HTP permettant d’individualiser 4 « clusters » de patients, indépendants de la classification clinique et présentant des pronostics différents : certains patients présentant un moins bon pronostic et une augmentation de la voie du TGF beta (cluster 1) et d’autres une augmentation de la voie du PDGF (cluster 3). Ces données pourraient guider à l’avenir la décision thérapeutique dans l’HTP : traitement par inhibiteurs de tyrosine kinase pour le cluster 3 et traitements ciblant la voie du TGF beta / activine pour le cluster 1 ? Ça fait rêver !

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