Tozorakimab dans la BPCO : premiers résultats de l’essai de phase 2

Dave Singh (Royaume Uni) a présenté les premiers résultats d’efficacité et de sécurité du tozorakimab dans la BPCO. Des différences apparaissent en fonction des populations de patients.

La plupart des biothérapies développées à ce jour ciblent la voie de l’inflammation de type 2. Cependant cette voie est prédominante chez moins d’un tiers des patients atteints de BPCO 1. Ainsi les alarmines, dont l’IL-33, apparaissent comme une cible intéressante. Dave Singh (Royaume Uni) a présenté les premiers résultats d’efficacité et de sécurité du tozorakimab dans la BPCO.

Évaluation du tozorakimab versus placebo dans différentes sous-populations de patients BPCO
Dans cette étude, les patients inclus avaient entre 40 et 80 ans, étaient fumeurs actifs ou sevrés, avec un tabagisme estimé à plus de 10 paquets années, et avaient une bronchite chronique (définie par une toux productive au moins 3 mois par an pendant 2 années consécutives). Concernant la sévérité de la BPCO, ils avaient un volume expiré maximal par seconde (VEMS) compris entre 20% et 80% et rapportaient au moins une exacerbation modérée ou sévère dans les 24 derniers mois, malgré un traitement par bi- ou triple thérapie inhalée. Il n’existait pas de critère d’inclusion basé sur l’éosinophilie.

Les patients étaient ensuite randomisés en deux groupes (1:1) : tozorakimab 600mg x1/mois pendant 28 semaines versus placebo. Le critère de jugement principal était le changement du VEMS à 12 semaines. Les critères de jugement secondaires comprenaient : le changement du VEMS post-bronchodilatateur, le risque d’exacerbation, et le score de qualité de vie de Saint Georges. Lors de sa présentation, Dave Singh a rappelé que cette étude de phase 2 avait pour objectif d’identifier une sous-population de patient pouvant potentiellement tirer un bénéfice du tozorakimab. Ainsi, de nombreuses analyses en sous-groupe ont été réalisées. Enfin, l’efficacité du tozorakimab sur la réduction de bouchons muqueux a été étudiée par analyse scanographique de 18 segments bronchique.

Une amélioration plus importante chez les patients ayant fait plus exacerbateurs et ceux présentant une éosinophilie plus importante

Parmi les 135 patients inclus, 82 (60,7%) étaient des hommes, l’âge moyen était de 64,4 ans, 58,5% étaient d’anciens fumeurs et 80% étaient traités par une triple thérapie inhalée. Concernant la sévérité de la BPCO, 52,6% rapportaient une exacerbation l’année passée, 31,9% en rapportaient deux et 11,9% en rapportaient plus de deux. Seuls 15 patients (11,1%) avaient une éosinophilie sanguine supérieure à 300 cellules/µL.

Les résultats ont montré une amélioration non significative du VEMS de 12mL dans le groupe tozorakimab versus placebo (p=0.216). Les analyses en sous-groupe ont révèlé qu’il n’existait pas de différence d’efficacité du tozorakimab sur l’amélioration du VEMS et la réduction du risque d’exacerbation entre les patients fumeurs actifs et sevrés. En revanche, les patients ayant fait plus de 2 exacerbations l’année passée et ceux ayant des éosinophiles > 150 cellules/µL semblaient tirer un plus grand bénéfice du tozorakimab. Il existait une diminution du risque d’exacerbation indépendamment du nombre d’éosinophiles. Enfin, le tozorakimab permettait une réduction des bouchons muqueux à 28 semaines (différence moyenne -1,5 ; intervalle de confiance à 80% -3,0 à 0, p=0,097). Concernant la tolérance du tozorakimab, les effets indésirables étaient similaires entre les deux groupes, avec seulement 10 patients (14,9%) ayant rapporté des douleurs au site d’injection et 8 patients (11,9%) des céphalées dans le groupe tozorakimab.

Des études de phase 3 sont actuellement en cours et devraient permettre d’élargir l’arsenal thérapeutique disponible dans la BPCO (OBERON (NCT05166889), TITANIA (NCT05158387) et MIRANDA (NCT06040086)).


D’après la communication orale 0A1964 ” FRONTIER-4: a phase 2a study to investigate tozorakimab (anti-IL-33 mAb) in COPD” présentée par Dave Singh (Royaume Uni). Session de présentations orales 198 “Clinical and translational studies of asthma and chronic obstructive pulmonary disease: novel treatment targets ” du dimanche 8 septembre 2024.

  1. Singh D, Kolsum U, Brightling CE, Locantore N, Agusti A, Tal-Singer R, et al. Eosinophilic inflammation in COPD: prevalence and clinical characteristics. Eur Respir J. déc 2014;44(6):1697‑700.
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