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Effet des micro-éveils non respiratoires sur la somnolence résiduelle sous PPC

Une étude suggère que les micro-éveils d’origine non respiratoire pourraient représenter à la fois un élément d’explication physiopathologique, mais également un outil permettant d’identifier a priori les sujets les plus à risque de somnolence diurne résiduelle sous PPC.

Le syndrome d’apnées hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS) est un trouble respiratoire chronique qui est souvent traité par pression positive continue (PPC). Cependant, malgré une bonne observance de cette thérapie, certains patients continuent de souffrir de somnolence diurne résiduelle. La recherche autour ce sujet a gagné de l’intérêt depuis l’apparition de traitements médicamenteux dédiés. La physiopathologie de cette symptomatologie reste cependant mal comprise. L’étude présentée sous forme de poster par Alexandros Kalkanis a exploré l’impact des microéveils non respiratoires sur la persistance de cette somnolence résiduelle chez les patients traités par PPC. Les micro-éveils non respiratoires, distincts des micro-éveils liés à des événements apnéiques, peuvent jouer un rôle dans la fragmentation du sommeil et influencer l’efficacité du traitement par PPC.

La proportion de micro-éveils non respiratoires a-t-elle un impact sur la somnolence diurne résiduelle ?

Les chercheurs ont inclus 800 patients atteints de SAHOS issus de la cohorte ESADA, qui avaient des données sur les micro-éveils lors de la polysomnographie réalisée à l’inclusion.  Ils étaient ensuite suivis par au moins deux visites. Les participants ont été stratifiés en tertiles selon leur ratio de micro-éveils non respiratoires par rapport au total des micro-éveils (RMNR). L’évolution de la somnolence résiduelle a été mesurée à l’aide de l’échelle de somnolence d’Epworth lors de trois visites, après 152, 470, et 637 jours suivant l’initiation de la PPC. L’impact des tertiles de RMNR sur la somnolence résiduelle a été étudiée après ajustement sur plusieurs variables, telles que le sexe, les comorbidités, l’indice de masse corporelle (IMC) et l’observance de la PPC.

Des taux de micro-éveil non respiratoires élevés associés à une somnolence diurne résiduelle plus importante

L’étude a révélé que les patients ayant un RMNR élevé avaient une somnolence diurne résiduelle plus importante que ceux des groupes à faible et moyen RMNR, surtout lors de la troisième visite (p = 0,003). En moyenne, les patients du tertile supérieur (RMNR élevé) ont présenté un score ESE supérieur d’environ 1 point par rapport à la moyenne globale, alors que ceux du tertile inférieur avaient un score ESS inférieur de 1,07 à 1,76 points lors des visites successives. Ces différences sont restées significatives après ajustement surur les variables de base, telles que les principales comorbidités ou l’observance à la PPC.

En conclusion

Cette étude souligne que les micro-éveils non respiratoires peuvent être un marqueur important de la fragmentation du sommeil chez les patients atteints de SAHOS traités par PPC, et qu’ils sont fortement associés à la somnolence diurne résiduelle sous PPC. Ce constat est d’autant plus intéressant que cette donnée est déjà disponible sur les polysomnographies pratiquées en routine. L’identification a priori des patients à risque de somnolence diurne résiduelle est une première étape intéressante. L’étape suivante serait d’envisager des études thérapeutiques ciblant plus particulièrement ces micro-éveils non respiratoires.

Wojciech Trzepizur, département de Pneumologie et de Médecine du Sommeil, CHU d’Angers MITOVASC UMR Inserm 1083 / UMR CNRS 6015, Université d’Angers


D’après le poster PA3541 « Effect of non-respiratory arousals on residual sleepiness in CPAP-treated OSA patients” présenté par Alexandros Kalkanis (Leuven, Belgique) et coll. Session de posters 328 « Positive airway pressure treatment for sleep-disordered breathing: outcomes, adherence and side effects » du lundi 9 septembre 2024

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Depemokimab, un anti-IL5 à demi-vie ultra-longue prometteur !

Le depemokimab pourrait changer la donne dans les biothérapies, avec une administration tous les 6 mois. Les premiers résultats d’étude montrent une bonne efficacité sur les exacerbations.

Actuellement, en France, les biothérapies ciblant l’IL-5 sont administrées en sous-cutané, soit toutes les 4 semaines, soit toutes les 8 semaines. Le depemokimab est un nouvel anticorps anti-IL-5 doté d’une demi-vie ultra-longue, permettant une administration sous-cutanée tous les 6 mois. Jusqu’à récemment, les données d’efficacité manquaient, mais les résultats des essais SWIFT-1 et SWIFT-2, deux études de phase IIIA randomisées et contrôlées, ont été dévoilés lors du congrès de l’ERS et publiés simultanément dans le New England Journal of Medicine 1

Objectif et population de SWIFT-1 et SWIFT-2

L’objectif principal de ces études était d’évaluer le taux annuel d’exacerbations après deux doses sous-cutanées de 100 mg de depemokimab, administrées à 6 mois d’intervalle. Au total, 792 patients atteints d’asthme sévère à éosinophiles ont été randomisés (502 sous depemokimab et 260 sous placebo). Ces patients présentaient un taux sanguin d’éosinophiles ≥300 cellules/μL au cours des 12 mois précédents ou ≥150 cellules/μL au moment de l’inclusion, ainsi que deux exacerbations ou plus dans les 12 mois précédents, malgré l’utilisation de corticooïdes inhalés à dose moyenne ou élevée.

Une réduction des exacerbations à 12 mois chez près de la moitié des patients

Les résultats ont montré que le depemokimab réduisait les exacerbations de près de 50% sur une période de 12 mois par rapport au placebo, une efficacité similaire à celle des autres biothérapies déjà commercialisées. L’effet était plus prononcé chez les patients présentant un taux d’éosinophiles ≥300 cellules/μL à l’inclusion. L’étude n’a pas observé d’amélioration significative de la qualité de vie mesurée par le questionnaire respiratoire St George (SGRQ). Les effets indésirables étaient comparables entre les deux groupes.

Quelle efficacité sur la polypose naso-sinusienne ?

Si la réduction de la fréquence des injections avec le depemokimab est susceptible d’améliorer le confort et l’observance des patients, aucune donnée d’efficacité n’est encore disponible sur la polypose naso-sinusienne, une comorbidité fréquente et souvent invalidante chez les patients atteints d’asthme sévère à éosinophiles.

Cindy Barnig, pneumologie, service d’oncologie thoracique et allergologie respiratoire, CHU de Besançon


D’après la presentation orale 3718 “Late Breaking Abstract – Depemokimab efficacy/safety in patients with asthma on medium/high-dose ICS: The Phase IIIA randomised SWIFT-1/2 studies” de David Jackson (Londres, Royaume Uni). Session d’essais cliniques 356 “ALERT 2: Fighting the burden of asthma and respiratory symptoms » du lundi 9 septembre 2024.

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Hypertension pulmonaire : de nouvelles données issues du registre français

Le congrès de l’ERS a été l’occasion de présenter plusieurs travaux du réseau français de l’hypertension pulmonaire (PulmoTension), lors des sessions de posters.

Une évolution de l’HTAP associée au VIH en France ?

Élise Puel, du centre de compétence PulmoTension de Poitiers, a présenté une mise à jour des données du registre sur l’HTAP associée au VIH. Au cours des dernières années, l’incidence de l’HTAP associée au VIH a diminué avec 251 patients répertoriés dans le registre français entre 2007 et 2022 (162 entre 2007 et 2014 et 82 entre 2015 et 2022). Cette baisse d’incidence s’explique en partie par l’introduction précoce de traitements antirétroviraux depuis 2015, qui ne semblent néanmoins pas avoir d’impact sur la sévérité hémodynamique ou la survie des patients. Il a été mis en évidence un changement de phénotype des patients HTAP-VIH depuis 2015 avec des patients présentant moins de pathologies hépatiques (47% chez les patients diagnostiqués depuis 2015 vs 62% auparavant) et moins d’antécédents de toxicomanie (22% vs 38%).

Hypertension pulmonaire et pneumopathies interstitielles diffuses : premiers résultats de l’analyse des données du registre français

Par la suite, Ségolène Turquier, du centre de référence constitutif PulmoTension de Lyon, a présenté des données du registre français portant sur 581 patients issus du registre français atteints d’hypertension pulmonaire associée aux pneumopathies interstitielles diffuses. Ces patients étaient majoritairement des hommes (77,5%), âgés de 70 ans en médiane, et qui présentaient majoritairement une fibrose pulmonaire idiopathique (29,6%) ou un syndrome emphysème-fibrose (30,8%). Sur le plan fonctionnel respiratoire, ils présentaient une CVF à 72% en médiane et une DLCO très abaissée avec une médiane à 24%. Sur le plan hémodynamique, la pression artérielle pulmonaire moyenne était en médiane de 40 mmHg avec un index cardiaque à 2,4 L/min/m2 et des résistances vasculaires pulmonaires (RVP) à 6,8 UW.  Bien qu’une meilleure survie ait été observée chez les patients présentant une hypertension pulmonaire avec des RVP ≤ 5 UW, les RVP seules n’ont pas permis de discriminer les patients en termes de survie à 1 an. Reste à voir si d’autres facteurs pronostiques pourront être mis en évidence ?

Marianne Riou, service de pneumologie, hôpitaux universitaires de Strasbourg


D’après les posters :
– PA3417 “Pulmonary vascular resistance to predict one-year survival in ILD-PH” présenté par Ségolène Turquier et coll.) Session de posters 322 “Pulmonary hypertension in lung disease » du lundi 9 septembre 2024.
– PA2500 « Evolution of the incidence of pulmonary arterial hypertension (PAH) in patients with HIV infection over the past 15 Years » présenté par Elise Puel et coll.. Session de posters 242 “Pathophysiology and risk assessment in pulmonary arterial hypertension” du lundi 9 septembre 2024.

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Recommandations concernant la protéinose alvéolaire : du neuf avec du vieux ?

Cette année, un groupe de travail de la Société Européenne de Pneumologie a élaboré des recommandations pour aider les médecins dans la prise en charge des patients atteints de protéinose alvéolaire pulmonaire (PAP)1

La PAP, syndrome rare causé par plusieurs maladies distinctes, peut entraîner une dyspnée progressive, une hypoxémie, un risque d’insuffisance respiratoire et un décès précoce en raison de l’accumulation de matériel protéinacé dans les poumons.

Ce que disent les recommandations

La place de la biopsie pulmonaire a reculé et doit rester exceptionnelle en raison de son faible rendement diagnostique. Les stratégies diagnostiques doivent inclure un scanner thoracique, un lavage broncho-alvéolaire, une recherche (quasi systématique) d’anticorps anti GM-CSF, ainsi que des tests génétiques. Les options thérapeutiques visent à éliminer ce matériel protéinacé. La première option est le grand lavage des deux poumons, devant faire appel à un centre expert si possible. Dans le cadre des formes auto-immunes de PAP symptomatiques, du GM-CSF sous forme inhalée est le seul traitement ayant été évalué par essai randomisé et est donc la première option recommandée. Le rituximab est proposé en cas d’échec des deux traitements précédents. La plasmaphérèse, et dans de rares cas une transplantation pulmonaire, sont des options de derniers recours devant être discutées collégialement.

Quels objectifs de traitement ? Il n’existe pas de critères standard définissant la réponse au traitement. Les objectifs du traitement dans le cadre de la PAP sont d’obtenir, soit une régression de la maladie, soit une stabilisation à long terme de la maladie, sans qu’il soit nécessaire de répéter les grands lavages. Bien que plusieurs biomarqueurs circulants, tels que KL-6, SP-D, LDH, YKL-40, antigènes du tissu tumoral, semblent prometteurs pour évaluer la réponse au traitement, des études de validation sont nécessaires. Au final, les preuves d’efficacité de ces traitements demeurent limitées et la rareté de cette entité nécessite d’adresser les malades à des centres experts.

Louise  Bondeelle, département de microbiologie et de biologie moléculaire, Université de Médecine de Genève, Suisse


D’après la présentation « Pulmonary alveolar proteinosis: management guidelines » de Elisabeth Bendstrup (Aarhus N, Denmark). Session de recommandations 261 « Diagnosis and management of pulmonary alveolar proteinosis »du dimanche 8 septembre 2024

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La bronchiectasie à l’ère de la médecine de précision

Dans cette session passionnante, les orateurs ont fait un état des lieux global de la DDB. En bonus, les résultats de l’étude ASPEN ont été dévoilés !

Il y a un siècle, la radiologie, les antibiotiques et la physiothérapie ont transformé le traitement de la bronchiectasie. Depuis, les directives cliniques, les progrès en génomique et l’émergence de registres internationaux ont façonné la prise en charge. Les essais cliniques se concentrent désormais sur les antibiotiques inhalés, les mucolytiques et les approches anti-inflammatoires.

Une nouvelle molécule pour cibler l’inflammation neutrophilique

La bronchiectasie est une maladie hétérogène, sans patient type. L’inflammation des voies aériennes peut être neutrophilique (80 %), ou éosinophilique (20 %), gérée par corticoïdes ou agents biologiques. Ces deux types d’inflammation peuvent coexister chez un même patient, nécessitant des thérapies adaptées. Dans ce cadre, le bencosatibe a été évalué dans une étude de phase 3, l’étude ASPEN. Il s’agit d’un inhibiteur oral, sélectif et réversible de la dipeptidyl peptidase-1 (DPP-1), responsable de l’activation des protéases à sérine des neutrophiles (PSN), y compris l’élastase des neutrophiles (NE), la protéinase 3 (PR3) et la cathepsine G (CatG). Par rapport au placebo et quelle que soit la dose, il permet de réduire le nombre d’exacerbations. De plus, à la dose la plus élevée, il permet également de réduire le déclin du VEMS (mais un rebond à l’arrêt devra faire discuter sa durée de prescription).

Les populations microbiennes doivent être prises en compte dans leur globalité

La précision microbienne modifie notre vision de la microbiologie. Par exemple, P. aeruginosa aggrave le pronostic et doit être éradiqué. L’infection par mycobactéries non non tuberculeuses (MNT), cause et conséquence de la bronchiectasie, demande des décisions thérapeutiques complexes. Les microbes doivent être étudiés en communautés, leurs interactions étant essentielles dans la gestion de la maladie.

Les nouvelles perspectives de la médecine de précision

Aujourd’hui, la maturation des registres tels que EMBARC et l’endophénotypage offrent de nouvelles perspectives, notamment avec les traitements ciblant l’inflammation neutrophilique. La réutilisation de médicaments comme ceux pour l’asthme sévère est prometteuse, mais le développement de nouvelles cibles reste prioritaire.

Les traitements classiques (mucolytiques, kinésithérapie, antibiotiques) resteront essentiels à long terme. Toutefois, les nouvelles thérapies soulèvent des questions, comme la possibilité de créer de nouvelles formes de la maladie, à l’image des modulateurs CFTR dans la mucoviscidose. La standardisation des critères et la définition des endophénotypes sont des priorités pour l’avenir.

Le succès de la médecine de précision pour la bronchiectasie dépendra de l’intégration de la recherche fondamentale, translationnelle et clinique, ainsi que de la collaboration entre cliniciens, chercheurs et patients.

Louise  Bondeelle, département de microbiologie et de biologie moléculaire, Université de Médecine de Genève, Suisse


D’après la session 330 « Bronchiectasis: entering a new era » et les orateurs James Chalmers (Dundee (Angus), Royaume Uni) et Sanjay Chotirmall (Singapour), du lundi 9 septembre 2024.

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Troubles respiratoires du sommeil et cancer du poumon : une étude française confirme le lien entre hypoxie nocturne et survie

L’étude française NEOSAS-GFPC, présentée lors de la session de posters des consacrée aux facteurs pronostiques et prédictifs du cancer du poumon, a exploré la prévalence et l’impact des troubles respiratoires du sommeil et de l’hypoxie nocturne sur la survie des patients atteints de cancer du poumon.

L’augmentation du risque de cancer de plus de 24% chez les patients souffrant d’insomnie est bien connue 1 tout comme l’augmentation de près de 11% du risque de cancer du poumon 2. Cependant, la prévalence des troubles respiratoires du sommeil chez les patients atteints de cancer bronchique non à petites cellules (CBNPC) et leur impact clinique restaient à clarifier notamment dans une cohorte caucasienne.

NEOSAS a évalué l’impact des troubles du sommeil sur la qualité de vie et la survie globale

L’étude NEOSAS-GFPC, une étude prospective multicentrique, avait pour objectif d’évaluer la prévalence des troubles du sommeil et d’examiner leur impact sur la qualité de vie et la survie globale des patients pris en soin pour un CBPNC.

Entre février 2016 et décembre 2020, 1201 patients diagnostiqués pour un CBNPC ont été inclus. Les patients ont bénéficié d’un enregistrement du sommeil au domicile par un dispositif portable de dépistage (ApneaLink, Resmed) et d’un suivi sur 18mois avec plusieurs questionnaires de qualité de vie. Après avoir exclu 155 patients en raison d’enregistrements non valides (soit 7,5%), 1005 patients ont été inclus dans l’analyse finale.

Peu d’impact des troubles du sommeil sur la qualité de vie en dehors de la somnolence diurne…

Parmi eux, 38 % présentaient des troubles respiratoires du sommeil (n=386), majoritairement des hommes plus âgés avec un indice de masse corporelle (IMC) plus élevé et davantage de comorbidités (HTA, diabète, cardiopathies), mais sans prévalence accrue de BPCO. Contrairement à d’autres études, NEOSAS n’a pas trouvé d’association significative entre la présence d’un trouble du sommeil et une altération globale de la qualité de vie – à l’exception de la somnolence diurne excessive évaluée par le questionnaire d’Epworth.

… Mais un risque accru de mortalité lié à l’hypoxie nocturne sévère

Parmi les 386 patients avec troubles du sommeil, 44,8% présentaient une hypoxémie nocturne sévère (définie par ≥36 % du temps de sommeil avec une SpO2 <90 %). L’hypoxie nocturne sévère était indépendamment associée à un risque accru de mortalité (HR = 1,37 ; IC 95 % [1,07-1,77] ; p=0,01) après ajustement sur l’âge, le sexe, l’IMC, la consommation de tabac et d’alcool, les antécédents de BPCO, et le stade du CBNPC au moment du diagnostic.

En conclusion

Les résultats de cette étude française suggèrent qu’un dépistage des troubles du sommeil pourrait être bénéfique chez les patients diagnostiqués avec un CBNPC, en mettant en évidence que l’hypoxémie nocturne sévère est associée à un mauvais pronostic, indépendamment des autres facteurs pronostiques du cancer.

Vincent Fallet, service de pneumologie hôpital Tenon Paris, Paris


D’après le poster PA2425 “Association of sleep-related hypoxia with survival in patients with non-small cell lung cancer – the NEOSAS-GFPC study group” présenté par Grégoire Justeau (Angers, France). Session de posters 238 “Predictive and prognostic factors in lung cancer »  du lundi 9 septembre 2024.

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Tézépélumab et exacerbations de BPCO

Dave Singh (Manchester, Royaume Uni) a présenté des résultats complémentaires de l’étude COURSE concernant l’efficacité du tézépélumab sur l’allongement du délai jusqu’à la première exacerbation modérée à sévère.

Les premiers résultats de l’étude COURSE (NCT04039113) concernant l’efficacité du tézépélumab, anti-thymic stromal lymphopoietin (TSLP), sur la réduction du taux d’exacerbations modérées à sévères de BPCO ont été présentés lors de l’ATS 2024. Les résultats montraient une réduction numérique de 17%, mais non significative (p=0,1042), du taux annualisé d’exacerbations modérées ou sévères dans le groupe traité par tézépélumab. Et dans les analyses en sous-groupes, la réduction des exacerbations était d’autant plus marquée que l’éosinophilie sanguine était élevée.

Lundi 10 septembre, Dave Singh (Manchester, Royaume Uni) a présenté des résultats complémentaires concernant l’efficacité du tézépélumab sur l’allongement du délai jusqu’à la première exacerbation modérée à sévère.

Évaluation du tézépélumab versus placebo chez les exacerbateurs fréquents

Pour rappel, les patients inclus dans COURSE (NCT04039113) étaient âgés de 40 à 80 ans, avaient un score de symptômes CAT supérieur à 15 et au moins 2 exacerbations modérées à sévères dans l’année, malgré un traitement par triple thérapie inhalée. Les inclusions étaient monitorées de façon à avoir 40% de patients avec ≥ 3 exacerbations l’année passée, 30% avec au moins une exacerbation sévère, 40% avec une éosinophilie sanguine inférieure à 150 cellules/µL, 40% avec des éosinophiles entre 150 et 300 cellules/µL et 20% avec une éosinophilie sanguine supérieure à 300 cellules/µL. Les patients étaient ensuite randomisés (1:1) en deux groupes : tézépélumab 420mg x1/mois versus placebo.

Le tézépélumab a permis d’allonger le temps jusqu’à la première exacerbation modérée ou sévère

Le tézépélumab a permis un allongement du temps jusqu’à la première exacerbation modérée ou sévère par rapport au placebo dans l’ensemble de la population (délai médian de 253 jours dans le groupe tézépélumab versus 214 jours dans le groupe placebo ; Hazard Ratio (HR) 0,80 ; IC95% [0,61-1,06], bien que ce résultat ne soit pas statistiquement significatif.  De même, il a été observé un allongement non significatif du délai jusqu’à la première exacerbation sévère par rapport au placebo (HR 0,70 ; IC95% [0,36-1,33]). Cet allongement du délai avant exacerbation semblait d’autant plus important que l’éosinophilie sanguine était élevée (HR 0,88 ; IC95% [0,60-1,06] dans le sous-groupe avec éosinophiles < 150 cellules/µL ; HR 0,74 ; IC95% [0,51-1,07] dans le sous-groupe avec des éosinophiles ≥ 150 cellules/µL et HR 0,70 ; IC95% [0,36-1,32] dans le sous-groupe avec éosinophiles ≥ 300 cellules/µL). 

En conclusion

Le tezepelumab a permis un allongement du délai avant la première exacerbation modérée ou sévère de BPCO, dans l’ensemble de la population. En accord avec les résultats présentés lors de l’ATS 2024, le tézépélumab semble être d’autant plus efficace que l’éosinophilie sanguine est élevée. Ces résultats de phase 2 sont encourageants mais nécessitent d’être confirmés dans un essai de phase 3.

Marina Gueçamburu, service des Maladies Respiratoires et des épreuves fonctionnelles respiratoires CHU Bordeaux, Pessac


D’après la communication orale OA2773 « Time to first moderate or severe COPD exacerbation with tezepelumab (COURSE) », présentée par Dave Singh (Manchester, Royaume Uni). Session de présentations orales 265 « Airway diseases therapeutics: novel research studies » du lundi 9 septembre 2024.

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Traiter ou ne pas traiter en périopératoire les cancers du poumon de stade localisé IB/IIA ?

Comment choisir la bonne stratégie périopératoire dans les cancers pulmonaires non à petites cellules de stade IB/IIA ? Le Pr Jacques Cadranel a mis en lumière les défis associés à ces stades localisés et leur pertinence clinique. Un hot topic en oncologie thoracique actuellement.

Dimanche 9 septembre, à l’ERS 2024, le Pr Jacques Cadranel (Hôpital Tenon – APHP, Paris) a relevé le défi de présenter les dernières données sur les traitements néoadjuvants pour les cancers pulmonaires non à petites cellules (CBNPC)de stade IB/IIA. Contrairement aux stades plus avancés IIB ou IIIA, où le bénéfice d’une stratégie périopératoire est bien documenté, les données sont plus limitées pour les stades IB (tumeurs de 3-4 cm sans atteinte ganglionnaire) et IIA (tumeurs de 4-5 cm sans atteinte ganglionnaire). Le bénéfice du traitement reste donc plus incertain dans ces cas.

L’incertitude demeure quant au traitement optimal pour les stades précoces

Un paradoxe persiste dans la prise de décision thérapeutique pour ces stades précoces. “Nous ne savons pas prédire avec précision quels patients sont guéris par la seule chirurgie, quels sont ceux qui bénéficieraient réellement d’un traitement péri-opératoire, ou encore ceux qui risquent de rechuter et de mourir, qu’ils reçoivent ou non une chimiothérapie »,explique le Pr Cadranel. Cette incertitude rend le choix du traitement optimal d’autant plus complexe. Pour les stades IB, où la chirurgie seule peut être curative dans environ 70 % des cas, l’intérêt d’un traitement néoadjuvant ou adjuvant n’est pas clairement démontré. Cependant, plusieurs innovations en traitements périopératoires ouvrent de nouvelles perspectives.

Pour les CBNPC réséqués de stade IB-IIIA présentant des mutations de l’EGFR

L’osimertinib prescrit pendant 3 ans a démontré un bénéfice en termes de survie sans maladie et de retard de l’apparition de métastases cérébrales, avec ou sans chimiothérapie adjuvante (essai ADAURA). De même, l’alectinib, prescrit pendant 2 ans pour les CBNPC réséqués de stade II-IIIA avec réarrangement ALK, a montré un bénéfice similaire par rapport à la chimiothérapie adjuvante classique. “Dans les cancers réséqués avec addiction oncogénique, on peut s’interroger sur la durée optimale de traitement, qu’elle soit de 2 ou 3 ans, et sur l’objectif du traitement : retarder la rechute ou guérir le patient ?” questionne le Pr Cadranel.

Quid de l’immunothérapie en périopératoire ?

Les données sont encore limitées à ce jour. Aucune étude de phase 3 n’a évalué l’efficacité de l’immunothérapie pour les tumeurs de moins de 4 cm. Une méta-analyse récente1 n’a pas montré de bénéfice significatif de l’immunothérapie adjuvante par rapport à la chimiothérapie en termes de survie globale. En néoadjuvant, deux approches se distinguent : la chimio-immunothérapie suivie d’une surveillance post-résection, et une stratégie combinant chimio-immunothérapie néoadjuvante avec un an d’immunothérapie post-opératoire. Les essais sur ces stratégies ont révélé un bénéfice sur la survie sans rechute (EFS) et sur la réponse pathologique complète (pCR), y compris pour les stades II où le bénéfice sur l’EFS est statistiquement significatif. Cependant, les données spécifiques aux stades IIA restent limitées.

En conclusion

Pour conclure sa présentation, le Pr Cadranel s’est appuyé sur les recommandations récentes d’un panel d’experts en oncologie thoracique de l’IASLC 2, qui suggèrent la nécessité d’un traitement par chimio-immunothérapie néoadjuvante dans 65 % des cas pour les stades II, contre 95 % pour les stades IIIA/IIIB. Cela illustre les nombreuses interrogations actuelles sur la stratégie périopératoire des stades précoces. Les études futures devront affiner la sélection des patients qui bénéficieront de cette stratégie.

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IL-33 et ST2 : expression dans le poumon distal

Cecilia Andersson a présenté une étude s’intéressant à la localisation de l’interleukine 33  et de son récepteur, sous sa forme membranaire et soluble, dans le poumon distal des patients atteints de BPCO.

Les alarmines, dont l’interleukine 33 (IL-33), sont des cytokines sécrétées par l’épithélium respiratoire en réponse à une agression. Leur expression est augmentée chez les patients atteints de BPCO 1, 2. Le récepteur de l’IL-33, ST2, est présent sous deux formes : membranaire (mST2) et soluble (sST2).

Les auteurs de l’étude présentée par Cecilia Anderson ont analysé des échantillons pulmonaires de 38 patients atteints de BPCO et 18 sujets contrôles par immunohistochimie et hybridation in situ. Ils ont également réalisé une analyse des variants membranaires et solubles de ST2 ainsi que d’IL-33 par single cell, couplée à une analyse spatiale.

Les résultats de l’immunohistochimie

Tout d’abord, l’étude en immunohistochimie a mis en évidence la présence d’IL-33 au niveau des cellules structurelles de l’épithélium, notamment des cellules basales, des cellules endothéliales, des septas alvéolaires et du tissu lymphoïde. L’analyse quantitative a montré une prédominance de l’IL-33  au niveaudes septas alvéolaires chez les patients atteints de BPCO GOLD IV par rapport aux patients atteints de BPCO GOLD I à III. En parallèle, l’expression alvéolaire de mST2 et sST2 s’est montrée plus importante chez les patients atteints de BPCO (tous stades confondus) par rapport aux patients contrôles. Parmi les cellules leucocytaires, les mastocytes étaient ceux qui exprimaient majoritairement mST2 et sST2.

De manière étonnante les auteurs ont mis en évidence, des clusters de cellules non mastocytaires exprimant sST2 uniquement chez les patients ayant une BPCO sévère. L’analyse par hybridation in situ-IHC a révélé que ces cellules exprimaient CD34+ et CD31+ et correspondaient donc à des cellules endothéliales (PECAM+).

Les cellules impliquées dans la cascade inflammatoire

Les auteurs ont ensuite souhaité identifier quelles sous-populations de cellules endothéliales, les cellules capillaires générales (gCap) et/ou les aérocytes (aCap), était impliquée dans la cascade inflammatoire de l’IL-33. Dans les poumons de contrôles sains, l’IL-33 étaient exprimée par les gCap, alors que ST2 était plutôt exprimé dans les aCap. Dans les poumons de patients atteints de BPCO, il existait une plus grande densité de gCap exprimant IL-33, mais l’expression de sST2 n’était pas modifiée. Concernant mST2, son expression était faible dans les gCap et aCap des sujets sains mais était significativement augmentée dans les gCap en cas de BPCO.

En conclusion

Ainsi, ces données apportent de nouvelles perspectives avec un potentiel rôle des sous-populations de cellules endothéliales dans la cascade inflammatoire de l’IL-33, notamment dans la BPCO.


D’après la communication orale OA1071 ” COPD patients display pronounced changes of IL-33 and ST2 expression in alveolar capillary phenotypes ” présentée par Cecilia Andersson (Lund, Suède). Session de presentations orale 116 “Knowing your ABCs of airways disease: advances, biomarkers and control ” du dimanche 8 septembre 2024.

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Valeurs de référence de l’index de clairance pulmonaire et de la capacité résiduelle fonctionnelle mesurés par méthode de rinçage en cycles multiples

Le réseau de recherche clinique GLI a pu éditer des équations de référence pour l’index de clairance pulmonaire, utilisables indistinctement sur tous les appareils de rinçage en cycles multiples disponibles. Il s’agit notamment d’un progrès pour la détection précoce d’un trouble ventilatoire obstructif chez l’enfant.

Les maladies respiratoires responsables d’un trouble ventilatoire obstructif sont habituellement détectées par la diminution du rapport de Tiffeneau (VEMS/CVmax) lors de la spirométrie. Toutefois, les manœuvres de spirométrie peuvent être difficiles à réaliser chez les enfants, et même chez certains adultes. Ainsi, la méthode de rinçage en cycles multiples (multiple breath washout dans la littérature anglophone) est une alternative possible. Il s’agit d’utiliser un gaz traceur inerte, c’est-à-dire ne traversant pas la barrière alvéolo-capillaire (azote, hélium…), afin d’étudier la distribution globale de la ventilation pulmonaire. Cette manœuvre dure quelques minutes mais se déroule alors que le sujet ventile à son volume courant, sans nécessité d’inspirations ou d’expirations forcées. Elle permet de déterminer la capacité résiduelle fonctionnelle (CRF) et l’index de clairance pulmonaire (ICP), ou lung clearance index, représentant le nombre de cycles respiratoires nécessaires pour évacuer du poumon le gaz traceur. L’augmentation de cet index témoigne généralement d’une hétérogénéité de la ventilation, qui est un des aspects précoces de l’obstruction des voies aériennes 1.

Objectif de la Task force de l’ERS : réduire l’hétérogénéité des valeurs obtenues pour l’ICP et la CRF

Jusqu’à présent, l’un des principaux inconvénients de cette technique résidait dans la multiplicité des appareils utilisés, et l’hétérogénéité des valeurs rendues comme « normales » par les logiciels des constructeurs. Une task force de l’ERS constituée en 2020 s’est proposée d’utiliser la méthodologie de la Global Lung function Initiative (GLI) 2, afin de pouvoir développer des équations de référence pour l’ICP et la CRF mesurés par rinçage en cycles multiples.

Génération d’équations de référence à partir de la plus grande base de données existante

Les enregistrements de 3647 sujets sains, réalisés sur 23 sites situés dans 9 pays, ont été collectés. Après élimination des doublons et des examens non exploitables, 1581 enregistrements uniques ont finalement été analysés pour générer ces équations de référence, provenant de 17 sites et 8 pays.

De manière intéressante, ni l’appareil utilisé, ni l’espace mort de chaque équipement, ni le type de gaz traceur utilisé, n’avaient un impact sur les équations générées pour l’ICP et la CRF. Concernant l’ICP, l’âge était la seule variable explicative (le seul facteur prédictif de la valeur de l’ICP). Sa valeur était relativement stable jusqu’à 30 ans puis elle augmentait progressivement par la suite. En revanche, pour la CRF, des équations selon le sexe, l’âge et la taille ont été développées, très proches des équations obtenues par mesure des volumes statiques par pléthysmographie.

Une utilisation encore limitée à la détection des troubles ventilatoires obstructifs en population pédiatrique

Bien qu’il s’agisse de la plus grande base de données disponible, il s’agit d’un nombre relativement faible par rapport aux précédents travaux de la GLI, provenant en outre de populations majoritairement européennes à haut niveau de vie. Les sujets étaient âgés de 2 à 81 ans, mais la grande majorité étaient des enfants et le nombre d’adultes de plus de 40 ans était faible, ce qui constitue là aussi une population pour laquelle l’utilisation de ces valeurs de références peut être limitée.

En conclusion

Ces équations de références, utilisables sur tout type d’appareil, seront très prochainement publiées et implémentées dans les différents logiciels d’EFR et sur le calculateur en ligne de la GLI : https://gli-calculator.ersnet.org.

Dr Thomas GILLE, AP-HP, service Physiologie et Explorations Fonctionnelles, Hôpitaux Universitaires de Paris Seine-St-Denis, Sites AvicenneBobigny et Jean Verdier (Bondy), Université Sorbonne Paris Nord, Inserm U1272 “Hypoxie et Poumon”, UFR SMBH Léonard de Vinci, Bobigny.


D’après la communication OA1953 « ERS technical standard : Global Lung function Inititative reference values for lung clearance index and functional residual capacity » présentée par Kathryn Ramsey (Perth, Australie). Session de présentations orales 197 « Exercise testing: what’s new in pulmonary physiology? » du dimanche 8 septembre 2024.

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