Effet des micro-éveils non respiratoires sur la somnolence résiduelle sous PPC
Une étude suggère que les micro-éveils d’origine non respiratoire pourraient représenter à la fois un élément d’explication physiopathologique, mais également un outil permettant d’identifier a priori les sujets les plus à risque de somnolence diurne résiduelle sous PPC.
Le syndrome d’apnées hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS) est un trouble respiratoire chronique qui est souvent traité par pression positive continue (PPC). Cependant, malgré une bonne observance de cette thérapie, certains patients continuent de souffrir de somnolence diurne résiduelle. La recherche autour ce sujet a gagné de l’intérêt depuis l’apparition de traitements médicamenteux dédiés. La physiopathologie de cette symptomatologie reste cependant mal comprise. L’étude présentée sous forme de poster par Alexandros Kalkanis a exploré l’impact des microéveils non respiratoires sur la persistance de cette somnolence résiduelle chez les patients traités par PPC. Les micro-éveils non respiratoires, distincts des micro-éveils liés à des événements apnéiques, peuvent jouer un rôle dans la fragmentation du sommeil et influencer l’efficacité du traitement par PPC.
La proportion de micro-éveils non respiratoires a-t-elle un impact sur la somnolence diurne résiduelle ?
Les chercheurs ont inclus 800 patients atteints de SAHOS issus de la cohorte ESADA, qui avaient des données sur les micro-éveils lors de la polysomnographie réalisée à l’inclusion. Ils étaient ensuite suivis par au moins deux visites. Les participants ont été stratifiés en tertiles selon leur ratio de micro-éveils non respiratoires par rapport au total des micro-éveils (RMNR). L’évolution de la somnolence résiduelle a été mesurée à l’aide de l’échelle de somnolence d’Epworth lors de trois visites, après 152, 470, et 637 jours suivant l’initiation de la PPC. L’impact des tertiles de RMNR sur la somnolence résiduelle a été étudiée après ajustement sur plusieurs variables, telles que le sexe, les comorbidités, l’indice de masse corporelle (IMC) et l’observance de la PPC.
Des taux de micro-éveil non respiratoires élevés associés à une somnolence diurne résiduelle plus importante
L’étude a révélé que les patients ayant un RMNR élevé avaient une somnolence diurne résiduelle plus importante que ceux des groupes à faible et moyen RMNR, surtout lors de la troisième visite (p = 0,003). En moyenne, les patients du tertile supérieur (RMNR élevé) ont présenté un score ESE supérieur d’environ 1 point par rapport à la moyenne globale, alors que ceux du tertile inférieur avaient un score ESS inférieur de 1,07 à 1,76 points lors des visites successives. Ces différences sont restées significatives après ajustement surur les variables de base, telles que les principales comorbidités ou l’observance à la PPC.
En conclusion
Cette étude souligne que les micro-éveils non respiratoires peuvent être un marqueur important de la fragmentation du sommeil chez les patients atteints de SAHOS traités par PPC, et qu’ils sont fortement associés à la somnolence diurne résiduelle sous PPC. Ce constat est d’autant plus intéressant que cette donnée est déjà disponible sur les polysomnographies pratiquées en routine. L’identification a priori des patients à risque de somnolence diurne résiduelle est une première étape intéressante. L’étape suivante serait d’envisager des études thérapeutiques ciblant plus particulièrement ces micro-éveils non respiratoires.
Wojciech Trzepizur, département de Pneumologie et de Médecine du Sommeil, CHU d’Angers MITOVASC UMR Inserm 1083 / UMR CNRS 6015, Université d’Angers
D’après le poster PA3541 « Effect of non-respiratory arousals on residual sleepiness in CPAP-treated OSA patients” présenté par Alexandros Kalkanis (Leuven, Belgique) et coll. Session de posters 328 « Positive airway pressure treatment for sleep-disordered breathing: outcomes, adherence and side effects » du lundi 9 septembre 2024
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