Cette session s’est intéressée à l’usage et aux effets du cannabis et de ses dérivés, ainsi qu’à la cigarette électronique comme outils d’aide au sevrage tabagique.
Le cannabis et ses dérivés
Le cannabis provient d’une plante de laquelle sont extraits différents composés : cannabidiol (CBD), tétrahydrocannabinol (THC), cannabinol (CBN)… Il existe également des cannabinoïdes de synthèse et des endocannabinoïdes. De ces cannabinoïdes sont dérivés certains médicaments. Ils sont non hydrosolubles et doivent être utilisés avec de l’huile ou autre. Deux types de récepteurs existent dans le corps (CB1-R et CB2-R). On retrouve des agonistes de ces récepteurs (puissants, partiels ou neutres) dont les effets vont varier en fonction de la liaison.
- Le THC
Il est produit à partir du haschisch (taux de 10% à 15%), de la marijuana ou d’huile de miel, une oléorésine obtenue par extraction de cannabis ou de haschisch. Il est stupéfiant et psychotrope. On est considéré consommateur à partir de 20 joints. 1 joint par jour pendant 1 an est l’unité. L’inhalation est rapide et la rétention est longue.
Les cannabinoïdes de synthèse (spice, vapotage, poudre) sont illégaux. Ils ont une grande affinité pour les récepteurs CB1. Leurs effets sont puissants et ils entraînent de nombreux effets indésirables. Ils sont non détectables dans les urines.
L’utilisation a fortement progressé en 2010 mais est maintenant stabilisée. Chez les adolescents, la consommation de cannabis arrive juste après celle de l’alcool et montre une baisse depuis quelques années, mais 4% des consommateurs ont un usage régulier.
- Le CBD
Le CBD est non stupéfiant et non psychotrope. Il est légal et est considéré comme un aliment. Il est apaisant mais présente des effets indésirables. Il faut veiller à ce que le taux de THC soit minime dans le liquide. Lors des contrôles routiers ou sportifs, les tests pourront s’avérer positifs en cas de consommation de CBD du fait de ces doses infimes.
De nombreuses formes existent (pizza, huile, herbe, bonbons…). Dix pourcents des consommateurs ont commencé à l’adolescence.
Le CBD a aussi été étudié comme outil de sevrage du THC. La dose de 400mg est la plus intéressante et permet d’augmenter faiblement l’abstinence et de réduire un peu les taux de THC retrouvés.
- L’hexahydrocannabinol ou HHC
Il s’agit d’un cannabinoïde de synthèse. Différentes formes existent et les effets psychoactifs sont majeurs tout comme la dépendance, d’où son interdiction récente.
Le mode de consommation est important. L’ingestion n’implique que peu d’effets au niveau respiratoire contrairement à l’inhalation. La combustion ou l’échauffement sont utilisés dans certaines formes.
Le risque de BPCO avec le cannabis et ses dérivés est avéré. Un déclin du VEMS est démontré à partir de 20 joints. L’association au cancer n’est en revanche pas clairement démontrée et les résultats semblent contradictoires. Les études rapportent cependant que les fumeurs de cannabis ont un diagnostic de cancer 15 ans plus tôt. L’usage est difficile à étudier étant donné son caractère illégal. Il peut être évalué par le questionnaire CAST.
Le sevrage du cannabis est spécifique. Il faut rechercher les comorbidités psychiatriques et les co-addictions, ne pas être dans le jugement et accompagner le patient de façon à réduire les risques tout en tenant compte du syndrome de sevrage.
L’E-cigarette
La vape est très utilisée pour le sevrage tabagique. Elle semble moins toxique que le tabac et permet de réduire les risques.
La cigarette électronique ne contient ni monoxyde de carbone, ni goudron, ni particules cancérigènes. La vaporisation se fait à partir de propylène glycol et de glycérine auxquels il est possible d’ajouter de la nicotine et des arômes.
Sur 800 patients, la vape double le nombre de sevrages 1 par rapport aux substituts nicotiniques. Une revue Cochrane de 2024 mentionne un niveau de preuve élevé en faveur de la vape pour le sevrage tabagique, comparativement aux substituts nicotiniques. Il n’y a pas de preuve de dommages liés à la vape avec nicotine à 2 ans.
La vape aide à ne pas retomber dans le tabagisme. Chez les jeunes, le Pr Dautzenberg a montré qu’il y avait concurrence entre la vape et le tabac. Elle peut être considérée comme un produit de substitution, voire un concurrent. L’abstinence est préférable, mais il ne faut pas éliminer la vape au risque de retomber dans le tabac.
Chez les femmes enceintes, la vape peut être utile comme aide au sevrage du tabac. Celles qui vapotent pendant la grossesse ont des bébés dont le poids de naissance est équivalent à celui des bébés des femmes non fumeuses, ce qui n’est pas le cas de celles qui fument ou qui sont vapo-fumeuses.
Dr Gregory Reychler, Service de pneumologie, Cliniques Universitaires Saint-Luc (CUSL)
D’après la session A01 « Comprendre les nouveaux usages tabacologie » et les communications de Sébastien Couraud (Lyon) « Tout savoir sur le cannabis et le CBD » et de Marion Adler (Clamart) « La e-cigarette : où en est-t-on en 2024 ? »
- Hajek P, Phillips-Water A, Przulj D, et al. A Randomized Trial of E-Cigarettes versus Nicotine-Replacement Therapy. N Engl J Med. 2019;380(7):629-637. doi: 10.1056/NEJMoa1808779. ↩