asthme

Essais cliniques dans l’asthme : effet placebo ou effet éducation ?

 

Dans les essais cliniques faits dans l’asthme, l’effet du groupe placebo est souvent très important. Une amélioration de l’observance et un suivi plus régulier ont été évoqués pour expliquer ce phénomène. La technique d’inhalation du dispositif des participants aux essais cliniques a rarement été évaluée de façon objective.

Une étude prospective menée en Afrique du Sud a analysé la technique d’inhalation de 348 patients atteints d’asthme (n = 208) ou de BPCO (n = 140) ayant déjà participé — ou non — à un essai clinique. Les asthmatiques étaient plus jeunes en moyenne (46 ± 16 ans) que les patients BPCO (53,6 ± 14 ans).

La technique d’inhalation était jugée acceptable (≤ 2 erreurs) chez 66 % des patients. Les asthmatiques étaient plus nombreux que les BPCO à avoir une technique parfaite, définie par aucune erreur (43 vs 27 %, p < 0,001). Une technique parfaite était retrouvée chez 66 % des patients ayant déjà participé à un essai clinique, versus 27 % des patients n’ayant pas participé. La technique était jugée acceptable chez 81,9 % des patients ayant participé à un essai et seulement 61 % de ceux qui n’avaient pas participé. En analyse multivariée, la participation à un essai clinique était associée de façon significative à une bonne technique d’inhalation (OR 0,372, p = 0,002). La proportion de patients déclarant avoir eu au cours de leur suivi une démonstration de la technique était comparable dans les deux groupes.

Les auteurs font l’hypothèse que l’intensité de l’essai clinique (durée, nombre de visites, nombre d’EFR…) augmente le nombre d’interventions de démonstration de la prise du traitement et contribue à l’amélioration de la technique, et donc a l’effet du traitement inhalé. Idéalement, la vérification de la technique de prise doit précéder l’inclusion dans un essai randomisé.

 

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Camille Taillé, service de pneumologie et Centre de référence-C des maladies pulmonaires rares, hôpital Bichat, Paris

D’après la session A 31 : asthma : clinical studies II. Poster A1329

 

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L’huile de foie de morue de retour ?

 

Il émerge régulièrement dans la littérature le potentiel effet protecteur d’un régime riche en acides gras poly-insaturé oméga 3 dans les maladies cardiovasculaires, les maladies auto-immunes mais aussi les maladies respiratoires. De façon plus récente, les huiles de poisson pourraient limiter la toxicité respiratoire de l’ozone dû au réchauffement climatique. Le mécanisme sous-jacent est l’inhibition de la production de leucotriènes par une inhibition compétitive de la phospholipase A2. Il s’agit de données préliminaires expérimentales. Dans l’asthme, les résultats d’un essai multicentrique randomisé ont été publiés par l’équipe de Jason Lang, et coll. en décembre 2018.? 1

Quatre-vingt-dix-huit adolescents et jeunes adultes en surpoids et obèses, porteurs d’un asthme mal contrôlé, ont été inclus puis randomisés 3 : 1. Le groupe interventionnel (n = 77 dont 48 % sont de sexe masculin, âge moyen : 14,6 ans, indice de masse corporelle moyen 33,9 kg/m2) bénéficie d’une supplémentation par 4 g d’acides gras oméga 3 pendant 24 semaines sous la forme de capsules molles. Le groupe contrôle reçoit sous la même forme de l’huile de soja purifiée. Le score ACQ n’est que de 1,6 en moyenne à la randomisation. Les capsules ne sont oubliées qu’en moyenne 20 jours sur les 6 mois de l’essai. Si la supplémentation en oméga 3 augmente bien le ratio oméga 3/oméga 6 dans les monocytes et les granocytes circulants, les symptômes de l’asthme (Δscore ACQ : – 0,09 dans le groupe oméga 3 vs – 0,18 dans le groupe contrôle, p = 0,58), le risque d’exacerbation (RR : 0,92 [0,30-2,89] comme les fonctions respiratoires (ΔVEMS : + 0,55 % de la norme dans le groupe oméga 3 vs + 1,13 % dans le groupe contrôle) ne sont pas améliorés. La supplémentation en oméga 3 est bien tolérée, sans modification des enzymes hépatiques. Le génotype ALOX 5 (arachidonate lipooxygénase) n’influence pas la réponse à la supplémentation en omega 3.

Finalement, les résultats de cette étude clinique contredisent les résultats d’études expérimentales et cliniques préliminaires. Un régime riche en oméga 3 ne peut pour l’instant pas être recommandé. Un grand « Ouf ! » de soulagement pour ceux auraient déjà goûté l’huile de foie de morue.

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Marjolaine Georges, service de pneumologie et soins intensifs respiratoires, CHU Dijon

D’après la session C90 bench to bedside : how dietary N3-PUFAs modulate the pulmonary response to environmental exposures

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Thermoplastie bronchique : peut-on faire aussi bien en une seule séance ?

 

La procédure actuelle de thermoplastie bronchique prévoit trois séances afin de traiter la totalité de l’arbre bronchique. Compte tenu de l’hétérogénéité des anomalies de l’arbre bronchique, le ciblage des zones mal ventilées pourrait permettre de réduire le nombre de séances.

Une équipe américaine a utilisé l’IRM thoracique de ventilation au 129Xe hyperpolarisé pour détecter les zones hypoventilées et a comparé, dans un essai randomisé, l’effet de la thermoplastie guidée par l’IRM à celui du traitement conventionnel non guidé.

Les deux groupes de 15 malades chacun étaient comparables. Le score ACT moyen était de 8,8 ± 3,6, la majorité (80 %) des patients avait eu plus de trois exacerbations dans l’année précédente.

La ventilation était évaluée selon quatre catégories : bien ventilée, ventilation normale, ventilation faible, pas de ventilation. La première séance du groupe « guidé par IRM » permettait de traiter les six segments les plus faiblement ventilés. Les autres segments étaient traités au cours des deux séances suivantes. Dans le groupe « conventionnel », on traitait le lobe supérieur droit, puis le lobe supérieur gauche, puis les deux lobes inférieurs.

Après la première séance, on observait une augmentation significative du nombre de zones bien ventilées dans le groupe « guidé » et pas de modifications dans le groupe conventionnel. Dans le groupe « guidé par IRM », le score de qualité de vie mesuré 3 mois après la première séance était comparable à celui observé à la fin des trois séances du groupe « conventionnel ». Pour les deux groupes, on notait une amélioration par rapport à l’inclusion. Le nombre d’effets secondaires était plus faible dans le groupe « guidé » (33 % versus 73 %).

Ces données suggèrent qu’une seule séance de thermoplastie ciblant les zones hypoventilées pourrait être aussi efficace que les trois séances conventionnelles. Si ces données sont confirmées, elles modifieraient l’appréhension du mode d’action de la thermoplastie.

Enfin, si réduire le nombre de séances est intéressant pour le patient, le bénéfice économique reste à évaluer, en prenant en compte le coût de l’IRM et du 129Xe hyperpolarisé à comparer à celui de deux cathéters.

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Camille Taillé, service de pneumologie et Centre de référence-C des maladies pulmonaires rares, hôpital Bichat, Paris

D’après la session B14 : Late breaking clinical trials. Résumé A735

 

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Enfin un essai randomisé de phase 3 avec une biothérapie dans la polypose nasosinusienne !

 

Il n’y a pas de traitement réellement efficace de la polypose nasosinusienne, malgré son impact important sur la qualité de vie des patients. Un premier pas vient d’être franchi avec cette première étude de phase 3 étudiant l’effet du dupilumab dans la polypose.

Les résultats rapportés ce matin concernaient deux études de phase 3 poolées (SINUS-24 et SINUS-52), qui ont testé le dupilumab (anticorps anti IL4/13R) à la dose de 300 mg tous les 15 jours pendant 24 semaines, chez des patients sélectionnés uniquement sur la présence de la polypose. Cependant, il était prévu d’inclure au moins 50 % de patients ayant de l’asthme (quelle que soit sa sévérité) ou une intolérance à l’aspirine. Tous les patients recevaient également de la mométasone par voie locale et la chirurgie était possible si besoin.

Au total, 428 patients avec asthme et 296 sans asthme ont été inclus. Les asthmatiques étaient mal contrôlés dans l’ensemble avec un score ACQ-6 à 1,66, la moitié avait un traitement de palier 4 et 80 % avait une maladie ayant débuté avant l’âge de 18 ans.

Le traitement entraînait une diminution de la taille des polypes (-2,04), du score radiologique (-6,43), du score clinique rapporté par le patient et du score SNOT-22, augmentait le débit inspiratoire nasal de façon significative. L’effet du traitement n’était pas modifié par le taux d’éosinophiles ni par l’association à un asthme. Chez les asthmatiques, le VEMS augmentait de 220 ml et le score ACQ baissait de 0,81 point en moyenne. Fait notable, aucun effet du placebo n’était observé sur l’ensemble des mesures, y compris celles relatives à l’asthme.

Ces données laissent penser que le dupilumab sera peut-être indiqué un jour dans le traitement de la polypose nasosinusienne, indépendamment de la présence d’un asthme associé. Un grand pas vient d’être franchi pour les patients. Reste à convaincre les autorités que la polypose n’est pas juste un problème de nez bouché…

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Camille Taillé, service de pneumologie et Centre de référence-C des maladies pulmonaires rares, hôpital Bichat, Paris

D’après la session B14 : Late breaking clinical trials. Résumé A7356

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Essais cliniques dans l’asthme : effet placebo ou effet éducation ?

Dans les essais cliniques faits dans l’asthme, l’effet du groupe placebo est souvent très important. Une amélioration de l’observance et un suivi plus régulier ont été évoqués pour expliquer ce phénomène. La technique d’inhalation du dispositif des participants aux essais cliniques a rarement été évaluée de façon objective.

Une étude prospective menée en Afrique du Sud a étudié la technique d’inhalation de 348 patients atteints d’asthme (n = 208) ou de BPCO (n = 140) ayant déjà participé ou non à un essai clinique. Les asthmatiques étaient plus jeunes en moyenne (46±16 ans) que les patients BPCO (53,6±14 ans).

La technique d’inhalation était jugée acceptable (≤ 2 erreurs) chez 66 % des patients. Les asthmatiques étaient plus nombreux que les BPCO à avoir une technique parfaite, définie par aucune erreur (43 vs 27 %, p < 0,001). Une technique parfaite était retrouvée chez 66 % des patients ayant déjà participé à un essai clinique, versus 27 % des patients n’ayant pas participé. La technique était jugée acceptable chez 81,9 % des patients ayant participé à un essai et seulement 61 % de ceux qui n’avaient pas participé. En analyse multivariée, la participation à un essai clinique était associée de façon significative à une bonne technique d’inhalation (OR 0,372, p = 0,002). La proportion de patients déclarant avoir eu au cours de leur suivi une démonstration de la technique était comparable dans les deux groupes.

Les auteurs font l’hypothèse que l’intensité de l’essai clinique (durée, nombre de visites, nombre d’EFR…) augmente le nombre d’interventions de démonstration de la prise du traitement et contribue à l’amélioration de la technique, et donc à l’effet du traitement inhalé. Idéalement, la vérification de la technique de prise doit précéder l’inclusion dans un essai randomisé.

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Camille Taillé, service de pneumologie et Centre de référence-C des maladies pulmonaires rares, hôpital Bichat, Paris

D’après la session A 31 : asthma : clinical studies II. Poster A1329

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ASTHMIRINE

  • Maladie : Asthme sévère avec polypose nasosinusienne
  • Catégorie : étude académique
  • Promoteur :
  • Objectif principal : Évaluer l’effet de l’aspirine, versus placebo, sur le contrôle de l’asthme chez des patients asthmatiques avec PNS, tolérants à l’aspirine ou rendus tolérants à l’aspirine après une désensibilisation.
    Mesure de la variation du score ACQ 6 (asthma control questionnaire) entre la visite d’inclusion (V0) et la fin de l’étude à 6 mois (V4).
  • Date de début de l’étude : 2018-10-01
  • Date de fin de l’étude : 2021-10-01
  • Autorisation  : 2016-000739-42
  • Investigateur-coordinateur : Pr Camille Taillé
  • Investigateurs associés : 
    Pr Camille TAILLE
    Dr Loubna ALAVOINE loubna
    Pr Gilles GARCIA
    Pr Alain DIDIER
    Pr Philippe BONNIAUD
    Dr Marion VERDAGUER
    Pr Pascal CHANEZ
    Pr Frédéric de Blay
    Pr Arnaud BOURDIN
    Pr Gilles DEVOUASSOUX
    Dr Angelica TIOTU
    Pr Cécile CHENIVESSE
    Dr Wanda GASPARD
  • Principaux critères d’inclusion:
    Patients dont l’âge est compris entre 18 et 75 ans
    · Recevant des corticoïdes inhalés (>1000μg/j de beclométhasone ou équivalent) en association avec un béta 2 agoniste de longue durée d’action à dose stable depuis plus d’un mois et du montelukast depuis au moins deux semaines.
    · Recevant un inhibiteur de la pompe à protons (IPP) depuis au moins 2 semaines
    · Asthme incontrôlé défini par un score ACQ6 ≥1.5 à l’inclusion
    · Rhinosinusite chronique avec polypose nasosinusienne avérée par une endoscopie nasale faite par un ORL
    · Réversibilité de l’obstruction bronchique définie par une augmentation du VEMS de plus de 12% et plus de 200ml après bronchodilatateur, documentée au cours du suivi médical dans le dossier source.
    · VEMS>1.5 l et 60% de la valeur prédite à l’inclusion
    · Non-fumeur ou ex-fumeur de plus de 6 mois avec un tabagisme cumulé <10 paquets-années.
    · Contraception efficace, autre qu’un DIU, chez une femme en âge de procréer, pendant la
    durée de la recherche
    • Principaux critères d’exclusion:
    Autre pathologie pulmonaire évolutive (BPCO, DDB,fibrose…) qui pourrait modifier l’évaluation du contrôle
    de l’asthme
    · Réaction d’hypersensibilité au Lansoprazole
    · Traitement par nelfinavir
    · Autre pathologie nécessitant l’usage régulier
    d’aspirine ou d’un AINS.
    · Exacerbation d’asthme dans les 4 semaines précédant l’inclusion (définie par corticothérapie orale de plus de 48h ou doublement de la dose habituelle de corticoïdes oraux)
    · Grossesse ou allaitement
    · Infarctus du myocarde datant de moins de 6 moisavant l’inclusion
    · Patients recevant des bétabloquants
    · Contre-indication à l’aspirine: antécédent de saignement digestif ou cérébral, ulcère gastrique ouduodénal actif, chirurgie majeure dans les 4 semaines précédant l’inclusion, HTA non contrôlée,anticoagulation efficace orale ou sous cutanée pendant la période de l’étude à dose curative ou préventive, ou tout risque hémorragique considéré par l’investigateur, déficit en G6PD, insuffisance cardiaque, hépatique ou rénale, hyperuricémie, phénylcétonurie, traitement par méthotrexate,probénécide, inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine, diurétique, uricosurique, inhibiteur de l’enzyme de conversion de l’angiotensine, inhibiteur
    du récepteur de l’angiotensine, acétazolamide, carbocystéine, N acetyl cysteine, anti-aggrégants
    plaquettaires : abciximab, cilostazol, clopidogrel,époprosténol, eptifibatide, iloprost, iloprost
    trométamol, prasugrel, ticagrélor, ticlopidine, tirofiban, anagrélide
    · Chirurgie majeure programmée pendant les 6 mois del’étude
    · Sous mesure de sureté ou sous mesure de protection légale (tutelle et curatelle)
    · Patient intolérant au lactose ou à un autre excipient (ex : amidon de maïs)
    · Patiente avec Dispositif Intra Utérin
    · Patient n’ayant pas donné son consentement écrit
    · Patient non affilié à un régime de sécurité sociale (bénéficiaire ou ayant droit)
    • Nombre de patients prévus : 180
    • Nombre de patients inclus  :
    • Site internet : https://clinicaltrials.gov/ct2/show/NCT02906761?term=aspirin&cond=asthma&draw=2&rank=1

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Jeudis de la SPLF – Programme 2019

17 Janvier 2019
 Impact de la distension thoracique du BPCO sur la fonction cardiaque Bouchra Lamia 

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14 Février 2019
HTP associée à la BPCO: qui dépister et traiter ? David Montani 

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14 Mars 2019
 Les biothérapies dans l’asthme sévère – comment choisir ? Cécile Chenivesse 

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11 Avril 2019
Infections tuberculeuses latentes Philippe Fraisse 

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16 Mai 2019
Asthme de la femme Maeva. Zysman 

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13 Juin 2019
 Prise en charge palliative des pleurésies néoplasiques Arnaud Scherpereel 

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12 Septembre 2019
Réentrainement des muscles inspiratoires chez l’insuffisant respiratoire Marc Beaumont 

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10 Octobre 2019
Diagnostic et prise en charge des HTP post-emboliques chroniques Xavier Jaïs 

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14 Novembre 2019
Indications de la VNI dans la BPCO en 2019 Jesus Gonzalez 

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12 Décembre 2019
Quel nébulisateur pour quel médicament ? Laurent Vecellio 

Maj 13/12/2018

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Association bêta2-mimétiques de longue durée d’action et corticostéroïdes inhalés dans l’asthme : retrait de la mise en garde de la FDA

Dans une Perspective publiée fin juin 2018 dans le NEJM, Seymour, et al pour la Food and Drug Administration (FDA) américaine, détaillent les raisons du retrait de la mise en garde (black box) contre les traitements combinés associant bêta2-mimétiques de longue durée d’action (BDLA) et corticostéroïdes inhalés (CSI) chez les patients asthmatiques.1 Cette mise en garde avait été instaurée en 2003 sur la base de données suggérant que les BDLA étaient associés à des effets  secondaires graves, dont des hospitalisations liées à l’asthme, des intubations et des décès.2 . Pour mémoire, ces études avaient été menées à une période où les patients traités par BDLA n’utilisaient pas nécessairement de CSI. La FDA avait requis une mise en garde contre tous les produits contenant des BDLA.

En 2011, la FDA a mandaté les laboratoires AstraZeneca, GlaxoSmithKline, Merck et Novartis pour initier parallèlement des essais cliniques de non-infériorité, prospectifs, contrôlés, randomisés et en double aveugle évaluant la tolérance des thérapies combinées BDLA + CSI comparativement aux CSI seuls (NCT01462344, NCT01475721, NCT01471340, NCT01444430, and NCT01845025). Quatre ont été menés à terme : trois chez les adultes et les adolescents âgés de 12 ans et plus, et un chez les enfants de 4 à 11 ans. Les critères de sélection et de jugement étaient harmonisés pour permettre à un comité indépendant une analyse combinée. Les patients inclus présentaient au moins une exacerbation d’asthme dans l’année écoulée et étaient considérés à risque d’exacerbations supplémentaires, mais avaient un asthme contrôlé. Le critère principal de jugement était un critère composite incluant le décès lié à l’asthme, l’intubation et l’hospitalisation. Dans chaque essai adulte, un échantillon de 11 700 patients permettait d’obtenir une puissance de 90 % pour exclure l’hypothèse nulle — doublement du risque d’effet indésirable grave. Pour l’essai pédiatrique, l’échantillon nécessaire était moindre avec 6 200 enfants inclus.

Tableau — Taux d’évènements secondaires graves liés à l’asthme chez des patients traités par BDLA+CSI versus CSI. Traduit de Seymour, et al, NEJM 2018 3

L’analyse combinée des données de tolérance des trois essais adultes, publiée dans la même édition du NEJM, a montré l’absence d’augmentation significative de risque d’évènements indésirables graves liés à l’asthme lors du traitement par BDLA 1 CSI, comparativement au traitement par un CSI seul (risque relatif 5 1,10 [intervalle de confiance à 95 % 5 0,85- 1,44] (cf. tableau). Ces résultats se retrouvaient dans tous les sous-groupes de patients. 4 La majorité des évènements étaient des hospitalisations liées à l’asthme. Il n’a été rapporté que cinq intubations et décès parmi tous les patients inclus dans ces quatre études. L’efficacité de l’association BDLA 1 CSI a également été évaluée. Les trois études d’adultes ont toutes montré une réduction significative du nombre d’exacerbations d’asthme par comparaison aux patients traités par CSI seuls. La réduction portait surtout sur le recours aux corticoïdes systémiques, mais aucune étude n’a démontré de baisse du nombre d’hospitalisations liées à l’asthme.

La FDA souligne que ces résultats ne peuvent pas répondre à tous les questionnements concernant la sécurité d’emploi des BDLA.Par ailleurs, les patients avec un asthme considéré comme « potentiellement mortel » étaient exclus du fait de problématiques éthiques et sécuritaires. Ces résultats ne peuvent donc pas être généralisés à cette population particulière.Malgré ces limitations et incertitudes, ces essais ont apporté des informations solides, nouvelles et rassurantes en termes de sécurité d’emploi et ont démontré les bénéfices additionnels à l’utilisation de thérapies combinées BD
LA + CSI : il n’y a pas de surrisque d’évènements graves liés à l’asthme lors de l’utilisation de thérapies combinées par comparaison aux CSI seuls.Par conséquent, la FDA a choisi de retirer sa mise en garde immédiatement, sans attendre la convocation d’une réunion du comité de validation interne. Le retrait de la mise en garde contre un produit pharmaceutique n’est pas chose commune mais l’évidence dans ce cas était catégorique.

L’association BDLA + CSI, désormais considérée comme le standard de prise en charge du patient asthmatique, est ainsi renforcée et ce retrait de mise en garde permet de légitimer une attitude thérapeutique déjà appliquée. Gardons cependant en mémoire que ces études n’ont pas été conçues pour démontrer la supériorité de l’utilisation des traitements combinés par rapport aux CSI seuls et que les éléments de tolérance ont été relevés sur une période courte de six mois. Elles ne modifient donc pas l’arbre décisionnel du GINA qui place la corticothérapie inhalée seule en premier pallier de traitement du patient asthmatique.

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Clairelyne Dupin

Service de pneumologie A – Hôpital Bichat – APHP Auteur correspondant : clairelyne.dupin@aphp.fr

L’auteur n’a déclaré aucun lien d’intérêt en relation avec cet article. InfoRespiration N°146 – Août-septembre 018

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