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Bientôt un nouveau traitement inhalé dans l’hypertension artérielle pulmonaire ?

L’inflammation périvasculaire, la prolifération néo-intimale des cellules endothéliales et des myofibroblastes, la prolifération et l’hypertrophie des cellules musculaires lisses jouent un rôle clé dans le remodelage vasculaire pulmonaire observé dans l’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) à l’origine de l’augmentation des résistance vasculaires pulmonaires. Ce processus est médié, en autres, par la voie de signalisation impliquant le récepteur PDGF, le récepteur CSF1 et c-KIT. Les résultats de l’essai TORREY, testant l’efficacité et la sécurité du séralutinib (un inhibiteur de tyrosine kinase administré par voie inhalée), ont été présentés à l’ATS.

L’essai TORREY est une étude de phase 2, randomisée, en double aveugle, contrôlée contre placebo, évaluant l’efficacité et la sécurité du séralutinib inhalé dans l’HTAP sur une période de 24 semaines. Les sujets éligibles étaient les patients atteints d’HTAP de classe fonctionnelle II ou III, préalablement traités. Parmi les 86 sujets randomisés (44 dans le bras séralutinib, 42 dans le bras placebo), 80 sujets ont terminé l’étude. Au début de l’étude, 97 % des patients étaient sous bithérapie et 44% recevaient une prostacycline par voie parentérale. Le séralutinib ou le placebo étaient administrés par un inhalateur de poudre sèche deux fois par jour.

Le critère de jugement principal était l’évolution des résistances vasculaires pulmonaires (RVP) évaluées par cathétérisme cardiaque droit entre le début de l’étude et la semaine 24. Les critères d’évaluation secondaires et exploratoires comprenaient l’évolution de la distance de marche de 6 minutes et du NT-proBNP.

A la semaine 24, une diminution des RVP de 14% a été observée dans le bras séralutinib (corrigée contre placebo). Chez les sujets en classe fonctionnelle III, l’effet sur la RVP était plus prononcé, avec une réduction corrigée des RVP de 21%. Les réductions du NT-proBNP étaient significatives aux semaines 12 (- 310 ng/L) et 24 (- 408 ng/L). Une amélioration significative de la distance parcourue au test de marche de 6 minutes était retrouvée chez les sujets en classe fonctionnelle III (+37m). A la semaine 24, aucune aggravation de la maladie jusqu’à une classe fonctionnelle NYHA IV n’a été observée dans le bras séralutinib. L’effet indésirable le plus fréquent dans le groupe séralutinib a été une toux légère à modérée (43% contre 38% pour le placebo).

L’étude TORREY a atteint son objectif principal en démontrant une réduction significative des RVP dans le bras séralutinib administré par voie inhalée dans l’HTAP chez les patients préalablement traités. Sur la base de ces résultats, une étude de phase 3 est prévue.


Athénaïs Boucly, Service de Pneumologie et de Soins Intensifs Thoraciques, Hôpital de Bicêtre,Assistance Publique Hôpitaux de Paris, 78, rue du Général Leclerc, Le Kremlin Bicêtre

D’après la communication de Frantz R.R. et al.: Seralutinib for the treatment of pulmonary arterial hypertension (PAH): results from the Phase 2 TORREY Trial. Am J Respir Crit Care Med 2023; 207 : A6726 (session B13).

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2023 est-elle l’année de tous les « omiques » pour l’ATS ?

Après l’effervescence liée au séquençage du génome humain au tournant de ce millénaire, les milieux scientifiques ont vu émerger successivement lors des trois dernières décennies différentes approches dites « globales » dont l’appellation se termine par le terme « omique », où le suffixe « ome » vient du sanscrit et signifie « totalité », et non du grec « ôma » terme habituellement utilisé pour désigner une tumeur.

Très vite, l’on s’est rendu compte que l’étude, même exhaustive, d’un système biologique isolé du contexte global du corps humain dans son environnement ne peut donner que des résultats parcellaires. Ainsi, la cartographie du génome humain n’a que peu d’intérêts si l’on ignore les produits intermédiaires (ARN messagers) ou finaux (protéines) dérivés des gènes grâce à la transcriptomique et à la protéomique. Pareillement, l’identification isolée d’une protéine d’intérêt, sans en connaître les métabolites (grâce à la métabolomique) et l’influence d’expositions environnementales particulières (exposome) sur la dynamique de ces métabolites n’aura aucune utilité en pratique. C’est pour cela qu’il convient désormais de combiner les différentes approches dites « omiques » en utilisant les mégadonnées (ou Big Data) qu’elles génèrent et utiliser l’intelligence artificielle comme outil d’analyses pour avoir enfin une approche non seulement globale mais surtout intégrative et pertinente des maladies respiratoires. Ainsi plusieurs sessions au cours des 4 journées du Congrès de l’ATS 2023 vont être consacrées à cette stratégie « multi-omique » pour l’étude de l’asthme (sessions A25, B9, B101, C6, D85, L27), la BPCO (sessions A6, B9, B101, B107), l’hypertension pulmonaire (sessions A14, A97, B89, C26, D8), la fibrose pulmonaire (sessions A16, A68, B101, C28, C86), l’apnée du sommeil (session B109), les pneumopathies infectieuses (D17) et le cancer bronchique (D98).


Anh Tuan Dinh-Xuan, Service de Physiologie-Explorations Fonctionnelles, Hôpital Cochin, 27, rue du faubourg Saint-Jacques, 75014 Paris

D’après les sessions :
A6: Beyond transcriptomics: the next frontier in COPD/emphysema.
A14: This is getting complicated: epigenetics, -omics, and cell signaling in pulmonary hypertension.
A16: Interrogating genomic, transcriptional, and epigenetic mechanisms in lung fibrosis.
A25: Omics and the exposome: high dimensional methods in environmental lung health research.
A68: Mitochondrial and metabolomic alterations in the pathogenesis of ILDs.
A97: Rise of the machines: -omics and computational biology in pulmonary hypertension
B9: Sex-specific mechanisms of lung disease pathogenesis through the lens of single cell RNA sequencing.
B89: Transcriptomic profiling of pulmonary vascular lesions unravel mechanisms of pulmonary arterial hypertension.
B101: Omics studies of immune cells and the lung
B107: COPD: from omics to treatment.
B109: Biomarkers, genetics, and omics in sleep disordered breathing.

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VNI de domicile chez l’oncle Sam : un tetris de diagnostics pour trouver le bon remboursement !

Les indications de la VNI aux USA sont conditionnées avant tout au remboursement, ce qui oblige le praticien à bien classer le patient afin d’avoir accès au meilleur appareillage. Dans ce sens les pratiques peuvent être très différentes par rapport à la France, avec une absence de ventilateurs de niveau intermédiaire (niveau 2), et une sur-prescription de ventilateurs supports de vie. Ils utilisent très fréquemment des modes de ventilation entre PPC et VNI car facilement qualifiables au remboursement, ainsi que des mode hybrides en tout automatique !

Pour les malades atteints de syndrome obésité hypoventilation (SOH) il existe un sous diagnostic et seulement 13% de patients SOH partent avec un appareillage de domicile après une hospitalisation, due en partie aux barrières des critères de remboursement (besoin de spirométrie pour exclure BPCO+ GDS avec hypercapnie en journée ou nuit +PSG pour exclure un SAOS isolé).

En ce qui concerne la SLA, la VNI est aussi sous utilisée, seulement 53% de SLA qui en auraient besoin en bénéficient. La mise en route est faite en cabinet avec l’aide d’un Respiratory Therapist (métier à mi-chemin entre médecin et kinésithérapeute) et souvent sans suivi pneumologique malgré la progression de la maladie. La trachéotomie est souvent réalisée pendant une décompensation avec éducation du patient ou de la famille peu optimale et sans suivi par un pneumologue non plus. Depuis 2021, le remboursement est ouvert aux patients dès que la capacité vitale est inférieure à 80%, associée à des symptômes. La capnographie nocturne est désormais acceptée pour prouver l’hypercapnie nocturne quand les GDS sont normaux…Ces critères sont une manière de poser l’indication tôt et d’attendre le remboursement !

Les patients BPCO bénéficient des mêmes critères de mise en route qu’en France à savoir une PaCO2 > 52 mm d’Hg à distance d’un épisode aigue mais, seulement si exacerbateur fréquent ET désaturation nocturne ET exclusion clinique de SAOS…mais pas besoin d’EFR pour prouver la BPCO; la modalité de ventilation à haute intensité est utilisée.

Enfin, la VNI chez des patients avec fibrose pulmonaire est utilisée mais seulement en attente de greffe pulmonaire, prioritairement les patients hypercapniques avec emphysème qui se comportent comme ceux atteints de BPCO. Les particularités techniques sont un VT et FR élévés pour les formes emphysèmateuses et VT bas pour les formes fibrosantes.

C’est ainsi aux USA un véritable casse-tête pour attribuer au patient le bon « diagnostic » afin de pouvoir accéder au bon remboursement et alors au bon appareillage. Paradoxalement, les critères de remboursement pour les ventilateurs de Niveau 1 sont plus restrictifs que pour les ventilateurs support de vie ou ventilateurs niveau 3 ou les ventilateurs multimodalités (VNI pipette buccale, IN/Exsufflateur, nébuliseur, oxygène), ce qui entraîne une forte augmentation des prescriptions inappropriées de ventilateurs de niveau 3 pour les malades atteints de BPCO.

En 2021, le groupe d’experts techniques Optimal NIV Medicare Access Promotion (ONMAP) représentant plusieurs sociétés savantes a publié des recommandations consensuelles pour la mise à jour des critères de remboursement pour les dispositifs de ventilation à pression positive non invasive. https://doi.org/10.1016/j.chest.2021.05.074


Jésus Gonzalez, Service SSR, Groupe Hospitalier Pitié Salpêtrière, 47-83 Bd de l’Hôpital, Paris 

Brève invitée du GAVO2 : Dr Claudia LLontop
Praticien hospitalier. Unité d’appareillage respiratoire de domicile du service de Pneumologie Pitié Salpêtrière, 47-83 Bd de l’hôpital 75013 Paris

D’après le Post graduate course 4 “State of the Art management of non invasive ventilation from Hospital to ambulatory care”

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Convaincre les non-vaccinés, c’est possible, mais il faut savoir s’y prendre.

Les effets bénéfiques de la vaccination contre le Covid-19 sont largement connus et il a ainsi été démontré que la campagne de vaccination américaine a évité plus de 275000 morts en juin 2021. Toutefois, de nombreuses personnes restent hésitantes à se faire vacciner. La façon dont le professionnel de santé va interagir avec ces personnes est susceptible de modifier l’adhésion du patient à la vaccination.

Lors de ce symposium, le Dr Fisher (Worcester, USA) a présenté les résultats d’une étude 1 portant sur 756 patients hésitants à se faire vacciner. A la question « Si vous pouviez vous faire vacciner pour la Covid-19 ce jour, le feriez-vous ? », 45,3% des patients ont répondu « probablement pas » et 54,7% ont répondu « non ». Les participants devaient, par la suite, s’imaginer à une visite de routine chez leur médecin qui leur proposait de se faire vacciner. Chaque participant se voyait assigné l’un des 5 messages d’informations possibles sur la vaccination. Le premier message était non explicite : 1) « Ce vaccin est très sûr et efficace. Qu’en pensez-vous ? » ; Les quatre autres messages étaient explicites mais portaient soit sur un bénéfice personnel (messages N°2, 3 et 4), soit sur un bénéfice sociétal (message N°5) : 2) « Ce vaccin est aussi sûr que celui contre la grippe mais est plus efficace. Je vous le recommande » ; 3) « Je sais que c’est nouveau, mais des millions de gens l’ont déjà reçu. C’est très sûr et très efficace. Je vous le recommande » ; 4) Je sais que certaines personnes sont inquiètes vis-à-vis du vaccin, ce que je peux comprendre. J’ai relu les études attentivement et je suis convaincu que ce vaccin est très sûr et très efficace. Je vous le recommande. » ; 5) « Ce vaccin est très sûr et très efficace. C’est le meilleur moyen de protéger vos proches et de les garder en bonne santé. ».

Parmi les patients qui avait initialement répondu « probablement pas », 33,1% étaient moins hésitants après le message d’information avec de meilleurs résultats pour les 4 messages explicites (34,3% – 39,5% VS. 20,3% pour le message non explicite). Chez les patients qui avaient initialement répondu « non », 13,1 % se disaient moins hésitants après le message d’information. Le message « protéger les proches » était celui qui avait le plus d’impact sur cette population (19,8% pour la proposition N°5 contre 8,7% pour la proposition N°1).

Ces résultats suggèrent que chez les individus hésitants à se faire vacciner, une recommandation explicite par le médecin, associée à un message portant sur la protection de l’entourage pourrait être un élément déterminant dans l’adhésion à la vaccination.


Damien Basille, Service de Pneumologie et Unité de Soins Continus Cardio Thoracique Vasculaire et Respiratoire, Centre Hospitalier Universitaire Amiens-Picardie, Amiens

D’après la communication de Fisher K. et al. : Clinician’s Perspective: Addressing Hesitancy and Misinformation to Increase Vaccine Coverage Among Diverse Populations with Chronic Lung disease. (session SPS2).

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Double dépistage cancer du poumon / BPCO : une expérience en vraie vie

Depuis 2021, le dépistage du cancer du poumon par scanner est recommandé aux Etats-Unis chez les fumeurs de plus de 20 paquets-années et de plus de 50 ans. Outre le dépistage du cancer du poumon, ce dépistage pourrait aussi permettre d’identifier des patients atteints de BPCO.

C’est l’expérience qu’a fait l’hôpital de l’Université du Michigan en dépistant 328 fumeurs entre le 1er janvier 2022 et le 31 mars 2022 et en quantifiant la densité pulmonaire de manière systématique. L’emphysème était défini comme le pourcentage de parenchyme pulmonaire avec une densité inférieure à -950 unités Hounsfield (logiciel Imbio®). Par la suite, les données ont été extraites des dossiers médicaux, dont les interprétations visuelles des scanners, les EFR dans les 2 ans avant ou 6 mois après le scanner.

Parmi les sujets dépistés, 57 % étaient des hommes, l’âge moyen était de 65±7 ans, le nombre moyen de paquets-années était de 40±22, et 38 % des sujets avaient un diagnostic de BPCO dans leur dossier. Dans l’ensemble, 51% des sujets avaient un emphysème selon l’interprétation visuelle, et 31 % un emphysème quantifié par le logiciel Imbio®. Parmi ceux qui avaient un diagnostic de BPCO, 49 % avaient un emphysème visuel et 54 % un emphysème objectivement quantifié. Dans l’ensemble de la cohorte, peu de sujets avaient bénéficié d’EFR dans les deux ans précédant le scanner (19% de l’ensemble de la population, et seulement 6% dans la population des sujets avec emphysème sans BPCO connue). La même observation était faite pour des EFR réalisées dans les 6 mois suivant le scanner de dépistage (10% et 9% respectivement).

Sachant que la fréquence d’une BPCO est de l’ordre de 44 à 57 % chez les fumeurs ayant un scanner de dépistage dans des études antérieures, les auteurs constataient qu’ils n’avaient pas saisi cette opportunité de dépister des patients BPCO et envisageaient d’adjoindre une spirométrie au scanner lors du dépistage du cancer.

Cette expérience montre que le dépistage du cancer pulmonaire et de la BPCO sont liés et associer la spirométrie au scanner thoracique pourrait s’avérer utile pour ces fumeurs. Il parait difficile de ne pas adresser pour des EFR et une consultation pneumologique les patients ayant de l’emphysème sur le scanner de dépistage. Aux Etats-Unis, cette stratégie peut être remise en cause du fait des dernières recommandations de la US Preventive Services Task Force qui ne recommande pas le dépistage de la BPCO par spirométrie chez les fumeurs asymptomatiques par manque de preuve d’un effet bénéfique sur les principaux marqueurs de santé 1. De nouvelles études devraient pouvoir démontrer si l’association du dépistage de la BPCO au dépistage du cancer a un impact bénéfique sur la santé des patients fumeurs.


Laurent Boyer, Service de Physiologie-Explorations Fonctionnelles, Hôpital Henri-Mondor, 51 Avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny, Cedex

D’après la communication de  Scicluna VM et al. : What a lung cancer screening cohort can tell us About COPD: The University of Michigan experience. Am J Respir Crit Care Med 2023; 207:A4205 (session B94).

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Inhibiteur de phosphosphodiestérase 3 et 4 par voie inhalée. Une nouvelle arme dans l’arsenal thérapeutique de la BPCO ?

A côté des bronchodilatateurs et des antiinflammatoires sous forme de corticoïdes inhalés (CSI) qui représentent l’essentiel du traitement médical de la BPCO, d’autres agents tels que les macrolides ou le roflumilast ont une place dans l’algorithme thérapeutique. L’efficacité du roflumilast qui est un inhibiteur de phosphodiestérase (PDE) 4 doté d’un effet antiinflammatoire, a été montrée chez des patients BPCO avec bronchite chronique présentant un phénotype « exacerbateur fréquent » mais l’utilisation en est limitée par des effets secondaires, notamment une perte de poids, ce qui a contribué à sa non-autorisation d’utilisation en France. Un inhibiteur de PDE4 et de PDE3 administré par voie inhalée a été développé dans le but d’obtenir à la fois un effet bronchodilatateur, antiinflammatoire, et d’améliorer la clairance mucociliaire. L’efficacité de cette molécule appelée ensifentrine a été testée dans 2 essais de phase 3 dont les résultats ont été présentés au cours de la session « Breaking news : clinical trial in pulmonary medicine » (B13) ainsi qu’au cours de la session d’affiches B22.

Deux études multicentriques contrôlées en double aveugle appelées ENHANCE 1 et ENHANCE 2 ont été réalisées de 2020 à 2022 avec un suivi sur 24 semaines. Elles ont toutes 2 testé l’effet de l’ensifentrine 3 mg vs placebo 2 fois par jour, administrés par voie inhalée. Les critères d’inclusion étaient un âge entre 40 et 80 ans, un VEMS post bronchodilatateur entre 30 et 70% th, un score mMRC >2. L’utilisation de LAMA, LBA et de CSI était autorisée. Le principal critère de jugement était le gain à 12 semaines de l’aire sous la courbe (AUC) de VEMS (mesures sériées de VEMS sur 12h) par rapport à la valeur de base. Environ 900 patients ont été inclus dans chaque étude : 477 et 498 dans le groupe ensifentrine et 283 et 291 dans le groupe placebo dans ENHANCE 1 et ENHANCE 2, respectivement. En tout, la proportion de patients avec BPCO modérée et sévère était de 56% et 44%, respectivement. Le pourcentage de patients avec bronchite chronique était de 72%. A 12 semaines, le gain moyen de l’AUC de VEMS était de 87 mL et de 94 mL par rapport au placebo dans ENHANCE 1 et ENHANCE 2, respectivement. Le gain en termes de VEMS au pic était respectivement de 147 mL et 146 mL dans chaque étude.  Par ailleurs, les patients sous ensifentrine avaient un gain significatif et cliniquement pertinent en termes de symptômes rapportés par le patient (E-RS score), de qualité de vie (SGRQ) et de dyspnée (TDI) en comparaison avec le groupe placebo. De plus, l’ensifentrine était associée à une diminution significative de l’utilisation de traitements de recours et de l’utilisation des ressources de santé pendant les 24 semaines. Un effet de l’ensifentrine sur la survenue d’exacerbations (EA) modérées ou sévères au cours des 24 semaines de suivi (critère secondaire de jugement) a également été observé puisque le taux d’EA a baissé de 36% et 43% dans ENHANCE 1 et ENHANCE 2, respectivement, et que le temps écoulé jusqu’à la première exacerbation était significativement rallongé sous traitement (environ 40% de diminution de risque).
Un même effet bénéfique du traitement sur la survenue d’EA était observé quand les patients étaient stratifiés en sous-groupes (selon le tabagisme, les médications associées, l’éosinophilie …). Pour les 400 patients de ENHANCE 1 ayant été suivis 48 semaines, l’effet bénéfique sur la survenue d’EA était également observé. La tolérance de l’ensifentrine s’est avérée excellente avec un taux d’effets secondaires similaire à celui du placebo dans chacune des études. En conclusion, ces 2 études contrôlées de qualité démontrent que l’ensifentrine apporte un bénéfice en termes de fonction, de symptômes et de réduction de fréquence d’EA chez des patients BPCO de gravité modérée à sévère. Il est donc fort probable qu’au terme de ces études, cette médication trouve sa place dans l’algorithme de prise en charge des patients BPCO.


Hervé Mal, Service de pneumologie et transplantation pulmonaire, Hôpital Bichât, 46 rue Henri Huchard, Paris

D’après les communications de :
Anzueto A. et al. Effect of ensifentrine, a novel PDE3 and PDE4 inhibitor, on lung function, symptoms and exacerbations in patients with COPD (session B13).
Barjaktarevic I.Z. et al. Ensifentrine reduced healthcare resource utilization in subjects with COPD: Results from Enhance-2, a phase 3 trial of ensifentrine, a dual PDE3/4 inhibitor. Am J Respir Crit Care Med 2023, 207: A2839 (session B22).
Barjaktarevic I.Z. et al. Twice-daily, nebulized ensifentrine produced significant improvement in week 12 lung function: sub-group analysis in the phase 3 trial Enhance-2. Am J Respir Crit Care Med 2023, 207: A2838 (session B22).

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Biothérapies dans la BPCO : le début d’une nouvelle ère ?

Contrairement à l’asthme, les biothérapies n’ont toujours pas permis d’obtenir des résultats satisfaisants chez les patients BPCO en termes de réduction des exacerbations, d’amélioration des symptômes et de la qualité de vie. Les résultats de l’étude BOREAS concernant le Dupilumab (anti IL4 / IL13) chez les patients BPCO ayant un profil inflammatoire de type 2 représentent une avancée thérapeutique majeure.

Les résultats de l’essai BOREAS 1,  contrôlé randomisé multicentrique, incluant 939 patients BPCO ont été présentés ce jour. Les patients inclus étaient âgés de 40 à 80 ans, présentaient un tabagisme à plus de 10 paquets années et conservaient un profil exacerbateur (au moins deux exacerbations modérées ou une sévère l’année passée) malgré un traitement par triple thérapie inhalée. Ils avaient également une inflammation de type 2 avec une éosinophilie sanguine supérieure à 300/µL. Le Dupilumab était administré à la posologie de 300 mg toutes les deux semaines par voie sous cutanée pendant 52 semaines. Le critère de jugement principal était le taux annuel d’exacerbations modérées à sévères et les critères de jugement secondaires incluaient l’évolution du VEMS, des symptômes respiratoires via l’E-RS COPD score et de la qualité de vie via le questionnaire de Saint Georges (SGRQ). Les patients inclus avaient un VEMS moyen à 50,6 +/- 13,1 de la valeur théorique, une éosinophilie à 401+/-298/µL et faisaient en moyenne 2,3 +/- 1 exacerbations modérées à sévères dans l’année.

Les résultats montrent une réduction de 30% du taux annuel d’exacerbations modérées ou sévères dans le groupe Dupilumab (0,78 versus 1,10, ratio 0,70 ; IC95 % de 0,58 à 0,86 ; p<0,001). A propos des critères de jugement secondaires, une amélioration significative du VEMS pré bronchodilatateur (160 mL versus 77 mL, différence moyenne 83 mL ; IC95 % de 42 à 125 ; p<0,001) à 12 semaines a été retrouvée. Cette différence était retrouvée dès la 2e semaine et était stable dans le temps, jusqu’à 52 semaines. De même, la qualité de vie selon le score SGRQ (différence moyenne -3,4 ; IC95% de -5,5 à -1,3 ; p=0,002) ainsi que les symptômes respiratoires s’étaient significativement améliorés à 52 semaines (différence moyenne, -1,1 ; IC95 % de -1,8 à -0,4 ; p=0,001).

Par ailleurs, le nombre de patients qui ont présenté des effets indésirables ayant conduit à l’arrêt du traitement ou des effets indésirables graves ou ayant entrainé le décès étaient comparables dans les deux groupes.

Ainsi, cet essai ouvre de nombreuses perspectives pour la prise en charge des patients BPCO présentant des exacerbations malgré une triple thérapie inhalée et ayant un profil inflammatoire de type 2.


Marina Guecamburu Service des Maladies Respiratoires, CHU Bordeaux, Bordeaux Service des Maladies Respiratoires, CHU Bordeaux, Bordeaux

D’après la communication de K.F Rabe et al. : Efficacy and safety of Dupilumab in chronic obstructive pulmonary disease with type 2 inflammation. (Session B13).

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Un médicament pour le traitement du syndrome d’apnées obstructives du sommeil : et si c’était vrai… ??

L’étude MARIPOSA apporte de nouveaux résultats très encourageants concernant l’effet à long terme et la tolérance d’une association d’atomoxetin et d’aroxybutynin sur la régression des troubles respiratoires au cours du sommeil.

Après avoir montré l’efficacité d’une association d’atomoxetin (noradrénergique) et d’aroxybutynin (antimuscarinique), lors d’une utilisation de quelques jours sur la réduction de l’index d’apnées hypopnées (IAH) de 28,5/h (10,9 – 51,6) à 7,5 / h (2,4 – 18,8), associée à une réduction significative du ronflement et de la limitation de débit, et avoir évoqué un profil phénotypique des patients répondeurs au traitement 1, il était nécessaire de transformer l’essai sur une étude à plus grande échelle. MARIPOSA est une étude randomisée, contrôlée en 4 bras parallèles réalisée dans 25 centres, dont l’objectif était d’évaluer l’efficacité et la tolérance de 2 doses de l’association d’atomoxetin – aroxybutynin (respectivement 75/2.5mg et 75/5mg) à l’utilisation d’atomoxetin 75mg et à un placebo, au cours d’une administration quotidienne pendant 30 jours chez des patients porteurs d’un syndrome d’apnées hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS) modéré à sévère. Les patients ont bénéficié d’un enregistrement polysomnographique initialement et à l’issue de la période d’étude. 211 patients ont été inclus dans cette étude (41% de femmes, âge 48 à 60 ans, index de masse corporel 28 à 35.2 kg/m2). La réduction de l’IAH a été comparable dans les 3 groupes respectivement traités par 75/2.5mg, 75/5mg, et atomoxetin seule (20.5 (12.3-27.2) à 10.8 (5.6-18.5) ; 19.4 (13.7-26.4) à 9.5 (6.1-19.3), 19.0 (11.8-28.8) à 11.8 (5.5-21.5) (p<0.01 vs placebo), de même que la réduction de la charge hypoxique (p<0.001 vs placebo). Ces résultats ont été accompagnés d’une amélioration significative des scores cliniques avec, néanmoins, une réduction de l’amélioration de la qualité du sommeil sous atomoxetin seule. Aucun effet indésirable sévère n’a été retrouvé et les effets secondaires communément décrits concernaient la présence de nausées, d’une bouche sèche et d’insomnie. Ces résultats apportent des informations complémentaires capitales avant la mise en place d’une prochaine étude de phase 3 dont on attend les résultats avec beaucoup d’intérêt compte tenu de l’impact attendu dans la prise en charge moderne du SAHOS


Jean-Claude Meurice, Service de Pneumologie, CHU de Poitiers, 86035 Poitiers

D’après la communication de P. Schweitzer et al. A The oral agent AD109 improves objective and subjective outcomes in obstructive sleep apneapatients. Results from the Mariposa study, a randomized controlled clinical trial. Am J Respir Crit Care Med2023;207:A1052,(Session A18).

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Variabilité de la glycémie et PPC : une histoire de femme !

Les effets de la PPC sur l’équilibre du diabète et la variabilité de la glycémie sont controversés dans la littérature or cette variabilité est un facteur indépendant de survenue de pathologies cardio-vasculaires. Aurora et al (Miami, Etats-Unis) a montré ce jour les résultats de l’étude HYPNOS, qui a par ailleurs été publiée il y a 1 mois dans Chest (Chest, avril 2023).

L’objectif principal de l’étude était de déterminer l’impact d’un traitement par PPC sur la variabilité de la glycémie chez des patients diabétiques de type 2 et porteurs d’un SAOS modéré à sévère (IAH > 15/h). Il s’agit d’un essai monocentrique, randomisé et contrôlé portant sur 184 patients adultes n’ayant jamais été traités pour leur SAOS (IAH > 15/h). Ils étaient randomisés en un groupe recevant uniquement des conseils hygiéno-diététiques (CHD) et un groupe PPC + CHD et suivis pendant 3 mois.

Il y avait 92 patients dans chaque bras, comparables sur l’âge (58,4 ans dans le groupe PPC vs 60,8 dans le groupe CHD, NS), le sexe (57% vs 46% d’hommes) et l’index de masse corporelle (33,8 kg/m2 dans les 2 groupes). L’index d’apnées hypopnées (IAH) était de 31,5/h dans le groupe PPC et de 28,2/h dans le groupe CHD. L’observance moyenne de la PPC était de 5,4h en moyenne et 77% étaient compliants au traitement. On ne retrouvait aucune différence entre les 2 groupes sur la variabilité de la glycémie (objectif primaire) et sur l’HbA1c. La glycémie post-prandiale du dîner restait stable sous PPC alors qu’elle se dégradait dans le groupe CHD.

Plus intéressant, une analyse de sous-groupe en fonction du sexe a été réalisée. Les 2 groupes étaient comparables en termes d’âge (58,7 ans vs 60,6 pour les femmes), de sévérité du SAS (28,2 vs 31,5/h), de poids (32,5 vs 35,1 kg/m2). Le contrôle de la glycémie ainsi que la compliance à la PPC étaient comparables (76% vs 78% de patients compliants). On constatait une diminution significative de la variabilité de la glycémie (différence moyenne de 3,5 mg/dL entre le groupe PPC et le groupe CHD, p = 0,02) et de la glycémie post-prandiale (après le dîner) (- 20,1 mg/dL, p < 0,01) et nocturne (- 34,6 mg/dL, p < 0,01) chez les femmes sous PPC.

Une des forces de ce travail est l’observance satisfaisante à la PPC. Des études portant sur un nombre plus important de patients sont nécessaires pour confirmer ce résultat et le rôle du sexe sur ces éléments.


Sandrine Pontier-Marchandise, Service de Pneumologie et unité des soins intensifs– Clinique des Voies Respiratoires, CHU Larrey, 24 chemin de Pouvourville, TSA 30030, 31059 Toulouse Cedex 9

D’après la communication de Aurora R et al. Effects of Positive Airway Pressure on glycemic variability in persons with type 2 diabetes and obstructive sleep apnea. Am J Crit Care Med 2023 ; 207 : A1048 (Session A18)

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BPCO hypercapnique : soufflez fort pour pédaler plus loin !

Les bénéfices de la réadaptation respiratoire (RR) sont limités chez les patients porteurs d’une BPCO au stade de l’insuffisance respiratoire chronique hypercapnique, notamment en raison d’une limitation sévère de leur capacité d’exercice. La ventilation non invasive (VNI) pourrait être bénéfique. Mais l’utilisation de la VNI à l’exercice reste rare car le niveau de preuve est faible et sa mise en œuvre complexe.

Schneeberger T a présenté les résultats d’un nouvel essai randomisé (NCT 03803358) qui a inclus 26 patients BPCO ventilés au long cours, la nuit, au domicile (59 ± 13 ans, VEMS 22 ± 7% de la théorique, PaCO2 52 ± 8mmHg) dans un programme comportant 12 sessions de RR. La moitié des patients effectuent le réentraînement sous VNI à haute pression (IPAP 26 ± 3, EPAP 6 ± 1 cmH2O).

Seuls les patients ayant bénéficié d’une RR sous VNI rapportent une amélioration significative de leur qualité de vie. L’ensemble des domaines évalués par le questionnaire CRQ s’améliore au-delà de la différence clinique minimale significative de 0,5 points. Le score HAD montre une amélioration de l’anxiété (sous VNI : -2 [-3,8 ; -0,22] versus groupe contrôle : -0,4 [-2,4 ; 1,8] points, p<0.05). L’originalité de ce travail repose surtout sur l’évaluation du confort des participants sous VNI : le masque est inconfortable pour la majorité des patients, avec une sensation de claustrophobie. Pourtant, la majorité des patients rapportent une amélioration de leur dyspnée, de leur confort respiratoire et de leur capacité d’exercice. Finalement, 2/3 des patients seraient suffisamment à l’aise pour utiliser la VNI à l’effort à l’issue du programme de RR.

La même équipe a récemment publié des résultats similaires, démontrant un effet bénéfique de la VNI chez des patients BPCO sévères naïfs vis-à-vis de la ventilation 1.

En permettant la réalisation d’exercices d’intensité supérieure, la VNI en complément de la RR améliore la dyspnée, la capacité d’exercice et la qualité de vie chez des patients BPCO sélectionnés. Toutefois, il reste de nombreux obstacles à la généralisation de ce dispositif, comme la portabilité et l’autonomie des respirateurs, l’optimisation des paramètres ventilatoires mais surtout l’appréhension des patients vis-à-vis du dispositif.


Marjolaine Georges, Service de Pneumologie et Soins Intensifs Respiratoires, CHU Dijon Bourgogne, 14 rue Paul Gaffarel, 21079 Dijon, France

D’après la communication de Schneeberger T. High-pressure non-invasive ventilation during exercise training in copd patients with chronic hypercapnic respiratory failure : effects on quality of life and people’s perception. A randomized controlled trial,Am J Respir Crit Care Med 2023; 207: A1024 (session A15)

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