Congrès

Quelle incidence de l’hypertension pulmonaire thrombo-embolique chronique après un premier épisode d’embolie pulmonaire ?

L’hypertension pulmonaire thrombo-embolique chronique (HTP-TEC) survient lorsque les thrombi artériels pulmonaires ne se résolvent pas au décours d’un ou plusieurs épisodes d’embolie pulmonaire (EP) aiguë, avec pour conséquences un remodelage fibreux de la paroi artérielle pulmonaire et la persistance de défauts de perfusion du lit vasculaire pulmonaire. Cette maladie vasculaire pulmonaire chronique peut entrainer une élévation des résistances vasculaires pulmonaires et de la pression artérielle pulmonaire à l’origine d’une insuffisance cardiaque droite. L’incidence exacte de l’HTP-TEC au décours d’une EP n’a jamais été étudiée sur de très larges cohortes de patients, mais elle est estimée à moins de 4% dans les 2 ans suivant une EP aiguë. Une étude menée chez des vétérans américains a cherché à déterminer l’incidence des HTP-TEC après un premier épisode d’EP aiguë.

Cette étude rétrospective a été réalisée à partir de la base de données nationale des vétérans américains sur une période de 15 ans (2009-2023). Les diagnostics d’EP et de CTEPH reposaient sur le codage ICD-10 (International Classification of Diseases, 10th Revision). Parmi les 48 107 cas d’EP aiguë survenus au cours de la période de l’étude, seuls les premiers épisodes d’EP ont été retenus (n=38 858). L’âge moyen de cette cohorte composée de 94% d’hommes était de 67±12 ans. Seuls 29% des patients étaient non-fumeurs, et la majorité d’entre-eux présentait des comorbidités cardio-vasculaires. Vingt-cinq pour cent avaient un antécédent de thrombose veineuse profonde. Les données au cours des cinq années suivant le diagnostic d’EP ont été analysées. Vingt-cinq pour cent des vétérans avaient une dyspnée persistante dans les 2 ans qui suivaient le diagnostic d’EP. L’incidence de l’HTP-TEC était de 0,8% à 2 ans et de 1,4% à 5 ans.

Il s’agit de la première étude de cette envergure (incluant plusieurs dizaines de milliers de patients) cherchant à évaluer l’incidence de l’HTP-TEC au décours d’une EP aiguë. Malgré les biais inhérents à l’étude de ce type de cohorte n’incluant que des vétérans et donc non représentative de la population générale, l’incidence de cette complication est similaire à celle rapportée par une méta-analyse colligeant 4 047 patients ayant eu une EP (incidence de 0,56% dans la population totale, soit 3% des patients survivants). Des analyses complémentaires sont en cours afin d’identifier les facteurs prédictifs d’HTP-TEC dans cette large cohorte de patients.

D’après la communication de Sweet M., Determination of the prevalence and risk factors that lead to the development of chronic thromboembolic pulmonary hypertension (CTEPH) in veterans with acute pulmonary embolism. Am J Respir Crit Care Med 2024;209:A6019 (Session C58)

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Quand l’expert hésite sur le scanner, SOFIA lui suggère PIC. La voix de la sagesse ?

En imagerie thoracique on distingue les intelligences artificielles permettant une quantification des lésions de celles permettant de classer les patterns. SOFIA appartient à cette 2ème catégorie et permet de classer les scanners comme pneumopathie interstitielle commune certaine, probable ou indéterminée au scanner et…, au final, souvent comme PIC certaine.

SOFIA [Systematic Objective Fibrotic Imaging Analysis Algorithm] est une intelligence artificielle développée par SLF. Walsh qui part de la conclusion que les experts sont faiblement d’accord entre eux pour classer les PIC au scanner et qu’un très grand nombre de patients ne sont pas incluables dans les essais cliniques faute d’aspect typique de PIC.

La force de l’auteur est d’avoir sollicité 195 experts radiologues et pneumologues de toute la planète pour leur demander de classer les patterns de PIC et évaluer le risque de progression sur une base de données de 203 scanners. Il était demandé aux participants de reclasser les patterns après évaluation par SOFIA. La concordance inter-observateur s’améliorait avec SOFIA passant de 0.41 [IQR, 0.35-0.47 à 0.52 [IQR 0.45-0.58 (p<0.0001). SOFIA améliorait la confiance du lecteur avec moins de patients classés comme indéterminés.

Au total, on comprend que l’acronyme choisi associe judicieusement les mots IA et « sofia », qui peut être traduit comme savoir, sagesse, mais aussi comme habileté, ruse. A vous de choisir la traduction la plus appropriée !

Références :

1) Walsh SLF, Mackintosh JA, Calandriello L, et al. Deep learning-based outcome prediction in progressive fibrotic lung disease using high-resolution computed tomography. Am J Respir Crit Care Med. 2022;206(7):883-891.

2) Walsh SLF, Wells AU, Desai SR, et al. Multicentre evaluation of multidisciplinary team meeting agreement on diagnosis in diffuse parenchymal lung disease: a case-cohort study. Lancet Respir Med. 2016 Jul;4(7):557-565.

D’après le poster présenté. Machine learned: AI-driven solutions in ILD and lung transplant S.L.F. Walsh, A.U. Wells, L. Calandriello, et al. Artificial intelligence-based decision support for HRCT stratification in fibrotic lung disease: an international study of 195 observers from 43 countries. Am J Respir Crit Care Med 2024;209:A5084 (Session C23)

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Intérêt de la dénervation bronchique dans la prévention des exacerbations de BPCO ?

La dénervation bronchique ciblée vise à réduire la fréquence et la gravité des exacerbations chez les personnes atteintes de BPCO sévère ou très sévère.  L’énergie radiofréquence délivrée pendant la bronchoscopie aux bronches principales a pour but de réduire l’hyperactivité bronchique de l’activité des nerfs parasympathiques pulmonaires.

L’essai randomisé AIRFLOW3 (n=400 patients) évalue l’efficacité et la sécurité de la dénervation bronchique combinée à une thérapie médicale optimale chez les patients atteints de BPCO. Cette cohorte est composée de patients atteints de BPCO modérée à très sévère (stade GOLD II-IV : 25 % ≤ VEMS ≤ 80, VEMS/CVF <0,70) et de statut GOLD E (2 exacerbations modérées ou 1 sévère au cours des 12 mois précédents) malgré un traitement médical optimal avec près de 90 % des patients étaient sous trithérapie inhalée (LAMA+LABA+ICS). Les patients avaient en moyenne 67 ans, étaient des ex-fumeurs avec un tabagisme moyen à 53,1 paquets-années, un VEMS post-bronchodilatateur de 39,3 ± 8,2 % prévu.

Les données préliminaires de suivi à 2 ans d’AIRFLOW 3 chez 76 sujets traités dans le bras ouvert de traitement par dénervation bronchique suggèrent une réduction durable de la fréquence et de la gravité des exacerbations de la BPCO (2,97 exacerbations/an avant traitement 1,19 exacerbations/an) à 1 an et 0,52 exacerbations/an à 2 ans avec une amélioration persistante et cliniquement significative des symptômes.

Ces données sont en accord avec les études précédentes montrant le potentiel de la dénervation bronchique pour réduire les exacerbations et améliorer les symptômes cliniques même si il est encore difficile de conclure dans l’attente des données du groupe contrôle probablement attendu pour la fin d’année 2024.

D’après la communication de G.J. Criner et al. Targeted lung denervation in COPD : 2-year follow-up of the Airflow-3 open label treatment cohort. Am J Respir Crit Care Med 2024;209:A3827. Session B52

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Focus sur les obstructions bronchiques : l’epiGETIF à l’honneur !

L’obstruction maligne des voies aériennes est une complication grave mettant en jeu le pronostic vital. Deux études issues du registre français epiGETIF ont apporté des éléments intéressants dans la prise en charge de ces patients.

La première portait sur 214 patients avec atteintes métastatiques de cancers extra-pulmonaires 1. Elle incluait des cancers du rein (17,8 %), du côlon (16,4 %), des sarcomes (15,4 %), des cancers de la thyroïde (8,9 %) et ORL (7,9 %). Les obstructions étaient purement intrinsèques dans 58,2 % des cas, extrinsèques dans 11,1 % des cas et mixtes dans 30,8 % des cas. Une désobstruction mécanique a été utilisée dans 73,4 % des cas, combinée à de la thermocoagulation dans 25,6 % des cas avec une mise en place de prothèse bronchique chez 38,4 %. Le taux de complications était de 8,8 %, sans mortalité liée à la procédure. La survie médiane après la chirurgie était de 11,2 mois et était influencée par l’histologie (p=0,002), le score OMS, l’hypoxie initiale, le traitement oncologique antérieur reçu et une désobstruction complète en fin de l’opération. Ces données donnent un aperçu intéressant sur le profil des patients ayant été référés à une équipe de pneumologie interventionnelle. En cas de maladie métastatique, la prise en charge par désobstruction doit être discutée au cas par cas, en fonction des thérapeutiques disponibles et de l’état général du patient.

La deuxième étude 2 s’intéressait quant à elle au pronostic chez les patients (n=117) présentant une insuffisance respiratoire aiguë, définie pragmatiquement par l’utilisation d’oxygénothérapie à haut débit (24,3 %), de ventilation non invasive (10,2 %) ou de ventilation mécanique invasive (65,5 %). On comptait 65 % de tumeurs bronchiques, et 63,3 % des patients n’avaient jamais bénéficié de traitement oncologique à la survenue de l’insuffisance respiratoire aiguë. 66,7 % des patients ont bénéficié de la mise en place de stents. Le sevrage du support ventilatoire a été réalisé dans 79,7 % des cas après désobstruction, et un traitement oncologique a pu être effectué dans 48,6 % des cas. La survie médiane globale de la cohorte était de 63 jours, mais de 216 jours chez les patients capables de recevoir un traitement oncologique, ce qui souligne l’intérêt de la réalisation de bronchoscopie de désobstruction chez les patients avec un état général conservé, quelle que soit la sévérité de l’obstruction.

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Cachez ce sein que je ne saurais voir !

Dans une session consacrée aux problèmes de santé respiratoire des personnes transgenres, les potentiels complications du bandage de poitrine ont été abordées. Il s’agit de comprimer le tissu mammaire pour donner l’apparence d’une poitrine plate. Le point positif de cette pratique est qu’elle permet une réduction de la dysphorie de genre, qui correspond au sentiment de détresse exprimé par les personnes dont l’identité de genre ne correspond pas au sexe qui leur a été assigné à la naissance, entrainant une anxiété, une dépression et des idées suicidaires. Différentes problématiques se posent au pneumologue amené à prendre en charge un homme transgenre.

Si la question peut paraître anecdotique, le Ministère des Solidarités et de la Santé estime en 2022, entre 20 000 et 60 000 les personnes transgenres en France. Aux Etats-Unis, 80% des adolescents transgenres bandent leur poitrine. Approximativement la moitié d’entre eux débutent cette technique avant l’âge de 20 ans et l’utilisent quotidiennement.

Le bandage de la poitrine entraine des symptômes dans plus de 90% des cas. Ces symptômes débutent dès la première année et peuvent s’intensifier selon la durée du port du bandage. Parmi les symptômes les plus fréquents, 51% des hommes transgenres interrogés décrivent une dyspnée. Le mécanisme sous-jacent est probablement lié à la restriction du mouvement et à la réduction de la compliance thoracique que le bandage entraîne. Le bandage thoracique est d’ailleurs une des méthodologies utilisées pour induire une dyspnée chez le sujet sain dans le cadre de protocoles de recherche physiopathologiques, la réduction du volume courant comme la perte de sa variabilité physiologique induisant des sensations respiratoires inconfortables. D’autres effets secondaires ont été rapportés, notamment des troubles cutanés et des douleurs musculosquelettiques jusqu’aux fractures de côte. On peut également faire l’hypothèse d’un risque de déformation thoracique favorisant la restriction pulmonaire si le bandage est pratiqué dès l’adolescence.

Cette pratique peut rendre complexe l’interprétation des explorations fonctionnelles respiratoires (EFR). Ainsi, le risque est réel de surdiagnostiquer un syndrome restrictif : 1/ si les EFR sont réalisées avec le bandage mais aussi 2/ si les EFR sont interprétées avec les normes masculines qui correspondent à l’apparence du patient alors que ses fonctions respiratoires normales sont probablement plus basses, correspondant au sexe féminin de naissance. On peut ajouter à cette complexité de potentiels effets confondants des traitements hormonaux administrés pour la transition de genre.

La prise en charge des patients transgenres ouvre un ensemble de questions complexes nécessitant une prise en charge spécifique dans un esprit bienveillant. En effet, une discussion avec les patients dans une relation de confiance ouverte est ainsi nécessaire, par exemple pour déterminer le sexe utilisé pour l’interprétation mais aussi le rendu des EFR ou pour solliciter le retrait du bandage de la poitrine le temps de pratiquer les EFR.

D’après la communication de K. Roth. Interpretation of pulmonary function testing in people who are transgender or non-binary (session B3).

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Jamais deux sans trois : qu’en est-il du mepolizumab dans la BPCO ?

Les études de phase 3 METREX et METREO 1 se sont intéressées au mépolizumab chez des patients atteints de BPCO avec au moins 2 exacerbations l’année passée malgré une triple thérapie inhalée. Dans METREX, il n’existait pas de critère d’inclusion basé sur l’éosinophilie sanguine. Dans METRO, seuls les patients éosinophiliques, définis par une éosinophilie sanguine supérieure à 150 cellules/µL à l’inclusion ou supérieure à 300 cellules/µL l’année passée, étaient inclus. Les résultats de ces deux essais étaient négatifs mais une analyse post hoc incluant les patients éosinophiIiques donnait des résultats encourageants 2.

L’emphysème et la bronchite chronique sont deux entités fréquemment associées à la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO). Dans une analyse post hoc de METREX et METREO, les auteurs se sont intéressés à l’efficacité du mépolizumab 100 mg / 4 semaines sur la réduction du taux annuel d’exacerbations modérées à sévères selon la présence d’une bronchite chronique ou d’emphysème dans la population de patients éosinophiliques. La définition de la bronchite chronique reposait sur le questionnaire de Saint Georges (SGRQ) où les patients devaient avoir déclaré une toux ou des expectorations « la plupart des jours de la semaine » ou « plusieurs jours dans la semaine ». Les résultats montraient une réduction significative des exacerbations modérées à sévères de 24% (rate ratio (RR) 0,76 ; intervalle de confiance (IC) à 95% 0,62 à 0,92) en présence d’une bronchite chronique. En revanche, il n’existait pas de bénéfice significatif du mépolizumab dans le groupe de patient ayant un emphysème sans bronchite chronique associée (RR 0,92 ; IC95% 0,75 à 1,13). Une tendance à la réduction des exacerbations dans la population de patients ayant une éosinophilie sanguine supérieure à 300 cellules/µL était mise en évidence dans ces deux populations, sans atteindre le seuil de significativité. De même, les résultats concernant les exacerbations hospitalisées, la qualité de vie selon le SGRQ et le score de symptôme COPD Assessment Test n’étaient pas significatifs.

Au total, la sous population de patients présentant des symptômes de bronchite chronique semble tirer un bénéfice du mépolizumab 100mg / 4 semaines. Un essai de phase 3 est actuellement en cours, MATINEE (NCT04133909), dont les résultats sont attendus fin 2024.

D’après la communication de F.C Sciurba (Pittsburgh, Etats-Unis) : Efficacy ofMepolizumab in patients with chronic obstructive pulmonary disease with or without chronic bronchitis. Post hoc analysis of the METREX and METREO phase 3 trials (session C15)

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Une histoire de pélican et d’oxygénothérapie

Depuis les années 1980, l’oxygénothérapie est un traitement validé chez les patients hypoxémiques souffrant de BPCO car il est susceptible d’améliorer leur pronostic, en fonction notamment de leur observance. Toutefois, la mise en place de l’oxygénothérapie est un bouleversement pour les patients et une utilisation insuffisante est une problématique fréquente. L’impact de l’oxygénothérapie sur la qualité de vie semble un point critique et des interventions dédiées pourraient être bénéfiques. Les résultats de l’étude PELICAN (Peer-Led O2 InfoLine for Patients and Caregivers), publiée en 2023, ont été présentés par A. Holland dans une session consacrée aux pistes d’optimisation de l’oxygénothérapie à domicile 1.

Cette étude inclut 444 patients souffrant de BPCO (âge moyen : 66,8 ans, 68% de femmes, 2,7 l/min d’oxygène au repos en moyenne, 32% sont équipés d’un concentrateur portable) placés sous oxygénothérapie au domicile 24h/24. Ils sont randomisés en trois bras : 1/ le groupe contrôle reçoit un document explicatif à l’inclusion, 2/ le groupe « réaction » reçoit le même document et peut contacter une hot-line en cas de besoin et 3/ le groupe « pro-action » reçoit le même document puis bénéficie, en petit groupe (7 patients et 3 aidants) de séances d’éducation thérapeutique en distanciel, associées à 2 autres supports d’information écrits. Les informations délivrées portent sur 1/ les dispositifs de délivrance, 2/ les objectifs et les bénéfices attendus, 3/ l’activité physique et la dyspnée ainsi que 4/ l’organisation des soins. Une séance est réalisée approximativement tous les 10 jours. L’observance est examinée 60 jours après l’inclusion chez 325 participants (73%, patients n’ayant pas une oxygénothérapie fonctionnelle au domicile ou n’ayant pas suivi toutes les séances d’éducation thérapeutique). L’adhérence au traitement n’est pas significativement différente dans les 3 groupes (74% des patients utilisent l’oxygénothérapie plus de 18 heures par jour dans le groupe contrôle versus   84% dans le groupe « réaction » versus 70% dans le groupe « pro-action »). L’analyse multivariée donne le même résultat. En revanche, de façon intéressante, on observe les patients du groupe « pro-action » une amélioration des symptômes dépressifs (avec une différence susceptible d’être ressentie cliniquement) et des perturbations du sommeil.

Ces résultats sont prometteurs. Une intervention pour soutenir les patients à la mise en place de l’oxygénothérapie au domicile est faisable à grande échelle. Il est possible que la diminution des symptômes dépressifs et des troubles du sommeil améliore la qualité de vie mais l’éducation formelle n’est peut-être pas la meilleure solution…

D’après la communication d’A. Holland. Quality of life for patients using supplemental oxygen (session C7).

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Quelle dose de corticoïdes inhalés faut-il prescrire aux enfants sortant d’hospitalisation après une exacerbation d’asthme ?

Les exacerbations d’asthme constituent toujours un tournant dans le vécu de la maladie, surtout si elles conduisent à un passage aux urgences et à une hospitalisation. S’ils n’en avaient pas auparavant, il est habituel de prescrire au minimum des corticoïdes inhalés aux asthmatiques sortant de l’hôpital mais, chez les enfants, on ne sait pas très bien quelle dose recommander. Une équipe américaine a donc étudié le devenir de ces enfants au cours des 6 mois suivant leur hospitalisation pour exacerbation d’asthme en distinguant ceux qui avaient reçu de faibles doses de corticoïdes inhalés de ceux chez qui une plus forte dose avait été prescrite. Les résultats risquent d’en surprendre plus d’un…

L’étude rétrospective présentée par B. Momand et al. (Little Rock, Etats-Unis) s’est intéressée aux enfants de 6 à 17 ans hospitalisés pour une exacerbation d’asthme et qui n’avaient pas reçu de corticoïdes inhalés durant les 6 mois précédents. Après assortiment, ces enfants ont été séparés en 2 groupes : ceux chez qui une faible dose de corticoïdes inhalés avait été prescrite en sortie d’hospitalisation (n=34) et ceux chez qui une dose moyenne avait été initiée (n=49). Les auteurs ont dû exclure les enfants sortant sous forte dose de corticoïdes inhalés en raison de leur trop faible nombre. Ils ont pris l’exemple de la fluticasone pour illustrer leur classification : était considérée une faible dose un dosage à 44 µg, une dose moyenne un dosage à 110 µg et une forte dose un dosage à 220 µg.

Lors du suivi à 6 mois, les auteurs n’ont pas retrouvé de différence pour ce qui concernait les nouvelles visites aux urgences (moyenne de 0,29 pour le groupe faible dose vs. 0,63 pour le groupe dose moyenne ; p=0,8), les nouvelles hospitalisations (moyenne de 0,18 pour le groupe faible dose vs. 0,24 pour le groupe dose moyenne ; p=0,8), le recours aux corticoïdes oraux (moyenne de 0,35 pour le groupe faible dose vs. 0,37 pour le groupe dose moyenne ; p=0,3), ou le total de ces 3 événements (moyenne de 0,82 pour le groupe faible dose vs. 1,24 pour le groupe dose moyenne ; p=0,3). Il n’existait pas non plus de différence concernant la durée de survenue de la prochaine exacerbation au cours des 6 mois de suivi.

Ces données plaident donc plutôt en faveur de la prescription d’une faible dose de corticoïdes inhalés chez les enfants sortant d’hospitalisation après une exacerbation d’asthme, ce qui ne semblait pas intuitif de prime abord. Bien évidemment, ceci devra être confirmé par d’autres études, comme l’ont souligné de manière très honnête les auteurs de cette étude rétrospective.

D’après la communication de B. Momand et al. Acute asthma outcomes comparison: low and medium dose inhaled corticosteroids after hospitalization. Am J Respir Crit Care Med 2024;209:A5277.

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Big data en transplantation pulmonaire : mine d’or ou botte de foin ?

Après une transplantation pulmonaire, les patients sont suivis très régulièrement. Le VEMS est un biomarqueur primordial, utilisé pour surveiller la fonction du greffon. On définit notamment le meilleur VEMS post-greffe comme la moyenne des deux meilleures mesures depuis la transplantation, et le rejet chronique par une baisse pérenne de 20% par rapport à cette valeur, en l’absence de diagnostic différentiel. La réalité physiologique est beaucoup plus fine et des baisses plus discrètes et progressives du VEMS sont également associées à une surmortalité. Les données générées par les visites successives de suivi, de plus en plus multimodales et abondantes (clinique, fonctionnel, imagerie, tests biologiques), représentent une opportunité inédite pour améliorer notre compréhension de la trajectoire clinique de nos patients, mais aussi un challenge du fait de leur caractère hétérogène et pléthorique rendant leur analyse complexe.

James McMenimen (Washington University, Washington, Etats-Unis) a présenté les résultats d’une analyse rétrospective monocentrique portant sur une cohorte de 739 patients transplantés pulmonaires de 2010 à 2018 avec un suivi clinique de 5 ans post-transplantation, comprenant des mesures de VEMS à 1, 3, 6 et 12 mois puis annuellement. Les auteurs ont étudié l’évolution du VEMS (ratio VEMS/meilleur VEMS post-greffe) en utilisant un modèle statistique visant à identifier des sous-populations de patients selon leur trajectoire d’évolution après la greffe. La population de l’étude a été divisée en cohorte d’entraînement (70% de l’effectif) et de validation (30%). Le modèle le plus performant et pertinent a finalement permis d’individualiser 4 groupes selon leur trajectoire post-greffe, par ordre de fréquence : “stable” (66%), “déclin tardif” (15%), “pic tardif” (10%) et “déclin rapide” (9%), avec d’excellents paramètres d’ajustement dans la cohorte de validation.

L’impact de nombreux paramètres cliniques pré-transplantation et péri-opératoires a été ensuite évalué de façon multivariée, et les auteurs ont pu montrer qu’un ratio PaO2/FiO2 bas chez le donneur, un diagnostic préalable de pneumopathie infiltrante diffuse (PID) chez le receveur, ou la survenue d’une dysfonction primaire du greffon sévère étaient des facteurs de risque indépendants pour l’appartenance aux sous-groupes autres que le groupe “stable”. Le facteur le plus significatif pour l’appartenance au groupe “déclin rapide” était un diagnostic de PID (odds-ratio à 11.98 (1,41-101,55)).

Cette étude souligne l’intérêt de développer des approches d’analyse plus robustes pour mieux connaître les données dont nous disposons chez les patients transplantés. Cet effort méthodologique permettra d’en extraire des messages pertinents, d’enrichir notre pratique clinique et d’accélérer la génération d’hypothèses destinées à être validées par des études prospectives.

D’après le poster de J.D. Mcmenimen, et al. Data driven lung function trajectories post-transplantion illuminate modifiable risk factors. Am J Respir Crit Care Med 2024. (session B47)

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Un pour tous, tous pour un ! Consortiums de recherche en transplantation pulmonaire

Le Lung Transplant Consortium (LTC) regroupe 19 centres de transplantation nord-américains (18 aux Etats-Unis, 1 à Toronto). Cette coalition récemment constituée, et chapeautée par le NHLBI (National Heart, Lung and Blood Institute, appartenant au National Institute of Health) a pour vocation de faciliter la réalisation de projets de recherche en transplantation pulmonaire par le biais de la constitution prospective de banques de données et d’échantillons alimentées par chaque centre. Cette architecture collaborative permet la mise en place de projets de recherche multicentriques et la création d’études ancillaires validées par un comité scientifique. Au cours de la session du Lung Transplant Consortium, plusieurs intervenants ont présenté les projets en cours de mise en place au sein de cette structure.

Megan Neely (Duke University, Philadelphie, Etats-Unis) a commencé par présenter l’étude PROMISE-Lung (Prospective Multicenter Research on Donor and Recipient Management Strategies to Improve Lung Transplant Outcomes). Cette étude, pilotée par son centre, a pour vocation d’inclure 2600 patients sur liste ou transplantés dans les 19 centres du LTC. Ces patients seront suivis prospectivement, avec à la fois des prélèvements sanguins et des imageries régulières, selon un protocole rigoureux. Les objectifs sont multiples : approfondir notre compréhension des facteurs associés à la survenue de rejet, mieux apprécier l’hétérogénéité des pratiques entre centres, et valider certains concepts émergents comme l’ALAD (Acute Lung Allograft Dysfunction, dénomination alternative du rejet aigu). La première inclusion devrait avoir lieu en juillet 2024, avec 2600 patients projetés à 3 ans.

Par la suite, Mulligan Michael (University of Washington, Washington, Etats-Unis) a présenté une étude translationnelle portant sur l’analyse des exosomes sériques chez les transplantés, ayant pour objectif de déterminer les phénotypes associés à la survenue d’une dysfonction primaire du greffon ou d’un ALAD, en s’appuyant sur des données préliminaires convaincantes chez des patients transplantés pour mucoviscidose.

Cette présentation a été l’occasion d’aborder la définition de l’ALAD, une entité récemment individualisée, dont les contours restent flous. Dans cette étude, l’ALAD est défini comme une nouvelle baisse du VEMS de plus de 10% par rapport au meilleur VEMS post-greffe, ou l’apparition d’une oxygénorequérance ou d’infiltrats pulmonaires, entre 7 jours et 1 an après la transplantation. Cette définition serait proche de celle établie par l’ISHLT (société internationale de transplantation cardio-pulmonaire) dans ses recommandations à paraître prochainement. Une dernière étude prévue au sein du LTC a été présentée succinctement par Gundheep Dhillon (Stanford University, Stanford, Etats-Unis), portant sur l’évaluation de la réponse vaccinale chez les patients transplantés pulmonaires.

Cette session a mis en lumière l’importance des efforts collaboratifs dans le développement de projets de recherche multicentrique de grande envergure, hautement nécessaires en transplantation pulmonaire.

D’après la session du NHLBI Lung Transplant Consortium (https://lungtransplantconsortium.org/) (Session MD12)

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