Pneumologie

Exploration des nodules périphériques : de plus en plus efficace !


Plusieurs présentations ont évoqué la rentabilité des prélèvements de nodule périphérique avec les différentes techniques possibles actuellement. L’exploration du poumon périphérique est l’un des enjeux de la pneumologie de demain notamment avec l’avènement du dépistage du cancer du poumon.

Différentes techniques aujourd’hui existent pour exploration du poumon périphérique, l’échoendoscopie radiale (r-EBUS) ou encore appelée mini-sonde, la navigation électromagnétique et plus récemment les bronchoscopies robot (développées surtout aux États-Unis). Pour rappel, la probabilité d’avoir un diagnostic étiologique de nodule pulmonaire avec une endoscopie simple est de 53 % lorsque celui-ci est placé dans le tiers périphérique et diminue à 14% lorsque le nodule mesure moins
de 2 cm.

L’utilisation de l’échoendoscopie radiale a permis d’augmenter le taux de diagnostic à 70% pour une tumeur du tiers périphérique. V. Mulkareddy et al. 1 ont cherché à savoir si l’utilisation d’une aiguille souple (en plus de la pince à biopsie et de la brosse utilisées habituellement) permettait d’améliorer cette rentabilité diagnostique. La taille moyenne des nodules ponctionnés lors de cette étude était de 2,3 cm. Sur 71 procédures de r-EBUS, 23 ont été réalisées avec cette technique aboutissant à une rentabilité de 82% contre 60% lorsque l’aiguille n’était pas utilisée (p = 0,03). Il existe donc une amélioration significative de la rentabilité diagnostique grâce à l’aiguille souple mais la rentabilité dans le groupe témoin est légèrement inférieure aux données actuelles de la littérature.

Deux équipes ont ensuite rapporté leur expérience de la bronchoscopie robot avec le système Ion® (Intuitive Surgical®). Schématiquement, un cathéter-guide est positionné au niveau de la lésion cible grâce à une bronchoscopie virtuelle réalisée à partir d’une reconstruction 3D du scanner. Ensuite, la plupart des équipes vérifient la position du cathéter par l’introduction d’une sonde de r-EBUS ou par Cone Beam. Les prélèvements sont ainsi réalisés à l’aiguille. S. Verga et al. 2 rapportent une série de 69 patients présentant un nodule périphérique suspect dont 69% étaient < 2 cm.  La rentabilité diagnostique dans cette série était de 94% dont 52% de pathologies cancéreuses et l’autre moitié révélant des lésions bénignes ou infectieuses. Dans la seconde étude, A.Bajwa et al. 3 rapportent une série de 76 cas. Dans plus de 90% des cas, le nodule mesurait moins de 3 cm dont 59% avec un nodule de moins de 2 cm. La rentabilité diagnostique était excellente avec un taux de 92% toutes étiologies confondues dont 69% de cancers. La bronchoscopie robot semble donc être très performante dans le diagnostic des nodules périphériques, avec peu d’effets secondaires puisqu’il existe un taux de pneumothorax et de saignements de 3% pour chacune des techniques.

En ce qui concerne la rentabilité diagnostique dans la navigation électromagnétique, G Aftab et al. confirment 4 dans leur série que cette dernière augmente lorsqu’il existe un signe de la bronche (visualisation d’une bronche entrant dans le nodule), lorsque l’on ponctionne un nodule solide plutôt qu’un nodule en verre dépoli et lorsque l’intervalle entre le scanner et la procédure diagnostique est le plus court possible.

Ces techniques sont donc prometteuses, mais encore trop coûteuses, notamment dans la stratégie de dépistage du cancer du poumon où elles devraient trouver toute leur place à l’avenir.

Antoine Luchez, Pneumologie interventionnelle et Oncologie Thoracique, Hôpital Privé de la Loire, Saint Etienne


Session TP137 Thoracic oncology: diagnosis and treatment: IP, surgery, and radiation

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Étude RACE dans l’hypertension pulmonaire thrombo-embolique chronique : quelle stratégie thérapeutique adopter ?


Le traitement médical par riociguat et l’angioplastie pulmonaire sont deux options thérapeutiques de l’hypertension pulmonaire thrombo-embolique chronique (HTP-TEC) non opérable. L’étude RACE est le premier essai thérapeutique randomisé comparant ces deux stratégies thérapeutiques dans les formes incidentes d’HTP-TEC inopérables. Les résultats préliminaires de cette étude avaient été présentés à l’occasion du congrès de l’European Respiratory Society. Les données d’extension ont été présentées lors de la session D003 de l’American Thoracic Society.

Dans cette étude, la baisse des résistances vasculaires pulmonaires (RVP) à 26 semaines était significativement supérieure dans le bras angioplastie pulmonaire que dans le bras riociguat (baisse des RVP de 59% et 32% respectivement, p<0.0001), au prix de 42% et 9% d’évènements indésirables dans chacun des bras 1. L’étude d’extension concernait tous les patients restant symptomatiques avec des RVP supérieures à 4 UW. Un traitement additionnel leur était proposé : riociguat pour ceux précédemment traités par angioplasties pulmonaires (18/52) et inversement (36/53). Quel que soit le traitement de première intention utilisé, la baisse des RVP à un an était similaire dans les deux groupes (-61% dans le groupe riociguat en première ligne et -65% dans le groupe angioplasties d’emblée). Les patients prétraités par riociguat avaient significativement moins d’effets secondaires au cours de leurs séances d’angioplasties pulmonaires (14%) que ceux pour lesquels les angioplasties ont été réalisées en première ligne (42%). Ces données d’extension nous apprennent que quelle que soit la stratégie thérapeutique utilisée, l’efficacité hémodynamique est la même mais la fréquence des complications liées à l’angioplastie pulmonaire est réduite lorsque les patients sont prétraités par riociguat.

Cette étude marque une avancée majeure dans le milieu de l’hypertension pulmonaire en nous permettant de définir la meilleure stratégie thérapeutique en termes d’efficacité et de sécurité pour les formes inopérables d’HTP-TEC : traitement médical par riociguat dans un premier temps puis réalisation d’angioplasties pulmonaires.

Athénaïs Boucly, Service de Pneumologie et de Soins Intensifs Thoraciques, Hôpital de Bicêtre, APHP,  Le Kremlin Bicêtre


D’après la communication de
X. Jaïs. BPA and riociguat for the management of inoperable CTEPH: results of the extension study following the RACE randomized controlled trial. Am J Respir Crit Care Med 2021; 203; A1182
Session D003 Come together – clinical advances in pulmonary hypertension: lessons from best abstracts

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L’amikacine liposomale inhalée pour les formes réfractaires d’infections pulmonaires à MAC : quel rapport bénéfice/risque ?


Le traitement des infections pulmonaires à mycobactéries non tuberculeuses (MNT) est souvent complexe, 20% à 40% des patients infectés à Mycobacterium avium complex (MAC) ne répondant pas au traitement recommandé en 1ère intention. Les Guidelines de l’ATS/ERS/ESCMID/IDSA de 2020 proposent maintenant l’adjonction d’amikacine liposomale inhalée (ALI) au traitement anti-MAC de 1ère ligne (recommandation forte, certitude modérée en l’estimation de l’effet), son utilisation en France nécessitant une demande d’ATU.

Comme rappelé par Kenneth Olivier dans une session consacrée aux avancées thérapeutiques dans les dilatations des bronches et les infections à MNT, l’essai multicentrique de phase 3 CONVERT (NCT02344004) a en effet permis de montrer que l’adjonction d’ALI améliorait significativement la conversion des cultures chez les patients atteints d’infection pulmonaire à MAC en échec microbiologique malgré au moins 6 mois de traitement guidé par les recommandations (29% vs 8,9% après 4 mois de traitement, OR ajusté=4,22 ; IC95% (2.0-8,57), p<0,0001). Dans cette étude, les effets indésirables les plus fréquemment rapportés étaient respiratoires (dysphonie, toux, dyspnée) s’améliorant volontiers en quelques semaines. L’extension de l’étude en ouvert, pendant 12 mois de plus, a quant à elle montré, outre la conversion d’une petite proportion des patients en échec après 4 mois de traitement incluant l’ALI (13,7%), que les effets indésirables restaient communs mais que les toxicités néphrologiques ou auditives ne l’étaient pas. 

Dans une autre session, Theodore Marras a rapporté les résultats d’une analyse post hoc des données combinées de l’étude CONVERT, de son extension (NCT02628600) et de l’étude de phase 2 préalable (NCT01315236). L’objectif était d’évaluer les nombres de sujet à traiter pour « guérir » un patient (NNT: number needed to treat) ou lui « causer du tort » (NNH : number needed to harm), ce type d’analyse permettant de mieux appréhender les résultats d’un essai clinique dans la perspective de la pratique clinique. Les NNT respectifs concernant la conversion des cultures au 6ème mois, la conversion soutenue (tout au long des 12 mois de traitement après la conversion) et la conversion durable (sur les 3 mois suivants la suspension des traitements anti-MAC), étaient respectivement de 5, 6 et 6. Concernant les effets indésirables, une ototoxicité était rapportée chez 72/404 patients traités par ALI (17,8%), comprenant principalement des acouphènes (6,9%) et des étourdissements (5,9%). Les autres symptômes d’ototoxicité (surdité, surdité neurosensorielle, surdité unilatérale, hypoacousie, trouble de l’équilibre, présyncope et vertige) étaient rapportés chez <3% des patients traités par ALI. Une néphrotoxicité, des effets neuromusculaires et une alvéolite allergique étaient rapportés chez <5% de la population. Le NNH était de 13 pour l’ototoxicité, 60 pour la néphrotoxicité, 43 pour les effets neuro-musculaires et 51 pour l’alvéolite allergique, et respectivement de 28, 166, 40 et 60 après ajustement à l’exposition au médicament.

En attendant les données de tolérance « en vraie vie », celles des études disponibles mettent donc en avant le profil de tolérance particulièrement favorable de l’ALI, d’autant plus si l’on tient compte du fait que le bras comparateur n’était pas un placebo.

Frédéric Schlemmer, Antenne de Pneumologie, Réanimation Médicale, GH Henri Mondor, IMRB U955 équipe 4, Université Paris Est-Créteil, Créteil


D’après les communications de
K.N. Olivier – Session A030 – Bronchiectasis and NTM care : now and in the pipeline
T.K. Marras – Session D006 – Clinical and translational advances in TB and NTM – A1195 : ALIS (Amikacin Liposome Inhalation Suspension) for the treatment of patients with refractory Mycobacterium avium complex lung disease (MACLD), the number needed to treat (NNT) and number needed to harm (NNH)

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Aspergillose pulmonaire invasive chez les immunodéprimés, les non-immunodéprimés en réanimation et chez les patients Covid.


Dans le spectre des manifestations pulmonaires liées à Aspergillus, l’aspergillose pulmonaire invasive (API) est la forme la plus immédiatement menaçante. Si cette complication est familière aux médecins prenant en charge des patients immunodéprimés avec ou sans neutropénie, elle peut aussi se rencontrer chez des patients considérés comme non–immunodéprimés. Tout pneumologue peut être amené à discuter une API chez l’un de ses patients et doit donc en connaître les bases diagnostiques. Lors d’un symposium de l’ATS 2021 (B003) consacré aux infections fungiques, 3 présentations portaient sur l’API.

La présentation de S.E. Evans (Houston, TX, USA) portait sur les recommandations de pratique clinique de l’ATS auxquelles il a contribué 1 2 3Chez un patient immunodéprimé suspect de présenter une AI :
1) le dosage de galactomanane dans le sérum comme le LBA a une bonne sensibilité et une bonne spécificité, les performances diagnostiques les meilleures étant obtenues avec un seuil de positivité à 1.0 ;
2) la recherche d’Aspergillus par PCR dans le sérum comme dans le sang a une bonne valeur diagnostique avec une amélioration des performances diagnostiques permise par la répétition du test. Il faut se souvenir du fait qu’aucun de ces tests n’a de valeur diagnostique formelle.

E. Azoulay (Hôpital St Louis, Paris) a abordé le problème de l’infection aspergillaire chez les patients de réanimation, non-immunodéprimés. La prévalence d’isolement du champignon à partir des voies aériennes inférieures est assez rare dans ce contexte, estimée à 0.5 à 1% des patients. Les cas d’AI confirmée sont encore plus rare avec d’après l’auteur une prévalence de 0.1 à 0.2%. Néanmoins il existe des sous-groupes dans lesquels la prévalence d’isolement d’Aspergillus à partir des voies aériennes est supérieure. Par ordre de risque croissant, c’est le cas de la BPCO sous corticoïdes, du SDRA (avec pour ce dernier groupe des chiffres de prévalence autour de 8-10%), de l’assistance extra-corporelle par oxygénateur à membrane, et du SDRA compliquant une grippe. Ce dernier cas est associé à une prévalence d’AI estimée à 20%. Par analogie, les cas d’AI associée à un Covid 19 grave (définis par l’acronyme CAPA en anglais) sont bien décrits mais on manque encore de recul pour fixer la prévalence avec précision. Dans ce contexte l’AI se présente sous une forme pulmonaire ou sous la forme d’une trachéobronchite aspergillaire. Pour ce qui concerne le diagnostic des infections aspergillaires chez le patient de réanimation, il est proposé de distinguer 1) l’AI prouvée (histologie ou culture à partir d’un site normalement stérile ; 2) l’AI putative (association d’Aspergillus dans voies aériennes basses + signes et symptômes compatibles + imagerie compatible + facteur de risque d’IA ou culture semi-quantitative positive à Aspergillus sur le LBA (des propositions plus récentes font une place à la recherche de galactomanane dans le serum ou le LBA). Le thème des infections aspergillaires se développant chez les patients hospitalisés pour Covid 19 a été abordé plus en détail par K. Pennington (Toronto Canada). Les critères diagnostiques définissant l’AI chez un patient hospitalisé pour Covid 19 (CAPA) sont les suivants 4 :
1) CAPA prouvé dont les critères sont les mêmes que ceux de l’AI prouvée  (voir supra) ;
2) CAPA probable sous forme de trachéobronchite aspergillaire (trachéobronchite + LBA avec ex direct/culture/PCR >0 ou galactomanane >0 dans le LBA ou le sérum ;
3) probable CAPA avec atteinte parenchymateuse (image pulmonaire inexpliquée ou lésion cavitaire + LBA avec ex direct/culture/PCR >0 ou galactomanane >0 dans le LBA ou le sérum). On remarque qu’on ne fait pas appel comme chez l’immunodéprimé à la notion de facteurs de risque d’AI (le Covid19 suffit). Avec ces définitions, l’incidence de CAPA est estimée se situer entre 3 et 35% des patients admis en réanimation pour Covid 19, la grande variété pouvant s’expliquer notamment par la difficulté de distinguer chez ces patients l’infection de la colonisation et par l’existence de faux positifs de la recherche de galactomanane dans le LBA. La fréquence de positivité des recherches d’Aspergillus dans les voies aériennes basses serait plus proche de celle rencontrée dans les pneumonies bactériennes que dans la grippe grave. Pour l’auteur, le développement du CAPA ne serait qu’en partie due à l’effet direct de l’infection Covid sur le poumon mais serait plus à, relier aux comorbidités associées (transplantation d’organe, obésité, BPCO, diabète, cancer), aux traitements entrepris (corticoïdes, anti IL6, ECMO, antibiotiques) ou à la lymphopénie.

Hervé Mal, Service de pneumologie et transplantation pulmonaire, Hôpital Bichât, Paris


D’après les communications de

 S.E. Evans: ATS fungal diagnosis guidelines: what’s in there about pulmonary aspergillosis?
E. Azoulay : Aspergillus in the critically ill: underrecognized foe ?
K. Pennington : Should we be especially worried about fungal infections in the COVID-19 patient?
Session B003 : Making fungal infections exciting again : pressing questions in pulmonary and critical practice

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On ne laisse pas les macrophages dans un coin… eux-aussi sont importants dans le micro-environnement tumoral !


Dans le cancer bronchique non à petites cellules (CBNPC), les patients avec une addiction oncogénique tirent moins bénéfice des inhibiteurs de checkpoints immunitaires. Les macrophages présents dans le micro-environnement tumoral (TAM, pour tumor-associated macrophages) font partie d’une des populations immunitaires actuellement explorées, puisqu’ils pourraient contribuer à l’apparition de résistances aux traitements et donc à la progression de la maladie. 

Une étude présentée par Elisabeth A. Yu s’est intéressée au profil transcriptomique des TAM afin d’identifier des sous-types associés à la progression carcinologique et à la résistance au traitement. Des prélèvements biopsiques ont été réalisés à 3 temps de la prise en charge de patients avec dans la plupart des cas une addiction oncogénique : à l’état naïf de traitement, à l’état de maladie résiduelle et à la progression. Une analyse de séquençage ARN en single cell a ensuite été conduite sur chacun de ces prélèvements. Sept clusters distincts de macrophages ont été identifiés dont certains prédominant selon le stade de la prise en charge. En cas de patients naïfs de traitement, le cluster de macrophages identifié correspondait à des TAM matures et moins pro-inflammatoires. Chez les patients avec une maladie résiduelle, contrôlée sous traitement, les TAM étaient à la fois immatures et activés mais aussi matures et moins activés. En cas de progression de la maladie, les macrophages étaient davantage immatures et plus activés. Cette étude a permis de montrer que la polarisation des TAM pourrait participer à l’évolution carcinologique : des TAM pro-tumoraux chez les patients naïfs de traitement (matures et anti-inflammatoires), des TAM moins anti-tumoraux en cas de progression (immatures et moins pro-inflammatoires) et des TAM à la frontière entre les 2 en cas de maladie résiduelle, pouvant passer d’un état anti à pro-inflammatoire. Les macrophages présents dans le micro-environnement tumoral pourraient donc représenter de nouvelles cibles thérapeutiques et pronostiques dans le CBNPC.

Marion Ferreira, Service de pneumologie, CHRU Bretonneau Tours, Tours.


D’après la communication

Elizabeth An Yu. Deciphering macrophage function in lung tumor microenvironment and disease progression. Am J Respir Crit Care Med 2021; 203 A1073

Session – B008: Lung cancer 2021: advances in targets, screening and diagnosis.

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Traitement symptomatique de la dyspnée dans la BPCO


La dyspnée peut être à l’origine d’un handicap respiratoire sévère chez les patients porteurs d’une bronchopneumopathie chronique sévère (BPCO). Les opiacés sont actuellement la seule option pharmacologique susceptible de soulager ce symptôme. Pourtant, la prescription de morphine dans ce cadre reste rare. La faute à qui ? 

A l’occasion d’une session « Clinical Year in Review », A. Iyer a présenté les résultats d’un nouvel essai randomisé contrôlé contre placebo (1). Cette étude confirme l’efficacité et la sécurité d’emploi de la morphine à faible dose (10 mg par jour, en utilisant une forme à libération prolongée, pendant 4 semaines) chez 111 patients BPCO (âge moyen : 65,4 ans, VEMS moyen : 38%, PaCO2 moyenne : 40,4 mmHg).
Quatre cent soixante-quatre patients BPCO avec une dyspnée sévère (mMRC entre 2 et 4) malgré un traitement inhalé maximal et la réalisation d’une réhabilitation respiratoire étaient éligibles dont seulement 54 ont refusés de participer car ils avaient peur des effets indésirables de la morphine. Parmi les 124 patients inclus, seulement 6 patients ont interrompu l’étude en raison d’effets secondaires de la morphine, essentiellement digestifs. Le score CAT diminue de 2,18 points (de -4,14 à -0,22 points, p = 0,03) dans le groupe morphine et le score de dyspnée la pire ressentie au cours des 24 dernières heures (la cotation est effectuée sur une échelle numérique, de 0 à 10, le pire essoufflement imaginable) diminue de 1,33 points (de -2,50 à -0,16 points, p = 0,03) dans le groupe morphine. Les autres symptômes, notamment la toux ou la somnolence, ne sont pas modifiés. Il n’y a pas d’élévation significative de la dyspnée avec une variation de la PaCO2 de + 1,19 mmHg (de -2,70 à + 5,07 mmHg, p = 0,55) dans le groupe morphine. Aucune hospitalisation ni aucun décès en rapport avec le traitement opioïde n’ont eu lieu pendant la durée de l’étude.

Une étude au design original, rapportée par A. Trainor, recherche quels facteurs limitent la prescription de morphine chez les patients BPCO. Cent cinquante-huit praticiens (dont 30% sont des internes) au sein de dix hôpitaux universitaires ont répondu à un questionnaire web. Il est composé de deux parties distinctes. La 1ère est un questionnaire classique permettant une auto-analyse de la pratique. Les médecins disent s’il y a une indication théorique, c’est-à-dire en général, à la prescription de morphine dans quatre situations cliniques mettant en scène des patients BPCO essoufflés : 1/ consultation externe ; 2/ consultation aux urgences ; 3/ patient sous ventilation mécanique et 4/ patiente en fin de vie. La 2nde présente les mêmes situations sous forme de vignettes mettant en pratique la prescription de morphine. Pour chaque situation clinique, la prescription de morphine est significativement plus faible lors de la mise en perspective pratique (de 5 à 20% en fonction de la vignette, par rapport à l’indication théorique reconnue). Le manque d’expérience dans la prescription d’opiacés est la raison avancée dans 38 à 52% des cas. Cela laisse présager d’une marge importante de progression…

L’administration de faibles doses de morphine chez des patients porteurs d’une BPCO modérée à très sévère souffrant de dyspnée malgré une prise en charge étiologique optimale est donc sûre et efficace. Il semblerait qu’à ces doses la morphine n’entraîne pas d’hypoventilation alvéolaire significative. Cette crainte de la dépression respiratoire ne doit pas être un frein à la prescription. La sensibilisation des pneumologues et leur formation à cette pratique devrait permettre une progressive démocratisation de la prescription d’opiacés afin de soulager la dyspnée.  

Marjolaine Georges, Service de Pneumologie et Soins Intensifs Respiratoires, CHU Dijon Bourgogne, Dijon


D’après les communications suivantes :

A. Iyer. Palliative care.  
Session A021 : Clinical year in review 1
A. Trainor. Pulmonary critical care physicians self-reported opioid prescribing practices for dyspnea vary when faced with clinical vignettes versus general scenarios. Am J Respir Crit Care Med 2021;203:A1636  
Session TP015 :Updates in adherence and treatment of lung disease

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Mai 2021 Appel projets “Formation par la Recherche 2021”

Cet appel à projets annuel « Formation par la recherche » est destiné à financer intégralement des années de M2 pour des internes en médecine ou en pharmacie mais également des thèses d’université. Il a aussi pour objectif de contribuer au financement de séjours post-doctoraux et de mobilités universitaires non post-doctorales pour de jeunes chercheurs.

Pour les demandes de thèses d’université de 3 ans, étant donné le nombre important de dossiers soumis chaque année, une première sélection pourra être effectuée par le conseil scientifique. Le cas échéant, seuls les dossiers retenus seront envoyés à trois experts pour une évaluation finale lors du jury. Les candidats dont le dossier n’aurait pas été retenu lors de la première étape de sélection seront informés mi-juillet.

ATTENTION : il n’est pas possible de soumettre la même demande à l’appel à projets « BOURSE ANTOINE RABBAT » (SRLF/SPLF/FDS 2021) (voir conditions de la « BOURSE ANTOINE RABBAT » en cliquant ici. 

Une double soumission sera considérée comme nulle dans les deux appels à projets et aboutira à une non évaluation des deux dossiers. Le règlement peut être téléchargé ici. 

Tout projet, quelle que soit sa nature, sera examiné par le Conseil Scientifique dans la mesure où il est susceptible d’apporter des connaissances nouvelles dans le domaine de la respiration au sens le plus large du terme. Biologie, physiologie, recherche clinique, épidémiologie, économie, sociologie, sont donc bienvenues, sans que cette liste ne soit exhaustive. La pertinence et la qualité scientifique sont les critères de jugements prédominants. Les projets avec une attention sur le ressenti de la difficulté respiratoire et la douleur feront l’objet d’une attention particulière.

ATTENTION : Les candidatures sont impérativement à compléter en ligne en suivant le lien https://www.conforg.fr/ao/fds/

Aucun autre mode de soumission ne pourra être accepté.

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Télémédecine et pathologies pulmonaires chroniques


Alors que la place de la télémédecine restait difficile à déterminer en pneumologie, la pandémie à Covid-19 a réveillé l’intérêt des pneumologues et des patients pour cette forme particulière de médecine permettant au patient de rester à domicile et ainsi d’éviter de fréquenter des lieux à risque pour lui, et au médecin de réguler les flux de patients fréquentant l’hôpital.

Les communications sur le sujet sont donc très nombreuses cette année, allant de la téléexpertise permettant la gestion de patients en réanimation dans des centres moins expérimentés, au télésuivi de patients infectés par la Covid-19 à domicile, par l’intermédiaire d’oxymètres connectés entre autres.
Le syndrome d’apnées du sommeil peut tout à fait être géré du début de prise en charge (consultation initiale et enregistrements télétransmis) jusqu’à la mise en route du traitement par téléconsultations. La PPC est quant à elle télésuivie par le prescripteur ou le prestataire de santé à domicile. Un certain nombre de patients a pu ainsi bénéficier de ce type de prise en charge durant l’année qui vient de s’écouler, permettant de ne pas prendre trop de retard dans les diagnostics et leur traitement. Il ne faut pas, néanmoins, oublier la dimension pluri-disciplinaire de cette spécialité et une consultation avec un examen clinique complet, voire une gazométrie artérielle et une exploration de la fonction respiratoire restent nécessaires dans un grand nombre de cas.
Pour la BPCO, différentes approches de télémédecine sont possibles. La téléconsultation a permis de garder le contact avec certains patients. Des expériences de télé-réhabilitation ont été faites, ainsi que des modules d’éducation thérapeutique en ligne. Les expériences comme celle rapportée par Rydberg et al sont encore balbutiantes. Ce travail préliminaire porte sur 12 patients porteurs de BPCO entre 40 et 80 ans suivis sur 90 jours. Le télésuivi comportait un spiromètre connecté, un oxymètre connecté, un système de rappel de la prise des traitements et un plan d’action permettant un transfert quotidien des données. Sur 12 patients, 9 (75%) étaient des femmes. 7 patients ont terminé l’étude. 70% des patients ont mesuré leur SpO2 5 jours sur 7 (fréquence minimum acceptable), 82% ont réalisé une capacité vitale lente 3 jours par semaine. Si les auteurs sont satisfaits du résultat, on ne peut que souligner le petit nombre de patients très probablement sélectionnés, et encourager des travaux plus larges.
Les téléconsultations peuvent donc permettre de suivre certains patients et certaines pathologies, et ainsi de diminuer le nombre de patients venant à l’hôpital, le tout permettant un moindre risque pour les patients et un moindre coût probablement. Elles ne peuvent néanmoins se substituer totalement à une consultation présentielle. Des télésuivis plus complets avec auto-mesures et questionnaires à domicile sont encore à l’état embryonnaire dans la BPCO, leur applicabilité dans la « vraie vie » étant loin d’être démontrée.
De plus, des barrières existent encore, tant pour des raisons techniques qu’humaines (patient comme praticien). Nul doute que les années futures nous verrons encore aborder ce vaste sujet !

Sandrine Pontier-Marchandise, Service de Pneumologie et unité des soins intensifs– Clinique des Voies Respiratoires, CHU Larrey, Toulouse


D’après les communications suivantes :

Irfan M. Virtual sleep care : technology to facilitate care and improve access for patients at home.
Fan V. COPD self-management, medication education and reconciliation among rural patients : implications of Covid-19.

Session B006 : Challenges, opportunities and lessons learned in virtual care : COVID-19 as a catalyst for change 

Rydberg MG. Implementation of a home monitoring system for COPD patients during the SARS CoV2 pandemic : a feasibility study. Am J Respir Crit Care Med 2021 ;203 :A1732

Session TP020 Telehealth and remote monitoring for pulmonary, critical care, and sleep

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L’intérêt du traitement par PPC dans la prise en charge des complications cardiovasculaires pourrait être relancé.


Alors que le syndrome d’apnées obstructives au cours du sommeil est considéré comme un facteur de risque majeur vis-à-vis de nombreuses comorbidités cardiovasculaires, les résultats négatifs des 3 récents essais randomisés contrôlés (SAVE, RICCADSA, ISAACC) visant à évaluer l’efficacité de la PPC en prévention secondaire avaient réduit l’intérêt de ce traitement dans cette indication. Des résultats d’analyses post hoc effectuées sur les 2 dernières études sembleraient apporter un nouvel espoir vis-à-vis de l’efficacité de la PPC chez certains phénotypes de patients.

L’étude RICCADSA 1 n’avait pas permis de retrouver une réduction de la morbi-mortalité cardiovasculaire chez des patients porteurs d’un syndrome d’apnées du sommeil (SAOS) diagnostiqué à l’occasion d’une récente revascularisation coronarienne, et suivis pendant 5 ans en fonction de l’utilisation ou non d’un traitement par PPC mis en place de manière randomisée. Compte tenu de la mise en évidence récente d’un plus grand risque de complications cardiovasculaires chez des patients présentant une élévation plus importante de la fréquence cardiaque au cours d’apnées et d’hypopnées obstructives, Azarbarzin et al ont repris les données des 226 patients inclus dans l’étude RICCADSA. Ils ont ainsi pu retrouver une réduction significative du hazard ratio (HR) de morbi-mortalité cardiovasculaire sous l’effet de la PPC par rapport aux patients n’ayant pas été traités par PPC, uniquement chez les patients dont le ∆ de fréquence cardiaque faisant suite aux événements respiratoires nocturnes initiaux était le plus élevé, avec un seuil moyen de 10/min.

De même, l’étude ISAACC 2 concernait 1264 patients SAOS présentant une pathologie coronarienne aigüe et ayant bénéficié d’un enregistrement polygraphique dans les 72 heures suivant cet épisode, suivis sur une période de 6 ans en fonction de l’utilisation ou non d’une PPC. Les auteurs avaient retrouvé un taux de survenue de complications cardiovasculaires identique dans les 2 groupes de patients SAOS (98 [15,5%] sous traitement médical seul vs. 109 sous PPC [17,3%] avec un HR de 0.88 (IC 95%: 0,67 à 1,16; p=0,37). L’étude post hoc présentée par Grinek et al. a identifié des groupes de patients, au sein de cette population, présentant une réponse hétérogène vis-à-vis de l’efficacité de la PPC. A partir de ces patients, et en appliquant une recherche automatique basée sur une procédure d’imputation multiple sur le principe de « Model-based recursing partitioning with Cox proportional-Hazard model », il a été possible de faire apparaitre un effet protecteur ou délétère de la PPC sur le pronostic cardiovasculaire. C’est ainsi qu’a été retrouvé un effet bénéfique de la PPC chez un sous-groupe de 189 patients traités par diurétiques (HR 0.58 (IC 95% : 0,32-0,96), alors que chez 259 patients présentant les apnées les plus longues (> 19 sec) et présentant une dyslipidémie, la PPC présentait un effet délétère (HR2,32 (IC 95% : 1,35-4,17).

L’heure n’est pas encore aux conclusions hâtives mais à l’espoir de révéler, à partir d’une sélection plus précise des patients, un effet cardiovasculaire bénéfique de la PPC utilisée au long cours.

Jean-Claude Meurice, Service de Pneumologie, CHU de Poitiers, Poitiers


D’après la communication de : A Azarbarzin : Cardiovascular benefit of CPAP is modified by the sleep apnea related pulse rate response in coronary artery disease patients with nonsleepy OSA : findings from the RICCADSA randomized controlled trial
Et de la communication de S Grinek : Heterogeneous effects of continuous positive airway pressure (CPAP) treatment on cardiovascular outcomes in obstructive sleep apnea (OSA) : application of machine learning in the ISAACC trial

Session B14 “Pathophysiology, cardiovascular disease and Covid – What’s happening in sleep research right now.” du 17 05 21

L’intérêt du traitement par PPC dans la prise en charge des complications cardiovasculaires pourrait être relancé. Lire la suite »

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