Pneumologie

UMR7355 Immunologie et Neurogénétique Expérimentales et Moléculaires (INEM)

Annuaire de la recherche en pneumologie 

Nom du LaboratoireImmunologie et Neurogénétique Expérimentales et Moléculaires (INEM)
N° d'équipeUMR7355 Equipe "Réponses immunes aux infections et polluants"
Nom du directeur du laboratoireQUESNIAUX Valérie
Nom du responsableDr COUILLIN Isabelle
Courriel du responsableisabelle.couillin@cnrs-orleans.fr
Contacts principauxisabelle.couillin@cnrs-orleans.fr
nicolas.riteau@cnrs-orleans.fr
aurelie.gombault@cnrs-orleans.fr
valerie.quesniaux@cnrs-orleans.fr
bernhard.ryffel@cnrs-orleans.fr
lebert@cnrs-orleans.fr
Adresse3B rue de la Férollerie
CP45073
VilleORLEANS
PaysFrance
Téléphone33 2 38 25 55 02
Fax
Site internethttps://www.univ-orleans.fr/fr/inem/presentation/organigramme
Mots clésInflammation-Poumon-Fibrose pulmonaire-BPCO-ARDS-Signaux de danger-Voies de signalisation-Inflammasome-STING-Modèle souris-Microbiote
RésuméNotre recherche porte sur l'étude de la réponse immunitaire induite par l'endommagement des tissus lors de maladies inflammatoires pulmonaires. Nous utilisons plusieurs modèles murins d''inflammation pulmonaire conduisant à des pathologies inflammatoires sévères comme la fibrose pulmonaire idiopathique (FPI), le syndrome de détresse respiratoire aigu (SDRA) et la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO). Nous avons montré le rôle primordial des voies de signalisation IL−1R1/MYD88, de l'inflammasome NLRP3, des récepteurs purinergiques, de l'IL-33 et du facteur BAFF dans l'inflammation pulmonaire. Nous poursuivons par l'étude des rôles émergents de nouveaux senseurs de l'immunité innée tels que NLRP6, cGAS et STING, des voies de signalisation des interférons de type 1 et 3, ainsi que l'implication de morts cellulaires programmées telles que la pyroptose dans l'amplification de l'inflammation. Nous nous intéressons aussi au rôle de la cathepsine C dans ses pathologies.
Axe principalRéponse immunitaire innée dans les maladies inflammatoires pulmonaires: Inflammasomes, pyroptose, voie cGAS/STING, Cathepsine C

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Oxygénothérapie à haut débit et insuffisance respiratoire aiguë à Covid-19 : peut-on prédire le risque d’intubation ?


Depuis le début de l’épidémie, l’oxygénothérapie à haut débit (OHD) tend à devenir la stratégie d’oxygénation de 1ère intention pour la prise en charge de l’insuffisance respiratoire aiguë (IRA) hypoxémique à SARS-CoV-2 modérée à sévère. L’OHD expose cependant au risque de retarder le recours à l’intubation, a fortiori chez le patient Covid-19 dont la physiopathologie de l’atteinte respiratoire est tout à fait singulière, expliquant le fait qu’il ressent peu ou pas la sensation de dyspnée 1. Il est donc pertinent pour le clinicien de pouvoir disposer de critères simples pour décider au mieux du besoin et du moment de l’intubation. Le Rox index (rapport SpO2/FiO2 rapporté à la fréquence respiratoire), préalablement validé pour prédire l’intubation au cours de l’IRA hypoxémique non à SARS-CoV-2 2, pourrait donc être potentiellement utile dans cette population spécifique.

Une 1ère étude rétrospective de cohorte monocentrique, menée du 10 Mars au 17 mai 2020 a inclu 129 patients Covid-19avec IRA hypoxémique dont 89 traités par OHD seule (69%) et 40 traités par OHD ayant dus être intubés secondairement (31%). Les deux groupes avaient des caractéristiques de base globalement comparables. La durée moyenne d’OHD pour l’ensemble de la cohorte a été de 5,6 ± 5,1 jours et le délai moyen d’intubation pour le groupe concerné a été de 2,5 ± 3,3 jours.  Pour l’ensemble de la population, le Rox index était de 5,1 ± 2,0 à l’initiation de l’OHD et de 5,9 ± 2,5 à J1, 6,9 ± 3,9 à J2, 8,1 ± 4,1 à J3 et 10,3 ± 5,9 à J5. Le Rox index augmentait significativement à tous les relevés de J1 à J5 pour le groupe OHD alors qu’il restait stable ou diminuait pour le groupe intubation (p < 0,01). La variation quotidienne du Rox index était aussi plus importante pour le groupe OHD seul (1,2 ± 1,3) que pour le groupe intubation (-0,3 ± 1,2). Un Rox index < 5 à l’initiation de l’OHD était retrouvé comme prédictif de l’intubation (odds-ratio (OR) = 2,137, p = 0,052), de même que toute diminution du Rox index après cette initiation (OR= 14.67, p <0,0001). En analyse multivariée une variation du Rox index (ΔRox (≤ 0 versus >0) était retrouvée comme fortement prédictive du risque d’intubation (ROC = 0,86, p=0,001). A noter dans cette série une mortalité de 11,2% pour le groupe OHD seule contre 47,5% en cas de recours à l’intubation (p = 0,0001).

Une 2ème étude rétrospective de cohorte monocentrique a cherché à évaluer la performance du Rox index mesuré seulement à l’admission pour prédire le devenir des patients en termes de recours à l’intubation, de durée de séjour et de mortalité. Pour les 71 patients inclus, 13 (19%) ont été intubés, la durée moyenne de séjour a été de 8,6 ± 6 jours et 15 (22%) sont décédés. Le Rox index moyen à l’admission était de 11 ± 7 chez les patients secondairement intubés contre 15 ± 6 chez ceux restant sous OHD (p =0,06).

Une corrélation significative était retrouvée entre le Rox index à l’admission et la survie (r = 0,28 ; p= 0,01), mais pas avec la durée de séjour hospitalière (r=-0,02, p=0,8). L’ensemble de ces données suggèrent que le Rox index peut être un index simple à mesurer au lit du patient et utile pour évaluer le devenir des patients Covid-19 avec IRA hypoxémique modérée à sévère, notamment en termes de recours à l’intubation et de moyens de surveillance à mettre en œuvre. Toute évaluation du Rox index doit néanmoins tenir compte du moment et de la fréquence de sa mesure. Plus qu’une valeur seuil à un instant donné (2), il est probable que le delta de variation du Rox index mesuré plusieurs fois par jour soit le plus pertinent pour juger au mieux du risque d’aggravation des patients Covid-19 sous OHD.

Christophe Girault, Service de Réanimation Médicale, Hôpital Charles Nicolle, CHU-Hôpitaux de Rouen, Université de Rouen, Rouen


D’après les communications de :

M. Patel. ROX Index predicts intubation in patients with Covid-19 pneumonia and moderate to severe hypoxemic respiratory failure receiving high flow nasal therapy. Am J Respir Crit Care Med 2021; 203: A2637.
Session TP051. Covid : Lung infection, multiorgan failure, and cardiovascular
S. Nguyen. Admission respiratory rate-oxygenation (ROX) index and outcome in Covid-19 pneumonia with acute respiratory failure. Am J Respir Crit Care Med 2021; 203: A3829.
Session TP092. Clinical advances in SARS-CoV-2 and Covid-19 

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Prévalence des pneumopathies interstitielles diffuses fibrosantes progressives : les données du registre national canadien et des controverses !


Les pneumopathies interstitielles diffuses fibrosantes progressives (PID-FP) ont récemment été individualisées pour désigner des fibroses pulmonaires ne remplissant pas les critères de fibrose pulmonaire idiopathique (FPI) mais partageant son profil évolutif. Des essais thérapeutiques récents ont montré que les traitements anti-fibrosants limitent cette progression, indépendamment du diagnostic. Dans ces essais les patients ont été inclus sur des critères différents. En effet, il n’existe pas de définition précise de la progression tant sur les critères que sur le délai de l’aggravation clinique et/ou fonctionnelle et/ou de l’imagerie. En dehors de ces études, réalisées chez des patients sélectionnés, il existe peu de données sur les caractéristiques des PID-FP. Les données de 2760 patients inclus dans le registre canadien de fibroses pulmonaires entre 2015 et 2020 ont été présentées lors de la session de
poster TP 026 1.

Les critères de progression retenus sont une aggravation des symptômes respiratoires ou un déclin de la CVF de 10% de la valeur prédite ou une diminution de 5 à 10% de la valeur prédite de la CVF à deux reprises, ou une progression des lésions parenchymateuses pulmonaires sur le scanner thoracique dans les 24 mois suivant le diagnostic. Le délai jusqu’à la progression en fonction du diagnostic a été analysé pour l’ensemble des patients du registre (FPI et non FPI) puis en fonction des diagnostics retenus.

Dans cette cohorte, 1306 (47%) patients ont rempli les critères de progression. L’âge moyen est de 63 ans (+/- 12 ans) et 63% des patients sont anciens fumeurs. Il n’a pas été mis en évidence de différence significative entre les deux groupes (progression ou non) en termes de sex ratio, d’âge, d’ethnie, de tabagisme ou vis-à-vis d’antécédent familial de PID. Les patients remplissant les critères de progression ont une CVF initiale plus basse en pourcentage de la valeur prédite (77+/- 20% versus 81+/- 19%, p<0.0001), des valeurs inférieures de DLCO, exprimée en pourcentage de la valeur prédite, à l’inclusion (58+/-20% vs 63+/-20%, p<0.0001). Une plus faible distance parcourue au test de marche (401+/-124 m versus 392 +/-130m, p<0,002) et la présence d’un reflux gastro-œsophagien sont également associées à la progression.

La répartition des types de fibrose est précisée comme suit : FPI chez 26% (n=725), pneumopathie d’hypersensibilité (PHS) chez 9% (n=216), PID associées aux connectivites (PID-CT) pour 33% (n=904) et PID inclassable (PID-i) dans 20% des cas (n=553).

L’analyse en fonction du diagnostic de la PID montre que 56% des FPI, 55% des PHS, 43% des PID-CT et 47% des PID-i remplissent les critères de progression.

Après ajustement sur la fonction, le sexe et l’âge, le délai de progression n’est pas différent entre le groupe des PHS et celui des FPI (HR 1.07, IC 95% 0.86-1.34). En revanche, les patients avec une PID-CT ou une PID-i progressent significativement moins vite (HR 0.73, IC 95% 0.63-0.84 pour les PID-CT et HR 0.84, IC 95% 0.72-0,95 pour les PID-i).

En analyse multivariée, l’âge avancé, une DLCO inférieure à 75% de la valeur prédite, une CVF inférieure à 70% de la valeur prédite et un antécédent de reflux gastro-œsophagien sont des facteurs indépendants de progression.

Dans une enquête publiée récemment, les pneumologues et les internistes interrogés estiment que 18 à 32% des patients suivi pour une PID hors FPI vont développer une fibrose progressive 2. L’étude du registre canadien montre un taux de progression particulièrement important. Pour les interpréter il sera intéressant de connaitre la prévalence d’une pneumopathie interstitielle commune (PIC) radiologique et/ou histologique dans cette cohorte et les traitements éventuellement reçus. Concernant l’observation d’un profil de progression superposable entre FPI et PHS, il faut se rappeler que le diagnostic de PHS fibrosante est difficile et qu’il existe une mauvaise concordance diagnostique entre les DMD.

La session de controverses D011 3

a soulevé plusieurs questions issues de l’individualisation des PID-FP. Les PID-FP partagent avec la FPI leur profil évolutif mais également des mécanismes physiopathologiques et souvent la reconnaissance d’une PIC. Certains considèrent que la FPI serait le stade le plus évolué, irréversible de toutes les pneumopathies interstitielles diffuses. D’autres ont rappelé que les dernières décennies ont vu un travail considérable pour démembrer, comprendre et classer les PID. Ce travail a permis, le développement d’une recherche importante et l’amélioration de la prise en charge des patients. Les essais récents montrant un ralentissement de la progression des PID-FP par les anti-fibrosants peuvent être des arguments pour regrouper PID-FP et FPI au sein d’une entité commune. Cependant, un profil de progression similaire ne suffit pas à proposer une unique option thérapeutique. En effet, la progression est inhérente aux PID et les patients consultent dans la majorité des cas pour l’apparition ou l’aggravation de symptômes lors de leur prise en charge initiale. Indépendamment de la progression, le diagnostic précis de la PID permet, dans certains cas, de poser l’indication de traitements corticoïdes et/ou immunosuppresseurs ou bien une éviction de la cause, qui peuvent être efficaces. La progression n’étant alors retenue qu’en cas d’échec de cette première stratégie.

La définition de critères de progression propres pour chaque type de PID et associés à la mortalité comme dans la FPI est importante pour établir la stratégie thérapeutique chez ces patients.

Diane Bouvry, Service de pneumologie et Centre de Référence-constitutif Maladies Pulmonaires rares, AP-HP hôpital Avicenne, Bobigny


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Prise en charge non-chirurgicale des pleurésies purulentes : ça bouge !


Bien que la pleurésie purulente soit un problème courant en pneumologie, les modalités optimales de sa prise en charge non-chirurgicale continuent à faire débat. Dans un symposium consacré à la pathologie pleurale (D025), YC Gary Lee, expert reconnu en matière de pathologie pleurale, a présenté les avancées récentes sur ce thème.

YC Gary Lee (Perth, WA, Australie) a rappelé l’intérêt porté sur l’étude de l’infection pleurale avec une augmentation exponentielle des publications au cours des 2-3 dernières décades. La question est un vrai problème de santé publique avec 10000 cas/an aux USA et un coût annuel de 100 millions de $. Près de ¾ des patients présentent une comorbidité (cancer, pathologie respiratoire, cardiaque, hépatique, alcoolisme, tabagisme actif…). L’infection pleurale est associée à un surcroît de mortalité, même à distance. Le score RAPID intégrant des données simples (fonction rénale, âge, purulence du liquide pleural, type d’infection source, albumine sanguine) mis au point par l’équipe d’Oxford pour prédire le risque de décès à 3 mois, de toutes causes confondues, chez les patients avec infection pleurale a été validé en 2020 1. L’analyse des résultats suggère que l’infection pleurale doit être vue comme un marqueur de fragilité : les patients meurent de leurs comorbidités et rarement du sepsis. Les bases du traitement de l’infection pleurale restent l’association du drainage du liquide infecté et du traitement antibiotique. Le bénéfice de l’administration intra-pleurale de l’activateur tissulaire du plasminogen (tPA) associé à la DNase sur la facilitation de drainage du liquide infecté a été démontré il y a 10 ans. Le consensus récent publié dans le Lancet Respir Med en 2021 sur l’utilisation de la fibrinolyse intrapleurale dans ce contexte recommande en première intention une dose de 10 mg de tPA associée à 5 mg de DNase, 2/j. Une étude randomisée comparant tPA/DNase vs vidéochirurgie vs drainage est en cours en Grande Bretagne (MIST3). Un travail récent de l’équipe de YC Gary Lee. a démontré le bénéfice à long terme (>12 mois) de l’association tPA/DNase. Une autre voie de recherche porte sur la dose optimale de tPA à administrer, compte tenu du prix et du risque potentiel de saignement, notamment chez les personnes âgées. Des données issues de la littérature vétérinaire indiquent que pour traiter les empyèmes de chevaux de 400 kg, une dose médiane de 3.7 mg était adéquate. Traiter les empyèmes avec 10 mg de tPA pourrait donc être excessif. Le groupe de YC Gary Lee. a testé en 2017 une dose de 5 mg de tPA avec un taux de succès de 90% et s’est engagé dans un nouvel essai appelé ADAPT 2 dont les résultats vont être soumis sous peu. Dans cette étude dans laquelle 55 patients ont été inclus, une dose de 2.5 mg + 5mg DNase, 2/j a été utilisée comme dose de départ, avec possibilité de monter la dose selon la réponse clinique. Un succès, corroboré par une réponse clinique, radiologique et biologique a été observé chez 91% des patients. Une augmentation de dose a été prescrite chez 14 patients. La durée médiane de séjour a été de 8.5 jours et le nombre médian de doses administrées était de 5.

Des travaux antérieurs ont suggéré qu’en cas de pneumonie, le fait de recevoir au préalable des corticoïdes inhalés pourrait diminuer l’épanchement para-pneumonique, ce qui pourrait suggérer que ce dernier pourrait être la conséquence d’une inflammation pleurale exagérée. Dans le cadre d’une étude randomisée contre placebo réalisée dans 6 centres australiens, l’équipe de YC Gary Lee. a ainsi testé le bénéfice éventuel apporté par la prescription de corticoïdes (4mg de dexaméthasone x2/j pendant 48h) chez 80 patients présentant un épanchement pleural associé à une pneumonie communautaire (étude STOPPE). En termes de bénéfice clinique, radiologique, biologique, les corticoïdes n’ont, dans cette étude, pas montré de différence par rapport au groupe placebo. La tolérance des corticoïdes a été bonne. Même si l’étude est négative, l’auteur n’exclut pas qu’il pourrait exister un sous-groupe de patients répondeurs qu’il n’aurait pas détecté.

Hervé Mal, Service de pneumologie et transplantation pulmonaire, Hôpital Bichât, Paris


D’après la communication de

D’après la communication de YC Gary Lee. Advances in Non-Surgical Management of Pleural Infection
Session D025 : Role of surgery for pleural disease in 2021 : what pulmonologists need to know

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Bactériophages vs Pseudomonas multi-résistant : 1 à 0 !


La présence de Pseudomonas aeruginosa dans les expectorations est fréquente dans la mucoviscidose avec sa mise en évidence dans les expectorations chez 37% des patients français en 2018. Sa prise en charge est compliquée par sa propension à s’installer définitivement et à développer des résistances aux antibiotiques. Après avoir été négligés pendant de nombreuses années, les bactériophages font de nouveau l’objet d’un intérêt car ils pourraient apporter une réponse aux problématiques liées aux infections par des bactéries multi-résistantes.

G. Stanley a rapporté les résultats d’une étude réalisée chez 6 sujets atteints de mucoviscidose et infectés par des souches de Pseudomonas aeruginosa (PA)multi-résistants pour lesquels un traitement par des phages administrés par voie inhalée a été réalisé. Les aérosols étaient administrés 2 fois par jours pendant 7 à 10 jours avec une bonne tolérance clinique et fonctionnelle. La mesure du VEMS montrait une amélioration du VEMS de 0 à 13%. Sur le plan microbiologique, la charge bactérienne de PA diminuait de 2,2 log avec des expectorations réduisaient leur purulence avec une diminution de la pyocyanine. Suite à ce traitement, le surnageant des PA mis en culture induisait moins de production des cytokines pro-inflammatoires IL-6 et IL-8 lorsqu’il était déposé sur des cultures de cellules épithéliales humaines (BEAS-2b) tout en induisant un recrutement plus important de neutrophiles dans les voies aériennes des souris qui y avaient été exposées 8 heures avant.

Ce travail montre le potentiel de ces phages pour prendre en charge les infections complexes à germes multi-résistants avec un mode d’administration intéressant pour cibler le site de l’infection dans le cadre de la mucoviscidose. L’extension de ce mode de traitement reste à ce jour complexe puisque nécessitant pour chaque patient d’identifier le cocktail de phages qui sera le plus approprié à ces propres souches, avec des contraintes de production qui doivent être respectées pour assurer la sécurité biologique du traitement.

Olivier Le Rouzic, Service de Pneumologie Immuno-Allergologie, CHU de Lille, Lille


D’après la communication de

G. Stanley – Bacteriophage decrease cystic fibrosis lung inflammation
Session D010 Role of microbiome and bacteriophages in pulmonary infections

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Dépistage préclinique de l’HTAP chez les porteurs d’une mutation BMPR2


Le gène le plus fréquemment impliqué dans les HTAP héritables est le gène BMPR2. Une mutation du gène BMPR2 est retrouvée dans >80% des formes familiales d’HTAP et dans environ 20% des formes sporadiques de la maladie. Leur transmission est autosomique dominante et la pénétrance est incomplète, ce qui signifie qu’on peut être porteur « sain » de la mutation sans jamais développer d’HTAP. L’étude prospective DELPHI 2 s’adressait aux apparentés d’un sujet ayant une HTAP héritable liée à BMPR2, eux-mêmes porteurs de la mutation mais asymptomatiques. L’objectif de cette étude était de dépister précocement l’HTAP au sein de cette population à risque.

Cinquante-cinq sujets apparentés, porteurs d’une mutation BMPR2 ont été inclus dans cette étude. Afin de dépister l’HTAP à un stade le plus précoce possible, l’étude prévoyait un programme de dépistage multimodal incluant notamment une échographie cardiaque, un test de marche de 6 minutes, des biomarqueurs (BNP ou NT-proBNP), des épreuves fonctionnelles respiratoires, une épreuve fonctionnelle à l’exercice, ainsi qu’un cathétérisme cardiaque droit en cas de suspicion d’HTAP. Ces examens étaient réalisés tous les ans. La durée de suivi était d’au moins 2 ans.

Au cours de cette étude, 5 sujets (soit 9,1% des sujets inclus) ont développé une HTAP. On a pu, pour la première fois, avoir une estimation de l’incidence de survenue de l’HTAP dans cette population avec un risque de 2,3% par an. Cette étude a confirmé la prédominance féminine de l’HTAP avec un risque augmenté chez les femmes : 3,5%/an contre 0,99%/an chez les hommes. Chez les patients asymptomatiques, les examens de dépistage habituels tels que l’échographie cardiaque ou les biomarqueurs (BNP ou NT-proBNP) ne permettaient pas de détecter des anomalies évocatrices d’HTAP. En revanche, une combinaison d’examens (électrocardiogramme, épreuves fonctionnelles respiratoires, épreuve fonctionnelle à l’exercice) permettait de dépister ces formes débutantes d’HTAP.

Cette étude est importante car elle démontre l’intérêt du conseil génétique des patients présentant une HTAP mais aussi de leur famille. Un tel programme de dépistage permet de diagnostiquer et donc de traiter précocement les HTAP héritables liées à une mutation BMPR2.

Athénaïs Boucly, Service de Pneumologie et de Soins Intensifs Thoraciques, Hôpital de Bicêtre, APHP,  Le Kremlin Bicêtre


D’après la communication de

D Montani, Screening for pulmonary arterial hypertension in adults carrying a BMPR2 mutation. Am J Respir Crit Care Med 2021; 203: A3619.
Session TP83 Hey Jude – Novel findings from omic and bioinformatic approaches in pulmonary hypertension

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Décubitus ventral vigile


Le décubitus ventral (DV) est maintenant une technique admise et recommandée en réanimation pour la prise en charge des patients porteurs d’un syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA), intubés et ventilés 1. La pandémie que nous traversons actuellement, avec la saturation des services de réanimation qu’elle entraine, a permis de développer un certain nombre de stratégies visant à éviter le recours à la ventilation mécanique. Parmi elles, la mise en place du décubitus ventral (DV) chez des patients vigiles est parfois réalisée en réanimation voire en salle de médecine en complément des différentes techniques d’oxygénothérapie.

Quelques études sont présentées lors de ce congrès, dans 2 sessions de posters. Il s’agit le plus souvent de données rétrospectives, comme les études de Pajak A 2, Thakur S 3 et Meredith S 4qui ne retrouvent aucune différence en termes de recours à la ventilation mécanique ou de mortalité. Seul Thakur fait état d’une diminution de la mortalité dans un groupe de patients obèses en DV (11,11% versus 41,66%, p = 0,02) sans toutefois retrouver de différence de recours à la ventilation mécanique. Les limites de ces études, outre leur caractère rétrospectif, sont nombreuses : DV pratiqué de façon hétérogène (durée, fréquence quotidienne, DV souvent laissé à la discrétion du patient), degré d’hypoxémie non rapporté dans ces travaux à l’inclusion, techniques d’oxygénothérapie non décrites…

Awad MT 5 a effectué une méta-analyse portant sur 3 études publiées, soit 290 patients. Aucune différence significative n’a été démontrée à l’issue de cette méta-analyse, ni sur le taux d’intubation, ni sur la mortalité. Là encore, les pratiques en termes de DV étaient variables.

Chen F 6 a montré une étude prospective mono-centrique portant sur 25 patients présentant une pneumonie à Covid-19. Les patients se mettaient eux-mêmes sur le ventre pour un minimum de 30 minutes et 15 minutes en décubitus dorsal et latéral, avec un enregistrement continu de la SpO2, de la fréquence cardiaque, du CO2 expiré et de la fréquence respiratoire. Il faut souligner le caractère peu sévère de la pneumonie, les patients présentant des FiO2 au moment du DV de 0,32 (0,28 – 0,36). L’âge moyen des patients était de 64 ans, principalement des hommes (72%), en surpoids (index de masse corporelle 28,5 kg/m2 [25,7 – 31,4]). On constate une amélioration de la SpO2 significative en DV (94,7% versus 93,1%, p = 0,031), conjointement à une augmentation de la sensation d’inconfort plus marquée en DV et DL. Cette étude a l’avantage indéniable d’être prospective et de mesurer les paramètres d’oxygénation en continu. Néanmoins, elle ne s’adresse probablement pas aux patients chez qui la question est essentielle, à savoir des patients plus hypoxémiques (besoin de FiO2 > 50%), plus obèses. Elle ne permet pas non plus d’évaluer la persistance du bénéfice, ni les critères de réponse au DV. Aucune de ces études n’évalue la réponse en fonction du degré d’atteinte scannographique.

Li C 7 a rapporté lui aussi une étude rétrospective portant sur 54 patients hypoxémiques ayant bénéficié de DV vigile. Trente et un patients (57%) n’ont pas été intubés : il s’agissait des patients les moins hypoxémiques au départ, mais aussi ceux dont la fréquence respiratoire et le rapport SpO2/FiO2 s’amélioraient de façon significative après 4h en DV. Ces données tendraient à montrer que le bénéfice du DV pourrait se voir assez rapidement, après toutefois une durée de 4 heures. La tolérance de la technique n’est pas rapportée dans le travail présenté.

La pratique du DV vigile connaît donc un certain intérêt dans le contexte pandémique actuel. Nous sommes toutefois loin de pouvoir déterminer si cette technique a une légitimité quelconque sur un type de patient donné. De même, les pratiques sont tellement hétérogènes actuellement qu’aucune recommandation de durée, fréquence et résultats éventuels attendus ne peut être tirée. Des études plus poussées sont donc attendues, mais très probablement plus difficiles à mener que celles qui ont contribué à promouvoir le DV chez les sujets intubés.

Sandrine Pontier-Marchandise, Service de Pneumologie et unité des soins intensifs– Clinique des Voies Respiratoires, CHU Larrey, Toulouse


D’après les posters suivants :

Session TP 092 : Clinical advances in SARS CoV2 and Covid-19
Session TP 048 : Covid : ARDS clinical studies

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