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Réadaptation respiratoire post-exacerbation de BPCO : recommandée mais dramatiquement oubliée !

Après plusieurs années de doute quant au bien-fondé de la réadaptation respiratoire (RR) post-exacerbation de BPCO, les recommandations ATS à paraître prochainement recommandent fortement cette prise en charge. La RR améliore les capacités d’exercice ainsi que la qualité de vie, elle réduit le risque de réadmissions, sans effet délétère sur la mortalité comme cela avait été initialement suspecté.

Mais en pratique, les patients bénéficient-ils de ce traitement ? C’est à cette question qu’a répondu l’équipe bordelaise qui a présenté aujourd’hui les résultats d’une étude nationale rétrospective menée sur les données du PMSI connectées à celles du SNDS (système national des données de santé).

En 2017, 48 638 patients (âgés de 75 [65–83] ans, 61% d’hommes, 32,4% ont des antécédents cardiovasculaires, 22,3% un diabète, 15,2% un cancer et 7,1% une insuffisance rénale) ont été hospitalisés pour une exacerbation de BPCO.

Parmi eux, 4 182 (8.6%) ont bénéficié d’une RR dans les 90 jours suivant la sortie d’hospitalisation.

En analyse univariée, les patients qui bénéficient d’une RR sont plus âgés (75,5±11,6 versus 73,3±12,2 ans), plus fréquemment des femmes (46,4 versus 38.6%), souffrent de plus de comorbidités, ont un niveau socio-culturel plus faible, ont plus fréquemment déjà effectué d’une RR pendant l’année précédente (46,3 versus 29,1%) et bénéficient plus souvent d’une oxygénothérapie (18,2 versus 13,1%) ou d’une ventilation non-invasive au domicile (5,6 versus 3,3%).  

A 6 mois, la mortalité des patients ayant bénéficié d’une RR est plus élevée (12,6 versus 7,4%, p<0,001).

En analyse multivariée, les facteurs associés à la réalisation d’une RR sont le sexe, l’âge, les comorbidités et la consommation de soins (traitement par oxygène ou ventilation non-invasive ou bronchodilatateurs de longue durée d’action).  

De plus, il existe une grande disparité géographique (2% des patients sont référés en RR dans les DOM-TOM versus 12,4% en Provence-Alpes-Côte d’Azur). L’admission en RR est corrélée à la densité du territoire régional en médecin généraliste (r=0,64, l’association n’est pas significative avec la densité en pneumologue) et au nombre de lits en centre de RR (r=0,71).

Une RR est beaucoup trop rarement réalisée après une exacerbation de BPCO, en France, comme dans d’autres pays européens et aux Etats-Unis. Ayant fait l’objet de nombreuses études, on connait les facteurs limitants, qui sont multiples, liés au patient, comme au prescripteur ou encore au système de santé. Il est urgent de mettre en place des mesures pratiques pour promouvoir la RR, augmenter ses capacités d’accueil et renforcer ses liens avec les structures de soins primaires.   

Marjolaine Georges, Service de Pneumologie et Soins Intensifs Respiratoires, CHU Dijon Bourgogne, 14 rue Paul Gaffarel, Dijon

D’après la communication de Guecamburu M et al. Pulmonary rehabilitation after severe exacerbation of COPD: a nationwide population study. Am J Respir Crit Care Med 2023; 207: A5945 (session C96)

Référence :
Guecamburu M, Coquelin A, Rapin A et al. Pulmonary rehabilitation after severe exacerbation of COPD: a nationwide population study. Respir Res 2023;24(1):102. doi: 10.1186/s12931-023-02393-7.

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Réadaptation respiratoire et hypertension pulmonaire : un mariage heureux ?

Si l’exercice a longtemps été contre-indiqué chez les patients souffrant d’hypertension pulmonaire (HTP), des travaux récents montrent que la réadaptation respiratoire (RR) pourrait être bénéfique. Qu’en est-il des résultats les plus récents ? Quelle position ont pris les experts internationaux dans les prochaines recommandations ATS à paraître ?

Morris N. a présenté la mise à jour de leur précédente revue Cochrane sur le sujet, incluant 8 nouvelles études, jusqu’en juin 2022 1. La méta-analyse comporte 11 essais randomisés contrôlés, dont le bras interventionnel repose sur un programme de RR, réalisé en hospitalisation ou en ambulatoire, avec des séances de réentraînement à l’effort et de renforcement des membres supérieurs et inférieurs. Elle compare 462 patients souffrant d’HTP, âgés de 35 à 68 ans, en moyenne, dont la majorité sont des femmes souffrant d’HTAP (groupe 1 des HTP). La RR améliore (i) la distance parcourue au test de marche des six minutes (TM6) de 48,5m [33,4 ; 63,6], (ii) la VO2 au pic, (iii) la puissance au pic, (iv) la qualité de vie (augmentation de la composante physique du score SF 36 de 4,2 [1,43 ; 6,98] points) et (v) la classe fonctionnelle NYHA (-0,6 [-0,85 ; -0,35] points). Par ailleurs, 2 études, incluant 133 patients, retrouvent une diminution de la pression artérielle pulmonaire moyenne de 9,3 mmHg [5,6 ; 12,9]. Les études rapportent 5 complications graves mais la RR est un traitement sûr, le risque d’évènements indésirables n’est pas significativement différent du bras contrôle.

Une équipe canadienne a présenté son expérience 2. Entre janvier 2014 et décembre 2018, 48 patients (67% de femmes, âge moyen : 49 ± 12 ans) souffrant d’HTP, en attente d’une transplantation pulmonaire, ont bénéficié d’une RR comportant un entrainement aérobie et des exercices de renforcement musculaire et de souplesse, 3 fois par semaine, en ambulatoire. Dans ce groupe de patients très sévères (56% sous bithérapie, 17% sous trithérapie, délai d’attente sur la liste de transplantation de 71 jours en moyenne dont 27,5% en raison d’une hospitalisation pour insuffisance cardiaque droite aigüe), 25 patients (52%) suivent le programme de RR avec un modeste bénéfice fonctionnel (amélioration de 35m [-6 ; 76] de la distance parcourue au TM6 avant transplantation, p=0,09).

Enfin, si l’on interroge 20 patients souffrant d’HTP (83% de femmes âgées de 56 ans en moyenne, 73% d’HTAP) qui ont bénéficié d’une RR (avec tous les biais que cette méthodologie comporte…), 95% d’entre eux rapportent une amélioration de leur capacité d’exercice et de leur qualité de vie et témoignent de leur satisfaction 3. Tous recommanderaient cette prise en charge à d’autres patients.

Les recommandations pratiques de l’ATS, à paraître en 2023, confirment l’intérêt de la RR dans la prise en charge des patients souffrant d’HTP, notamment du groupe 1 (HTAP), sous réserve que leur état clinique soit stabilisé sous un traitement optimal et qu’ils puissent bénéficier d’une surveillance clinique stricte 4. Il s’agit d’une suggestion, le niveau de preuve restant insuffisant pour émettre une forte recommandation.


Marjolaine Georges, Service de Pneumologie et Soins Intensifs Respiratoires, CHU Dijon Bourgogne, 14 rue Paul Gaffarel, Dijon

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VNI de domicile chez l’oncle Sam : un tetris de diagnostics pour trouver le bon remboursement !

Les indications de la VNI aux USA sont conditionnées avant tout au remboursement, ce qui oblige le praticien à bien classer le patient afin d’avoir accès au meilleur appareillage. Dans ce sens les pratiques peuvent être très différentes par rapport à la France, avec une absence de ventilateurs de niveau intermédiaire (niveau 2), et une sur-prescription de ventilateurs supports de vie. Ils utilisent très fréquemment des modes de ventilation entre PPC et VNI car facilement qualifiables au remboursement, ainsi que des mode hybrides en tout automatique !

Pour les malades atteints de syndrome obésité hypoventilation (SOH) il existe un sous diagnostic et seulement 13% de patients SOH partent avec un appareillage de domicile après une hospitalisation, due en partie aux barrières des critères de remboursement (besoin de spirométrie pour exclure BPCO+ GDS avec hypercapnie en journée ou nuit +PSG pour exclure un SAOS isolé).

En ce qui concerne la SLA, la VNI est aussi sous utilisée, seulement 53% de SLA qui en auraient besoin en bénéficient. La mise en route est faite en cabinet avec l’aide d’un Respiratory Therapist (métier à mi-chemin entre médecin et kinésithérapeute) et souvent sans suivi pneumologique malgré la progression de la maladie. La trachéotomie est souvent réalisée pendant une décompensation avec éducation du patient ou de la famille peu optimale et sans suivi par un pneumologue non plus. Depuis 2021, le remboursement est ouvert aux patients dès que la capacité vitale est inférieure à 80%, associée à des symptômes. La capnographie nocturne est désormais acceptée pour prouver l’hypercapnie nocturne quand les GDS sont normaux…Ces critères sont une manière de poser l’indication tôt et d’attendre le remboursement !

Les patients BPCO bénéficient des mêmes critères de mise en route qu’en France à savoir une PaCO2 > 52 mm d’Hg à distance d’un épisode aigue mais, seulement si exacerbateur fréquent ET désaturation nocturne ET exclusion clinique de SAOS…mais pas besoin d’EFR pour prouver la BPCO; la modalité de ventilation à haute intensité est utilisée.

Enfin, la VNI chez des patients avec fibrose pulmonaire est utilisée mais seulement en attente de greffe pulmonaire, prioritairement les patients hypercapniques avec emphysème qui se comportent comme ceux atteints de BPCO. Les particularités techniques sont un VT et FR élévés pour les formes emphysèmateuses et VT bas pour les formes fibrosantes.

C’est ainsi aux USA un véritable casse-tête pour attribuer au patient le bon « diagnostic » afin de pouvoir accéder au bon remboursement et alors au bon appareillage. Paradoxalement, les critères de remboursement pour les ventilateurs de Niveau 1 sont plus restrictifs que pour les ventilateurs support de vie ou ventilateurs niveau 3 ou les ventilateurs multimodalités (VNI pipette buccale, IN/Exsufflateur, nébuliseur, oxygène), ce qui entraîne une forte augmentation des prescriptions inappropriées de ventilateurs de niveau 3 pour les malades atteints de BPCO.

En 2021, le groupe d’experts techniques Optimal NIV Medicare Access Promotion (ONMAP) représentant plusieurs sociétés savantes a publié des recommandations consensuelles pour la mise à jour des critères de remboursement pour les dispositifs de ventilation à pression positive non invasive. https://doi.org/10.1016/j.chest.2021.05.074


Jésus Gonzalez, Service SSR, Groupe Hospitalier Pitié Salpêtrière, 47-83 Bd de l’Hôpital, Paris 

Brève invitée du GAVO2 : Dr Claudia LLontop
Praticien hospitalier. Unité d’appareillage respiratoire de domicile du service de Pneumologie Pitié Salpêtrière, 47-83 Bd de l’hôpital 75013 Paris

D’après le Post graduate course 4 “State of the Art management of non invasive ventilation from Hospital to ambulatory care”

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Double dépistage cancer du poumon / BPCO : une expérience en vraie vie

Depuis 2021, le dépistage du cancer du poumon par scanner est recommandé aux Etats-Unis chez les fumeurs de plus de 20 paquets-années et de plus de 50 ans. Outre le dépistage du cancer du poumon, ce dépistage pourrait aussi permettre d’identifier des patients atteints de BPCO.

C’est l’expérience qu’a fait l’hôpital de l’Université du Michigan en dépistant 328 fumeurs entre le 1er janvier 2022 et le 31 mars 2022 et en quantifiant la densité pulmonaire de manière systématique. L’emphysème était défini comme le pourcentage de parenchyme pulmonaire avec une densité inférieure à -950 unités Hounsfield (logiciel Imbio®). Par la suite, les données ont été extraites des dossiers médicaux, dont les interprétations visuelles des scanners, les EFR dans les 2 ans avant ou 6 mois après le scanner.

Parmi les sujets dépistés, 57 % étaient des hommes, l’âge moyen était de 65±7 ans, le nombre moyen de paquets-années était de 40±22, et 38 % des sujets avaient un diagnostic de BPCO dans leur dossier. Dans l’ensemble, 51% des sujets avaient un emphysème selon l’interprétation visuelle, et 31 % un emphysème quantifié par le logiciel Imbio®. Parmi ceux qui avaient un diagnostic de BPCO, 49 % avaient un emphysème visuel et 54 % un emphysème objectivement quantifié. Dans l’ensemble de la cohorte, peu de sujets avaient bénéficié d’EFR dans les deux ans précédant le scanner (19% de l’ensemble de la population, et seulement 6% dans la population des sujets avec emphysème sans BPCO connue). La même observation était faite pour des EFR réalisées dans les 6 mois suivant le scanner de dépistage (10% et 9% respectivement).

Sachant que la fréquence d’une BPCO est de l’ordre de 44 à 57 % chez les fumeurs ayant un scanner de dépistage dans des études antérieures, les auteurs constataient qu’ils n’avaient pas saisi cette opportunité de dépister des patients BPCO et envisageaient d’adjoindre une spirométrie au scanner lors du dépistage du cancer.

Cette expérience montre que le dépistage du cancer pulmonaire et de la BPCO sont liés et associer la spirométrie au scanner thoracique pourrait s’avérer utile pour ces fumeurs. Il parait difficile de ne pas adresser pour des EFR et une consultation pneumologique les patients ayant de l’emphysème sur le scanner de dépistage. Aux Etats-Unis, cette stratégie peut être remise en cause du fait des dernières recommandations de la US Preventive Services Task Force qui ne recommande pas le dépistage de la BPCO par spirométrie chez les fumeurs asymptomatiques par manque de preuve d’un effet bénéfique sur les principaux marqueurs de santé 1. De nouvelles études devraient pouvoir démontrer si l’association du dépistage de la BPCO au dépistage du cancer a un impact bénéfique sur la santé des patients fumeurs.


Laurent Boyer, Service de Physiologie-Explorations Fonctionnelles, Hôpital Henri-Mondor, 51 Avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny, Cedex

D’après la communication de  Scicluna VM et al. : What a lung cancer screening cohort can tell us About COPD: The University of Michigan experience. Am J Respir Crit Care Med 2023; 207:A4205 (session B94).

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Quel impact de l’observance thérapeutique sur la prise en charge des patients atteints d’hypertension pulmonaire ?

En tant que cliniciens, nous sommes régulièrement confrontés à des patients ne respectant pas scrupuleusement nos prescriptions et recommandations. La non-observance thérapeutique peut être liée à différents facteurs parmi lesquels un défaut de communication, de compréhension, un déni ou encore la difficulté d’accès aux soins. Dans ce travail présenté par E.W. Robbins (Providence, Etats-Unis), les auteurs ont cherché à évaluer l’impact de la non-observance sur la survie et le pronostic des patients atteints d’hypertension pulmonaire.

Cette étude a été menée au sein de l’association de patients américains atteints d’hypertension pulmonaire (PHAR : Pulmonary Hypertension Association Registry). Afin d’évaluer l’observance thérapeutique, les patients étaient interrogés sur leur observance à chaque visite de suivi. Parmi les 1549 évalués, 87% avaient une hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) et 13% une hypertension pulmonaire thrombo-embolique chronique (HTP-TEC). Deux-cent cinquante-quatre patients (6.1%) ont déclaré une mauvaise observance des traitements prescrits. Les facteurs prédictifs de non-observance thérapeutique étaient le sexe masculin, les facteurs socio-économiques (pauvreté, Medicaid, l’absence d’assurance santé, et de travail). En revanche, l’observance aux traitements n’avait pas de lien avec le niveau d’éducation. Aucun lien entre observance thérapeutique et survie n’a été identifié dans cette étude, mais la non-observance était associée à une augmentation du nombre de consultations et d’hospitalisations en urgence. De plus, la qualité de vie évaluée par les scores SF-12 et Emphasis-10 était plus altérée chez les patients reportant une mauvaise observance thérapeutique.

Bien que le taux déclaré par les patients de non-observance thérapeutique soit faible, il était associé à une augmentation de nombre d’hospitalisations et une diminution de la qualité de vie. Cette étude souligne l’importance d’optimiser l’observance thérapeutique, notamment en renforçant l’éducation thérapeutique et l’accès aux soins.


Athénaïs Boucly, Service de Pneumologie et de Soins Intensifs Thoraciques, Hôpital de Bicêtre,Assistance Publique Hôpitaux de Paris, 78, rue du Général Leclerc, 94270 Le Kremlin Bicêtre

D’après la communication de Robbins E.W. Medication non-adherence and health related outcomes in patients with pulmonary arterial hypertension: the Pulmonary Hypertension Association Registry (PHAR),Am J Respir Crit Care Med 2023; 207: A1186 (session A26)

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Fonction respiratoire et niveau socioéconomique au Cameroun : étude transversale communautaire

L’évaluation de la fonction respiratoire dans les pays en voie de développement est nécessaire. Dans ce travail une comparaison de la fonction respiratoire en fonction du niveau socioéconomique a été effectuée.

Le niveau socio-économique (NSE) bas prédispose à un déclin accéléré de la fonction respiratoire et par conséquent à un risque plus élevé de maladies respiratoires.  L’objectif de cette étude était de de comparer la fonction respiratoire entre les différentes catégories du  NSE dans quatre régions du Cameroun.

Dans cette étude transversale communautaire menée dans 4 régions du Cameroun, les sujets âgés d’au moins 19 ans étaient inclus par échantillonnage aléatoire multi-stratifié en grappes à trois degrés. Les spirométries ont été réalisées selon les recommandations de l’American Thoracic Society tout en utilisant les équations de référence camerounaises pour l’adulte. Le NSE était défini en subdivisant en quintile l’indice de richesse basé sur les biens obtenu en réalisant l’analyse en composante principale.

Des 4610 participants définitivement inclus, 2551 (55,3%) étaient des femmes et l’âge médian [intervalle interquartile (IIQ)] était de 43 (29-56) ans. Le VEMS médian (IIQ) des sujets ayant un NSE très bas était de 93 (77 – 107) % contre 100 (88 – 111) % chez ceux ayant un NSE très élevé (p < 0,001). La CVF médiane (IIQ) des sujets ayant un NSE très bas était de 94 (78-108) % contre 97 (86 -108) % chez ceux ayant un NSE très élevé (p < 0,001). La fonction respiratoire des sujets du niveau socio-économique bas est abaissée au Cameroun. L’amélioration du NSE permettrait de réduire le fardeau épidémiologique des maladies respiratoires notamment dans les pays en voie de développement.

Virginie POKA-MAYAP, Service de pneumologie A, Hôpital Jamot de Yaoundé, Cameroun.

D’après le poster “ Fonction respiratoire et niveau socioéconomique au Cameroun : étude transversale communautaire” présenté par Virginie Poka-Mayap (Cameroun), issue de la session PO2 “Infectiologie – Epidémiologie”, le dimanche 07 mai 2023.


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L’asthme en salle d’urgence et en réanimation

L’asthme aigu ou crise d’asthme est un motif courant de consultation dans les services d’urgence et peut être associé à un risque vital, ainsi qu’à des coûts importants. Une prise en charge efficace de l’asthme aigu repose sur la reconnaissance et l’évaluation de la sévérité de la crise, son traitement, la décision d’hospitaliser ou pas, l’indication éventuelle aux soins intensifs et, lors d’un retour à domicile, la prévention d’une récidive précoce.

Identification des patients á risque de décès par asthme

L’identification de facteurs de risque de décès ou de sévérité est une étape primordiale. Ainsi tout patient présentant ces facteurs suivants doivent être considère comme des sujets á risque décès important :

-le mauvais contrôle des symptômes d’asthme dans les 12 mois précédents (hospitalisations, visites aux urgences ou recours á des cures courtes de corticoïdes oraux), 1

– un antécédent d’asthme aigu grave avec séjour en réanimation ou intubation avec ventilation mécanique, 2 3 4 5

– l’absence de traitement de fond par CSI ou mauvaise observance du traitement par CSI ou mauvaise adhérence au plan d’action écrit 6 7.

– l’utilisation fréquente des bêta-2 mimétiques de courte durée d’action (SABA) avec l’utilisation de plus d’une boite de salbutamol ou équivalent par mois. En effet selon les recommandations, tous les patients chez qui plus de 12 inhalations de SABA ont été prescrites dans les 12 mois précédents devraient avoir une évaluation du contrôle de leur asthme 8.

-l’existence d’une allergie alimentaire associée 9 10.

Est-ce que le fait de présenter un épisode d’asthme aigu sévère conditionne le pronostic par la suite ?

A cette question, des études ont montré qu’une prise en charge adéquate permet d’améliorer le pronostic 11.

Les examens complémentaires sont-ils utiles chez ces patients en épisode aigue sévère (ESA) ?

Pour des patients présentant une ESA en situation d’urgence, la décision de la réalisation des examens complémentaires reste partagée et n’est pas figée mais il faut probablement réaliser une radiographie thoracique et des gaz du sang en cas de non-réponse au traitement 12 13 14 15 16 17. Le bilan biologique est systématique mais n’est pas obligatoire.

Quels sont les différentes thérapeutiques et leurs modalités pour des patients présentant une ESA ?

Chez ces patients :

  • Il faut associer un traitement anticholinergique inhalé au traitement par bêta-2 mimétique chez les patients adultes et pédiatriques 18 19 20 21

Les experts suggèrent d’administrer une dose de 0,5 mg de bromure d’ipratropium toutes les 8 heures chez les patients adultes et pédiatriques qui ont plus de 6 ans avec une dose de 0,25 mg toutes les 8 heures chez les enfants de moins de 6 ans.

  • Il faut administrer précocement une corticothérapie systémique intraveineuse ou per os ( 1mg/kg d’équivalent méthyl prednisolone, maximum 80 mg) chez tous les adultes présentant une ESA 22 23
  • Il faut probablement administrer une oxygénothérapie pour un objectif de saturation pulsée en oxygène de 94 à 98% chez les patients adultes et pédiatriques 24.
  • Il ne faut probablement pas administrer systématiquement une antibiothérapie. Elle devrait être réservée aux cas où une pneumopathie est suspectée sur les habituels critères cliniques, radiologiques et biologiques.
  • Il faut calculer la dose cumulée de corticothérapie orale en prenant en compte des exacerbations
  • Il faut rechercher les comorbidités et réévaluer son traitement de fond.
  • L’administration systématique de sulfate de magnésium n’est plus indiquée sauf en cas de non-réponse après des nébulisations répétées.

Quels sont les indications de l’intubation ? quelles sont les modalités ?

Les experts suggèrent de recourir á l’intubation chez un patient adulte ou pédiatrique en cas d’échec d’un traitement médical bien conduit ou en cas de présentation clinique grave d’emblée (trouble de la conscience, bradycardie). L’intubation sera réalisée par voie orotrachéale après recours á une induction á séquence rapide par un médecin expérimenté 25.

Pour les patients présentant une ESA hypoxémique, y a-t-il une place pour la VNI ou l’OHD ?

Les experts ne proposent pas de recommandation pour l’utilisation de la VNI dans les ESA. L’OHD nasale humidifié n’a pas été évaluée á ce jour dans cette indication 26 27 28

Quelles sont les modalités de retour á domicile depuis les urgences permettant de réduire le risque d’évènements indésirables grave ?

Chez les adultes, les experts suggèrent que l’ordonnance de sortie comporte á minima la prescription d’un bêta-2 mimétique de courte durée d’action, une corticothérapie orale pour une durée courte et une CSI si elle n’était pas prescrite auparavant.

Irie Hospice DJE BI, Service de pneumologie, CHU de Bouaké, Chef de clinique assistant à l’université Alassane Ouattara de Bouaké, Côte d’Ivoire

D’après la communication du Pr Chantal Raherison, service des maladies respiratoires au CHU de Guadeloupe


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Traitement de fond de la BPCO en 2023 : une mise au point

En 2023, le rapport Global Initiative for chronic Obstructive Lung Disease (GOLD) effectue une mise à jour sur la prise en charge de la bronchopneumopathie chronique obstructive, notamment sur le traitement de fond, qui est présenté par l’équipe du Maroc !

La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est dorénavant définie comme une maladie hétérogène caractérisée par des symptômes respiratoires chroniques (dyspnée, toux, expectoration et/ou exacerbation) due à des anomalies des voies aériennes  et/ou des alvéoles qui engendrent une obstruction bronchique persistante et progressive 1. L’importance des exacerbations est reconnue comme prioritaire indépendamment de la sévérité des symptômes dans les principaux outils d’évaluation de la BPCO. Ainsi,  les groupes A et B du GOLD ont été inchangés, mais les groupes C et D ont été fusionnés en un seul groupe dorénavant appelé « E », dans lequel une seule exacerbation suffit, soulignant la pertinence des exacerbations dans l’évaluation clinique des patients.

Pour réduire la mortalité de la BPCO, des ajustements effectués sur le traitement de fond de la BPCO portent essentiellement sur les patients du groupe E. En effet, l’association β2 mimétiques de longue durée d’action (LABA) et les antimuscariniques de longue durée d’action (LAMA) est le meilleur traitement pour réduire les exacerbation par rapport aux monothérapies LABA ou LAMA 2. La trithérapie incluant un corticostéroïde inhalé (CSI) réduit le risque de décès toutes causes confondues et d’exacerbation modérée à sévère 3. Elle est réservée aux patients présentant les caractéristiques suivantes : histoire d’hospitalisation (s) pour exacerbations de BPCO, au moins 2 exacerbations modérées de BPCO par an, une éosinophilie sanguine ≥ 300 cellules par µl ou une histoire concomitante d’asthme.  L’usage des CSI est formellement déconseillé chez les patients présentant des pneumonies répétées, une éosinophilie sanguine < 100 cellules par µl ou une histoire d’infection à mycobactéries. 

Bien évidemment, il a été rappelé la place des mesures non pharmacologiques notamment le sevrage tabagique, la réhabilitation respiratoire, la vaccination selon les recommandations locales. Par ailleurs, du point de vue interventionnel, il a été proposé l’usage de la dénervation ciblée des poumons par radiofréquence, la réduction thermique de volume par vapeur d’eau dans les indications particulières et appropriées.

Virginie POKA-MAYAP Service de pneumologie A, Hôpital Jamot de Yaoundé, Cameroun

D’après la communication “Traitement de fond de la BPCO en 2023” présenté par Nahib Zaghba (Maroc), session “La bronchopneumopathie obstructive : Du cabinet de consultation aux urgences hospitalières”, le vendredi 05 mai 2023.


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Biennale de l’EFP, congrès de la SSP congrès de la SAPLF

La SAPLF en collaboration avec la SSP et l’EFP ont le plaisir de vous convier à l’espace virtuel de leur congrès et de la Biennale de l’EFP, mis en place avec le soutien des laboratoires Sanofi.


Retrouvez les brèves en direct de la Biennale de l’EFP

Les brèves des communications rédigées sur place à Dakar par des rédacteurs d’Info Respiration


PROGRAMME

VENDREDI 5 mai 2023

08:30 – 10:00 : ATELIER A : Organiser un laboratoire d’exploration fonctionnelle respiratoire avec des ressources limitées.

Modérateurs : Eric PEFURA et Nozha BEN SALAH

10:30 – 11:30 : Séance tuberculose :

Modérateurs : Gisèle BADOUM, Abdoul Almamy HANE, Fatma TRITAR, Thomas MAITRE, Blaise DEMINE

11:35 – 12:35 : Séance oxygénothérapie en pneumologie

Modérateurs : Khalifa Ababacar WADE, Fréderic GOUTORBES, Franck LAVERGNE, Gregoire GEX, Jesus GONZALEZ

12:35 – 13:20 : Symposium Satellite

14:05 – 15:35 : Session: Communications orales

16:05 – 17:05 : Séance les troubles respiratoires au cours du sommeil

Modérateurs : Boko Alexandre KOUASSI, Zakaria KONE, Lassade FAKHFAKH, Stephane ADAMBONOU, Franck SOYEZ, Hélène BENZAQUEN FORNER

17:05 – 18:05 : Séance pathologie infectieuse en milieu tropical

Modérateurs : Kouao Medard Serge DOMOUA, Louis FORTES, Pierre L’HER, Serge Senan ADE, Sofiane ALIHALASSA, Yacine DIA

10:30 – 11:30 : Séance tuberculose :

Modérateurs : Gisèle BADOUM, Abdoul Almamy HANE, Fatma TRITAR, Thomas MAITRE, Blaise DEMINE

11:35 – 12:35 : Séance oxygénothérapie en pneumologie

Modérateurs : Khalifa Ababacar WADE, Fréderic GOUTORBES, Franck LAVERGNE, Gregoire GEX, Jesus GONZALEZ

12:35 – 13:20 : Symposium Satellite

14:05 – 15:35 : Session: Communications orales

16:05 – 17:05 : Séance les troubles respiratoires au cours du sommeil

Modérateurs : Boko Alexandre KOUASSI, Zakaria KONE, Lassade FAKHFAKH, Stephane ADAMBONOU, Franck SOYEZ, Hélène BENZAQUEN FORNER

17:05 – 18:05 : Séance pathologie infectieuse en milieu tropical

Modérateurs : Kouao Medard Serge DOMOUA, Louis FORTES, Pierre L’HER, Serge Senan ADE, Sofiane ALIHALASSA, Yacine DIA

SAMEDI 6 mai 2023

08:30 – 10:00 : Atelier F : La kinésithérapie respiratoire et ses outils Jean-Bernard MICHOTTE

10:30 – 11:30 : Séance : Place de la VNI en pneumologie

Modérateurs : Fatimata Binetou Rassoule MBAYE,Massongo MASSONGO, Jean- Paul JANSSENS, Bouchra LAMIA

11:35 – 12:35 : Séance : La maladie asthmatique et sa prise en charge

Modérateurs : Alimata Sandia BAKAOKO, Assiatou GAGARA ISSOUFOU, Chantal RAHERISSON, Louis-Philippe BOULET, Esthel Lee BEMBA

12:35 – 13:20 : Symposium D

14:05 – 14:35 : Séance Plénière : La gestion de l’asthme : controverses autour des recommandations

Modérateurs : Louis-Philippe BOULET, Chantal RAHERISON

14:40 – 15:40 : Séance : La maladie thromboembolique veineuse

Modérateurs : Awa Oumar TOURE, Almady CAMARA, Ulrich Davy KOMBILA, Georges KHAYAT, Bouchra LAMIA

15:40 – 16:40 : Séance Les urgences respiratoires

Modérateurs : Jean-Bruno BOGUIKOUMA, Dianguina Dit Noumou SOUMARE, Komi ADJOH, Abdelrahmane NIANG, Hicham AFIF

17:10 – 18:10 : Séance : Les urgences en pédiatrie

Modérateurs : Idrissa Demba BA, Max Valère ITCHY, Agnes HAMZAOUI, Ralph EPAUD

Biennale de l’EFP, congrès de la SSP congrès de la SAPLF Lire la suite »

Controverses autour de la prise en charge du pneumothorax spontané primaire

 Les pathologies pleurales ont fait sensation dans cette session de controverses. Il faut dire que dans le pneumothorax spontané primaire, comme dans les emphysèmes pleuraux, les données de la littérature ne permettent pas de trancher avec certitude. Ainsi, les 4 orateurs se sont succédés, avec l’aplomb et la mauvaise foi nécessaires à l’exercice, en défendant des approches agressives ou au contraire moins interventionnistes.


Jonathan Messika  

Hôpital Foch, Suresnes 

Chirurgie, drainage et efficacité des stratégies invasives

 Le pneumothorax spontané primaire (PSP) a occupé le devant de la scène. Jason Akulian, de l’Université de Caroline du Nord est parti des recommandations Britanniques1, qui prônent une évacuation de l’air pleural des PSP complets, par exsufflation à l’aiguille, puis par drainage thoracique en cas d’échec. Ensuite, il a méthodiquement démonté l’argumentaire de Brown et coll.2, en soulignant les multiples biais de ce travail qui en limitent la généralisation (le critère de jugement radiologique, le caractère peu symptomatique des patients inclus, la fragilité des résultats au regard des données manquantes et l’inclusion de moins de 15 % des patients screenés). Enfin, il a exposé certains résultats d’études intéressantes concernant les traitements. La prise en charge ambulatoire des PSP avec mise en place d’un dispositif de drainage Rocket Pleural Vent® été comparée à une stratégie suivant les recommandations de la British Thoracic Society3 pour des PSP symptomatiques. Après inclusion de 136 patients ayant un PSP symptomatique, les auteurs rapportent, chez les patients traités selon la stratégie ambulatoire, moins de patients hospitalisés à J30, des durées de séjours moindres et une résolution des symptômes avec une cinétique similaire. Il a aussi abordé l’étude d’Olesen et coll.4, pour abonder dans le sens d’une stratégie invasive.

Dans ce travail, 181 patients avec un PSP ont été assignés à un traitement chirurgical d’emblée ou à un drainage thoracique. La randomisation a été stratifiée selon la présence de bulle de plus ou moins d’1 cm au scanner thoracique.
La récurrence homolatérale du PSP était significativement moins fréquente après traitement chirurgical, en particulier en cas de bulle mesurant au moins 1 cm, et avec un risque de récurrence augmentant avec la taille de la bulle. Pour finir, l’orateur a rappelé que parmi les facteurs prédictifs du succès du drainage, le débit d’air initial a été rapporté comme permettant d’identifier les patients à haut risque d’échec du traitement en mesurant le débit d’air évacué par le drain à l’aide d’un dispositif de type Thopaz+®5. Un débit de fuite mesuré à plus de 100 ml/min à J1 était un facteur de risque indépendant d’échec du traitement médical. Pour finir, le Pr Akulian a souligné la nécessité de stratégies de prise en charge de ces patients en fonction du retentissement clinique, des caractéristiques du PSP, et au sein de filières de soins organisées.

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