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L’amplitude de l’onde de pouls : un biomarqueur prometteur du risque cardiovasculaire ?

Différentes équipes recherchent des alternatives à l’IAH pour évaluer le risque cardiovasculaire associé aux apnées du sommeil, en procédant à des analyses automatisées poussées des différents signaux composant une polysomnographie classique. L’équipe de Lausanne du Pr Heinzer a proposé l’étude de la diminution de l’onde pouls associée aux évènements apnéiques et a évalué sa pertinence sur la prédiction du risque cardiovasculaire dans trois cohortes cliniques distinctes.

Bien que des études prospectives suggèrent que le SAHOS pourrait être un facteur de risque indépendant de morbi-mortalité cardiovasculaire (CV), l’index d’apnées hypopnées (IAH), couramment utilisé en pratique clinique, ne semble pas être un outil performant permettant d’identifier les patients les plus à risque. De nombreuses équipes ont proposé des analyses complémentaires des signaux de polysomnographie (PSG) classique pour essayer d’identifier des marqueurs plus robustes. C’est par exemple le cas de l’étude de différentes mesures de l’hypoxémie nocturne (charge hypoxique, temps passé sous 90% de saturation), ou bien encore de l’étude de la variation de la fréquence cardiaque. L’équipe de Lausanne s’est quant à elle intéressée à l’intérêt de l’étude de la diminution de l’amplitude de l’onde de pouls sur la prédiction du risque CV. L’onde de pouls est enregistrée par tous les appareils d’oxymétrie. Son amplitude est corrélée au volume sanguin contenu dans la pulpe du doigt. Au décours de chaque évènement apnéique, une activation du système sympathique induit une vasoconstriction périphérique et une diminution en conséquence de l’amplitude de l’onde de pouls. Le nombre de diminution de plus de 30% de l’onde de pouls par heure d’enregistrement peut ainsi être calculée. Des résultats préliminaires de l’équipe de Lausanne suggèrent que c’est la combinaison d’un IAH > 15/heure et d’un index de baisse de l’amplitude bas qui sont associés à un risque CV accru. Dans la présente communication, les auteurs rapportent l’évaluation de cet outil dans 3 cohortes européennes majeures très différentes : la cohorte HypnoLaus, cohorte menée en population générale dans la région de Lausanne (1941 sujets), la cohorte IRSR des Pays de la Loire, cohorte clinique de sujets investigués pour suspicion de SAHOS (6367 sujets) et la cohorte ISAAC, cohorte de sujets ayant déjà présenté un premier évènement coronarien (692 sujets). Malgré la diversité de ces cohortes, le rôle pronostic de la combinaison IAH > 15/heure et d’un index de diminution de l’amplitude de l’onde de pouls bas a été confirmé. Ce marqueur, directement dérivé d’une PSG classique, pourrait donc constituer un outil intéressant dans l’identification des patients SAHOS à haut risque CV.

Wojciech Trzepizur, Service de pneumologie, CHU Angers


D’après la communication orale “Pulse wave amplitude drops (PWAD) index: a biomarker of cardiovascular risk in patients with obstructive sleep apnea in three cohorts”, présentée par Raphael Heinzer (Lausanne, Suisse); Session 275 “ Oral presentation: Obstructive sleep apnea consequences and management 

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En attendant les nouvelles molécules, de la morphine à faible dose dans la toux chronique réfractaire 

La toux chronique réfractaire ou inexpliquée (TOCRI) correspond à une toux chronique pour laquelle aucune cause n’est retrouvée. Elle représente un réel fardeau pour le patient car il n’existe à l’heure actuelle aucun traitement spécifique commercialisé. La morphine à faible dose est parfois proposée de façon empirique mais les preuves d’efficacité dans la littérature sont modestes, alors que les effets indésirables sont réels.

Une équipe britannique a présenté une étude sur 100 patients majoritairement atteints de TOCRI (âge médian 60 ans, 70% de femmes) qui avaient bénéficié d’un traitement par morphine à faible dose (durée de prescription médiane 52 semaines). Une dose de morphine de 5 mg à libération prolongée avait été le plus souvent prescrite. Les auteurs rapportent une bonne réponse chez 45% des patients, et une réponse partielle chez 30% d’entre eux. Un quart de patients n’ont pas eu de bénéfice. Comme attendu, les effets indésirables, essentiellement la constipation, étaient fréquents (38%) mais gérables. En effet, un arrêt du traitement pour mauvaise tolérance n’a été observé que dans 15% des cas.

Ainsi, cette étude nous rassure sur l’utilisation de la morphine à faible dose dans la toux chronique réfractaire ou inexpliquée en attendant avec impatience des molécules plus spécifiques actuellement en cours de développement.   

Cindy Barnig, Service de pneumologie, Pôle Cœur-poumon, CHU de Besançon


D’après le poster “Real World Effectiveness and Tolerability of low-dose opiates for Refractory/Unexplained Chronic Cough (RCC/UCC) in a tertiary clinic” présenté par le Dr James Wingfield Digby; TP-10 in thematic poster – Session 67 “ Chronic cough, airway diseases and methods”

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Un point d’ETAPES !

Sandrine Pontier-Marchandise a présenté au congrès les premiers résultats de l’expérimentation ETAPES, un programme de télésuivi destiné aux patients français souffrant de différentes maladies chroniques et d’insuffisance respiratoire sous ventilation non invasive.

ETAPES est un programme de télésuivi destiné aux patients français souffrant d’une d’une des maladies chroniques suivantes : insuffisance rénale, insuffisance cardiaque, diabète et insuffisance respiratoire sous ventilation non invasive (VNI) nocturne au long cours. Le déploiement de ce programme mené à Toulouse depuis 2018 est soutenu par un financement spécifique.

Une cohorte de patients ventilés au CHU de Toulouse

La télésurveillance de la VNI repose sur la transmission quotidienne des données du ventilateur, enregistrées en continu par un dispositif interne de télésuivi, à une équipe d’infirmiers experts du prestataire de santé. Les données sont examinées et traitées selon un algorithme déterminé arbitrairement, après concertation des techniciens et des infirmiers du prestataire de santé ainsi que des pneumologues. L’utilisation, l’index apnées-hypopnées, les fuites non-intentionnelles et la fréquence respiratoire, génèrent des alertes et une réaction adaptée. Lorsqu’une exacerbation est suspectée ou lorsque le problème persiste malgré l’intervention du prestataire de santé, le médecin prescripteur est sollicité.

Parmi 928 patients ventilés suivis au CHU de Toulouse de 2018 à 2022, 343 ont été inclus dans le projet ETAPES. Parmi eux, 145 sont traités pour une BPCO. Il s’agit d’hommes dans 59% des cas. L’âge moyen est de 68,5 ± 11,1 ans et l’IMC de 34,7 ± 8,8 kg/m2. La VNI est utilisée depuis 34,4 ± 45,6 mois, en moyenne, avant l’inclusion dans ETAPES. Un quart des patients sont ventilés depuis moins d’un mois.

Une amélioration de la ventilation grâce à la télésurveillance

La ventilation est considérée de bonne qualité si les trois critères suivants sont réunis :

1. Compliance supérieure à 4 heures par nuit,

2. Fuites non-intentionnelles inférieures à 24 L/min,

3. Index d’apnées-hypopnées sous VNI inférieur à 10 évènements par heure de ventilation.

À la mise en place d’ETAPES, 28% des patients placés sous VNI depuis moins d’un mois ont une qualité de la ventilation insuffisante contre 23% des patients ventilés depuis plus d’un mois. Il s’agit essentiellement de problèmes de compliance. Après un an de suivi dans le cadre d’ETAPES, seuls 13% des patients sont considérés comme insuffisamment ventilés. Il s’agit cette fois essentiellement de problèmes de fuites.

La télésurveillance de la VNI, en renforçant les interventions du prestataire de santé en cas de faible compliance ou d’importantes fuites, est susceptible d’améliorer la qualité de la ventilation, quel que soit le délai entre l’initiation de la VNI et la mise en place du télésuivi.

À retenir

La télésurveillance de la VNI améliorera certainement la prise en charge des patients insuffisants respiratoires, mais son plus large déploiement est actuellement freiné par les nombreuses questions non résolues qui vont de la solution technique, à la définition de seuils d’alerte communs et à la construction d’un algorithme de réponses consensuel en passant par des problèmes de responsabilité judiciaire ou encore des questionnements éthiques. 

Marjolaine Georges, Service de Pneumologie et Soins Intensifs Respiratoires, CHU Dijon Bourgogne


D’après la communication orale “Quality of ventilation in patients on home NIV included in a telemonitoring programme – TELVENT study”, présentée par Sandrine Pontier-Marchandise, (Toulouse, France) ; Session 63 “Best abstracts in pulmonary rehabilitation and chronic care”

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Y a-t-il une place pour l’analyse de l’air expiré dans le dépistage des cancers broncho-pulmonaires ?

Des programmes de dépistage du cancer broncho-pulmonaire se déploient progressivement en Europe et s’appuient sur la réalisation de scanners thoraciques « low-dose ». Lundi 5 septembre, à l’ERS, deux équipes présentaient leurs travaux sur la mise au point de techniques de dépistage du cancer du poumon à partir de l’analyse de la composition de l’air expiré des patients. Approches complémentaires ou gadget ?

Le principe du dépistage du cancer du poumon par analyse de l’air expiré repose sur l’analyse des composés organiques volatiles (VOCs) que l’on y trouve. En identifiant des signatures spécifiques de VOCs chez des patients pris en charge pour un cancer broncho-pulmonaire,cette technique peut ensuite servir de test de dépistage. Le recueil de l’air expiré est simple, non invasif, et peut être réalisé à l’occasion d’une consultation ou d’épreuves fonctionnelles respiratoires.

Un modèle de dépistage par analyse de l’air expiré validé par une équipe néerlandaise

Dans une étude multicentrique prospective réalisée aux Pays Bas et en Suisse, Sharina Kort et son équipe ont mis au point un tel test, en développant leur modèle à partir d’une cohorte d’entrainement composée de 376 patients, dont 43% présentaient un cancer bronchique avec un seuillage de risque de cancer fixé à 16%. Lors de l’évaluation de leur modèle sur une cohorte de validation de 199 patients dont 40% avec un cancer, ils obtenaient une sensibilité de 88%, une spécificité de 48%, une valeur prédictive négative de 87% et une courbe ROC présentant une aire sous la courbe de 0,79.

De manière intéressante les auteurs ont enrichi leur modèle avec des critères cliniques simples tels que l’âge et le nombre de paquets-années permettant d’améliorer les performances de leur test de dépistage avec une sensibilité de 95%, une spécificité de 51%, une valeur prédictive négative de 94% et une courbe ROC présentant une aire sous la courbe de 0,87.

Une équipe turque retrouve une bonne efficacité avec un test similaire

En parallèle Toslem Goksel a présenté les travaux de son équipe basée en Turquie qui s’est appliquée à concevoir un test similaire. L’originalité de leur projet reposait sur la mise au point d’un système de recueil de l’air expiré conçu directement dans leur laboratoire. Ce système repose la captation des VOCs par des fibres de polythiophène avant leur analyse par chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectrophotométrie de masse. 

Malgré une cohorte plus modeste de 166 patients dont 70 avec un cancer, les auteurs rapportaient une bonne efficacité de leur modèle avec une aire sous la courbe à 0,82.

À retenir

Ainsi ces deux équipes apportent des données complémentaires suggérant que le dépistage du cancer du poumon par l’analyse de l’air expiré est possible. L’amélioration des modèles en lesconfrontant à des cohortes cliniques plus importantes semble cependant indispensable. Le positionnement d’un tel test au sein d’un programme de dépistage reste à définir.

Grégoire Justeau, service de pneumologie CHU Angers


D’après les communications orales du lundi 5 septembre 2022 de Sharina Kort (Enschede, Pays Bas) : Diagnosing non-small cell lung cancer by exhaled-breath profiling using an electronic nose: a multicentre validation study et de Toslem Goksel (Izmir, Turquie) A novel method exhale breath fingerprinting for lung cancer diagnosis by selected ion monitoring mode.

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Le rôle de l’analyse du microbiome dans la physiopathologie et la gestion de la dilatation des bronches

Le Dr Sanjay Haresh Chotirmall a établi les points clés illustrant l’importance d’étudier le microbiome pulmonaire dans le cadre des DDB. Il a passé en revue les techniques de “OMICS” qui pourront aider dans un futur plus ou moins proche le clinicien dans la prise en charge des patients porteurs de DDB.

L’implication du microbiome pulmonaire dans la physiopathologie et l’évolution des dilatations des bronches (DDB) a été tardivement le fruit d’actives recherches. En effet, comparativement au nombre exponentiel de publications concernant le microbiome digestif, l’intérêt suscité par le microbiome pulmonaire est relativement récent. Mais on sait aujourd’hui que l’analyse du microbiome permet d’identifier des patients à “haut-risque”de DDB et que la réduction de la diversité du microbiome est associée à une forme plus sévère de DDB, avec une fréquence accrue des exacerbations et une mortalité plus élevée.

Les interactions microbiennes liées à des profils de patients plus exacerbateurs

L’analyse du microbiome a révélé la présence de mycobiome associé à des profils de maladies et de patients différents. Il a aussi été montré récemment l’importance de l’interaction microbienne dans la survenue des exacerbations 1. Il semblerait même que cette interaction soit plus importante que l’identification des germes eux-mêmes. Cet “interactome”, et plus spécifiquement l’interaction entre Pseudomonas aeruginosa et certains autres microbes, permet également l’identification de profils de patients exacerbateurs fréquents.

Microbiome, résistance aux antibiotiques et environnement

L’analyse du microbiome fournit également un modèle prédictif de réponse aux antibiotiques. Le “résistome” des macrolides, associé au microbiote, a été établi par des analyses de métagénomique 2. Le microbiome est un outil de compréhension des chevauchements entre DDB et BPCO, permettant d’identifier 5 phénotypes caractérisés par son association au protéome 3. L’analyse du microbiome est aussi un outil permettant la découverte de pathobiontes, ces organismes non pathogènes par eux mêmes mais ayant un rôle dans la physiopathologie de la DDB. Enfin, l’analyse du microbiome a permi de souligner l’importance de l’environnement comme source de pathogènes pour le patient. L’analyse du microbiome des dispositifs d’inhalation a identifié une source potentielle de réservoirs de germes multi-résistants soulignant l’importance de tenir compte de l’environnement des patients dans leur prise en charge.

Louise Bondeelle, Département de microbiologie et de biologie moléculaire, Université de Médecine de Genève, Suisse


D’après la communication 2178 « The role of microbiome analysis in the pathophysiology and clinical management of bronchiectasis”, présentée par Sanjay Haresh Chotirmall (Singapour); Session “Bronchiectasis: how recent advances in research can support personalised medicine in practice”, du Lundi 5 septembre 2022.

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Nouveautés en 2022

Cette année encore, une session de poster était consacrée à la transplantation pulmonaire. Nous vous proposons un florilège de des communications présentées.

Transplantation des pneumopathies infiltrantes diffuses

Le Dr Saskia Bos a repris de façon rétrospective la cohorte de patients atteints de pneumopathies interstitielles diffuses (PID) dans le programme de Transplantation de Newcastle (UK), entre 1987 et 2020, et s’est intéressée aux facteurs liés à leur pronostic au cours du temps. Deux cent quatre-vingt-quatre patients sont analysés. De façon intéressante, elle rapporte que l’âge des patients à la transplantation a significativement augmenté au cours du temps : de 51 ans [48-60] au cours de la première période (1987 à 2000), il est passé à 54 ans [46-59] entre 2001 et 2010, puis à 56 ans [51-61] entre 2011 et 2020 ; les pratiques ont changé puisque 93,8% des patients de la première période avaient reçu une transplantation monopulmonaire, et seulement 24,3% au cours des dix dernières années. La médiane de survie était de 5 ans. Les deux facteurs associés avec un moins bons pronostics étaient : un âge avancé (au-dessus de 50 ans) et un diagnostic sous-jacent de pneumopathie interstitielle non spécifique.

Complications néoplasiques après transplantation pulmonaire

L’équipe du programme de transplantation pulmonaire de Groningue (Pays-Bas) met en lumière une problématique clinique importante : le tabagisme (et son degré) du donneur, pour l’acceptation des greffons. Dans une étude rétrospective (1990-2018) monocentrique, les auteurs tentent de répondre à la question du risque néoplasique chez le receveur, après implantation d’un greffon d’un patient tabagique. Les 643 receveurs ont été groupés selon le niveau de l’intoxication tabagique de leur donneur : entre 0 et 10 paquets-années (PA), 10 à 20 et au-dessus de 20 PA, et la survenue d’une néoplasie broncho-pulmonaire a été notée. Après un suivi médian de 7 ans [3,3-11,7], 27 patients ont eu un diagnostic de néoplasie pulmonaire. La quantité de tabac consommé n’augmentait pas le risque de survenue d’un cancer broncho-pulmonaire. Il n’y avait pas de différence de survie entre ces groupes. Malheureusement, l’effectif des donneurs qui consommait plus de 10 PA était faible, et ne concernait que 20% des donneurs. De plus, il paraît discutable de grouper des patients qui ont consommé 20 PA, avec ceux qui ont fumé plus de 30 PA. On sait par ailleurs que ce chiffre, obtenu le plus souvent auprès de la famille des donneurs, manque de précision. Enfin, d’autres éléments du pronostic (survenue du CLAD, de dysfonction primaire du greffon…) auraient été intéressants à étudier.

Mieux vaut un greffon masculin pour un homme receveur ?

Les données concernant le « mismatch » de sexe pour le pronostic de la transplantation pulmonaire sont contradictoires. L’équipe de Toronto s’est intéressée à cette question dans une étude prospective monocentrique entre 2017 et 2020 chez les patients transplantés bipulmonaires. Deux cent vingt-quatre patients adultes, transplantés pour la première fois et suivis depuis plus de 3 mois, ont été inclus. La survie sans CLAD des patients M->F était significativement moindre que toutes les autres combinaisons. Les patients M->M avaient les meilleures performances de mécanique respiratoire. L’une des explications mise en avant concerne les incongruences de diamètres des bronches entre donneurs et receveurs, qui pourraient augmenter les complications, et de là, augmenter le risque de CLAD.

Jonathan Messika, Service de Pneumologie et Transplantation Pulmonaire, Hôpital Bichat


D’après la session 147 « Risk stratification in lung transplant patients »et les communications :

  • PA1023 “Lung transplantation for interstitial lung disease: lessons from a UK single centre experience”, de Saskia Bos (Newcastle upon Tyne, Royaume-Uni)
  • PA1028 “The impact of donor-recipient sex match in the lung function after lung transplant”, de Albert Cheng (Toronto, Canada)
  • PA1032 “Late Breaking Abstract – Donor smoking history does not affect the risk of lung cancer in lung transplantation patients”, de Eline A. van der Ploeg (Groningue, Pays-Bas)

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Nouvelles recommandations ESC/ERS sur l’hypertension pulmonaire

La présentation des nouvelles recommandations ESC/ERS sur l’hypertension pulmonaire, publiées en septembre 2022 dans l’European Respiratory Journal 1, constitue l’événement de ce congrès de l’ERS dans le domaine des maladies vasculaires pulmonaires. Cette session présentait les principales nouveautés des nouvelles guidelines.

Les recommandations proposent de nouvelles définitions hémodynamiques, ainsi qu’une classification clinique des hypertensions pulmonaires (HTP). Un seuil de pression artérielle pulmonaire moyenne (PAPm) de 20mmHg définit désormais une HTP, et un seuil de résistances vasculaires pulmonaires (RVP) de 2WU intègre la définition de l’HTP précapillaire, dans le but de diagnostiquer de façon précoce les HTP débutantes. L’HTP précapillaire est définie par une PAPO normale ≤ 15 mmHg et des RVP élevées > 2WU, alors que l’HTP post-capillaire est définie par une PAPO élevée > 15 mmHg. Cette dernière peut être isolée, avec des RVP normales ≤ 2WU, ou associée à une participation précapillaire (« HTP combinée ») en cas de RVP élevées > 2 WU. L’HTP d’exercice, qui n’était pas définie dans les précédentes recommandations réintègre les nouvelles recommandations et est définie par une pente PAPm/débit cardiaque > 3 mmHg/L/min entre les mesures de repos et d’exercice mesurées lors d’un cathétérisme cardiaque droit.

Une classification clinique de l’HTP en 5 groupes

La classification de l’HTP reste une classification « clinique » en 5 groupes ayant pour objectif de regrouper des étiologies proches en termes de présentation clinique et de mécanismes physiopathologiques, afin d’établir des stratégies thérapeutiques communes. Parmi les nouveautés intégrées depuis les dernières recommandations, on identifie désormais deux sous-groupes d’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) idiopathique selon la réponse au test de vasodilatation et la maladie veino-occlusive pulmonaire est intégrée au sein des HTAP. Parmi les HTP du groupe 3, l’hypoventilation alvéolaire reste une cause d’HTP mais les troubles respiratoires du sommeil ne sont plus considérés comme une cause isolée d’HTP. L’objectif de la stratégie diagnostique est la détection la plus précoce possible de l’HTP et l’orientation rapide des patients à haut risque vers les centres de référence.

Des nouveautés dans la prise en charge

L’une d’elle est la prise en compte dans le choix de la stratégie thérapeutique de la présence ou non de comorbidités cardio-pulmonaires, ce qui peut conduire à prescrire une monothérapie en première intention en cas de comorbidités sévères. Un autre point important est la stratification en risque de mortalité, en utilisant la stratification en 3 strates de risque au diagnostic et en 4 strates à la réévaluation. Ainsi, les patients restant à risque intermédiaire haut ou à haut risque à la réévaluation doivent être traités par prostacycline IV ou sous-cutanées et avoir une évaluation pour la transplantation pulmonaire. Certains seuils pour définir la classe de risque ont été modifiés et les données d’IRM cardiaque ainsi que le calcul du stroke volume index ont intégré les critères de risque.

Situations cliniques particulières

Les recommandations ont aussi cherché à répondre à 4 questions importantes formulées selon le format PICO :

  1. Une bithérapie orale initiale ou une monothérapie doit-elle être utilisée chez les patients avec HTAP symptomatique ? Chez les patients avec HTAP idiopathique, héritable ou associée à la prise de médicaments, et à risque faible ou intermédiaire de mortalité, une bithérapie initiale combinant un inhibiteur de phosphodiestérase 5 (iPDE5) et un antagoniste de récepteur de l’endothéline est recommandée.
  2. Les iPDE5 doivent-ils être prescrits chez les patients avec HTP combinée post et pré-capillaire due à une insuffisance cardiaque à fraction d’éjection préservée ? Les experts ont choisi de ne pas faire de recommandation dans les formes combinées, mais de rappeler que l’utilisation des iPDE5 n’est pas recommandée dans les HTP post-capillaires isolées.
  3. Les iPDE5 doivent-ils être prescrits chez les patients ayant une HTP sévère associée à une pneumopathie interstitielle diffuse ? Leur utilisation peut être discutée en cas d’HTP sévère, en centre expert mais leur prescription n’est pas recommandée dans les HTP non sévères.
  4. Les patients avec une HTP thromboembolique chronique non opérables mais candidats à l’angioplastie pulmonaire doivent-ils recevoir un traitement médical avant la procédure ? Un traitement médical spécifique peut dans ce cas être envisagé avant de réaliser les angioplasties pulmonaires.

Enfin, la définition et le rôle d’un centre expert en HTP ont été redéfinis clairement dans ces recommandations.

Étienne-Marie-Jutant, Service de pneumologie, CHU de Poitiers


D’après les communications 2973 « ERS/ESC guidelines on pulmonary hypertension: clinical approach and changes from the previous Guidelines » de Marius Hoeper (Hannovre, Allemagne) et 2974 « Treatment options and recommendations », de Marion Delcroix (Louvain, Belgique) ; Session 343 « Respiratory medicine meets other disciplines: Update on the diagnosis and treatment of pulmonary hypertension». ERS/ESC guidelines on pulmonary hypertension 2022

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Microplastiques : de la veste à la bronche ?  

Le plastique c’est fantastique ?  Il s’en est passé des choses depuis le tube de l’été de 1990. 30 ans plus tard, c’est plutôt la rengaine « le plastique, c’est dramatique » qui a résonné dans les micros de la salle 8G du palais des congrès de Barcelone. Dans une session consacrée aux conséquences de l’environnement sur la santé respiratoire, les effets des allergènes, microparticules, fumées, diesel, microplastiques ou encore microfibres, ont été détaillés.

Les microplastiques sont des particules de taille comprise entre 100 nm et 5 mm. Ubiquitaires, d’origine multiple, ils sont présents dans l’air extérieur et encore plus dans l’air intérieur, où leur concentration peut être multipliée par un facteur 10 (exposition annuelle jusqu’à 6 kg de microplastiques dans l’air intérieur. Ils constituent par exemple la très grande majorité des vêtements que nous portons au 21ème siècle. A titre indicatif, l’interrogation de l’assemblée a montré que les ¾ des congressites présents dans la salle étaient habillés de polyester ou polyamide.

Alors qu’il n’a été que très récemment démontré la présence de microplastiques dans le sang humain (2 µg de polyester, polyéthylène ou polystyrène par mL de sang), le corollaire pour le compartiment pulmonaire est mal connu. Évidemment dans le domaine des microplastiques, la taille compte et plus la particule est de petite taille, plus profondément elle atteindra le poumon (passage de particules < 5 µm dans les alvéoles alors que les particules qui passent la trachée feront moins de 100 µm), avec une possible toxicité locale. Trente pourcent des employés de l’industrie de flocage du nylon développent des symptômes respiratoires, révélant principalement des cas de bronchiolite et de pneumopathie interstitielle diffuse, et suggérant une toxicité propre de ces microfibres.

Confirmation de la présence de microplastiques dans le poumon

Les travaux de l’équipe du Dr Melgert se sont attachés à détecter la présence de microplastiques dans le compartiment pulmonaire et évaluer les potentielles conséquences.

Les plastiques les plus fréquemment retrouvés dans le poumon sont le polyester, le polypropylène, le polyéthylène et le nylon.

Afin de comprendre les conséquences des microplastiques sur le poumon, des organoïdes bronchiques et alvéolaires ont été cultivés à partir de cellules murines épithéliales, matricielles et de fibroblastes.

Une altération de la croissance cellulaire observée in vitro

La croissance cellulaire de ces organoïdes bronchiques s’est montrée dramatiquement altérée par l’exposition au nylon et, dans une moindre mesure, par l’exposition au polyester (p<0,0001 et p=0,02 respectivement). Ceci a pu être confirmé même en l’absence de contact direct, alors que les microplastiques de nylon étaient positionnés sur un gel surnageant au-dessus de l’organoïde, et suggère un effet indirect du nylon par la fuite de composés. L’inhibition de la croissance cellulaire était encore plus importante lorsque l’organoïde était en cours de développement, suggérant une toxicité majorée des microplastiques sur les poumons de fœtus ou d’enfants.

L’exposition réelle nécessite encore d’être évaluée et quantifiée.

À retenir

Le danger des facteurs environnementaux aéroportés sur le poumon humain constitue donc un vaste et diversifié champ d’intérêt, mis en lumière par le focus actuel de la communauté  internationale sur le changement climatique et la pollution de l’air. Les travaux préliminaires présentés ici suggèrent un dépôt et une toxicité pulmonaire propres des microplastiques présents dans l’environnement. On ne le redira jamais assez : ouvrez vos fenêtres, renouvelez votre air intérieur, et depuis cette session, portez des vêtements en coton plutôt qu’en nylon ou polyester, vos poumons vous en remercieront !

Clairelyne Dupin, Service de pneumologie A, Hôpital Bichat, Paris


D’après la communication 2175 « Microplastics and microfibres in the air we breathe » de Barbro N. Melgert (Groningue, Pays-Bas) ; Session 253 « Dangers in the air we breathe » du lundi 5 septembre 2022.

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Bientôt la fin du phénotypage dans l’asthme ? 

Une des premières séances proposées au congrès était un débat sur le phénotypage dans l’asthme. C’est une question d’actualité avec l’arrivée de nouvelles biothérapies dont les premiers résultats indiquent une efficacité quel que soit le phénotype d’asthme sous-jacent.

Dans cette session, il a été rappelé que le diagnostic d’une allergie comme responsable de l’asthme permet de traiter une rhinite associée et de proposer dans certains cas une immunothérapie anti-allergique. De plus, mesurer les éosinophiles et le FeNO permet de prédire la réponse au traitement et est utile pour le suivi de la maladie et l’adaptation du traitement. Les deux orateurs ont rappelé que les taux des éosinophiles et de FeNO sont abaissés sous traitement par corticoïdes par voie orale, mais aussi par corticoïdes inhalés à fortes doses, ce qui impacte le phénotypage correct des patients et risque d’amener à classer des patients T2 dans le groupe des non-T2. Ce concept de l’asthme non-T2 est par ailleurs de plus en plus remis en question. Enfin, les orateurs s’accordent pour dire qu’en plus des biomarqueurs qui permettent de phénotyper les malades, le diagnostic de l’asthme sévère reste une démarche progressive dans laquelle il est important d’éliminer les diagnostics différentiels.

Les sondages des participants étaient 86% pour le phénotypage et 14% contre au début et de 64% pour et 36% contre après la session, ce qui montre bien que le sujet est en évolution mais encore loin d’être tranché.

Cindy Barnig, Service de pneumologie, Pôle Cœur-poumon, CHU de Besançon


D’après la session 93 “T2 high and T2 low asthma: should we care, or should we only care about asthma?” et les communications Pro-Con debate :

632. « We should phenotype before treating asthma: Pro », présentée par Celeste Michala Porsbjerg (Copenhague, Denmark)

633. « We should phenotype before treating asthma: Con », présentée par Marco Idzko (Vienne, Autriche).

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De nouvelles données sur l’atteinte pulmonaire dans la polyarthrite rhumatoïde, une analyse intermédiaire de l’étude prospective FINDRA

La prévalence des différentes atteintes pulmonaires dans la polyarthrite rhumatoïde (PR) reste incertaine à ce jour en grande partie du fait de l’absence d’évaluation pulmonaire standardisée. Antoine Froidure (Bruxelles, Belgique) a présenté à l’ERS les résultats préliminaires d’une étude prospective pour détecter la prévalence des atteintes pulmonaires (PID, bronchiolites et nodules) dans la PR à un stade précoce de la maladie.

L’étude « Factors of ILD in Newly Diagnosed Rhumatoid Arthritis » (FINDRA, NCT04002765) est un essai prospectif ayant inclu des patients avec une PR nouvellement diagnostiquée selon les critères ACR/EULAR. La maladie est considérée comme précoce en cas de symptômes présents depuis au moins 1 an et au maximum 10 ans. Les patients ont eu une évaluation respiratoire complète consistant en un questionnaire environnemental, un scanner thoracique et des explorations fonctionnelles respiratoires (EFR), ainsi qu’un bilan auto immun. Une relecture centralisée des scanners thoraciques a été réalisée pour détecter la présence d’une PID, de piégeage expiratoire et de nodules.

Au 31 octobre 2021, 245 patients avaient été inclus. Trente-deux patients ont été exclus de la présente analyse en raison en raison d’examens en attente (TDM et/ou EFR). Cent-quarante-huit (59%) des 213 patients étaient des femmes. Quatre-vingt-dix-neuf (53%) étaient d’anciens ou d’actuels fumeurs, avec une médiane de 20 paquets-années et 34 (16%) étaient exposés à un toxique. Une PID était présente chez 25 patients (12%). Les patients avec une PID étaient significativement plus âgés (68 ans vs 54,5 ans, P<0,0001) et 48% étaient des hommes. La DLCO médiane était plus faible chez les patients avec une PID de PR (71% vs 84%, P=0,0003). Un piégeage aérien compatible avec une bronchiolite était présent chez 123 patients (58%). Les patients présentant un piégeage étaient plus âgés (57 vs 49, P<0,0001). Ni le sexe ni le tabagisme n’étaient liés à la présence de piégeage aérien. Enfin, 23 patients (11%) avaient au moins un nodule détecté au scanner.

Ainsi, dans cette analyse intermédiaire, ont été détectés une PID et des signes de bronchiolite chez 12% et 58% des patients, respectivement. L’âge était un facteur de risque pour les deux et la PID était plus fréquente chez les hommes.

Lucile Sesé, Service de physiologie, Service de pneumologie, Centre de référence maladies pulmonaires rares, site constitutif, Hôpital Avicenne, Bobigny


D’après la communication orale OA1455 « Lung involvement in early rheumatoid arthritis, interim analysis of the FINDRA prospective study “, présentée par Antoine Froidure (Bruxelles, Belgique) – Session 185 « Hot topics in connective tissue disease-associated interstitial lung disease » du dimanche 4 septembre 2022.

De nouvelles données sur l’atteinte pulmonaire dans la polyarthrite rhumatoïde, une analyse intermédiaire de l’étude prospective FINDRA Lire la suite »

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