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Mycobactérioses pulmonaires à M. xenopi : enfin les résultats de l’essai CaMoMy !

Les infections pulmonaires à Mycobacterium xenopi restent rares mais difficiles à traiter. Il n’existe pas de consensus sur leur traitement optimal et très peu de données sont disponibles sur le taux de négativation des cultures des expectorations. La France peut s’enorgueillir d’avoir mené à bien le premier essai clinique randomisé construit pour analyser le taux de négativation des cultures après 6 mois de traitement. Les résultats ont été présentés en avant-première et sont particulièrement intéressants.

L’essai clinique CaMoMy (PHRC 2010) comparait en ouvert un traitement associant rifampicine, éthambutol et soit clarithromycine, soit moxifloxacine chez 83 patients atteints de mycobactériose pulmonaire à M. xenopi. L’âge médian des participants inclus dans une trentaine de centres français était de 60 ans, avec 60 hommes et 90% de fumeurs. Plus de 87% de ces patients étaient atteints de maladie respiratoire chronique (75% de BPCO, 10% de bronchiectasies, 19% de séquelles post-tuberculeuses) et 39% étaient traités par corticoïdes inhalés. Ces patients étaient atteints d’une mycobactériose sévère puisque plus de 58% rapportaient une fatigue, 46% une perte de poids, 65% des excavations sur l’imagerie thoracique et une médiane de 3 prélèvements d’expectoration positifs en culture.

Le résultat principal de l’étude est d’avoir objectivé une négativation des cultures dans 93,2% des cas après 6 mois de traitement, sans différence entre les 2 bras (93,2% avec la clarithromycine vs. 82,1% avec la moxifloxacine, p=0,11 en intention de traiter). L’amélioration clinique à 6 mois était notable, avec seulement 19% de patients rapportant une anorexie (contre 28% à l’inclusion) et 34% de fatigue (contre 58,5% à l’inclusion). Globalement, seulement 1,2% des patients se sont aggravés à 6 mois, 34,9% se sont améliorés de manière significative et 63,9% sont restés stables. La tolérance a été comparable dans les 2 bras, avec 18,6% d’effets indésirables graves sous clarithromycine et 20% sous moxifloxacine (p=0,55). Seulement 3 patients sont passés de la clarithromycine à la moxifloxacine tandis que 4 autres sont passés de la moxifloxacine à la clarithromycine.

Cet essai clinique permet donc enfin de proposer un traitement reposant sur des données solides dans les mycobactérioses pulmonaires à Mycobacterium xenopi. D’après C. Andrejak (Amiens, France), il est désormais possible de débuter un traitement avec l’une des 2 molécules étudiées, en association avec rifampicine et éthambutol, et de passer de l’une à l’autre en cas de mauvaise tolérance. Un prochain essai clinique sur cette thématique va bientôt débuter en France pour tester l’intérêt éventuel d’ajouter à ce traitement de l’amikacine liposomale nébulisée (essai AkaPI, PHRC 2021). L’histoire n’est donc pas tout à fait finie…

D’après la communication de C. Andrejak et al. M. xenopi pulmonary infection: a randomized clinical trial comparing rifampin + ethambutol + either clarithromycin or moxifloxacin: the Camomy study. Am J Respir Crit Care Med 2024;209:A2995.

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Traitement de l’infection pulmonaire à mycobactéries du complexe aviaire de forme non cavitaire : intermittent plutôt que quotidien ?

En cas d’infection pulmonaire à mycobactérie atypique du complexe Mycobacterium avium (MAC) sensible aux macrolides et de forme non cavitaire (forme nodulo-bronchectasique), un traitement antibiotique intermittent (incluant un macrolide, préférentiellement l’azithromycine) administré trois fois par semaine est suggéré dans les recommandations internationales (ATS/ERS/ESCMID/IDSA) en vigueur. Ceci repose sur les données d’études de cohorte suggérant un profil de tolérance plus favorable qu’en cas d’administration quotidienne du traitement, faute jusqu’à ce jour de données issues d’un essai contrôlé randomisé comparant ces deux stratégies.

Au cours de ce congrès ont été rapportés les résultats d’un essai contrôlé randomisé, en ouvert, multicentrique japonais, visant à évaluer la tolérance, l’innocuité et l’efficacité d’un traitement antibiotique intermittent par rapport à un traitement quotidien chez des patients atteints d’infection pulmonaire à MAC de forme non cavitaire et naïfs de traitement. Dans le bras « traitement intermittent », les patients étaient assignés à recevoir trois fois par semaine de la clarithromycine (1 g/j), de la rifampicine (600 mg/j) et de l’éthambutol (25 mg/kg/j, maximum 1 g/j) tandis que dans le bras « traitement quotidien », ils devaient recevoir quotidiennement les mêmes molécules à des posologies relativement inférieures, respectivement de 800 mg/j, 450 mg/j et 15 mg/kg (maximum 750 mg/j). Le critère d’évaluation principal était la proportion de patients nécessitant une modification initiale du schéma thérapeutique, les critères d’évaluation secondaires comportant les événements indésirables, la conversion des cultures d’expectoration, le délai de conversion des cultures, l’amélioration des lésions évaluées par scanner thoracique, l’amélioration de la qualité de vie liée à la santé et le développement d’une résistance à la clarithromycine. Parmi 141 participants initialement recrutés dans 21 centres entre mai 2019 et décembre 2021, 138 ont pu être analysés (bras « traitement intermittent », n = 70 ; bras « traitement quotidien », n = 68). La proportion de patients ayant nécessité une modification de traitement (réduction de posologie ou suspension d’au moins une molécule) était de 20 % (14/70) dans le bras «  traitement intermittent » et de 33,8% (23/68) dans le bras «  traitement quotidien », sans que cette différence soit significative (odds ratio ajusté 0,48, IC95% (0,22 à 1,05) ; p=0,065). Il n’y avait également pas de différence significative entre les 2 bras en termes de taux de conversion des cultures (70,3% versus 80,0% respectivement, p=0,533), de délai de conversion des cultures (28,0 vs 28,5 jours, p=0,891), d’amélioration des résultats du scanner thoracique (60,9% vs 71,0%, p=0,303), ou d’acquisition d’une résistance à la clarithromycine (1,4% vs  0%, p=1,000). La tolérance hépatique semblait meilleure en cas de traitement intermittent (élévation des ASAT : 16,9% vs 41,2% respectivement, p=0,003 ; élévation des ALAT : 18,3% vs 44,1%, p=0,002) sous réserve d’hyperbilirubinémies (11,3% vs 1,5%, p=0,039) et de dysgueusies (14,1% contre 1,5%, p = 0,011) plus fréquentes en cas de traitement intermittent, sans différence en termes de fréquence d’effets indésirables graves entre les 2 bras (8,5% vs 5,9% ; p=0.8). Concernant la qualité de vie, il n’a pas été observé de différence significative de variation du score du questionnaire respiratoire de St George’s mais une différence de variation de la composante physique du score SF-36 significativement plus favorable dans le groupe « traitement quotidien » (-2,5 vs 2,1 points ; p=0,012).

Finalement, le manque de puissance probable de l’étude et l’utilisation de la clarithromycine, et non de l’azithromycine suggérée dans les recommandations du fait d’un profil de tolérance et d’interaction médicamenteuse supposé plus favorable, n’a pas permis de démontrer la supériorité d’un traitement antibiotique administré de manière intermittente en cas d’infection pulmonaire à MAC de forme non cavitaire.

D’après la communication de K. Fujita, Intermittent versus daily treatment for noncavitary nodular bronchiectatic Mycobacteria avium complex lung disease with rifampicin, ethambutol, and clarithromycin (iREC): an open-label, multicenter, randomized controlled trial. Am J Respir Crit Care Med 2024;209:A1035. (session A16)

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Amikacine liposomale inhalée en traitement de première ligne dans les infections pulmonaires à mycobactéries atypiques du complexe Mycobacterium avium : des données encourageantes.

Les infections pulmonaires à mycobactéries atypiques du complexe Mycobacterium avium (MAC), compliquant le plus souvent une pathologie pulmonaire chronique sous jacente (e.g. BPCO ou dilatation des bronches), peuvent être responsables de symptômes invalidants justifiant l’instauration d’un traitement dont l’efficacité reste inconstante. L’amikacine liposomale administrée par voie inhalée (ARIKAYCE®) s’est avérée efficace pour améliorer le taux de rémission en cas de forme réfractaire au traitement antimycobactérien de première intention. Un essai randomisé contrôlé en double aveugle visant à évaluer l’intérêt de cette molécule chez des patients atteints d’infection respiratoire à MAC est actuellement en cours (ENCORE, NCT04677569) mais les résultats d’une étude préliminaire ont été rapportés lors de ce congrès.

L’étude ARISE (NCT04677543) avait comme objectif principal de démontrer la capacité de questionnaires (domaine respiratoire du score de qualité de vie de la bronchectasie (QOL-B RD) pour les symptômes respiratoires, score PROMIS-F pour l’évaluation de la fatigue) à évaluer l’efficacité de traitement sur les symptômes rattachables à une infection pulmonaire à MAC de forme non cavitaire. Les objectifs secondaires étaient d’évaluer l’efficacité microbiologique du traitement et leur sécurité. Les participants recrutés étaient des sujets adultes atteints d’infection pulmonaire à MAC de forme non cavitaire, naïfs de tout traitement spécifique, randomisés selon un rapport 1:1 pour recevoir une suspension pour inhalation de liposomes d’amikacine (bras ALIS) [590 mg] ou un placebo correspondant à des liposomes vides (bras comparateur), couplé dans les deux bras à une bithérapie orale par azithromycine (250 mg/j) et éthambutol (15 mg/kg/j) pendant 6 mois, suivi d’une surveillance sans traitement pendant 1 mois. Les critères d’évaluation principaux, un peu complexes, visaient à évaluer les capacités discriminatives des questionnaires proposés. Les critères secondaires d’évaluation comprenaient la proportion de patients ayant converti leurs cultures d’expectoration à 6 mois, le délai jusqu’à l’obtention de la conversion des cultures (définie par la négativité des cultures de 4 prélèvements d’expectoration obtenus lors de 2 visites consécutives), le délai jusqu’à la première culture négative et les données de sécurité. Les participants (bras ALIS, n = 48 ; bras comparateur, n = 51) avaient un âge médian de 69,0 ans (77,8 % de femmes, 80,8 % de race blanche). Il s’agissait d’un premier épisode d’infection pulmonaire à MAC dans 72,7 % des cas, à M. avium dans 32,3 % et à M. intracellulaire dans 43,4 % des cas. Les analyses transversales de fiabilité et de validité ont permis de démontrer la robustesse « psychométrique » des scores QOL-B RD et PROMIS-F pour évaluer l’évolution des symptômes et distinguer les patients améliorés ou non dans ce contexte spécifique. Concernant l’efficacité microbiologique, le taux de conversion des cultures à 6 mois était de 80,6 % dans le bras ALIS contre 63,9 % dans le bras comparateur. A 7 mois soit à 1 mois de l’arrêt du traitement, le taux de conversion des cultures était de 78,8 % dans le bras ALIS contre 47,1 % dans le bras comparateur (p=0,0010). Parmi les patients ayant converti leur culture à M6, la première culture négative définissant la conversion était obtenue à M1 pour 74,3 % des patients dans le bras ALIS contre 46,7 % dans le bras comparateur. La durée médiane (IQR) jusqu’à la première culture négative définissant la conversion de culture était de 1,0 (1,0-3,0) mois dans le bras ALIS et de 2,0 (1,0-5,0) mois dans le bras comparateur. Les événements indésirables non graves plus fréquents dans le groupe ALIS que dans le groupe comparateur étaient la dysphonie et la toux. Aucun événement indésirable grave lié à l’ALIS ni décès n’a été signalé.

On attend donc avec une certaine impatience les résultats de l’étude ENCORE (12 mois de traitement puis 3 mois de suivi) qui confirmera probablement ces données encourageantes.

D’après la communication de C. L. Daley, A Randomized, Double-blind trial of amikacin liposome inhalation suspension in adults with newly diagnosed or recurrent Mycobacterium avium complex lung disease to validate Patient-reported outcome instruments and assess microbiological outcomes of treatment: The ARISE Study. Sessions A16 et B13. Am J Respir Crit Care Med 2024;209:A1032 et A1033.

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Echographie pleuropulmonaire : une aide pour le diagnostic préhospitalier de dyspnée aiguë

L’échographie a l’intérêt d’être très disponible, réalisable au lit du patient sans irradiation avec une bonne répétabilité et reproductibilité interopérateur. Ces dernières années, son utilisation s’est étendue aux services de pneumologie. Quelles sont ses performances dans les conditions particulières des urgences préhospitalières pour le diagnostic étiologique de la dyspnée aiguë ?

Une méta-analyse, regroupant 21 études, évalue les performances d’un protocole préhospitalier d’échographie pleuro-pulmonaire, avec un dispositif miniaturisé (lung POCUS, pour lung point-of-care ultrasound) pour le diagnostic étiologique de la dyspnée aigüe. La lung POCUS est faisable dans 90 à 100% des cas, elle dure de 33 sec à 10 min (8 études). La spécificité de la lung POCUS était respectivement de 100% pour le diagnostic de pneumothorax (1 étude), de 59% pour le diagnostic de pneumonie (1 étude), entre 50 et 95% pour le diagnostic d’œdème pulmonaire (6 études) et entre 83 et 92% pour la pleurésie (3 études). Le traitement est modifié dans 11 à 54% des cas (6 études). Sa pratique n’influence pas la durée de séjour ni la survie. En revanche, elle justifie l’hospitalisation dans 51% des cas (1 étude) et elle modifie les modalités de transport du patient dans 25% des cas (1 étude).

Cette étude confirme que l’échographie pleuro-pulmonaire est un outil diagnostic facile et performant de la dyspnée aiguë et contribue à sa prise en charge, y compris dans des conditions de réalisation difficile, par un urgentiste, en préhospitalier, avec un mini-échographe. La réalisation d’une étude de meilleure qualité reste nécessaire avant d’en généraliser l’utilisation.

D’après le poster de O. Taheri et al. Point-of-Care Ultrasound contribution for management of patients with acute dyspnea in the prehospital setting: a systematic review. Am J Respir Crit Care Med 2024 ; 209 :A3772 (session B49).

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A l’attaque des scissures (essais COMPLETE-1 et SAVED-1) dans la réduction volumique par valves endobronchiques dans l’emphysème

La réduction volumique par valves endobronchiques unidirectionnelles dans l’emphysème a démontré une efficacité clinique chez des patients présentant un emphysème sévère. Cependant, le succès de cette procédure repose en partie sur la présence de scissures interlobaires complètes et donc sur l’absence de ventilation collatérale. Les patients présentant une ventilation collatérale (VC) n’étaient donc pas initialement éligibles à ce traitement.

C’est dans ce contexte que l’essai pilote COMPLETE-1 a randomisé 17 patients entre la réalisation d’une fermeture de scissure chirurgicale (vidéo ou robot assistée) suivie de la mise en place de valves (n=8), ou un traitement médical conventionnel (n=9). Un suivi fonctionnel et des scores de qualité de vie ont été réalisés à 3 et 12 mois. Les principaux résultats rapportés à un an sont une baisse de 1,4 L du volume résiduel, un gain de 120 ml de VEMS, un gain de 33 m au test de marche de 6 minutes, et une amélioration significative de la qualité de vie (baisse de 6,3 et 13,7 points des scores CAT et du questionnaire de St Georges, respectivement). Le bullage persistant post-procédure était la principale complication postopératoire avec une durée moyenne de 9,8 jours. Dans une autre étude, cette fois-ci observationnelle, SAVED-1, les patients préalablement traités par valves endobronchiques unidirectionnelles mais avec une réduction de volume insuffisante (probablement en raison d’une ventilation collatérale), ont subi une intervention chirurgicale de rattrapage avec fermeture chirurgicale des scissures selon les mêmes modalités que décrites précédemment et également associée à une levée des adhérences pleurales (si présentes). Les patients inclus avaient une réduction de volume pulmonaire <350 ml, une hyperinflation avec un volume résiduel >150 %, une dyspnée persistante avec un mMRC ≥2 et une occlusion lobaire complète par valves. Les résultats sont là aussi intéressants avec pour les 17 patients traités une complétude des scissures à 99% contre 80% avant procédure. À 3 mois, les résultats les plus significatifs sont une baisse de 1 L du volume résiduel et une amélioration de 125 ml du VEMS conduisant à des gains significatifs en termes de capacité d’exercice et de qualité de vie à un an (+42 m au test de marche, baisse de 9 et 17 points des scores CAT et du questionnaire de St Georges, respectivement). Ces résultats ouvrent des perspectives intéressantes car s’ils sont confirmés avec des effectifs plus importants, le nombre de patients potentiellement éligibles à des valves endobronchiques serait bien plus important dans les années à venir.

D’après les communications de A.V. Burbano Combined Endobronchial Valve Placement and Inter-lobar fissure completion for lung volume reduction in emphysema: A pilot randomized controlled trial (COMPLETE-1) et inter-lobar fissure completion as a salvage treatment in patients with failed lung volume reduction (SAVED-1) Am J Respir Crit Care Med 2024;209:A3067 et A3068. Session B21″

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Tezepelumab : bientôt une nouvelle biothérapie dans la BPCO ?

Les alarmines, dont la thymic stromal lymphopoietin (TSLP), sont sécrétées par l’épithélium bronchique en réponse à une agression telle qu’une infection, le tabagisme, la pollution etc. Le tezepelumab, anticorps ciblant la TSLP, a montré un bénéfice dans l’asthme avec une réduction des exacerbations, des éosinophiles et un meilleur contrôle de la maladie 1. Dans la BPCO, les résultats de l’essai de phase 2a COURSE étaient attendus avec impatience

Cette étude multicentrique incluait des patients atteints de BPCO, âgés de 40 à 80 ans avec un score de symptômes COPD Assessment Test (CAT) supérieur à 15 et au moins 2 exacerbations modérées à sévères l’année passée malgré un traitement par triple thérapie inhalée. Il n’existait pas de critère d’inclusion basé sur l’éosinophilie sanguine ou la présence d’une bronchite chronique, mais les inclusions étaient monitorées de sorte à avoir 40% de patients avec ≥ 3 exacerbations l’année passée, 30% avec au moins une exacerbation sévère, 40% avec une éosinophilie sanguine inférieure à 150 cellules/µL, 40% avec des éosinophiles entre 150 et 300 cellules/µL et 20% avec une éosinophilie sanguine supérieure à 300 cellules/µL. Les patients étaient randomisés en deux groupes : tezepelumab à la posologie de 420mg toutes les 4 semaines versus placebo. Le critère de jugement principal était le taux annuel d’exacerbations modérées à sévères. Des analyses en sous-groupe selon l’éosinophilie sanguine et le nombre d’exacerbations étaient prévues.

Parmi les 333 patients inclus, 56,5% étaient des hommes avec un âge moyen de 67,2 ± 7 ans. Soixante-huit pour cent étaient des anciens fumeurs et 55,6% des patients présentaient des symptômes de bronchite chronique. Le volume expiré maximal par seconde (VEMS) moyen était de 37,5 ± 12,9% et l’éosinophilie sanguine moyenne de 205 ± 148 cellules/µL.

Concernant le critère de jugement principal, le tezepelumab permettait une diminution du taux annuel d’exacerbations modérées à sévères de 17% (intervalle de confiance à 90% -6 à 36), sans atteindre le seuil de significativité (p=0,1042). Concernant les critères de jugement secondaires, le tezepelumab permettait une amélioration significative du VEMS pré bronchodilatateur (différence moyenne 0,055 ; IC95% 0,014 à 0,096), du score de qualité de vie de Saint George (différence moyenne -2,93 ; IC95% -6,23 à 0,36) et du score de symptômes CAT (différence moyenne -1,86 ; IC95% -3,31 à -0,40).

L’analyse en sous-groupe selon l’éosinophilie sanguine montrait que la réduction des exacerbations modérées à sévères était d’autant plus marquée que l’éosinophilie sanguine était élevée. Ainsi, les auteurs ont réalisé 2 analyses post-hoc. La première s’intéressait au rate ratio d’exacerbations en fonction de l’éosinophilie sanguine. Ce ratio diminuait avec l’augmentation des éosinophiles sanguins et il existait un point d’infléchissement de la courbe au seuil de 150 cellules/µL. La seconde, s’intéressait à la population de patients ayant une éosinophilie supérieure ou égale à 150 cellules/µL. Cette analyse montrait une réduction des exacerbations plus importante dans ce sous-groupe avec un effet d’autant plus marqué chez les patients âgés de 40 à 65 ans ou ceux ayant une fraction exhalée de monoxyde d’azote supérieure à 25 ppb, sous réserve de faibles effectifs.

Ainsi, même si le seuil de significativité n’est pas atteint en population globale, il existe une tendance à la diminution du taux annuel d’exacerbations modérées à sévères chez les patients atteints de BPCO traités par trithérapie inhalée. Les analyses en sous-groupe et post hoc suggèrent un bénéfice dans la population de patient avec une éosinophilie sanguine supérieure à 150 cellules/µL. Cette sous population pourrait être la population de choix pour les essais de phase III.

D’après :
le poster discussion de Singh D et al. Tezepelumab in adults with moderate to very severe chronic obstructive pulmonary disease (COPD): efficacy and safety from the phase 2a COURSE study. Am J Respir Crit Care Med 2024;209:A2782. (session A101)
la communication orale de Singh D (Manchester, UK) (session B13)

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NOTUS : confirmation de l’efficacité du dupilumab dans la BPCO

En 2023, l’étude BOREAS 1 a montré pour la première fois des résultats positifs d’une biothérapie pour les patients atteints de BPCO présentant des exacerbations fréquentes malgré une triple thérapie inhalée et une éosinophilie sanguine supérieure à 300 cellules/µL. Une réduction des exacerbations de 30% était retrouvée avec une amélioration de la fonction respiratoire et de la qualité de vie. La confirmation de ces résultats dans un second essai de phase 3 était largement attendue.

L’essai NOTUS 2,  contrôlé randomisé multicentrique, incluait 935 patients atteints de BPCO âgés de 40 à 80ans, avec un tabagisme à plus de 10 paquets années, un profil exacerbateur (au moins deux exacerbations modérées ou une sévère l’année passée) malgré une triple thérapie inhalée et une éosinophilie sanguine supérieure à 300/µL. Les patients étaient randomisés en deux groupes : dupilumab 300mg toutes les deux semaines par voie sous cutanée versus placebo pendant 52 semaines. Le critère de jugement principal était le taux annuel d’exacerbations modérées à sévères, et les critères de jugement secondaires incluaient l’analyse du volume expiratoire maximal par seconde (VEMS), des symptômes respiratoires par l’E-RS COPD score et de la qualité de vie par le questionnaire de Saint Georges (SGRQ). Les patients inclus avaient un VEMS post bronchodilatateur moyen à 50,1 ± 12,6 de la valeur théorique et faisaient en 2,1 ± 0,9 exacerbation modérée à sévère dans l’année. L’éosinophilie sanguine moyenne était de 407 ± 336 cellules/µL et la fraction expirée de monoxyde d’azote (FeNO) de 24,6 ± 26ppb. Les résultats montraient une réduction de 34% du taux annuel d’exacerbations modérées ou sévères dans le groupe dupilumab (0,86 versus 1,30, ratio 0,66 ; intervalle de confiance (IC) à 95 %, 0,54 à 0,82 ; p<0,001).

A propos des critères de jugement secondaires, le VEMS pré bronchodilatateur était amélioré à 12 semaines (différence moyenne 82 mL ; IC95% 40 à 124 ; p<0,001) et à 52 semaines (n=721, ; différence moyenne 62 mL ; IC95% 11 à 113 ; p=0,02). Cette amélioration était plus marquée dans le sous-groupe de patients ayant une FeNO supérieure à 20 ppb (différence moyenne 141mL ; IC95% 58 à 223 ; p=0,001). La qualité de vie selon le SGRQ était également améliorée (différence moyenne -3,4 ; IC95% -5,8 à -0,9). Les effets indésirables rapportés étaient similaires dans les deux groupes.

Ainsi, cet essai confirme l’efficacité du dupilumab dans la réduction des exacerbations modérées à sévères chez des patients atteints de BPCO sévère, sous triple thérapie inhalée et avec une éosinophilie sanguine supérieure à 300 cellules/µL. Cependant, il parait primordial de rappeler que l’inflammation de type 2 concerne uniquement 10 à 40% des patients atteints de BPCO et que la prescription d’une biothérapie doit s’intégrer dans une prise en charge globale incluant les mesures non pharmacologiques et la prise en charge des comorbidités.

D’après la communication de Bhatt SP (Birmingham, Etats-Unis) (session B13)

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Effets indésirables des corticoïdes inhalés dans la BPCO : à propos de 318 385 patients !

Les bases de données des assureurs permettent de générer des informations à partir de nombres très élevés de patients, même si elles ont évidemment leurs défauts. Lors de ce congrès, une étude intéressante provenant des Etats-Unis était consacrée aux effets indésirables des corticoïdes inhalés dans la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) et a permis de dresser quelques conclusions inattendues.

Parmi le registre de l’institut DARTN et comportant des informations provenant de plus de 20 millions de patients, W.D. Pace et al. (Aurora, Etats-Unis) ont extrait les données des patients âgés de plus de 45 ans et chez qui un diagnostic de BPCO avait été porté soit à n’importe quel moment (cohorte de BPCO prévalente, n=318 385), soit après l’entrée dans le registre (cohorte de découverte de BPCO, n=209 062), en excluant notamment les patients porteurs d’un déficit en alpha1 antitrypsine et ceux traités par corticoïdes oraux ou par biothérapies. L’objectif de l’étude était d’analyser les événements d’intérêt de type découverte de diabète, ostéoporose, pneumonies, fractures non traumatiques et cataracte, en distinguant les patients traités depuis 24 mois ou plus par corticoïdes inhalés (longue durée, n=67 448 pour la cohorte de BPCO prévalente et 48 806 pour la cohorte de découverte de BPCO) de ceux traités depuis 3 à 23 mois (durée intermédiaire, n=54 978 pour la cohorte de BPCO prévalente et 35 039 pour la cohorte de découverte de BPCO) et de ceux ayant reçu moins de 3 mois de corticoïdes inhalés voire pas du tout (courte durée, n=169 261 pour la cohorte de BPCO prévalente et 101 501 pour la cohorte de découverte de BPCO).

Par rapport à ceux traités par corticoïdes inhalés pendant une courte durée, les patients traités pendant une longue durée ont présenté plus de découverte de diabète (hazard ratio (HR) de 2,56 pour la cohorte de BPCO prévalente et de 2,48 pour la cohorte de découverte de BPCO), de fractures (HR de 2,45 pour la cohorte de BPCO prévalente et de 2,39 pour la cohorte de découverte de BPCO), d’ostéoporose (HR de 2,5 pour la cohorte de BPCO prévalente et de 2,44 pour la cohorte de découverte de BPCO), de pneumonies (HR de 2,48 pour la cohorte de BPCO prévalente et de 2,4 pour la cohorte de découverte de BPCO) et de cataractes (HR de 2,45 pour la cohorte de BPCO prévalente et de 2,39 pour la cohorte de découverte de BPCO). Dans la cohorte de découverte de BPCO, les patients traités par corticoïdes inhalés pendant une longue durée avaient un risque de 29,41% de présenter au moins un effet indésirable d’intérêt, contre seulement 9,15% lorsqu’ils étaient traités pendant une courte durée, soit une différence de risque absolu de 20,26%. Lors d’un traitement de longue durée par corticoïdes inhalés, 1 patient BPCO sur 5 risque donc de présenter au moins un effet indésirable d’après ces données américaines. De quoi continuer à nous faire réfléchir sur le rapport bénéfices/risques de ce type de traitement.

D’après la communication de W.D. Pace et al. Risks of long term inhaled corticosteriod use in COPD management and need to assess benefits versus risks. Am J Respir Crit Care Med 2024;209:A3825.

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Un pas de plus vers le traitement médicamenteux du syndrome d’apnées/hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS)

Depuis la mise en évidence de différents endotypes de mécanismes physiopathologiques pouvant aboutir au développement d’une obstruction des voies aériennes supérieures (VAS) en l’absence d’anomalie anatomique, de multiples propositions thérapeutiques ont été proposée, à la carte, avec de premiers résultats encourageants. Cette année, c’est une étape supplémentaire qui est franchie en évaluant l’efficacité de la combinaison de plusieurs traitement médicamenteux simultanément.

T. de Sarkar a présenté les résultats d’une étude prospective randomisée contre placebo, en double aveugle) comparant l’efficacité d’une association d’acetazolamide (500 mg) et d’eszopiclone (2 mg) (DualRx) +/- venlafaxine (TripleRx) afin d’agir à la fois sur la réduction du loop gain, l’augmentation du seuil d’éveil et l’augmentation de la réactivité des muscles dilatateurs des VAS. Dans un premier temps, l’association acetazolamide et eszopiclone a été utilisée pendant 2 périodes de 3 jours versus placebo avec cross over afin d’évaluer l’évolution de l’index d’apnées/hypopnées (IAH) au cours du sommeil non REM en position de décubitus dorsal (objectif principal), et le pourcentage de patients répondeurs (réduction de l’IAH >50% avec moins de 10 événements/h) ainsi que la tolérance au traitement (objectifs secondaires). Les patients non répondeurs ont bénéficié, en ouvert, de l’adjonction de venlafaxine pendant 3 jours avant d’effectuer un nouvel enregistrement polysomnographique.

20 patients ont été inclus dans le protocole initial (DualRx), avec une réduction significative de l’IAH en position de décubitus dorsal (IAH médian :-13.8/h, p = 0.003), et une réduction > 50% chez 7 d’entre eux, alors que un seul patient a pu être considéré comme répondeur complet. L’adjonction de Venlafaxine a permis d’obtenir 4 répondeurs complets supplémentaires, sans modification significative de l’IAH médian par rapport au résultat obtenu au cours de la phase DualRx, mais avec un effet plus marqué sur l’amélioration du niveau de saturation en oxygène au cours du sommeil. En revanche, les effets secondaires, en particulier gastro-intestinaux ont été plus marqués lors de la phase TripleRx.

Ainsi l’effet bénéfique de la double association (DualRx) sur l’amélioration polysomnographique peut encore être amélioré par l’adjonction de venlafaxine chez certains patients dont il conviendrait de définir plus précisément l’endotype en cause, et en utilisant une posologie éventuellement moins importante afin d’en éviter les effets indésirables, au cours d’étude à plus long terme.

D’après la communication de T de Sarkar et al. Combination drug therapy with acetazolamide, eszopiclone +/- venlaflaxine for obstructive sleep apnea: a randomized, controlled clinical trial. Am J Respir Crit Care Med 2024; 209: A1061 (Session A19).

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Le SAHOS : la fin de la PPC pour tous ?

La pression positive continue (PPC) est depuis plusieurs décennies maintenant le traitement de 1ère intention du syndrome d’apnées hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS), les autres traitements comme l’orthèse d’avancée mandibulaire (OAM) étant réservés aux SAHOS modérés ou aux échecs de PPC. Les dernières années ont été marquées par la mise en lumière de la grande hétérogénéité des patients porteurs de SAHOS avec la mise en évidence de différents sites anatomiques d’obstruction mais aussi de différents endotypes pouvant faire envisager de nouvelles possibilités thérapeutiques comme certains traitements médicamenteux.

D. Eckert (Adélaïde, Australie) a rapporté ce jour une étude qui bouscule quelque peu nos habitudes puisque le traitement de 1ère intention est une OAM avec incrémentation thérapeutique en fonction de l’évaluation de l’efficacité pour arriver en dernière étape à la PPC en association avec les autres traitements. L’objectif principal était de traiter le plus grand nombre de patients selon cette approche, l’objectif secondaire d’évaluer de déterminer les répondeurs des non-répondeurs à l’OAM.

Tous les patients ayant un SAHOS avec un index d’apnées hypopnées (IAH) > 10/h étaient inclus. Ils bénéficiaient d’une OAM avec une polysomnographie pour en évaluer l’efficacité au moins 1 mois après. Sur les 111 patients inclus, 93 ont terminé l’étude. Les patients étaient principalement des hommes (n = 71, 76,3%), âgés en moyenne de 55 ans (42 – 65 ans) en surpoids (index de masse corporelle [IMC] 29 kg/m2, 26 – 33). L’IAH moyen était de 31/h (18 – 48).

L’OAM diminue de 50% l’IAH (30 à 16/h, p< 0,001) avec 1/3 des patients (n=31) qui obtiennent un IAH final < 10/h avec diminution des éveils (32 en pré-traitement vs 15/h en post) et de l’hypoxémie. Les répondeurs avaient une collapsibilité moins importante, une meilleure compensation musculaire, une moindre instabilité du contrôle ventilatoire et un seuil d’éveil plus bas (p < 0,005 pour chaque item). Environ la moitié des patients restant (n=33) obtient un contrôle du SAHOS sous traitement combiné sans PPC. Les traitements combinés sont déterminés en fonction des endotypes mis en évidence : traitement positionnel associé à EPAP (pression positive générée par une valve buccale et/ou nasale), oxygénothérapie, Ato-Oxy (Atomoxétine – Oxybutynine), Zolpidem, Zolpidem + O2, Zolpidem + ato-Oxy , Ato-Oxy + O2.

Même si en France l’ensemble de ces traitements n’est pas disponible ou n’a pas l’AMM dans cette indication, il est intéressant de considérer cette nouvelle approche basée sur une médecine plus personnalisée. De même l’association de différentes stratégies thérapeutiques, comme on le rapporte depuis de nombreuses années, pourrait être une option intéressante pour certains patients.

D’après la communication de D Eckert (A19). Stepwise and targeted therapy to treat sleep apnea : a novel, physiology-informed, personalised approach using oral appliance therapy plus combination therapy in incomplete responders. Am J Respir Crit Care Med 2024 ; 209 : A1059

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