bpco

Hommes/femmes : tous égaux face à la BPCO ?  

D’après l’OMS, le BPCO est actuellement la 3ème cause de mortalité. Des différences existent entre les hommes et les femmes. Cette année, les premières données issues de la cohorte française PALOMB concernant les différences observées entre les hommes et les femmes ont été présentées.

En février 2022, cette cohorte prospective en vie réelle incluait 3 228 patients BPCO en Aquitaine et Charente. L’objectif de la présente étude était d’identifier les différences entre les sexes concernant les caractéristiques cliniques des patients BPCO. Mille cent soixante-dix-neuf femmes ont été recrutées, soit 36,5 % des patients. Ces dernières étaient plus jeunes (64,3 ans +/- 10,4 versus 66,8 ans +/- 10,6 ; p<0,001), avaient plus fréquemment un indice de masse corporelle inférieur à 18,5 kg/m² et étaient plus souvent fumeuses (45,6 % versus 35,4% ; p<0,001) que les hommes. De plus, elles rapportaient davantage d’exacerbations au cours de l’année précédente (p<0,001), de dyspnée (p=0,012) et avaient un VEMS en pourcentage de la théorique significativement plus faible à l’inclusion (59,2 % +/- 19,2 versus 60,9 % +/-20,2 ; p=0.01).

Concernant les comorbidités, les hommes souffraient davantage de maladies cardiovasculaires et de syndrome d’apnée du sommeil, tandis que les femmes souffraient davantage d’anxiété, de dépression d’ostéoporose et d’asthme. Aucune différence entre les sexes n’a été constatée en ce qui concerne le déclin annuel du VEMS. En juin 2022, 26,6 % des patients étaient décédés, dont 31,2% d’hommes et 18,6% de femmes. Concernant les déterminants de mortalité : la dénutrition, les pathologies cardiovasculaires (diabète, dyslipidémie, insuffisance cardiaque gauche) et le cancer du poumon étaient impliqués dans la mortalité du groupe de sexe féminin alors que le tabagisme à l’inclusion, la dyspnée et le cancer du poumon étaient des déterminant de mortalité chez les hommes.

Cette étude met en évidence des différences entre les sexes en ce qui concerne les caractéristiques cliniques des patients BPCO.

Marina Guecamburu Service des Maladies Respiratoires, CHU Bordeaux, Bordeaux Service des Maladies Respiratoires, CHU Bordeaux, Bordeaux 

D’après la communication de N.Jestin-Guyon et al. Sex-related differences, mortality and FEV1 decline among COPD patients: the french palomb cohort, Am J Respir Crit Care Med 2023; 207: A6410 (session D26)

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Traitement substitutif par alpha-1 antitrypsine d’origine humaine chez les patients avec un déficit profond : une alternative avec une protéine recombinante est-elle en vue ?

Les patients présentant un déficit profond en alpha-1 antitrypsine (AAT) sont depuis les années 1980 des candidats potentiels à l’administration intraveineuse (IV) de perfusions d’AAT d’origine humaine, sous réserve qu’ils satisfassent les critères d’éligibilité. Néanmoins, outre leur coût, ces perfusions doivent être réalisées de façon hebdomadaire car la demi-vie de l’AAT est courte (environ 6 jours) et le taux sérique résiduel visé est situé au-dessus du seuil supposé être protecteur (11 µM), qui représente la moitié du taux normal d’AAT. De plus, cette substitution est soumise à des problèmes d’approvisionnement. Les premiers résultats encourageants d’une étude de phase 1 utilisant une AAT humaine recombinante appelée INBRX-101, optimisée pour avoir une longue demi-vie (protéine de fusion associant 2 molécules d’AAT humaine et le fragment Fc d’une immunoglobuline) avaient été présentés l’année dernière sous forme d’affiche. Des résultats plus complets de cette étude ont été présentés sous forme de communication orale au cours de la session C15.

Cette étude visait à tester la sécurité d’emploi de cette protéine et sa capacité à maintenir un taux sanguin d’AAT >20 µM avec un intervalle d’administration élargi. La phase préclinique a montré la capacité de la protéine à pénétrer dans le poumon après une perfusion IV, à inhiber l’élastase du neutrophile et à résister à l’oxydation, ce qui lui confère une demi-vie allongée. Cette protéine peut être produite à un niveau commercial. L’étude prévoyait d’administrer des doses IV uniques de 10 mg/kg (n=6), 40 mg/kg (n=6), 80 mg/kg (n=6) et 120 mg/kg (n=6) à 24 patients avec déficit en AAT.  Dans une seconde partie, 18 patients devaient recevoir 3 doses de 40, 80, ou 120 mg/kg toutes les 3 semaines en perfusion. Les critères principaux de jugement étaient la tolérance et la sécurité d’emploi de l’INBRX-101. Les critères secondaires étaient la pharmacocinétique, la pharmacodynamie et l’immunogénicité. En tout, 31 patients (âge moyen 55 ans, 60% de femmes, VEMS moyen 81%th, principalement avec phénotype Z) ont participé à l’étude. La majorité (n=26) des patients a terminé l’étude. Cinq d’entre eux sont sortis d’étude pour raisons diverses (COVID 19, consentement retiré, déménagement) mais aucun en raison d’effets secondaires.  Des effets secondaires mineurs ont été constatés chez 8 patients, tous de grade 1 ou 2 (quelques cas de fatigue, d’élévation de tension artérielle et de prurit transitoires), alors que 2 patients ont présenté des effets secondaires sérieux (récidive de Hodgkin, tachycardie sinusale). Aucun effet secondaire n’a conduit à l’arrêt de l’étude. L’étude pharmacocinétique a mis en évidence une demi-vie de 15 à 18 jours selon les doses utilisées, c’est-à-dire franchement plus longue que celle observé après administration d’AAT humaine. Les doses de 80 et 120 mg/kg ont permis d’obtenir des taux sanguins d’AAT dans la fourchette des taux normaux (23-57 µM) à 3 semaines de la dernière injection des doses répétées (2ème partie de l’étude), permettant d’envisager une injection toutes les 3 semaines. Avec des doses répétées de 120 mg/kg, un taux d’AAT dans la fourchette normale était même observé pendant 4 semaines. Des anticorps anti INBRX-101 ont été détectés chez 9 patients, préexistants au traitement chez 3 d’entre eux. L’INBRX a été retrouvé dans le liquide de recouvrement alvéolaire en quantité dose-dépendantes, la meilleure pénétration étant observée avec la dose de 120 mg/kg.  Ces résultats ouvrent la voie à une étude contrôlée de phase 2 en cours de recrutement appelée ELEVAATE qui va comparer une substitution par INBRX-101 administré à la dose de 120 mg/kg toutes les 3 semaines à une substitution classique par perfusion hebdomadaire d’AAT humaine (NCT05856331). Cette voie semble donc représenter un espoir sérieux d’avancée thérapeutique pour les patients avec déficit en AAT.


Hervé Mal, Service de pneumologie et transplantation pulmonaire, Hôpital Bichât, 46 rue Henri Huchard, Paris

D’après la communication de B. T. Kuhn et al. Recombinant human Alpha-1 Antitrypsin (AAT) protein INBRX-101 demonstrates potential to achieve lung penetration and normal   functional serum AAT levels in patients with AAT deficiency. Am J Respir Crit Care Med 2023; 207: A4492 (session C15)

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Ça bouge dans la thérapie cellulaire : encore une bonne nouvelle dans la BPCO ?

Ce travail présenté lors d’un poster discussion pourrait passer tout à fait inaperçu. Pourtant, c’est probablement un événement important. Jusque-là, il était extrêmement difficile de transplanter des cellules dans le poumon car elles ne s’implantaient pas dans le tissu pulmonaire et étaient rapidement éliminées sans devenir des cellules résidentes capables de se différencier pour induire une « régénération pulmonaire exogène ». Herriges M. et al, ont pu le faire avec des cellules qui se sont implantées, différenciées en pneumocytes 2 et ont persisté 6 mois après transplantation… chez la souris.

Un premier travail avait pu montrer que des cellules épithéliales embryonnaires pouvaient être transplantées efficacement dans le poumon de souris immunodéprimées. Ici, les auteurs ont pu les transplanter dans des souris immunocompétentes. Pour atteindre cet objectif, l’équipe a généré à partir de cellules souches pluripotentes induites des cellules épithéliales appelées «tip-like cells », qui sont les cellules épithéliales embryonnaires qui participent à la septation secondaire lors du développement des alvéoles. Après transplantation dans le poumon, ils ont pu les suivre grâce à un flurochrome et constater leur différenciation en cellules ressemblant à des pneumocytes 2 et 1. Ils ont aussi constaté leur persistance jusqu’à 6 mois après la transplantation. Ils ont ensuite isolé les pneumocytes 2 issus des cellules transplantées et les ont comparés aux pneumocytes 2 de la souris réceptrice. Ils ont constaté des similarités importantes entre ces deux types cellulaires.

Il s’agit ainsi d’une avancée importante pour les thérapies cellulaires dérivant de cellules souches pluripotentes dans le poumon. A suivre… peut-être un jour pour les patients emphysémateux ?


Laurent Boyer, Service de Physiologie-Explorations Fonctionnelles, Hôpital Henri-Mondor, 51 Avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny, 94010 Créteil Cedex

D’après la communication de Herriges M et al. : Durable alveolar engraftment of PSC-derived lung tip-like cells into immunocompetent mice. Am J Respir Crit Care Med 2023; 207:A4701 (session C28).

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Double dépistage cancer du poumon / BPCO : une expérience en vraie vie

Depuis 2021, le dépistage du cancer du poumon par scanner est recommandé aux Etats-Unis chez les fumeurs de plus de 20 paquets-années et de plus de 50 ans. Outre le dépistage du cancer du poumon, ce dépistage pourrait aussi permettre d’identifier des patients atteints de BPCO.

C’est l’expérience qu’a fait l’hôpital de l’Université du Michigan en dépistant 328 fumeurs entre le 1er janvier 2022 et le 31 mars 2022 et en quantifiant la densité pulmonaire de manière systématique. L’emphysème était défini comme le pourcentage de parenchyme pulmonaire avec une densité inférieure à -950 unités Hounsfield (logiciel Imbio®). Par la suite, les données ont été extraites des dossiers médicaux, dont les interprétations visuelles des scanners, les EFR dans les 2 ans avant ou 6 mois après le scanner.

Parmi les sujets dépistés, 57 % étaient des hommes, l’âge moyen était de 65±7 ans, le nombre moyen de paquets-années était de 40±22, et 38 % des sujets avaient un diagnostic de BPCO dans leur dossier. Dans l’ensemble, 51% des sujets avaient un emphysème selon l’interprétation visuelle, et 31 % un emphysème quantifié par le logiciel Imbio®. Parmi ceux qui avaient un diagnostic de BPCO, 49 % avaient un emphysème visuel et 54 % un emphysème objectivement quantifié. Dans l’ensemble de la cohorte, peu de sujets avaient bénéficié d’EFR dans les deux ans précédant le scanner (19% de l’ensemble de la population, et seulement 6% dans la population des sujets avec emphysème sans BPCO connue). La même observation était faite pour des EFR réalisées dans les 6 mois suivant le scanner de dépistage (10% et 9% respectivement).

Sachant que la fréquence d’une BPCO est de l’ordre de 44 à 57 % chez les fumeurs ayant un scanner de dépistage dans des études antérieures, les auteurs constataient qu’ils n’avaient pas saisi cette opportunité de dépister des patients BPCO et envisageaient d’adjoindre une spirométrie au scanner lors du dépistage du cancer.

Cette expérience montre que le dépistage du cancer pulmonaire et de la BPCO sont liés et associer la spirométrie au scanner thoracique pourrait s’avérer utile pour ces fumeurs. Il parait difficile de ne pas adresser pour des EFR et une consultation pneumologique les patients ayant de l’emphysème sur le scanner de dépistage. Aux Etats-Unis, cette stratégie peut être remise en cause du fait des dernières recommandations de la US Preventive Services Task Force qui ne recommande pas le dépistage de la BPCO par spirométrie chez les fumeurs asymptomatiques par manque de preuve d’un effet bénéfique sur les principaux marqueurs de santé 1. De nouvelles études devraient pouvoir démontrer si l’association du dépistage de la BPCO au dépistage du cancer a un impact bénéfique sur la santé des patients fumeurs.


Laurent Boyer, Service de Physiologie-Explorations Fonctionnelles, Hôpital Henri-Mondor, 51 Avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny, Cedex

D’après la communication de  Scicluna VM et al. : What a lung cancer screening cohort can tell us About COPD: The University of Michigan experience. Am J Respir Crit Care Med 2023; 207:A4205 (session B94).

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Inhibiteur de phosphosphodiestérase 3 et 4 par voie inhalée. Une nouvelle arme dans l’arsenal thérapeutique de la BPCO ?

A côté des bronchodilatateurs et des antiinflammatoires sous forme de corticoïdes inhalés (CSI) qui représentent l’essentiel du traitement médical de la BPCO, d’autres agents tels que les macrolides ou le roflumilast ont une place dans l’algorithme thérapeutique. L’efficacité du roflumilast qui est un inhibiteur de phosphodiestérase (PDE) 4 doté d’un effet antiinflammatoire, a été montrée chez des patients BPCO avec bronchite chronique présentant un phénotype « exacerbateur fréquent » mais l’utilisation en est limitée par des effets secondaires, notamment une perte de poids, ce qui a contribué à sa non-autorisation d’utilisation en France. Un inhibiteur de PDE4 et de PDE3 administré par voie inhalée a été développé dans le but d’obtenir à la fois un effet bronchodilatateur, antiinflammatoire, et d’améliorer la clairance mucociliaire. L’efficacité de cette molécule appelée ensifentrine a été testée dans 2 essais de phase 3 dont les résultats ont été présentés au cours de la session « Breaking news : clinical trial in pulmonary medicine » (B13) ainsi qu’au cours de la session d’affiches B22.

Deux études multicentriques contrôlées en double aveugle appelées ENHANCE 1 et ENHANCE 2 ont été réalisées de 2020 à 2022 avec un suivi sur 24 semaines. Elles ont toutes 2 testé l’effet de l’ensifentrine 3 mg vs placebo 2 fois par jour, administrés par voie inhalée. Les critères d’inclusion étaient un âge entre 40 et 80 ans, un VEMS post bronchodilatateur entre 30 et 70% th, un score mMRC >2. L’utilisation de LAMA, LBA et de CSI était autorisée. Le principal critère de jugement était le gain à 12 semaines de l’aire sous la courbe (AUC) de VEMS (mesures sériées de VEMS sur 12h) par rapport à la valeur de base. Environ 900 patients ont été inclus dans chaque étude : 477 et 498 dans le groupe ensifentrine et 283 et 291 dans le groupe placebo dans ENHANCE 1 et ENHANCE 2, respectivement. En tout, la proportion de patients avec BPCO modérée et sévère était de 56% et 44%, respectivement. Le pourcentage de patients avec bronchite chronique était de 72%. A 12 semaines, le gain moyen de l’AUC de VEMS était de 87 mL et de 94 mL par rapport au placebo dans ENHANCE 1 et ENHANCE 2, respectivement. Le gain en termes de VEMS au pic était respectivement de 147 mL et 146 mL dans chaque étude.  Par ailleurs, les patients sous ensifentrine avaient un gain significatif et cliniquement pertinent en termes de symptômes rapportés par le patient (E-RS score), de qualité de vie (SGRQ) et de dyspnée (TDI) en comparaison avec le groupe placebo. De plus, l’ensifentrine était associée à une diminution significative de l’utilisation de traitements de recours et de l’utilisation des ressources de santé pendant les 24 semaines. Un effet de l’ensifentrine sur la survenue d’exacerbations (EA) modérées ou sévères au cours des 24 semaines de suivi (critère secondaire de jugement) a également été observé puisque le taux d’EA a baissé de 36% et 43% dans ENHANCE 1 et ENHANCE 2, respectivement, et que le temps écoulé jusqu’à la première exacerbation était significativement rallongé sous traitement (environ 40% de diminution de risque).
Un même effet bénéfique du traitement sur la survenue d’EA était observé quand les patients étaient stratifiés en sous-groupes (selon le tabagisme, les médications associées, l’éosinophilie …). Pour les 400 patients de ENHANCE 1 ayant été suivis 48 semaines, l’effet bénéfique sur la survenue d’EA était également observé. La tolérance de l’ensifentrine s’est avérée excellente avec un taux d’effets secondaires similaire à celui du placebo dans chacune des études. En conclusion, ces 2 études contrôlées de qualité démontrent que l’ensifentrine apporte un bénéfice en termes de fonction, de symptômes et de réduction de fréquence d’EA chez des patients BPCO de gravité modérée à sévère. Il est donc fort probable qu’au terme de ces études, cette médication trouve sa place dans l’algorithme de prise en charge des patients BPCO.


Hervé Mal, Service de pneumologie et transplantation pulmonaire, Hôpital Bichât, 46 rue Henri Huchard, Paris

D’après les communications de :
Anzueto A. et al. Effect of ensifentrine, a novel PDE3 and PDE4 inhibitor, on lung function, symptoms and exacerbations in patients with COPD (session B13).
Barjaktarevic I.Z. et al. Ensifentrine reduced healthcare resource utilization in subjects with COPD: Results from Enhance-2, a phase 3 trial of ensifentrine, a dual PDE3/4 inhibitor. Am J Respir Crit Care Med 2023, 207: A2839 (session B22).
Barjaktarevic I.Z. et al. Twice-daily, nebulized ensifentrine produced significant improvement in week 12 lung function: sub-group analysis in the phase 3 trial Enhance-2. Am J Respir Crit Care Med 2023, 207: A2838 (session B22).

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On va trouver des traitements pour les patients BPCO, encore un peu de patience !

Les traitements pharmacologiques de la BPCO sont les bronchodilatateurs, dont l’efficacité reste limitée. Il est nécessaire de trouver de nouvelles cibles cellulaires et moléculaires pour pouvoir changer le cours de cette pathologie.

La découverte de nouvelles cibles à impact thérapeutique élevé dans la BPCO reste à ce jour modeste. Ces découvertes dépendaient jusqu’à récemment de la vérification d’hypothèsee physiopathologiques dans des modèles animaux. Cependant, le transfert des stratégies thérapeutiques identifiées dans les modèles animaux vers des essais cliniques s’est avéré une longue succession d’échecs appelant à de nouvelles méthodes de recherche en rupture avec les méthodes antérieures.

Rhiannon B. Werder a présenté un premier travail en se basant sur trois méthodes innovantes de type GWAS, iPS et CRISPR-Cas9 :

– Les études de Genome-wide association (GWAS) ont permis d’identifier 472 gènes associés à la BPCO. Cependant, ces études ne permettent pas de déterminer s’il existe un lien de causalité entre le gène associé à la maladie et le développement de la maladie.

– Pour déterminer le rôle des gènes identifiés par le GWAS, le système CRISPR-Cas9 a permis  d’éliminer ces gènes au niveau du génome dans les cellules épithéliales. Douze gènes connus pour être exprimés dans les pneumocytes 2 ont ainsi été sélectionnés 

– Pour tester la fonctionnalité de ces gènes, des pneumocytes de type 2 induits (iAT2) issus de cellules souches pluripotentes induites (iPS) humaines ont été utilisés. Parmi les 12 gènes, seule l’inhibition de deux d’entre eux induisaient des altérations des pneumocytes 2. De manière inattendue, il s’agissait du gène de la desmoplakine (DSP), protéine impliquée dans les jonctions intercellulaires 1, et de ADGRG6 (adhesion G protein-coupled receptor G6) impliqué dans l’adhésion cellulaire.

Ensemble, ce travail pose la validité de ce type d’approche « sans a priori », pour découvrir de nouvelles cibles thérapeutiques dans la BPCO. Si on s’en donne les moyens, on devrait trouver des solutions thérapeutiques dans la BPCO.


Laurent Boyer, Service de Physiologie-Explorations Fonctionnelles, Hôpital Henri-Mondor, 51 Avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny, 94010 Créteil Cedex

D’après la communication de Werder R. : Application of human iPSC model systems to illuminate the functional contribution of COPD GWAS genes to cellular phenotypes (session A6)

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Disponibilité et accessibilité financière des moyens diagnostiques et thérapeutiques de l’asthme et de la BPCO au Burkina Faso

La disponibilité des moyens diagnostiques et thérapeutiques de l’asthme et de la BPCO à Ouagadougou est réputée faible. Cette faible disponibilité était accentuée dans le secteur public. Au vu du fardeau que l’asthme et la BPCO représentent en termes de morbidité et de mortalité, il s’avère important d’améliorer l’accès des patients aux moyens diagnostiques et thérapeutiques.

Les maladies respiratoires chroniques, en particulier l’asthme et la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), constituent une menace importante pour la santé publique. L’étude présentée avait pour but de déterminer la disponibilité et l’accessibilité financière à leurs moyens diagnostiques et thérapeutiques.

Il s’est agi d’une étude transversale couvrant la période d’août à décembre 2021 à Ouagadougou au Burkina Faso. Cette étude a concerné 107 centres de santé et 135 officines pharmaceutiques. La définition de l’Organisation Mondiale de la Santé / Health Action International a été utilisée pour déterminer l’accessibilité aux médicaments.1 2

Résultats : Sur 107 centres de santé, 29 (27,1%) disposaient d’un spiromètre. Le prix moyen de réalisation de la spirométrie représentait 19,88 jours de salaire pour un patient payé au SMIG. 3 4 Les médicaments les plus disponibles étaient le salbutamol en aérosol doseur pressurisé (ADP) (88,1%) et la prednisone 20 mg comprimé (87,4%). Aucun médicament du traitement de fond n’était disponible dans les officines publiques 5. Les médicaments accessibles financièrement étaient le salbutamol comprimé 4mg et l’aminophylline comprimé 100mg. Les moyens diagnostiques et thérapeutiques de l’asthme et la BPCO sont donc toujours faiblement disponibles, cette faible disponibilité est accentuée dans le secteur public quasi-absence du traitement de fond.

Soumaïla MAIGA , Pneumologue, CHU Yalgado Ouédraogo, Ouagadougou Burkina Faso.

D’après la session des communications orales portant sur : « infectiologie-épidémiologie », présentée par Abdoul Risgou OUEDRAOGO (Burkina Faso), le dimanche 7 Mai 2023.


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Apport de la PCR panel respiratoire dans la prise en charge des exacerbations aigües de bronchopneumopathie chronique obstructive à l’ère de la COVID-19

La PCR pannel respiratoire a été vulgarisée depuis l’avènement de la COVID-19. Il convient d’évaluer son apport dans la prise en charge des exacerbations aigues de bronchopneumopathie chronique obstructive.

Les infections respiratoires sont les principales causes d’exacerbations aigues de bronchopneumopathie chronique obstructive (EABPCO). L’identification du germe en cause permettrait d’améliorer la prise en charge du patient présentant une EABPCO. L’objectif de l’étude menée était de déterminer l’apport de la PCR pannel respiratoire dans la prise en charge des EABPCO.

Dans cette étude transversale menée de 2019 à 2022 dans le service de pneumologie de l’hôpital Louis Mourier (APHP, Colombes, France), l’examen cytobactériologique des aspirations bronchiques et la PCR pannel respiratoire des écouvillons naso-pharyngés ont été réalisés.

Des 142 patients définitivement inclus dans ce travail, 32,5% présentaient une surinfection virale desquels 19,1% était virale exclusive et la coïnfection bactérienne et virale chez 13,4%. Le rhinovirus était le principal virus retrouvé en cas de coïnfection bactérienne. L’identification de l’origine virale a permis une abstention d’antibiothérapie chez la moitié des patients.

La PCR pannel respiratoire permet donc de retrouver une infection virale chez le tiers des patients et de limiter la prescription d’antibiotique inappropriée. La place de la coinfection bactérienne et virale est non négligeable

Virginie POKA-MAYAP, Service de pneumologie A, Hôpital Jamot de Yaoundé, Cameroun.

D’après le poster “ Apport de la PCR pannel respiratoire dans la prise en charge des exacerbations aigues de bronchopneumopathie chronique obstructive à l’ère de la COVID-19” présenté par Koumeka PP (Côte d’Ivoire), issue de la session PO1 “Pathologie bronchique”, le dimanche 07 mai 2023.


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Traitement de fond de la BPCO en 2023 : une mise au point

En 2023, le rapport Global Initiative for chronic Obstructive Lung Disease (GOLD) effectue une mise à jour sur la prise en charge de la bronchopneumopathie chronique obstructive, notamment sur le traitement de fond, qui est présenté par l’équipe du Maroc !

La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est dorénavant définie comme une maladie hétérogène caractérisée par des symptômes respiratoires chroniques (dyspnée, toux, expectoration et/ou exacerbation) due à des anomalies des voies aériennes  et/ou des alvéoles qui engendrent une obstruction bronchique persistante et progressive 1. L’importance des exacerbations est reconnue comme prioritaire indépendamment de la sévérité des symptômes dans les principaux outils d’évaluation de la BPCO. Ainsi,  les groupes A et B du GOLD ont été inchangés, mais les groupes C et D ont été fusionnés en un seul groupe dorénavant appelé « E », dans lequel une seule exacerbation suffit, soulignant la pertinence des exacerbations dans l’évaluation clinique des patients.

Pour réduire la mortalité de la BPCO, des ajustements effectués sur le traitement de fond de la BPCO portent essentiellement sur les patients du groupe E. En effet, l’association β2 mimétiques de longue durée d’action (LABA) et les antimuscariniques de longue durée d’action (LAMA) est le meilleur traitement pour réduire les exacerbation par rapport aux monothérapies LABA ou LAMA 2. La trithérapie incluant un corticostéroïde inhalé (CSI) réduit le risque de décès toutes causes confondues et d’exacerbation modérée à sévère 3. Elle est réservée aux patients présentant les caractéristiques suivantes : histoire d’hospitalisation (s) pour exacerbations de BPCO, au moins 2 exacerbations modérées de BPCO par an, une éosinophilie sanguine ≥ 300 cellules par µl ou une histoire concomitante d’asthme.  L’usage des CSI est formellement déconseillé chez les patients présentant des pneumonies répétées, une éosinophilie sanguine < 100 cellules par µl ou une histoire d’infection à mycobactéries. 

Bien évidemment, il a été rappelé la place des mesures non pharmacologiques notamment le sevrage tabagique, la réhabilitation respiratoire, la vaccination selon les recommandations locales. Par ailleurs, du point de vue interventionnel, il a été proposé l’usage de la dénervation ciblée des poumons par radiofréquence, la réduction thermique de volume par vapeur d’eau dans les indications particulières et appropriées.

Virginie POKA-MAYAP Service de pneumologie A, Hôpital Jamot de Yaoundé, Cameroun

D’après la communication “Traitement de fond de la BPCO en 2023” présenté par Nahib Zaghba (Maroc), session “La bronchopneumopathie obstructive : Du cabinet de consultation aux urgences hospitalières”, le vendredi 05 mai 2023.


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