PID

La fibrose pulmonaire idiopathique chez les femmes : fréquence des expositions et impact sur la présentation

Par rapport aux hommes, les femmes ayant une FPI présentent moins fréquemment d’intoxication tabagique, ont moins d’expositions professionnelles et une présentation différente de la maladie au diagnostic (avec un âge plus avancé que les hommes et moins sévère).

Relevé des expositions directes et indirectes des patientes vus à l’hôpital Avicenne pour une FPI

Toutes les patientes consécutives ayant une FPI et vues dans le service de physiologie de l’hôpital Avicenne entre janvier et juillet 2023 ont été interrogées prospectivement à l’aide d’un questionnaire sur leurs expositions directes et indirectes (passées et actuelles). Parmi les expositions directes étaient relevés le tabagisme personnel, les expositions professionnelles ou environnementales (silice, amiante, poussière de bois ou de métaux, contact aviaire, métaux) et parmi les expositions indirectes, le tabagisme passif et les expositions professionnelles du conjoint ou des parents.

Caractéristiques des femmes atteintes de FPI

Une analyse descriptive des caractéristiques de la population et des réponses aux questionnaires a été réalisée (moyenne écart-type, effectifs et pourcentages). Parmi les 251 patients FPI de la file active, 37(15%) étaient des femmes avec un âge médian au diagnostic de 69±8,8 ans. Neuf patientes (24%) présentaient une forme familiale. La capacité vitale forcée (CVF) moyenne initiale était de 97,5±23%th. L’aspect au scanner était celui d’une pneumopathie interstitielle commune (PIC) certaine pour 10 (27%), probable pour 16 (43%) et indéterminée pour 9 (24%) patientes. Douze (32%) patientes ont rapporté un tabagisme personnel sevré. Toutes les patientes ayant un aspect de PIC certaine avaient un tabagisme personnel. Quatorze patientes ont été interrogées (7 sont décédées, 10 ont été perdues de vue, 6 non encore interrogées) qui avaient un profil similaire au groupe total. Onze (78%) patientes présentaient au moins une exposition directe (tabac (n=5, 36%), moisissures (n=3, 21%), aviaire (n=8, 57%). Aucune profession potentiellement exposante n’a été retrouvée. Concernant les expositions indirectes 11 patientes (78%) avaient leur conjoint ou leur père qui travaillait dans le secteur industriel (mécanicien, métallurgie ou BTP), et toutes avaient été exposées plus de 15 ans au tabagisme passif.

En conclusion

Contrairement aux données de la littérature, les expositions sont fréquentes chez les femmes ayant une FPI. Toutes les patientes ayant un profil de PIC certaine avaient fumé. Aucune exposition professionnelle n’a été retrouvée, mais la majorité des patientes avaient leur conjoint ou leur père qui travaillait dans le secteur industriel.

La fibrose pulmonaire idiopathique chez les femmes : fréquence des expositions et impact sur la présentation Lire la suite »

Cryobiopsie ou biopsie pulmonaire chirurgicale, comment choisir ?

Le diagnostic de PID doit être posé en discussion multi disciplinaire (DMD). Mais dans 10% à 30% des cas, la DMD n’est pas capable de donner un diagnostic de haute probabilité pour une PID, et l’indication d’une histologie est discutée. Les critères histologiques qui sont utilisés en DMD sont basés sur des prélèvements par biopsie pulmonaire chirurgicale (BPC) (gold standard selon les recommandations ATS/ERS/JRS/ALAT 2001-2018). Depuis quelques années, une nouvelle technique est apparue : la cryobiopsie. D’après la littérature, la rentabilité diagnostique de la BPC serait de 90-95%, avec une mortalité de 1,7%. Par comparaison la rentabilité diagnostique est de 80% pour la cryobiopsie, avec une mortalité de 0,2%.

La cryobiopsie comme alternative à la biopsie chirurgicale

Des études récentes ont comparé la réalisation des deux procédures (cryobiopsie, puis BPC) chez les patients. Les concordances du diagnostic en DMD se situaient aux alentours de 61% à76% selon les études et le type de PID, avec une moindre concordance pour le diagnostic de pneumopathie d’hypersensibilité (PHS) fibrosante.  Les recommandations européennes suggèrent la cryobiopsie en alternative à BPC, que le patient soit éligible ou non à la BPC, à condition que ce geste soit réalisé dans un centre expérimenté.

Comment choisir entre les deux ?

En cas de PID sans diagnostic malgré une cryobiopsie, il est suggéré la réalisation d’une BPC.

Néanmoins le Dr Freynet souligne qu’il est nécessaire de standardiser la technique de cryobiopsie et de la lecture anatomopathologique de des prélèvements obtenus, plus petits qu’avec la BPC. De plus, le choix de la technique de prélèvement posée en DMD doit tenir compte de l’expertise locale, de la balance bénéfice risque, et possiblement de la préférence du patient. Il reste à mieux définir les populations cibles à chacune des procédures, en particulier dans la PHS fibrosante, les pneumonies interstitielles non spécifiques (PINS) et les PID familiales.

Cryobiopsie ou biopsie pulmonaire chirurgicale, comment choisir ? Lire la suite »

SAHOS du sujet âgé : des objectifs bien particuliers lors de la prise en charge

Les dernières données montrent une prévalence variable du syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS) du sujet âgé dans la littérature, notamment du fait des différents seuils d’IAH utilisés 1. Il existe des facteurs favorisants de SAHOS liés à l’âge : modifications anatomiques (calibre des VAS réduit) par l’édentation, la perte d’élasticité des tissus, répartition graisseuse et l’augmentation de la résistance des VAS. On constate aussi des modifications physiologiques avec un remodelage du parenchyme et une altération du réflexe dilatateur du pharynx. La maladie d’Alzheimer multiplie par 5 le risque de SAHOS 2. Enfin, les sédatifs et hypnotiques contribuent à la collapsibilité des VAS.

Le SAHOS sous-diagnostiqué en population gériatrique

Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce constat, notamment la banalisation de la somnolence diurne, mais aussi les particularités de symptômes. On trouvera au premier plan les troubles de l’humeur et les troubles cognitifs (troubles mnésiques, attentionnels, exécutifs), mais également des chutes fréquentes, de la confusion nocturne, une sécheresse buccale ou un glaucome. Le contexte socio-économique souvent plus défavorable retarde le diagnostic et rend la prise en charge plus difficile.

Il existe un lien entre AVC et SAHOS sévère. Le SAHOS est un facteur de risque indépendant d’AVC et il, multiplie le risque de mortalité associée par 2,5. En revanche, il n’y a pas de surmortalité liée au SAHOS chez les plus de 70 ans 3. La qualité de vie est souvent altérée chez les sujets sous pression positive continue (PPC), l’âge étant un facteur de risque indépendant.

L’âge doit-il modifier le comportement médical ?

Pour le diagnostic, la réponse est clairement non. Il faut considérer la sévérité sur l’IAH mais aussi sur les symptômes, et chercher une étiologie (anatomique ou non anatomique). L’âge ne doit pas être un motif de renoncement au bilan et au traitement, mais la population est très hétérogène, depuis le très bon état de santé jusqu’au très dépendant, en passant par le patient en bon état de santé susceptible de se dégrader. La prise en charge doit donc s’intégrer dans une évaluation gériatrique globale prenant en compte les comorbidités (précautions ou contre-indication au traitement) et l’état physiologique. Il est également essentiel d’éduquer le patient et d’impliquer les aidants. Les objectifs de la prise en charge sont de diminuer la mortalité et la morbidité, d’améliorer les symptômes, dont la vigilance et la fonction cognitive, d’améliorer la qualité de vie, et de réduire au maximum l’IAH, tout en garantissant l’observance (équilibre tolérance/efficacité, en limitant les pressions si nécessaire). Les niveaux de pression nécessaires sont souvent bas, du fait de l’hyperinflation pulmonaire : dans l’étude de Kostikas, la pression efficace était de 6,9 ± 1,9 cm d’eau vs 9,4 ± 3,5 pour les patients plus jeunes, p< 0,0001) 4.

Le traitement par PPC permet de réduire la mortalité globale, surtout par réduction de la mortalité cardiovasculaire (insuffisance cardiaque et AVC, mais pas coronaropathie). Il existe également une efficacité sur la nycturie, la somnolence, les chutes à répétition, la qualité du sommeil, l’humeur et les fonctions exécutives 5 , 6. La qualité de vie est améliorée si le patient est observant et le SAHOS modéré à sévère chez le patient de plus de 65 ans 7. Les facteurs de non observance sont la vie seule, la douleur chronique, des problèmes dentaires et des troubles cognitifs. Une chute importante de l’observance est également observée au-delà de 80 ans 8.

En conclusion

Le SAHOS du sujet âgé est un problème d’actualité, pour lequel des solutions existent et doivent être personnalisées pour chaque patient. L’abstention thérapeutique ne doit pas être la règle.

SAHOS du sujet âgé : des objectifs bien particuliers lors de la prise en charge Lire la suite »

Approche globale des exacerbations aiguës de PID chronique

L’exacerbation aiguë de pneumopathie interstitielle diffuse (PID) correspond au déclin rapide de la fonction respiratoire et de l’oxygénation, associé à l’apparition de nouvelles opacités radiologiques (opacités en verre dépoli, condensations) chez un sujet présentant une PID pré-existante.

Quelques données épidémiologiques

L’exacerbation aiguë est classiquement rapportée au cours de la fibrose pulmonaire idiopathique (FPI), mais le Dr Traclet a rappelé que toutes les PID présentent un risque d’exacerbation aiguë. Au cours de la FPI, 5% à 15% des patients inclus dans les essais cliniques sont concernés. Pour les pneumopathies d’hypersensibilités fibrosantes l’incidence serait autour de 11% sur 2 ans, et de 1% à 7% sur 1 an pour la PID de polyarthrite rhumatoïde.

Un pronostic sombre qui appelle à la prévention

Il s’agit d’une complication grave, avec une médiane de survie après exacerbation de 3 à 4 mois, et une mortalité intra-hospitalière de 50%. Le pronostic est identique à celui de la FPI pour les PID inclassables et autres PID fibrosantes. Les mesures de prévention comportent les vaccinations antigrippale, anti-SARS-CoV-2, anti-pneumococcique, en évitant le contact avec l’entourage malade, en privilégiant le port du masque dans les lieux clos, publics… Il faut aussi éviter les efforts en période de pic de pollution, débuter un traitement anti-fibrosant et évaluer en amont les candidats à la transplantation pulmonaire.

L’efficacité des corticoïdes encore incertaines

L’étude EXAFIP a montré qu’il n’y a pas de bénéfice à l’utilisation du cyclophosphamide IV dans cette indication. La corticothérapie reste le traitement de référence, mais le bénéfice n’est pas certain. L’étude EXAFIP2 est un essai thérapeutique français en cours qui évalue l’efficacité des glucocorticoïdes comparativement au placebo sur la mortalité à 30 jours des exacerbations aiguës de FPI. Enfin, en cas d’exacerbation aiguë de PID, il est conseillé d’orienter vers un centre EXAFIP2.

Approche globale des exacerbations aiguës de PID chronique Lire la suite »

Mortalité de la sarcoïdose 

La sarcoïdose entraine le décès dans 1% à 8% des cas. Différents registres européens ont mis en évidence une surmortalité chez les patients atteints de sarcoïdose par rapport à la population générale. Cette surmortalité ne concerne qu’un sous-groupe bien particulier de patients. Elle est causée soit par la maladie elle-même, soit par les comorbidités associées (néoplasiques, cardiovasculaires, infectieuses).

Quels patients sont à risque de décès ?

L’âge élevé, un bas niveau socio-économique mesuré par l’index de vulnérabilité sociale (SVI), l’exposition professionnelle aux poussières de métaux, mais également les métiers avec un contact humain répété (agents administratifs, enseignants, métiers de la santé, …) sont associés à un moins bon pronostic. En plus d’une incidence accrue, les afro-américains ont des formes plus sévères de la maladie et présentent un taux de mortalité 10 fois supérieur à celui des patients caucasiens. Enfin, le recours à un traitement de la sarcoïdose dans les mois suivants le diagnostic est un élément pronostique majeur.

Quelles sont les causes de décès ?

Les 5 causes de décès les plus fréquentes sont l’insuffisance respiratoire, l’hypertension pulmonaire, la fibrose pulmonaire, l’insuffisance cardiaque et la pneumonie. Dans une étude française, 20% de patients sont décédés de l’atteinte pulmonaire liée à la sarcoïdose 1

Focus sur 3 atteintes d’organes sévères :

  1. La fibrose pulmonaire complique 10% des sarcoïdoses pulmonaires. La survie à 10 ans est de 84%. L’index physiologique composite (CPI) > 40, ou l’extension de la fibrose > 20% du parenchyme pulmonaire, permettent d’identifier les formes sévères à haut risque de mortalité.
  2. L’hypertension pulmonaire est rare et de survenue tardive au cours de la sarcoïdose. Elle complique 20% des formes fibrosantes. Elle est classée dans le groupe 5. Elle survient majoritairement au cours de stade 4 mais non exclusivement. La survie à 5 ans est de 55%.
  3. L’atteinte cardiaque est cliniquement parlante dans 5% à 10% des cas. Le bloc atrio-ventriculaire est la présentation la plus fréquente. En cas de décès par atteinte cardiaque, 80% des patients décèdent de mort subite. La survie globale à 5 ans est de 85%. L’étendue de la prise de contraste tardive des lésions à l’IRM cardiaque avec injection de gadolinium, un SUVmax élevé au TEP-TDM, l’entrée dans la maladie par une atteinte cardiaque exclusive, la dysfonction ventriculaire gauche, la survenue d’une tachycardie ventriculaire soutenue ou un bloc atrio-ventriculaire de haut degré, sont des facteurs de mauvais pronostic.

Conclusion

Il existe une surmortalité pour certains patients atteints de sarcoïdose, en particulier ceux nécessitant un traitement et les sujets afro-américains. Les principales causes de décès liées à la sarcoïdose sont la fibrose pulmonaire, l’hypertension pulmonaire, l’atteinte cardiaque. L’impact des traitements sur la mortalité reste méconnu.

Mortalité de la sarcoïdose  Lire la suite »

Hypertension pulmonaire associée aux pneumopathies interstitielles diffuses

L’hypertension pulmonaire (HTP) associée aux pneumopathies interstitielles diffuses (PID) appartient au groupe 3 de la classification. Il s’agit d’une HTP pré-capillaire associée à une maladie respiratoire chronique avec un trouble ventilatoire restrictif (groupe 3.2) ou avec un trouble ventilatoire mixte restrictif et obstructif (groupe 3.3)1. Les PID les plus fréquemment rencontrées dans ce contexte sont les PID fibrosantes (fibrose pulmonaire idiopathique (FPI), pneumopathie interstitielle non spécifique idiopathique, pneumopathies d’hypersensibilité), les PID auto-immunes ainsi que la lymphangioléiomyomatose 2. Rev Mal Respir. 2022;39(3):275‑312.]. Cependant, certaines HTP associées aux PID peuvent également appartenir au groupe 5 (sarcoïdose et histiocytose pulmonaire notamment).

Épidémiologie et physiopathologie de l’HTP dans les PID

La prévalence de l’HTP dans les différentes PID est très variable. À l’instar de l’HTP associée à la BPCO, l’HTP sévère est définie par des résistances vasculaires pulmonaires supérieures à 5 unités Wood, mesurées par cathétérisme cardiaque droit. Une HTP non sévère entraîne une aggravation des symptômes, du risque d’exacerbations, ainsi qu’une augmentation de la mortalité. Mais la présence d’une HTP sévère est associée à pronostic particulièrement sombre3. Au stade pré-transplantation, la FPI est associée à une HTP dans 32% à 46% des cas et à une HTP sévère dans 9% 4.

Les mécanismes physiopathologiques sont multiples. L’hypoxie tissulaire joue un rôle important dans la vasoconstriction pulmonaire hypoxique, à l’origine du remodelage vasculaire pulmonaire. L’augmentation de l’hématocrite peut également être impliquée dans la formation de thromboses in situ. Le « pruning » ou raréfaction vasculaire est un phénomène bien décrit dans l’HTP associé aux PID. Enfin, l’hypoxie intermittente et l’exposition à la fumée de cigarette pourraient aggraver l’hémodynamique pulmonaire 5.

Prise en charge thérapeutique

Dans l’HTP associée aux PID, la pierre angulaire de la prise en charge des patients repose sur l’optimisation de la maladie respiratoire chronique (i.e., oxygénothérapie, traitement du syndrome d’apnées-hypopnées du sommeil, sevrage tabagique, réadaptation respiratoire…). À l’issue de l’optimisation respiratoire, s’il persiste des arguments pour une HTP sévère ou dans le cadre d’un bilan pré-transplantation, un cathétérisme cardiaque droit peut être réalisé en centre expert, à l’état stable.

De nombreux essais thérapeutiques impliquant les médicaments historiques de l’HTAP (i.e., bosentan, ambrisentan, tadalafil…) ont vu le jour à la fois dans les PID indépendamment de la présence d’une HTP et dans l’HTP associée aux PID. Cependant, toutes les études de phase 2 et 3 se s’étaient avérées négatives jusqu’en 2021. L’ambrisentan a même été associé à une progression et à une augmentation du risque d’hospitalisation dans la FPI, entraînant une contre-indication dans ce contexte 6.

L’essai INCREASE a cependant apporté un nouvel espoir thérapeutique 7. Cette étude, publiée en 2021, multicentrique randomisée et contrôlée en double aveugle, comparait l’administration de tréprostinil inhalé versus placebo dans l’HTP sévère associée aux PID. Le critère de jugement principal, à savoir le test de marche de 6 minutes réalisé à 16 semaines s’améliorait de façon significative dans le groupe tréprostinil inhalé (en moyenne de 31,2 +/- 7,2 mètres). Le taux de NT-pro-BNP était également significativement abaissé dans ce groupe. En revanche, il n’y avait pas d’amélioration de la qualité de vie. Le profil de tolérance de ce traitement était bon. Les principaux effets secondaires décrits étaient de la toux, des céphalées et des irritations pharyngées. De manière surprenante, la poursuite de l’étude sous forme ouverte (i.e., les patients auparavant sous placebo étaient traités par tréprostinil inhalé) laisse planer le doute sur la réelle efficacité de ce traitement puisqu’il n’était pas constaté d’amélioration du test de marche de six minutes chez les patients nouvellement placés sous tréprostinil inhalé 8.

Conclusion

Face à une HTP associée à une PID, il convient dans un premier temps d’optimiser la prise en charge de la maladie respiratoire chronique. En cas d’arguments pour une HTP sévère ou dans le cadre d’un bilan pré-transplantation, des explorations hémodynamiques (cathétérisme cardiaque droit) s’avèrent indispensables. Le phénotypage précis de ces patients permettra de discuter, en centre expert, de l’introduction de traitements (tréprostinil inhalé ou tadalafil). L’inclusion des patients dans de futurs essais cliniques permettra de préciser la place du tréprostinil dans l’algorithme de traitement.


Hypertension pulmonaire associée aux pneumopathies interstitielles diffuses Lire la suite »

Cancer, PID et traitement innovant : quand les relations deviennent toxiques

Les traitements innovants ont transformé le pronostic des cancers pulmonaires. Alors que la survie globale sous chimiothérapie seule était de 10 mois jusqu’en 2012, elle est actuellement de 30 à 60 mois chez les patients traités par thérapie ciblée, et de 24 mois, voire une guérison possible, chez ceux traités par immunothérapie. Cependant, l’interruption du traitement pose un défi en cas de toxicité, avec un risque potentiel de progression voire d’hyperprogression à l’arrêt.

Divers outils de données épidémiologiques permettent d’évaluer la toxicité respiratoire des traitements, tels que les essais thérapeutiques, les analyses systématiques (Cochrane®), les études de cohortes, VigiBase®/VigiLyse®, ou les centres de pharmacovigilance.

Toxicité pulmonaire des traitements utilisés en oncologie thoracique

  • Les chimiothérapies

Elles peuvent avoir une toxicité pulmonaire. Les trois molécules les plus fréquemment incriminées sont la gemcitabine, le pemetrexed et le docétaxel.

  • Les thérapies ciblées

En raison de leur mode d’action, peuvent affecter non seulement les cellules cancéreuses mais aussi les cellules normales. Les anti-EGFR peuvent induire une toxicité pulmonaire, surtout le géfitinib. L’afatinib est au contraire le traitement présentant le moins d’atteintes pulmonaires signalées. Les anti-ALK actuellement utilisés sont peu inducteurs de toxicité pulmonaire 1. Les anticorps bispécifiques, tels que les anti-TROP2, et les anticorps couplés, comme le trastuzumab-déruxtécan utilisé dans les mutations d’HER2, sont signalés comme présentant une toxicité pulmonaire. Les facteurs de risque rapportés pour le développement d’une pneumopathie interstitielle diffuse (PID) sous traitement par inhibiteur de tyrosine kinase (ITK) incluent une origine asiatique, l’existence préalable d’une PID, le tabagisme, le sexe masculin, la BPCO et un performance status inférieur ou égal à 2. Pour le trastuzumab-déruxtécan, des facteurs tels que l’âge inférieur à 65 ans, une origine japonaise, une dose supérieure à 6,4 mg/kg, la présence de comorbidités respiratoires sous-jacentes et une insuffisance rénale, ont été identifiés comme des facteurs de risque de toxicité respiratoire, avec une récupération observée dans 76,9% des cas après corticothérapie, mais un taux de mortalité de 9% 2. Les symptômes apparaissent généralement en moins de 3 mois, associant dyspnée, toux sèche et fièvre. Le lavage broncho-alvéolaire n’est pas spécifique, montrant une alvéolite lymphocytaire aspécifique. La suspension de l’ITK est recommandée en cas de toxicité de grade supérieur ou égale à 2. La réintroduction n’est pas recommandée en cas d’épisode sévère avec syndrome de détresse respiratoire aiguë, et elle est discutée dans les autres cas. Un changement de molécule ou l’adjonction d’une corticothérapie avec une surveillance scanographique rapprochée sont nécessaires.

  • L’immunothérapie

La toxicité pulmonaire est le plus souvent liée aux anti-PDL1/PD1 ou à leur association avec les anti-CTLA4. Les principaux facteurs de risque incluent la présence d’une PID sous-jacente, une auto-immunité et une origine asiatique. L’atteinte est généralement asymptomatique au début, survenant souvent dans les 3 premiers mois et associée à d’autres atteintes d’organes (hépatique, colique, cutanée…). Le lavage broncho-alvéolaire montre le plus souvent une alvéolite lymphocytaire à CD8+. La majorité des cas sont de grade 1 à 2, avec toutefois une mortalité de 11,6% à 18%. Le risque de réapparition de la toxicité à la réintroduction est multiplié par 6,8. L’apparition d’une toxicité lors de l’immunothérapie est cependant associée à une efficacité accrue de celle-ci.

Prise en charge du cancer pulmonaire dans un contexte de pathologie interstitielle diffuse sous-jacente

La prévalence du cancer pulmonaire chez les patients suivis pour une fibrose pulmonaire idiopathique est de 11,6% en Europe et 15,3% en Asie. En effet, la PID constitue un facteur de risque avéré de cancer du poumon. L’évolution naturelle se caractérise généralement par la présence d’un nodule périphérique dans les lobes inférieurs, en zone de fibrose. Bien que le diagnostic soit souvent établi à un stade TNM plus précoce, l’obtention d’une histologie peut être difficile, et la fréquence des mutations génétiques ciblables est faible, entraînant un pronostic moins favorable. Une étude rétrospective portant sur 78 patients atteints d’un carcinome bronchique non à petites cellules avancé et d’une PID, classés selon leur stade GAP, a révélé une survie globale de 16,6 mois chez les stades I, se rapprochant de la mortalité des patients présentant un cancer pulmonaire métastatique sans PID, et suggérant ainsi le principe de mortalité compétitive au sein de cette population 3.

  • La prise en charge doit être chirurgicale dans les formes localisées.
  • Le risque d’exacerbation existe sous chimiothérapie. Il est très important pour le docétaxel (18,4% rapporté), tandis que le paclitaxel et la vinorelbine semblent présenter un profil de toxicité moins important. L’utilisation de la chimiothérapie dans les carcinomes bronchiques étendus présentant une PID sous-jacente doit être évaluée en fonction de la balance bénéfice/risque. En première ligne, l’utilisation de carboplatine associée à du paclitaxel hebdomadaire, éventuellement associé à du bévacizumab, est préconisée. L’adjonction du nintédanib est à envisager. En deuxième ligne, la vinorelbine ou le pemetrexed en monothérapie sont des options. Pour les carcinomes à petites cellules, le carboplatine et l’étoposide sans immunothérapie restent le traitement standard.
  • L’immunothérapie par nivolumab ou pembrolizumab chez les patients avec un taux de PD-L1 ≥ 1% devrait être réservée à la seconde ligne de traitement, avec une nécessité de réévaluation précoce clinique et scannographique. Le risque de PID immuno-induite est trois fois plus élevé.

Ces situations sont complexes et nécessitent une discussion multidisciplinaire. La RCP CAPID, organisée par la filière de santé des maladies respiratoires rares RespiFIL, offre un cadre propice à la discussion des traitements oncologiques et à la formulation d’avis d’experts.


D’après la communication « Cancer, PID et traitement innovant – quand les relations deviennent toxiques » de Jacques Cadranel (Paris) – Session CP06 « PID » du vendredi 26 janvier 2024

Cancer, PID et traitement innovant : quand les relations deviennent toxiques Lire la suite »

Accès restreint

Accès à la Mission ERS 2023 

Pour accéder aux brèves de la Mission ERS 2023 merci de vous connecter ci-dessous avec l'identifiant et le mot  de passe indiqués sur la newsletter  que vous avez reçue.

La mission ERS 2023, est accessible aux membres de la SPLF et aux professionnels de santé abonnés à la liste d'information de la SPLF et aux groupes de discussion.
Vous pouvez demander à vous abonner en cliquant ici

Accès restreint Lire la suite »

Retour en haut
SPLF-APP

GRATUIT
VOIR