Congrès

Pathologie interstitielle post-Covid 19 : premiers résultats d’une cohorte multicentrique italienne


Les cohortes de patients hospitalisés pour Covid 19 décrivent, sans toujours les corréler, la persistance plusieurs mois après l’épisode aigu, de symptômes respiratoires, d’altérations fonctionnelles et d’images interstitielles pulmonaires. Une étude britannique mono-centrique récente, menée chez 325 patients symptomatiques 6 semaines après leur sortie d’hospitalisation, estime la persistance d’une pathologie interstitielle à 24%. Pour un peu moins de la moitié d’entre eux l’aspect du scanner et la réponse à un traitement de prednisone ont fait retenir le diagnostic de pneumopathie organisée 1 . Le tropisme respiratoire et la sévérité des atteintes parenchymateuses pulmonaires décrites au cours de cette infection posent la question de la possibilité du développement de fibrose pulmonaire à plus long terme et du continuum avec l’atteinte inflammatoire initiale.

Au cours de la session TP22, Sara Tomassetti a rapporté les premiers résultats d’une étude multicentrique italienne qui a pour but de décrire la corrélation entre l’atteinte interstitielle visible sur le scanner à distance de l’infection à SARS-CoV-2 et l’histologie pulmonaire obtenue par cryobiopsies. Parmi les 3696 patients hospitalisés pour Covid-19 entre le 01/03/2020 et le 30/06/2020 dans 9 centres du nord de l’Italie, un tiers sont décédés six mois après l’hospitalisation et un autre tiers n’ont pas pu être inclus principalement en raison d’un refus ou d’un âge trop avancé.
Les résultats présentés sont préliminaires et concernent uniquement la description du scanner thoracique chez 550 patients évalués 6 mois après l’hospitalisation.
Des lésions interstitielles sont mises en évidence chez 338 patients (61,5%). Ces anomalies sont jugées significatives chez plus de la moitié d’entre eux (191 patients) en raison d’une extension des lésions supérieure à 5%. Seule l’imagerie de ces derniers patients, chez qui le diagnostic de pneumopathie interstitielle diffuse (PID) a été retenu, est décrite.
Parmi ces 191 patients, 133 patients présentent des lésions fibrosantes, diffuses pour 98 d’entre eux. L’aspect du scanner de ces 98 PID fibrosantes est dans la majorité des cas celui d’une pneumopathie interstitielle diffuse non spécifique parfois associée à un aspect de pneumopathie organisée (PINS+/-PO, n=61). Plus rarement l’aspect du scanner est indéterminé pour une pneumopathie interstitielle commune (PIC, n=31). Le diagnostic de PIC certaine ou probable est retenu chez 6 patients.
Pour 58 patients la pathologie interstitielle n’est pas fibrosante. Il s’agit pour la majorité de lésions de verre dépoli (n=47). Huit patients présentent des condensations chroniques faisant suspecter le diagnostic de cancer broncho-pulmonaire.
Dans cette étude un tiers des patients présente des lésions interstitielles significatives sur le scanner thoracique réalisé à 6 mois. La moitié des atteintes fibrosantes diffuses sont de type PINS+/-PO. Le recueil des données du bilan étiologique, de la notion d’une PID connue préexistante à l’infection et de la sévérité de l’atteinte respiratoire initiale seront des points clés pour savoir si l’infection à SARS CoV-2 peut être à l’origine d’une PID fibrosante, dont il faudra déterminer le potentiel évolutif ou le caractère séquellaire, en particulier pour les 31 patients ayant un aspect de PIC. La possibilité de l’exacerbation inaugurale d’une PID préexistante par l’infection devra être discutée. Les résultats définitifs complétés par l’analyse histologique de cette large cohorte multicentrique seront intéressants pour mieux comprendre ces PID diagnostiquées après une infection Covid et avoir une stratégie de dépistage et de suivi plus précise.

Diane Bouvry, Service de pneumologie et Centre de Référence-constitutif Maladies Pulmonaires rares, AP-HP hôpital Avicenne, Bobigny


D’après la communication de S.Tomassetti : A multidisciplinary multicenter study evaluating risk factors, prevalence and characteristics of post-Covid-19 Interstitial Lung Syndrome PCOILS. Am J Respir Crit Care Med 2021 ;203:A1748

Session TP022 Impact of SARS-CoV-2 infection in pulmonary medicine : transmission prevention, impact on chronic respiratory disease, and treatment.

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Les tumeurs froides, plus à risque de récidive après chirurgie ? A surveiller comme l’huile sur le feu…


Dans le cancer bronchique non à petites cellules, les patients avec un stade précoce pouvant bénéficier d’une chirurgie d’exérèse sont ceux qui ont la meilleure survie. Cependant, comme les stades avancés, ces patients peuvent présenter des récidives, même en cas de résection complète et de tumeurs de petite taille. Il a donc été suggéré que le micro-environnement tumoral initial pourrait intervenir dans les mécanismes d’une éventuelle récidive

Michael Kammer a présenté des résultats intéressants d’une étude ayant évalué le micro-environnement de tumeurs pulmonaires réséquées de stade précoce. Entre 2005 et 2015, 117 prélèvements d’adénocarcinome ont été analysés avec parmi eux 39 patients ayant présenté une récidive lors du suivi. Une coloration par immunohistochimie multiplex a été réalisée sur les biopsies prélevées lors des résections afin d’étudier les populations immunitaires présentes dans le microenvironnement tumoral. Le risque de récidive était associé à un plus faible nombre de lymphocytes T CD8+ infiltrant la tumeur, mais aussi de cellules CD3+. Il existait une relation inverse entre le risque de récurrence et le nombre de cellules PD1+. Un nombre plus faible de lymphocytes T CD8 + dans le stroma par rapport aux centres tumoraux semblait majorer le risque de récidive.

Les « tumeurs froides » (peu infiltrées en cellules immunitaires) connues pour moins bien répondre à l’immunothérapie, pourraient donc également être de mauvais pronostic et à risque de récidive pour les adénocarcinomes de stade précoce opérés. Il semblerait que l’ensemble des populations du micro-environnement tumoral puisse jouer un rôle dans l’histoire carcinologique des patients et qu’elles doivent être prises en compte dans l’adaptation de la surveillance des patients opérés.  

Marion Ferreira, Service de pneumologie, CHRU Bretonneau Tours, Tours.


D’après la communication : Michael Nolan Kammer, The immune microenvironment predicts recurrence in early stage lung adenocarcinoma. Am J Respir Crit Care Med 2021; 203 A1074

Session B008 Lung cancer 2021: advances in targets, screening, and diagnosis. Abstract N°A1074

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Phénotyper les exacerbations de la BPCO ?


L’impact clinique et pronostique des exacerbations aiguës de la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est une problématique majeure dans cette pathologie. Mieux phénotyper ces épisodes est donc une piste étudiée afin de mieux les caractériser et les prendre en charge mais le chemin à parcourir pour y arriver est encore long.

Alvar Agusti a ouvert la session en démontrant une fois de plus les limites de la définition actuelle des exacerbations qui manque de spécificité : une aggravation aiguë des symptômes respiratoires conduisant à l’adjonction d’une thérapie complémentaire. Une définition plus précise reposant sur l’association d’un score de dyspnée sur une échelle visuelle analogique ³5/10, une proportion de neutrophiles sanguins ³70% et une CRP ³3mg/L, avec dans l’étude de référence une spécificité de 96% et une sensibilité de 90%, ne permettait pas de se passer de l’exclusion des autres pathologies pouvant mimer ou aggraver une exacerbation (pneumonie, embolie pulmonaire, insuffisance cardiaque…). Gavin Donaldson a ensuite rappelé que même les exacerbations légères sont associées à une réduction de la qualité de vie et Wisia Wedzicha que les exacerbations associées à un virus s’accompagnaient d’une altération de la réponse aux bactéries et d’une récupération clinico-fonctionnelle plus longue confirmant la nécessité de mieux les identifier.
Stephanie Christenson a certes montré qu’une analyse moléculaire des expectorations permettait d’identifier les profils d’exacerbation éosinophilique, bactérien et viral décrits antérieurement par Bafadhel 1 mais ce type d’analyse ne semble pas transposable en pratique courante avant longtemps. Pour finir, Donald Sin a montré les limites des biomarqueurs actuellement disponibles (CRP et D-dimères), et Fernando Martinez que l’identification précise du profil inflammatoire pourrait avoir des conséquences thérapeutiques notamment pour guider le choix entre antibiothérapie et corticothérapie systémique.
Ainsi, si les descriptions des endotypes se poursuivent avec des analyses microbiologiques et pronostiques plus précises, les conséquences pratiques se font encore attendre.

Olivier Le Rouzic, Service de Pneumologie Immuno-Allergologie, CHU de Lille, Lille


D’après les communications de :

A Agusti Definition of acute exacerbations: are we there yet?
G Donaldson “Mild” exacerbations: do they matter?
J Wedzicha Clinical phenotypes of exacerbations
S Christenson Molecular phenotyping of exacerbations using genomic approaches
D Sin Biomarkers for acute exacerbations: challenges and promise
F Martinez Treatment of exacerbations: do they need more nuance?

Session B027 Phenotyping acute exacerbations of COPD

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Traitements inhalés : vers une éducation thérapeutique virtuelle à l’ère du Covid 19.


Les médicaments inhalés sont des éléments fondamentaux de la prise en charge des patients asthmatiques ou bronchopathes chroniques. Leur mésusage aboutit à un contrôle insuffisant des symptômes, un risque d’exacerbation plus élevé, une qualité de vie moins bonne et une consommation de soins plus fréquente. En France, approximativement 50% des patients oublient régulièrement leur traitement inhalé et 30% commettent au moins une erreur critique lors de la prise. La prescription de traitement inhalé doit donc s’accompagner d’une éducation à sa prise. Jusqu’à présent, cette éducation thérapeutique n’était pas systématiquement réalisée, particulièrement pour les patients à la sortie d’une hospitalisation. Cette pratique est mise en péril pour la pandémie liée au SARS-CoV 2 et plusieurs équipes proposent des solutions innovantes.

VS. Fan a présenté dans la session B006 le développement scientifique d’un outil d’éducation thérapeutique virtuelle reposant sur une stratégie de teach-to-goal. Auparavant réalisée par un pharmacien au cours d’un entretien présentiel et individuel, une fois par mois pendant trois mois, l’éducation thérapeutique est désormais délivrée via une application sur tablette. Se succèdent un questionnaire pré-session, une démonstration de la prise du traitement inhalé sous forme de vidéo commentée et un questionnaire post-session, cette séquence se répétant jusqu’à ce que le patient ait répondu correctement à l’ensemble des questions. Le détail des résultats de cette étude de non-infériorité a été récemment publié dans JAMA Network Open 1. La prise des traitements inhalés est évaluée un mois après l’intervention d’éducation thérapeutique chez les 58 patients inclus dans chaque bras. La technique de prise est correcte pour 67% des patients dans le bras virtuel versus 66% des patients dans le bras présentiel. L’application est actuellement testée en vie réelle, pour évaluer si elle est utilisable à domicile par des patients bronchopathes chroniques. Dix malades ont participé à un premier déploiement de cette application avec un retour positif concernant son fonctionnement et son contenu.

Une seconde équipe, dont le travail a été présenté sous forme de posters par A. Thomas, s’est intéressée à l’utilisation des vidéos disponibles gratuitement sur YouTube® pour l’apprentissage de la prise des sprays. Soixante-trois cliniciens (que l’on se rassure, seulement 17% sont pneumologues) ont répondu à un sondage concernant leur méthode d’éducation à la prise des traitements inhalés en décembre 2020. Si la pratique de la téléconsultation s’était pourtant largement étendue, seulement 8% des praticiens avaient modifié leur façon d’éduquer les malades… En raison du Covid-19, 6% des praticiens ont changé leurs habitudes et conseillent désormais aux patients de regarder une vidéo YouTube® tandis qu’un tiers des praticiens avouait déjà recourir à cette méthode avant la pandémie. Une minorité d’entre eux fournit un lien pour une vidéo spécifique.

A. Thomas a par ailleurs évalué la qualité des vidéos anglophones indexées inhaler education sur YouTube®: 142 vidéos totalisent 5 539 255 vues. Sans surprise, il n’y a pas de corrélation entre la qualité de la vidéo (la vidéo est notée selon les critères dédiés, établis par le CDC) et le nombre de vues. Un point rassurant, les 13 vidéos totalisant chacune plus de 100 000 vues émanent toutes de professionnels.

La pandémie Covid-19 peut être l’occasion de repenser l’éducation à la prise des traitements inhalés. Tout en permettant de poursuivre en toute sécurité cette étape d’information qui accompagne obligatoirement chaque ordonnance de traitement inhalé, cela permettra également que l’ensemble des patients en bénéficient plus largement. La technique la plus efficace n’est pas encore établie. Rappelons que les pneumologues français disposent de vidéos réalisées par V. Trosini-Désert regroupées au sein du guide Zéphir, accessible sur le site de la Société de Pneumologie de Langue Française (https://splf.fr › videos-zephir/). Rappelons également que la visualisation seule d’une vidéo de qualité ne suffit pas pour un apprentissage réussi !

Marjolaine Georges, Service de Pneumologie et Soins Intensifs Respiratoires, CHU Dijon Bourgogne, Dijon


D’après les communications suivantes :

1- VS. Fan : COPD self-management, medication education and reconciliation: implications of Covid-19
Session B006 : Challenges, opportunities and lessons learned in virtual care: Covid-19 as a catalyst for change.

2- A. Thomas – Reliability of You Tube Videos in Inhaler Use Education. Am J Respir Crit Care Med 2021 ;203:A1603
VG. Press – A real-world pilot of the feasibility and acceptability of direct to consumer inhaler education intervention among a Humana COPD population Am J Respir Crit Care Med 2021 ;203: A1635
Session TP015 : Updates in adherence and treatment of lung disease

3- A. Thomas – Inhaler Use Education Practices and Impact of Coronavirus Pandemic on It Am J Respir Crit Care Med 2021 ;203: A1517
Session TP011 : Use of health services and medical education research to evaluate the effect of Covid-19

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Les disparités hommes-femmes dans l’asthme ne seront jamais abolies


Nous savons depuis longtemps qu’il existe des différences cliniques et biologiques entre les hommes et les femmes asthmatiques. Le Dr Joe Zein nous en a rappelé les plus importantes en nous rappelant les principaux mécanismes physiopathologiques sous-tendant ces disparités. Force est de constater qu’elles existeront toujours.

L’asthme est une maladie inflammatoire chronique des voies aériennes qui affecte différemment les hommes et les femmes depuis la naissance jusqu’aux âges les plus avancés. La prévalence de l’asthme est inégalement répartie entre garçons et filles avec une prédominance masculine dans la petite enfance et le début de l’adolescence. Cette prévalence s’inverse à l’âge de 15 ans en défaveur des filles. Si la proportion des asthmatiques sévères suit une distribution bimodale dans les deux sexes, avec un premier pic de prévalence dans l’adolescence et un deuxième autour de 50 ans, l’importance de ces deux pics diffère également en fonction du sexe avec une prédominance masculine chez les adolescents et féminine chez les adultes d’âge mûr. Même si la mortalité liée à l’asthme a régulièrement diminué au cours des deux dernières décennies, le nombre des décès reste constamment plus élevé chez les femmes asthmatiques. L’origine de cette disparité entre les deux sexes concernant la prévalence et la sévérité de l’asthme semble exister dès la vie fœtale. Dans une étude analysant l’expression des gènes placentaires, Osei-Kumah et al. ont montré que très peu de gènes des placentas des parturientes asthmatiques ont été modifiés au cours de la grossesse chez les nouveau-nés masculins (n=6) par rapport aux nouveau-nés féminins (n=59). Sachant que les gènes dont l’expression a été modifiée jouent un rôle important dans la réponse inflammatoire et la modulation immunitaire de celle-ci, on comprend mieux pourquoi les jeunes filles nées de mères asthmatiques sont plus à risque que leurs frères. Les raisons de cette disparité aussi précoce restent inconnues. Malgré cela une conclusion pratique semble émerger de cette conférence est qu’il ne faut pas traiter sur un pied d’égalité les hommes et les femmes asthmatiques. Ces dernières méritent un peu (voire parfois beaucoup) plus d’attention de notre part.

Anh Tuan Dinh-Xuan, Service de Physiologie-Explorations Fonctionnelles, Hôpital Cochin, Paris


D’après la communication de Joe Zein : Sex differences in asthma across the fifespan

Session B004 Sex as a vital biological variable in lung disease across the lifespan

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ATS 2021

Retrouvez les brèves des communications rédigées par l’équipe de la Mission ATS

À partir du 17 mai 2021 retrouvez les résumés des communications sous forme de brèves par l’équipe des experts de la Mission ATS

Les résumés du 20 mai 2021

Les résumés du 19 mai 2021

Les résumés du 18 mai 2021

Les résumés du 17 mai 2021

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Réhabilitation respiratoire dans la BPCO : bis repetita


L’efficacité des programmes de réhabilitation respiratoire (RR) dans la prise en charge des patients porteurs d’une broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) est largement démontrée. Toutefois, le bénéfice de la RR reste limité entre six mois et un an si rien n’est proposé au patient au sortir de la RR. L’accompagnement à long terme des patients BPCO est donc un enjeu majeur. De nombreuses solutions sont proposées pour le maintien des acquis. Elles sont hétérogènes et d’efficacité variable mais elles reposent globalement sur la poursuite d’une activité physique et le suivi régulier des performances. L’éducation thérapeutique et le soutien psycho-social y sont classiquement associés pour renforcer l’adhésion du patient. L’équipe australienne d’AT Burge et coll. a réalisé une métanalyse pour juger l’intérêt de réaliser un second programme de RR chez les patients BPCO. 

Huit études (dont un essai randomisé contrôlé et trois études prospectives) réalisées entre 1996 et 2013 ont été incluses dans l’analyse. Les données concernaient 717 patients (âge moyen de 68 à 70 ans, VEMS moyen de 36 à 58 % de la norme) dont 463 ont bénéficié de deux programmes de RR consécutifs, dans un délai allant de 4 mois à 5 ans. Le contenu des programmes de RR était classique, avec une durée allant de 6 à 12 semaines. Six étaient réalisés en ambulatoire.
L’amélioration des capacités fonctionnelles à l’exercice, mesurée par la distance de marche parcourue (test de marche des six minutes ou test de la navette) était identique d’un programme de RR à l’autre. La réduction des exacerbations était également significative (2,54 ± 0,90 exacerbations dans l’année qui précède la RR versus 1,02 ± 0,86 dans l’année qui suit la 1ère RR versus 0,81 ± 0,73 dans l’année qui suit la 2nde RR). L’amélioration de la qualité de vie n’est significative qu’après la réalisation du premier programme de RR.
Un second programme de RR semble efficace. L’hétérogénéité des résultats de cette méta-analyse est en partie liée à une progression différente de la gravité de la BPCO entre les deux sessions de RR puisqu’il s’écoule un délai très variable entre les deux programmes selon les études. Le moment le plus opportun pour une seconde RR reste à déterminer, tel qu’après une exacerbation par exemple. La construction et l’appropriation d’un programme individualisé post-RR sera un enjeu déterminant de la seconde RR, d’autant plus si l’on prend en compte les problématiques de coût et d’accessibilité des centres spécialisés en RR.

Marjolaine Georges, Service de Pneumologie et Soins Intensifs Respiratoires, CHU Dijon Bourgogne, Dijon 


D’après le Poster :

AT Burge. Efficacy of repeat pulmonary rehabilitation in people with COPD : a systematic review. A4142

Session TP 103 : Advancing pulmonary rehabilitation : Innovations in design and delivery

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Patients Covid-19 sous ventilation mécanique : quels facteurs pronostiques de mortalité ?


La pandémie virale de Covid-19 sévit à travers le monde depuis décembre 2019. Les pneumopathies à SARS-CoV2 peuvent bénéficier d’une prise en charge respiratoire non invasive (oxygénothérapie standard, à haut débit, voire ventilation non invasive), mais les formes les plus sévères, évoluées au stade de syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA), vont nécessiter le plus souvent le recours à la ventilation mécanique invasive (intubation, VM) en réanimation. La mortalité à J90 post-admission peut alors atteindre 50% pour les SDRA les plus sévères 1. Déterminer au mieux les facteurs pronostiques de mortalité apparaît donc comme d’autant plus pertinent pour optimiser les ressources en lits de soins critiques et les moyens humains des hôpitaux au sein des différents territoires de santé tant nationaux qu’internationaux. 

Une étude de cohorte prospective observationnelle a donc été menée dans ce sens, du 14 Janvier au 31 Novembre 2020 sur 6 continents dans 139 services de réanimation, par « l’international Covid-19 Critical Care Consortium ». Sur les 1578 patients Covid-19 sous VM inclus, à prédominance masculine (66%) et d’âge moyen 59±13 ans, 542 (34,4%) étaient décédés à J28 du début de la VM. Les patients décédés étaient sensiblement plus âgés (62±13 vs 59±13 ans) et présentaient plus fréquemment une HTA, une pathologie cardiaque chronique et un diabète. L’hypoxémie était retrouvée plus sévère à l’initiation de la VM chez les non survivants (rapport PaO2/FiO2 médian [interquartiles] : 96 [68-135] vs 111 [81-173] mmHg ; p = 0,04) chez qui l’assistance respiratoire extracorporelle veino-veineuse (ECMO : 13 vs 25% ; p <0,01), le monoxyde d’azote inhalé (11 vs 15% ; p =0,02) et les manœuvres de recrutement (26 vs 31% ; p <0,01) étaient aussi moins utilisées que chez les survivants. Les facteurs de risque indépendants de mortalité retrouvés à J28 étaient un âge > 70 ans (hazard ratio (HR) : 2,83 ; Intervalle de confiance (IC) à 95% 1,32-6,07), un taux plus élevé de créatinine à l’admission (HR : 1,20 ; IC95% 1,03-1,40), et un pH plus faible dans les 24h après le début de la VM (HR: 0,12 ; IC95% 0,02-0,62). Par contre, un délai d’hospitalisation plus court par rapport au début des symptômes réduisait le risque de mortalité (HR : 0,96 ; IC 95% 0,93-0,99). Ces données internationales suggèrent que, parmi les patients intubés-ventilés pour SDRA à Covid-19, les sujets âgés non hospitalisés rapidement et porteurs de troubles métaboliques à l’admission en réanimation (insuffisance rénale et acidose) s’avèrent exposés à un plus grand risque de mortalité. L’identification de ces facteurs de risque, pour intéressante qu’elle soit, doit néanmoins être interprétée avec prudence en tenant compte de la période d’analyse considérée au cours de la pandémie, des évolutions thérapeutiques du Covid-19 au cours de celle-ci, mais aussi et surtout du maillage territorial ou national en lits de soins critiques et de la politique d’admission en réanimation appliquée selon la pression exercée par l’épidémie sur le système de santé considéré. A cet égard, la cohorte prospective multicentrique du réseau francophone « REVA » a rapporté chez 4244 patients Covid-19 admis dans 138 services de réanimation français, belges et suisses du 25/02 au 4/05/2020, que 2635 patients (63%) ont dû être intubés au cours des 24 premières heures mais qu’un total de 3376 patients (80%) ont dû être placés sous VM au cours de leur séjour (1). La mortalité globale à J90 était de 31% mais elle augmentait avec l’âge, l’existence d‘un diabète, d’une immunosuppression, la sévérité de l’obésité et du SDRA. De façon intéressante, la mortalité diminuait sur la période considérée de 42 à 25% avec l’optimisation de la prise en charge respiratoire. Une comparaison de la mortalité et de ses facteurs pronostiques entre les différentes vagues de Covid-19 sera donc intéressante par la suite.

Christophe Girault, Service de Réanimation Médicale, Hôpital Charles Nicolle, CHU-Hôpitaux de Rouen, Université de Rouen, Rouen


D’après les communications de :

G. Li Bassi, Factors associated with mortality in patients with COVID-19 requiring mechanical ventilation: An international cohort study from 139 intensive care unit across 6 continents. Am J Respir Crit Care Med 2021; 203: A1059.

Session A013 : ARDS in the time of Covid-19

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Sevrer sans attendre l’envie


Les nouvelles recommandations de l’American Thoracic Society sur l’initiation d’un traitement pharmacologique pour le sevrage tabagique ont été publiées en mai 2020 (accessibles via ce lien : https://urlz.fr/fFha).

Les auteurs sont revenus sur leurs recommandations avec un consensus pour débuter en initiation de sevrage tabagique de la varénicline (1) plutôt que des patchs de nicotine, (2) plutôt que le bupropion, (3) chez un sujet dépendant au tabac sans attendre qu’il soit prêt à arrêter, (4) chez un sujet atteint de comorbidité psychiatrique plutôt que des patchs de nicotine avec organisation d’un suivi et (5) pour une durée prolongée de plus de 12 semaines plutôt que de 6 à 12 semaines, sans oublier les substituts nicotiniques de courte durée d’action dans tous les cas pour gérer les envies brutales.

A ce stade, ils ne proposent aucune recommandation concernant la cigarette électronique si ce n’est une recommandation faible de lui préférer la varénicline en raison de l’augmentation de l’utilisation de la cigarette électronique chez les jeunes aux USA et de la nécessité retenue par les auteurs d’apporter des données supplémentaires pour mieux évaluer la balance bénéfices-risques de ce dispositif.

Rappelons qu’en France, la varénicline n’a l’AMM qu’en deuxième intention après échec des substituts nicotiniques et qu’un PHRC national, l’étude ECSMOKE, est en cours pour comparer l’efficacité de la cigarette électronique par rapport à la varénicline dans l’arrêt du tabac.

Olivier Le RouzicService de Pneumologie Immuno-Allergologie, CHU de Lille, Lille


D’après les communications de :

F Leone What comes after the 5A’s? Genesis and structure of the ATS tobacco treatment guideline
JT Fathi In search of the best treatment. What is the best controller and should i use a reliever?
S Kantrow “But Doc, I’m not ready to quit or it is not working yet.” When to initiate and how long should you treat
D Upson Is there a role for electronic nicotine delivery systems (E-Cigarettes)?
M Eakin But what about E-Cigarette dependence? The need for interventions to help teens quit E-Cigarettes

Session C025 : Initiating pharmacologic treatment of tobacco dependence across the spectrum

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Faisabilité de la réduction de volume par pose de valves endobronchiques dans l’emphysème chez les patients hypercapniques


Lors de la session A006, les résultats d’une étude prospective, observationnelle et multicentrique étaient présentés concernant la réduction de volume par poses de valves (Zephyr®) endobronchiques chez les patients hypercapniques.

Les données étaient recueillies à partir d’un registre allemand (Lungenemphysem Register database) et les critères d’inclusion étaient les mêmes que pour une pose de valves chez les patients normocapniques (VEMS < 45%, VR > 180%, CPT > 100% et TM6 < 450m). Les paramètres évalués portaient sur la fonction respiratoire, la capacité à l’effort et la qualité de vie avant la pose de valves et à 3 mois de cette dernière.

Il n’existait pas de différence entre le groupe de patients hypercapniques (n = 40) et le groupe de patients normocapniques (n= 157) en dehors de la fréquence des maladies cardiovasculaires et du diabète.

Les résultats dans le groupe normocapnie sont conformes à ce que l’on trouve dans le reste de la littérature, c’est-à-dire une amélioration de l’ensemble des paramètres à 3 mois après la pose, en dehors de la DLCO et de la capnie. En ce qui concerne le groupe de patients hypercapniques, il existe une réduction significative à 3 mois de l’hypercapnie (52,2 mmHg à 43,7 mmHg, p = 0,008) et du volume résiduel (271,9% à 215% ; p = 0,032). Par contre, il n’existe pas de différence significative sur les autres paramètres mêmes s’il y a une tendance à l’amélioration de ceux-ci. Lorsque l’on compare les deux groupes sur l’ensemble des paramètres, il existe une différence significative en termes de capnie (- 1 point dans le groupe normocapnie contre – 8,8 points dans le groupe hypercapnie ; p = 0,015), mais aucune différence sur les autres paramètres. Il n’y avait pas de différence en termes de complications à 3 mois.

La pose de valves chez les patients hypercapniques ne semble donc pas plus risquée que chez les patients normocapniques. Il faudra par contre attendre des données à plus long terme et chez un plus grand nombre de patients pour vérifier l’amélioration des paramètres fonctionnels, de qualité de vie et de capacité à l’effort.

Antoine LuchezPneumologie interventionnelle et Oncologie Thoracique, Hôpital Privé de la Loire, Saint Etienne


Session A006 : Hot takes from clinical trials in lung disease

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